Commentaire de Vinrouge
sur Thèse, antithèse, synthèse


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Vinrouge 6 octobre 2008 14:03

Un effort intéressant, mais, me semble-t-il, un petit peu incomplet et simplificateur. Cependant, j’aime bien votre division entre "ce qu’il me faut" et "ce qui me plaît", bien que vous opposiez un "ce qu’il faut" selon vous nécessairement collectif et "ce qui plaît" nécessairement individuel.
En synthèse smiley : vous ne traitez que de l’aspect économique de la vie sociale. Ce que vous introduisez par "ce qu’il me faut" et "ce qui me plaît" peut aussi s’examiner sur le plan des moeurs, de la souveraineté nationale, etc. Des personnes comme Christine Boutin, Philippe de Villiers ou Jean-Pierre Chevènement, ne se concentrent pas particulièrement sur le registre économique, mais, respectivement sur les moeurs et la "charité républicaine", la souveraineté, et la mythologie républicaine.
D’autre part, vous séparez la survie qui devrait être du domaine public, et les loisirs, qui eux devraient être du domaine privé. Comment dans ce cas considerer l’usage d’un bien de survie à fins de loisirs (par exemple : utilisation d’électricité pour une fête) ?
Pour faire avancer votre raisonnement, je vous propose d’ajouter à "ce qui me plaît" - "ce qu’il me faut", leurs négations ("ce dont je n’ai pas besoin" - ce qui ne me plaît pas") et un deuxième axe "collectif" - "individuel", définissant ainsi 8 groupes : "ce qui me plaît", "ce qui me plaît pour le groupe", "ce qu’il me faut", "ce qu’il nous faut", etc.. Vous faîtes apparaître ainsi beaucoup plus de conflits potentiels, de difficultés d’arbitrage , etc. notamment dans l’opposition entre des avancées collectives heurtant des interêts individuels (il y a 1000 exemples : le service minimum - nous en avons besoin collectivement, on pourrait s’en passer individuellement, ça ne plaît pas beaucoup à ceux qui vont devoir l’assurer -, la civilité dans le métro - là encore, nous en en avons besoin collectivement, mais quand on voit la réalité, on se dit que ça ne plaît pas beaucoup individuellement smiley -, le Travail - nous en avons presque tous besoin individuellement (pour autant de raisons qu’il y a d’individus ou presque -s’émanciper, subsister, faire des choses intéressantes, etc.), mais collectivement le plein-emploi n’est pas une nécessité - etc.). Le parti politique se saisit alors d’un ou plusieurs "combats", et va s’exprimer au nom d’un ou plusieurs groupes.
Le bipartisme n’est donc une réelle calamité que quand il empêche l’expression de l’ensemble des "combats" traversant la société et représentés dans des partis. En France c’est bel et bien un problème car la vie politique y est telle qu’un militant d’un parti est obligé de suivre la fameuse "discipline du parti" ; dans les pays anglo-saxons, bipartites depuis "toujours", une telle discipline n’existe pas - sans rentrer dans le fond des textes de loi concernés, voyez par exemple McCain : il va représenter son parti pour l’élection la plus importante, alors qu’il n’a voté pendant plusieurs années que 75% des textes soumis par le gouvernement qu’il soutenait - nous serions en France incapables d’une telle maturité, un député qui ne voterait que 75% des textes soumis par son gouvernement ne pourrait même pas se présenter à une cantonnale...


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