Commentaire de Augure
sur Les enjeux politiques de l'élection européenne


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Augure 30 mai 2009 10:56

Est il possible pour la France de vivre en autarcie ? Je crois bien que non... Parfois je regrette de ne pas habiter quelques iles minuscules, où l’on n’aurait pas de questions existentielles à se poser pour savoir qui va aller ramasser les noix de coco, et qui va se dévouer, pour « pécher » les crustacés. Mais voilà la France n’est pas une ile minuscule, et en guise de coquillages, nos politiques ont surtout semé des casseroles, ceci en ayant perdu la connaissance qui permet d’allumer le feu pour faire cuire le ragout.

Il y a des casseroles à gauche, des casseroles au centre, des casseroles à droite, mais pour ce qui est du contenu... d’une manière étrange, on dirait que c’est la même soupe froide, fade, inconsistante, ayant une certaine aptitude à générer des aigreurs d’estomac, des nausées, et une abondance de flatulence, qui n’est surement pas pour rien dans l’effet de serre, concurrençant ainsi, les pets de la vache, et autres déjections animales dûs à l’élevage intensif hors sol, dont nos amis de la baie de St Brieuc connaissent la joyeuseté, au travers de la désormais très célèbre marée verte.

Bien qu’étant ambidextre, allez savoir pourquoi, mais peut être de manière maladive, j’ai tendance à toujours penser que la soupe qui est dans la casserole de gauche, sera moins fade, et c’est par défaut, celle dans laquelle je me sers en premier... s’en suis naturellement, un passage au centre, quand dépité, je m’aperçois que la soupe de gauche est toujours froide, fade, inconsistante etc...

La soupe au centre, semble plus épaisse, plus consistante, ce qui fait que je ne vois pas très bien le fond de la casserole, mais lorsque je la mets en bouche, très rapidement, je m’aperçois qu’elle s’étiole pour finalement ne laisser qu’un même goût insipide fortement ressemblant au test culinaire précédent.

Devant cette déception renouvelée, je finis par aborder la soupe qui est dans la casserole de droite, et là, oh surprise, je m’aperçois qu’on a rajouté, dans cette soupe dite « Notre Seigneurie », des croutons... un instant mon petit coeur s’emballe de joie à l’idée de trouver une consistance perdue depuis de nombreuses décennies, mais rapidement je déchante, les croutons, au lieu d’être du bon pain, sont en béton armé. Ayant une dentition fragile et une couverture maladie assez aléatoire, je renonce rapidement à expérimenter le fumet, de crainte d’être contraint à m’euthanasier devant la perte de production, inacceptable pour la société, que serait un arrêt maladie. (vous avez déjà essayé de travailler avec une rage de dent violente un marteau piqueur à la main ?).

Alors à ce moment là, (le canard était toujours vivant et bouffait les navets qui étaient censés l’accompagner dans sa cuisson), je me dis qu’il faudrait peut être vider toutes les casseroles, et les empiler l’une sur l’autre pour n’en avoir plus qu’une, façon table gigogne, voire matriochka (ce qui est évidement moins pratique pour la cuisson), à moins qu’il ne soit envisageable de changer simplement de type de récipient.

Après tout, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes me dit-on.

Pas de chance, consumérisme aidant, je m’aperçois qu’il n’existe plus de vieux pots, cela fait bien longtemps qu’on les a tous bazardé dans quelques fossés, le long d’une route départementale, la nuit, à la dérobée à moins que ce ne soit prés d’une ligne tgv, pour être bien sûr que personne ne garderait l’idée grotesque de s’opposer à la mode du jetable.

Et me voilà revenu à mon point de départ...

C’est à partir de là, que je me dis, qu’après tout, pour manger une bonne soupe, il faudrait peut être qu’elle soit européenne, et je me retrouve en train d’arpenter le Château bruxellois, à moins que ce ne soit celui de Strasbourg (je ne sais jamais dans lequel des deux se trouvent le responsable de l’élaboration des menus), en quête du chef de cuisine.

Interpellant le premier gardien que je croise, ce monsieur me dit, « mais vous êtes un cas, le savez vous ? » et comme je m’étonne du propos, l’on m’explique, qu’en tout état de cause, pour pouvoir rencontrer le cuisinier, il faut déjà que j’aille solliciter la bienveillance du chef de bureau en lui soumettant le formulaire ISO 9000 « machin truc » que je trouverais au troisième étage à gauche après le passage à niveau, entre la gamelle du chat perché, et les bottes de l’hote de ces lieux.

Enhardie par cette gentillesse inattendue dans cette froideur nordique (à moins que ce ne fut celle d’un retour d’est), je monte les étages, trouve les bottes, évite le chat, et me coltine un garçon de bureau effaré, qui m’explique dans un premier temps, que le commis de cuisine est en vacances et qu’on ne sait pas où est le cuisinier, mais qu’en plus, pour qu’il puisse me donner le formulaire ISO 9000 « machin truc » que je dois fournir au chef de bureau, il faut que j’ai l’autorisation du sous chef de section dont les appartements sont au troisième sous sol, entre les citernes de stockage d’excédent laitier, et les salles frigorifiques destinées à recevoir les 10 000 tonnes de boeufs américains dont les ressortissants européens ne veulent absolument pas, mais que l’on saura leur faire ingurgiter de force, quitte à leur coller une étiquette bio référencée, avec la mention « made in » du pays de destination, à défaut de quoi il serait surement invendable et finirait par donner une indigestion au chat, qui lui, n’a rien demandé à personne et ronronne tranquillement dans le faux plafond (bizarrement j’avais cru que c’était la VMC).

Je demande donc à notre aimable garçon de bureau, où se trouve l’ascenseur... (je n’avais pas vraiment envie de descendre les 6 étages à pied avec mon genou défaillant), il me dit « vous voyez le panneau »social" ? Et bien c’est le nom de notre ascenceur, suivez les panneaux et vous tomberez immanquablement dessus".

Comme je le remercie de sa bienveillance efficace et m’apprête à suivre le parcours fléché, le garçon m’arrête... "il faut quand même que je vous le dise... l’ascenseur est en panne ..."

- ah... mais vous pensez qu’il va bientôt être réparé ?

"Oh mon bon monsieur, je ne sais pas, cela fait bien longtemps qu’il ne fonctionne plus me répond-il, et nous sommes en train de procéder au renouvellement du conseil d’administration qui gère la cuisine, mais comme nous ne savons pas où est le cuisinier, et que par ailleurs, le public semble ne pas digérer le mode culinaire imposé par le précédent, il semblerait que nous devions mettre au goût du jour l’abstinence alimentaire, bien que nous ayons en réserve quelques stocks de maïs MON810 à écouler en cas de besoin, après lui avoir octroyé le label « produit de la ferme ». "

"Mais bien sûr, pour avoir droit à votre ration, il faudrait que vous alliez chercher le formulaire ISO 9000 « trop d’la balle », ce qui ne va pas être simple parce que le cuisinier est parti avec les imprimés, et que nous savons pas quel escalier il a pris, que l’ascenseur social est en panne, et que cela fait bien longtemps que l’on ne pratique plus que l’élevage de cornichons dans le noble bastion européen."

Alors que je reconnais ne pas trop voir le rapport entre, l’absence du cuisinier, la panne de l’ascenseur et l’élevage de cornichon, je déclare commencer à envisager sérieusement de renoncer à la soupe européenne...

et là quelle n’est pas ma surprise...

"Mais monsieur... vous ne pouvez pas, il a été décidé que se serait la soupe dite « Du traité de Lisbonne » pour tous, vous comprenez, ce brave Henri IV, qui voulu la poule au pot dominicale, n’avait pas été assez loin, et nos gentils administrateurs ont compris que le meilleur moyen de faire manger aux autres, ce dont ils ne voulaient absolument pas, était simplement, de leur faire renoncer eux même à la possibilité de choix."

- Attendez, attendez, je n’ai jamais fait cela, j’ai toujours mon libre choix.

"Mais si vous l’avez fait... vous êtes entré dans le bastion Europe, qui finalement, n’est même pas un bastion, mais simplement l’expression européenne d’une cuisine mondialisée insipide a vertu amaigrissante (ou obésifiante, c’est selon), et en faisant cela, vous avez renoncé à votre libre arbitre... alors bien sûr, nous renouvelons assez souvent le conseil d’administration, et comme nous avions quelques difficultés à trouver des volontaires, nous leur avons agrémenté un menu spécial, particulièrement copieux et variés, afin de les motiver à faire perdurer l’insipidité gustative du tout moins disant pour tous, et pour leur permettre de garder pour eux, les mieux pensants, les réelles vertus de l’art culinaire et du mieux disant."

Abasourdi par cette révélation inattendue, je m’enquiers de la sortie, renonçant à poursuivre ma quête du jardinier, ou du cuisinier, ou de l’amant de ma sœur, je ne sais plus...

"Monsieur.. vous ne pouvez pas sortir, pour cela il faudrait que nous soyons tous d’accord et visiblement ce n’est pas possible puisque vous ne l’êtes pas, et la porte d’entrée, ne s’ouvre que dans un sens, bien sur vous pourriez passer par une fenêtre, mais les seules qui s’ouvrent sont celles du conseil d’administration qui est situé au 15ème étage, et pour pouvoir rentrer dedans il vous faudrait le formulaire ISO 9000 « fait pas chier » que l’on ne délivre qu’après réunion d’une commission extraordinaire entre le cuisinier, son commis et la femme du mari de carla bi (à moins que ce ne soit sa cousine Joséphine), ce qui ne s’est jamais produit. De plus, vu la hauteur de l’édifice, cela serait forcément suicidaire, et pour cela il vous faudrait le formulaire ISO 9000 « fait pas l’con », que personne ne vous délivrera jamais, parce qu’écrit en franc, alors que seul l’euro à cours."

Perdu, et décontenancé, je me suis mis à errer dans les couloirs en quête d’une lueur de raison, je finis par m’égarer dans les dédales souterrains de cultures hydroponiques expérimentales où bien qu’hors sol, l’on développe le procédé roundup ready sur les raves et autres herbacées.

Comme le lundi matin j’étais toujours vivant, et qu’on avait libéré les canards grâce à la ligue de protection des animaux qui s’étaient élevé contre la production de foie gras, torture animale s’il en est, j’ai pris mon uniforme de cornichon, et depuis je ne mange plus que des navets, que des navets, que des navets.


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