Commentaire de Marc Bruxman
sur Petit manuel de la finance moderne à l'usage des médiocres et des malcomprenants (dont je fais partie)


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Marc Bruxman 4 mars 2009 19:51

L’article a l’avantage d’expliquer simplement ce que sont ces produits mais il a un biais énorme et qui est de plus en plus courant : celui de séparer une économie "réelle" censée être saine d’une économie "virtuelle" censée être malsaine. 

Vous avez raison sur un point, la crise actuelle est la première catastrophe informationelle de même qu’il y a eu des catastrophes technologiques au XXème siécle (explosions, incendies) il faut s’habituer aux catastrophes informationelles. Mais on s’habituera aussi à mieux gérer les systèmes d’informations et à améliorer leur sécurité. Parce que tout cela n’était qu’un gros système d’informations. Or un des composants de ce SI a merdé sévérement à savoir le code qui était censé évaluer le risque. Et beaucoup de banques utilisaient la même formule pour cela. La conséquence, c’est le désastre que vous connaissez. Cela n’a pas explosé, cela n’a pas pollué mais cela a généré plein de contrats "toxiques" et de mauvaises décisions. C’est une catastrophe d’un nouveau genre mais il y aura d’autres catastrophes de ce genre la le temps que l’on apprenne à mieux maitriser les outils à notre disposition. 

Mais l’économie est de plus en plus basée sur de l’immatériel : Du logiciel aux contenus multimédias en passant par les contrats d’assurances ou même par extension les télécommunications (le coût d’un appel téléphonique est très loin d’être le coût réel de l’infrastructure), la plupart de ce que nous consommons est de plus en plus immatériel. Même Agoravox n’a pas vraiment d’existence matérielle contrairement à un journal. La pub sur le net n’a pas plus d’existence matérielle non plus. De même les professions juridiques ou les médecins vendent avant tout leur savoir faire et pas du matériel. 

On ne peut pas raisonner en parlant d’économie réelle ou virtuelle et ce même lorsque l’on parle de finance. Nous sommes passés à l’ére post-industrielle et la plupart de nos échanges vont être immatériels. Cela ne peut qu’occasionner de nouveaux défis, de nouveaux problèmes, mais cela occasionne aussi de grandes opportunités. La dématérialisation des journaux va par exemple nous éviter beaucoup de déforestations, moins de produits chimique et une consommation d’énergie moindre. De même pour le fait que les relevés de compte nous parviennent au format électronique plutot qu’en papier cela permet d’économiser des tonnes de papier ainsi que sur les frais de transport. 

La ou cela devient fourbe c’est que la crise en réduisant la capacité d’investissement des entreprises va les forcer à rationaliser. Et le plus simple pour elles va être de dématérialiser encore plus. Il faut donc s’habituer à l’économie de la connaissance et du virtuel. Parce que la transition va maintenant être beaucoup plus rapide qu’on ne le croit. D’ici quelques années, l’industrie sera comme l’agriculture quelque chose d’essentiel mais qui sera devenu invisible. 

Et si la crise financière mérite toute notre attention c’est avant tout parce qu’elle sera bientot vue comme le point de basculement entre ces deux époques beaucoup plus que la bulle internet de l’an 2000. 



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