samedi 4 octobre 2008 - par Eloi

Thèse, antithèse, synthèse

En France (comme dans de nombreux pays) notre paysage politique se distingue en deux forces principales, grossièrement la gauche et la droite, résultat de l’accrétion en deux pôles de toutes les idées d’une myriade de partis ; le résultat est de réduire notre vie politique en une logique binaire, voire schizophrène, et cette constatation est un aspect brûlant quoique diffus de notre actualité politique. Cet article part du principe que si chacune de ces forces antagonistes parviennent à regrouper une moitié des votants, on ne peut en arriver à (et il ne faut pas) considérer qu’un pôle est le bon et qu’un autre est le mauvais, mais que chacun contient une partie de la solution, et que la voie la plus sage est la voie de la synthèse. D’aucuns pourraient y voir une tentative centriste, l’auteur préfère y voir une tentative d’atteindre le sommet, une synthèse, en équilibre sur les deux forces principales.

1 - Qu’est-ce que la gauche, qu’est-ce que la droite ?
 
Une vision finalement très subjective. Tenter de définir ces deux notions est parfaitement ardu. Car, bien souvent, l’orientation politique est finalement une image abstraite et très subjective, alimentée par de nombreux facteurs : cohérence purement rationnelle du programme politique, intérêt personnel immédiat pour les mesures proposées, résonance avec sa sensibilité personnelle, influences du milieu social et amical, tradition familiale. L’auteur n’est pas loin de penser qu’il y a probablement autant de gauche ou de droite qu’il y a de votants. Il est très intéressant de revenir au fondamentaux et tenter de définir précisément ce qu’est cette force qui a nos faveurs. Ici sera proposée une définition générale qui servira à la suite de l’article.
 
Position de l’homme dans la société. Un être humain vit au sein d’une société humaine, qu’elle soit celle où il est né, ou celle qu’il a choisi au gré de son histoire personnelle. Mais pourquoi un être humain vit-il en société ? Si (dans le cadre de cet article) l’on met de côté le simple fait que l’homme s’ennuie quand il est seul, l’on peut considérer que grâce à la société, il est capable d’obtenir plus et mieux que s’il le réalisait par lui-même et seul. Cela est la base du contrat social. L’homme est la cellule d’un organisme dont le bon fonctionnement assure la survie et le confort de chacune de ces cellules. Mais, à la différence d’un organisme vivant, chaque cellule de l’organisme social est consciente d’elle-même et est donc capable de mesurer l’adéquation entre ses efforts consentis au sein de la société et de son retour sur investissement. Par conséquence, chaque être humain se placera sur une échelle entre la société, ou l’individu s’efface au profit de l’organisme, et l’individualisme, qui est la protection de l’intérêt sa propre personne. Entre le don total de soit et la liberté totale de soi en tant qu’organisme conscient.
 
Deux systèmes opposés. De cette échelle, se dessine deux systèmes opposés : le collectivisme absolu, où l’individualité est effacée au sein de la multiplicité de la société, et le libertarianisme, qui consiste à jouir de tout ce que chaque individu peut obtenir de la société. Il est difficile d’y raccorder un quelconque système politique, tant ces systèmes, façonnés par des êtres humains, on été de conçus de façon à permettre de toutes les manières possibles à garder soit un minimum d’individualité (qui se sacrifierait de manière absolue pour un système ?) soit un minimum de société (qui nierait qu’une société produit plus que des individus pris séparément ?), mais on sent malgré tout quelques convergences, et particulièrement deux manières de voir le monde.
 
Deux points de vue. Il semble en effet se dessiner deux points de vue : d’un côté, le citoyen doit faire don à la société de son travail, et la société lui retourner ensuite le fruit démultiplié de son travail, avec le risque de ne pas percevoir un juste retour sur investissement ; de l’autre côté le citoyen qui travaille pour lui-même et prend de lui-même son retour sur investissement, devra fournir du travail de qualité et conséquent qui servira de modèle pour la société, avec le risque de voir apparaître des tension sociales. On est dans l’opposition entre : travailler par anticipation d’un revenu futur ; prendre mais travailler pour mériter le revenu octroyé. On sent se dessiner une certaine opposition classique de notre vie politique. Allons plus loin : l’on peut considérer que l’homme, fondamentalement libre de ses choix (car être conscient) est néanmoins influencé par la société dans laquelle il vit, et que cette influence peut se traduire par des actes. Il est alors possible de définir deux postures : excuser les actes d’un individu par la pression sociale et rejeter la faute sur le système social, la société ; ou d’un autre côté considérer que chaque homme, même s’il fait partie d’un système, doit avant tout veiller à sa propre intégrité individuelle, et que son échec est dû à ses propres capacités, déficientes. Encore une fois tout dépend de sa place dans l’échelle… Et encore une fois l’on voit se dessiner deux pôles bien habituels.
 
Types d’économies. Ce modèle de l’échelle permet donc de bien distinguer nos deux grand blocs de la vie politique : la gauche et la droite. Mais aussi deux types d’économies : l’économie planifiée, au sein de laquelle le retour sur investissement est défini suite aux capacités de travail qui ont été données par chacun ; l’économie libérale, au sein de laquelle les individus sont proactifs sur le retour sur investissement que pourra fournir la société. L’une fonctionne sur le calcul ; l’autre fonctionne sur le talent. L’une exige une analyse scientifique de la société ; l’autre exige de révéler les capacités individuelles. L’une est plus passive, mais exige un fort sacrifice (et surveillance) de ses membres ; l’autre est plus active, mais exige une éthique personnelle (=paternalisme) de la part de ses membres, pour ne pas briser le contrat social. La personnalité exigée selon le type d’économie est également différent : l’un exige une part de sacrifice de soi ainsi qu’une confiance dans le système ; l’autre exige une très forte implication de soi (en terme de risque et de travail) ainsi qu’un contrôle de soi en terme d’abus de pouvoir. Les systèmes politiques et économiques actuels et historiques sont constitués d’une myriade de nuances possibles entre ces deux types d’économies, lesquelles nuances sont plus ou moins imbriquées et intriquées selon les cercles sociaux, créant ainsi une multiplicité de systèmes sociaux, et donc, fatalement d’opinions.
 
Maintenant que les concepts de gauche et de droite ont été définis tels qu’ils seront utilisés dans cet article, il va être montré qu’il est tout d’abord nécessaire, puis envisageable de faire coexister les deux points de vue pour une synthèse plus harmonieuse.
 
Remarque : il est évident que cette partie peut ressembler à un enfonçage de portes ouvertes, mais il semble à l’auteur important de définir les notions telles qu’il les entend, pour la suite de l’article.
 
2 - Pourquoi une synthèse ?
 
La démocratie. La démocratie est un système politique qui, d’une manière ou d’une autre, permet de dégager un consensus commun à chacun de ses membres, consensus dans l’idéal accepté par tout le monde, bénéfique à tout le monde, et pour lequel chacun travaillera de concert pour mener la société là où on l’a décidé collectivement. Il se distingue d’un système autocratique ou oligarchique ou une décision est prise par une seule personne ou quelques-uns, ce qui conduit à la logique de confrontation pour imposer son propre point de vue. Dans une démocratie personne ne peut légitimement contester une décision, puisqu’il est une part active de la prise de décision. Cela est évidemment un modèle, car il est très difficile (mais peut-être pas impossible) de laisser à chacun discuter de son point de vue avec les autres jusqu’à obtenir des points d’accords qui satisfasse tout le monde. En France, ce modèle est approché par la République, ou l’exécutif élu à la majorité, propose des lois, approuvées ou non par le législatif, selon la logique de parti.
 
La logique de parti. La logique de parti permet de réunir au sein d’un groupe de citoyens certaines opinions sur certains sujets. Un parti est un groupe de citoyens se regroupant sur des points d’accord sur des principes généraux, ou des principes sur des sujets particulier. Par la logique de parti, la démocratie n’est pas une démocratie d’individus, mais une démocratie d’ensembles d’individus. Selon la logique de parti, un parti votera pour une loi au gré des principes établis par ses membres, vote en accord ou en opposition avec les propositions de l’exécutif. Mais dans les faits ?
 
L’émergence du binarisme. La multiplicité des opinions au sein d’une démocratie oblige à de longues concertations. Quand une démocratie est sujette à de fortes pressions extérieures ou intérieures, le temps pris par ces concertations peut devenir un désavantage évident. Si le temps de la concertation ne peut pas être pris, les décisions ne peuvent plus être prises que par la confrontation. Une confrontation ne peut se gagner que par le nombre de soldats alignés sur le champ de bataille des idées, et pour ce faire, les opinions doivent s’épurer pour toucher le maximum de soldats, et finalement concentrer autour de deux pôles, tous les autres opinions. Selon l’auteur, l’opinion la plus pure est justement notre placement lors de notre vie en société, autrement dit, notre position sur l’échelle entre collectivisme et libertarianisme. Et progressivement ne ressortent que deux partis, placés de manière opposée, voire symétrique sur cette échelle.
 
Le risque du binarisme. Une logique de confrontation se traduit non pas par des consensus, mais par des batailles, des victoires, et des défaites. Une logique de confrontation oblige à solidifier les rangs, et à dégager des doctrines simples que chaque soldat doit suivre. Le risque est une radicalisation des positions et des opinions, toujours plus éloignés sur chacune des extrémités de l’échelle, ce qui permet de tracer toujours plus nettement la différence entre les deux camps. Ces victoires et ces défaites se traduisent par des coups de balanciers de plus en plus violents à chaque victoire d’une bataille. Et le jour ou un camp gagne la guerre, il impose son point de vue de manière définitive, et alors, comme il n’y plus lieu de la moindre concertation, il n’y a plus besoin de démocratie. L’autocratie ou l’oligarchie apparaissent. La démocratie a perdu…
 
Ce que nous ne souhaitons pas. Il convient donc de dépasser la logique de confrontation par une logique de coexistence, qui est proposée dans la suite.
 
3 – La synthèse
 
L’auteur défendra ici que cette opposition entre collectivisme et libertarianisme n’est pas utile car complémentaire.
 
Ce qu’il faut et ce qui me plaît. Chaque homme a besoin de la société pour obtenir plus que ce qu’il obtiendrait de lui-même. Il doit donc sacrifier une part de son individualité pour l’adapter aux lois définies par le consensus commun. Nous dégageons donc la notion de restriction de la liberté, la notion de devoir, de ce qu’il faut faire pour permettre à la société de fonctionner. Chaque homme participe néanmoins à la société avec un objectif, ce qu’il veut obtenir, individuellement, autrement dit ce qui ce qui me plaît. Ce qu’il faut concerne la survie de la société en tant qu’ensemble d’individus, et face aux menaces extérieures, c’est la dimension stratégique. Ce qui me plaît, définit ce que chacun souhaite obtenir par la participation à la société. Les deux sont indispensable pour la société, mais pourtant les deux sont contradictoires : la stratégie oblige à se plier à des règles communes qui ne sont pas forcément celles qui me plaisent, mon plaisir personnel oblige les autres à vivre selon mes désirs personnels, et non pas forcément ce qu’il faut. Grossièrement : la société doit survivre pour permettre à ses membres de réaliser leurs objectifs personnels.
 
L’absurdité d’une victoire d’un parti. Pourtant, la logique de confrontation oblige à la suprématie d’une extrémité de l’échelle ; et cela est absurde ! Dans une économie uniquement planifiée, pourquoi la société devrait définir pour vous ce qui vous plaît, puisqu’on est typiquement dans le domaine de l’individu, puisque vous êtes l’unique concerné ? Dans une économie uniquement libertarienne, comment l’ensemble de ce qui vous plaît peut-il aboutir à une stratégie commune, puisque ce qu’il faut risque de contraindre ce qui vous plaît  ? Une victoire d’un camp sur l’autre entraîne à un désastre, puisqu’il oublie chacun une part parmi les deux parts essentielle de la vie en société : ce qu’il faut et ce qui vous plaît.
 
Le consensus. Cette confrontation est d’autant plus absurde qu’il est parfaitement envisageable de faire coexister deux dimensions : la stratégie, qui détermine la survie de la société, et les loisirs, qui détermine notre retour sur investissement de notre vie en société. En pratique, cela a consiste à définir la limite entre la survie, domaine typiquement de l’état, et le loisir, qui est une question privé. Cette limite doit être définie par un vote pour chaque nouvelle interrogation entre sphère de la survie, et sphère des loisirs. En première approximation, l’on peut déterminer que la survie concerne les domaines de l’énergie, la nourriture de base, du logement de première nécessité, des transports en communs, communications, de la santé, de la retraite, de l’écologie. Les loisirs concernent tout le reste, dépassement des quotas d’énergie, véhicule personnel, nourriture de luxe, séjours touristique… Mais cela doit bien sûr faire l’objet d’un consensus.
 
Articulation. Un schéma classique est de faire coexister des emplois publics et de emplois privés par une séparation verticale, en fonction de la sensibilité de chacun. Si ce choix est possible pour chaque individu, il est envisageable que du respect réciproque s’installe. L’un par le sacrifice qu’il implique sur ses revenus personnels, l’autre par la quantité de travail qu’il doit fournir. C’est ce qu’il se passe plus ou moins bien actuellement. Malheureusement, cette répartition conduit au risque qu’un secteur veuille manger l’autre et réciproquement, aboutissant ainsi à une bipolarisation de la société. Une autre possibilité est de partager notre vie sociale selon un axe horizontal, en deux types d’emplois : une part d’emploi public obligatoire, dont le temps est fonction des besoins en biens publics, lequel emploi fournit un accès gratuit à tous les services publics ; et un emploi privé, optionnel, dérégulé, permettant l’accès aux loisirs ou au luxe, ou chaque participant gère sa propre entreprise. Il est évident qu’une perte de productivité dans l’emploi public nécessitera plus de travail dans cet emploi public, et donc moins de temps pour l’emploi privé, donc pour les loisirs. En période de tension, l’emploi public prendra plus d’importance, car la survie sera plus importante que le loisir, ce qui est de toute façon acceptable par tous en période d’économie de guerre. Le débat démocratique ainsi ne se portera pas sur l’opposition entre deux aspects pourtant complémentaires de notre société, mais sur le consensus commun sur la distinction entre sphère publique sphère privée. Ainsi bien sûr que sur l’aspect stratégique de nos sociétés, indispensable à notre survie à tous...
 
Conclusion
 
Cet article s’est attaché à définir, mais surtout re-définir l’articulation dans nos sociétés entre domaine public et domaine individuel, qui, selon notre sensibilité nous conduit à être plutôt de gauche, plutôt de droite. Ces deux domaines sont opposés car l’un restreint notre liberté, l’autre restreint notre capacité à vivre ensemble. Et pourtant les deux sont indispensables à la vie en société, car ils font tous les deux parties d’un contrat de vie en société. L’opposition classique entre domaine public et domaine individuel conduit à la confrontation en période de tension, et il est proposé une articulation différente de ces deux domaines, mélangeant pour chaque citoyen, un emploi public, obligatoire, ouvrant l’accès aux biens et services indispensables à la survie et un emploi privé, optionnel, ouvrant l’accès au monde du loisir.
 
En espérant que cet article de fond permettra d’évoquer de multiples opinions, de lancer le débat, et qu’il puisse faire avancer notre bourbier politique !
 
Cordialement



7 réactions


  • appoline appoline 4 octobre 2008 21:00

    Ordo ab chaos,
    C’est le titre d’une conférence qui a eu lieu au Canada, afin de préparer les innocents que nous sommes au chaos social tel que nous ne l’avons jamais connu. Le problème est que cette conférence s’est tenue il y a déjà quelques temps. Donc, on peut donner une autre signification à : thèse, antithèse, synthèse ; le désordre pour nous faire avaler encore une belle couleuvre. Tout ceci a été décrété il y a déjà quelques temps ; de plus, les grandes banques sont tenues par les Rockefeller, Rothchild et consors qui font partis des CFR, Bilderberger et j’en passe ; il fallait bien se douter qu’ils se décideraient un jour à serrer les cordons de la bourse, comme ça, presque pour le fun.


  • JONAS JONAS 4 octobre 2008 22:16

    @ L’Auteur,

    Excusez-moi, mais c’est un secret de polichinelle ! Depuis plusieurs décennies, la Gauche et la Droite font tout pour créer le bis " partisme " à l’anglo-américaine.

    Travaillistes Conservateurs, Républicains Démocrates…

    Autant dire, Grand Orient :. Travaillistes, Démocrates, Socialistes en France.

    Grande Loge :. Conservateurs, Républicains, Droite molle en France.

    Cette méthode permet de privilégier ceux qui sont aux affaires et de laisser quelques miettes aux perdants, juste de quoi vivre confortablement et vice versa… !

    C’est l’alternance pour plumer toujours les mêmes, et les mettre dans une cage plus étroite après chaque élection. C’est le principe des poulets en batteries.

    @ +


  • Peretz Peretz 5 octobre 2008 15:40

    Comme d’habitude, un diagnostic même pas mal fait , qui ne résout rien, ne propose rien.


    • Eloi Eloi 5 octobre 2008 18:07

      Vous êtes injuste !

      Yeutez un peu la fin !

      Et l’effort de définition en tant que tel n’est pas si inutile non plus !


  • Vinrouge 6 octobre 2008 14:03

    Un effort intéressant, mais, me semble-t-il, un petit peu incomplet et simplificateur. Cependant, j’aime bien votre division entre "ce qu’il me faut" et "ce qui me plaît", bien que vous opposiez un "ce qu’il faut" selon vous nécessairement collectif et "ce qui plaît" nécessairement individuel.
    En synthèse smiley : vous ne traitez que de l’aspect économique de la vie sociale. Ce que vous introduisez par "ce qu’il me faut" et "ce qui me plaît" peut aussi s’examiner sur le plan des moeurs, de la souveraineté nationale, etc. Des personnes comme Christine Boutin, Philippe de Villiers ou Jean-Pierre Chevènement, ne se concentrent pas particulièrement sur le registre économique, mais, respectivement sur les moeurs et la "charité républicaine", la souveraineté, et la mythologie républicaine.
    D’autre part, vous séparez la survie qui devrait être du domaine public, et les loisirs, qui eux devraient être du domaine privé. Comment dans ce cas considerer l’usage d’un bien de survie à fins de loisirs (par exemple : utilisation d’électricité pour une fête) ?
    Pour faire avancer votre raisonnement, je vous propose d’ajouter à "ce qui me plaît" - "ce qu’il me faut", leurs négations ("ce dont je n’ai pas besoin" - ce qui ne me plaît pas") et un deuxième axe "collectif" - "individuel", définissant ainsi 8 groupes : "ce qui me plaît", "ce qui me plaît pour le groupe", "ce qu’il me faut", "ce qu’il nous faut", etc.. Vous faîtes apparaître ainsi beaucoup plus de conflits potentiels, de difficultés d’arbitrage , etc. notamment dans l’opposition entre des avancées collectives heurtant des interêts individuels (il y a 1000 exemples : le service minimum - nous en avons besoin collectivement, on pourrait s’en passer individuellement, ça ne plaît pas beaucoup à ceux qui vont devoir l’assurer -, la civilité dans le métro - là encore, nous en en avons besoin collectivement, mais quand on voit la réalité, on se dit que ça ne plaît pas beaucoup individuellement smiley -, le Travail - nous en avons presque tous besoin individuellement (pour autant de raisons qu’il y a d’individus ou presque -s’émanciper, subsister, faire des choses intéressantes, etc.), mais collectivement le plein-emploi n’est pas une nécessité - etc.). Le parti politique se saisit alors d’un ou plusieurs "combats", et va s’exprimer au nom d’un ou plusieurs groupes.
    Le bipartisme n’est donc une réelle calamité que quand il empêche l’expression de l’ensemble des "combats" traversant la société et représentés dans des partis. En France c’est bel et bien un problème car la vie politique y est telle qu’un militant d’un parti est obligé de suivre la fameuse "discipline du parti" ; dans les pays anglo-saxons, bipartites depuis "toujours", une telle discipline n’existe pas - sans rentrer dans le fond des textes de loi concernés, voyez par exemple McCain : il va représenter son parti pour l’élection la plus importante, alors qu’il n’a voté pendant plusieurs années que 75% des textes soumis par le gouvernement qu’il soutenait - nous serions en France incapables d’une telle maturité, un député qui ne voterait que 75% des textes soumis par son gouvernement ne pourrait même pas se présenter à une cantonnale...


    • Eloi Eloi 6 octobre 2008 17:33

      Je vous remercie pour votre intéressant commentaire à l’égard de mon article. Et je suis d’accord avec la plupart de vos objections, mais je me permets de formuler ma réponse suivante : la division de la société en plusieurs autres axes me semble être plus un rafinement du modèle qu’une remise en cause du "binarisme" entre "ce qu’il faut" et "ce qui me plaît". Si je reprends vos exemples :
      * utilisation de l’électricité pour une fête : on peut le voir de deux points de vue : on peut considérer soit que c’est faire ce qu’il me plaît pour faire la fête avec les autres participants. ici, nous sommes dans le registre de "ce qu’il me plaît" et les frais devraient être assumés par les participants. Nous restons donc dans le domaine privé. Si cependant nous considérons que cette fête est "d’intérêt national" (pour diverses raisons : cohésion de la société, promotion de la culture, promotion du patrimoine national...) alors nous devons considérer que c’est à l’ensemble de la communauté de payer cette électricité. Selon notre sensibilité, nous trancherons d’un côté, ou de l’autre. C’est ce que j’entends par le "consensus" dans mon article : selon moi, ces décisions doivent être le fait d’une entité démocratique (directe, ou par représentation) permettant ainsi une décision globale.
      * service minimum : nous touchons ici au droit de grêve, ce qui devient plus compliqué, car nous touchons ici au droit constitutionnel qui donne entièrement raison (par principe) aux grévistes. Et rien n’est plus dans le "ce qu’il nous faut" qu’un droit constitutionnel, puisqu’il se place au-dessus des autres droits. Nous sommes donc complètement dans le "ce qu’il nous faut" : on considère alors que la grêve est un mal que le citoyen doit supporter car il est nécessaire pour assurer la cohésion de notre société. Evidemment cela est négociable, cependant j’imagine que personne n’aimerait voir son droit de grêve amputé, car chacun imagine que sa survie en dépend. Légalement parlant, ce service minimum est une absurdité. Le droit de grêve en tant que tel aurait dû être discuté, voire changé, avant de légiférer en ce sens.

      Pour ce qui est du bipartisme, vous avez raison. Le problème vient du fait qu’il ne peut y avoir qu’un seul président, et donc que les factions se regroupent pour avoir plus de puissance. A mon avis, là seul se trouve la cause du bipartisme acutel. Une solution pour plus de maturité serait peut-être l’interdiction pour un député de se présenter au nom d’un parti. En ce cas, chaque député se présenterait avec son programme personnel, plus ou moins spécialisé selon ses compétences, et ainsi pourrait-il être plus détaché de la logique de parti. Nous sélectionnerions ainsi peut-être plus nos députés pour leurs compétences que leurs allégeances ??

      Merci pour votre réponse !

      Cordialement


    • Eloi Eloi 6 octobre 2008 17:35

      Je vous remercie pour votre intéressant commentaire à l’égard de mon article. Et je suis d’accord avec la plupart de vos objections, mais je me permets de formuler ma réponse suivante : la division de la société en plusieurs autres axes me semble être plus un rafinement du modèle qu’une remise en cause du "binarisme" entre "ce qu’il faut" et "ce qui me plaît". Si je reprends vos exemples :
      * utilisation de l’électricité pour une fête : on peut le voir de deux points de vue : on peut considérer soit que c’est faire ce qu’il me plaît pour faire la fête avec les autres participants. ici, nous sommes dans le registre de "ce qu’il me plaît" et les frais devraient être assumés par les participants. Nous restons donc dans le domaine privé. Si cependant nous considérons que cette fête est "d’intérêt national" (pour diverses raisons : cohésion de la société, promotion de la culture, promotion du patrimoine national...) alors nous devons considérer que c’est à l’ensemble de la communauté de payer cette électricité. Selon notre sensibilité, nous trancherons d’un côté, ou de l’autre. C’est ce que j’entends par le "consensus" dans mon article : selon moi, ces décisions doivent être le fait d’une entité démocratique (directe, ou par représentation) permettant ainsi une décision globale.
      * service minimum : nous touchons ici au droit de grêve, ce qui devient plus compliqué, car nous touchons ici au droit constitutionnel qui donne entièrement raison (par principe) aux grévistes. Et rien n’est plus dans le "ce qu’il nous faut" qu’un droit constitutionnel, puisqu’il se place au-dessus des autres droits. Nous sommes donc complètement dans le "ce qu’il nous faut" : on considère alors que la grêve est un mal que le citoyen doit supporter car il est nécessaire pour assurer la cohésion de notre société. Evidemment cela est négociable, cependant j’imagine que personne n’aimerait voir son droit de grêve amputé, car chacun imagine que sa survie en dépend. Légalement parlant, ce service minimum est une absurdité. Le droit de grêve en tant que tel aurait dû être discuté, voire changé, avant de légiférer en ce sens.

      Pour ce qui est du bipartisme, vous avez raison. Le problème vient du fait qu’il ne peut y avoir qu’un seul président, et donc que les factions se regroupent pour avoir plus de puissance. A mon avis, là seul se trouve la cause du bipartisme acutel. Une solution pour plus de maturité serait peut-être l’interdiction pour un député de se présenter au nom d’un parti. En ce cas, chaque député se présenterait avec son programme personnel, plus ou moins spécialisé selon ses compétences, et ainsi pourrait-il être plus détaché de la logique de parti. Nous sélectionnerions ainsi peut-être plus nos députés pour leurs compétences que leurs allégeances ??

      Merci pour votre réponse !

      Cordialement


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