Commentaire de Nycolas
sur Le droit sacré des victimes


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Nycolas 5 juin 2009 19:48

J’ai relevé ce passage dans votre article, car je le trouve intéressant et pertinent, comme quoi je pense que nous nous rejoignions :

"Oui, il y a convergence, indice révélateur que nos sociétés n’ont plus pour but de protéger leurs membres les plus fragiles, qu’il s’agit de les soumettre à un ordre qui les dépasse et auquel ils n’ont pas accès. Oui, nos sociétés se sont transformées en instrument de prédation au service d’un ordre dont nos politiques ne sont que les instruments plus ou moins consentants.

Refuser cette réalité, c’est ramper avec les charognards, c’est se rendre complice des progrès d’un mal qui rampe...« 

Je pense donc que nous nous rejoignons, donc, néanmoins si je partage ce passage, j’en tire une conclusion légèrement différente. Car moi je sens que dans la criminalisation ambiante, il y a une volonté de ranger tout le monde du côté des coupables. Puisque nous serions tous coupables de quelque chose, nous pourrions donc tous être accusés, et par conséquent nous retrouver dans la position de victimes du système.

Alors oui, notre société écrase et soumet les individus, mais c’est aussi en les culpabilisant. Je ne dis pas que les victimes d’inceste ou autres sont fautives de cela, juste qu’elles sont l’une des branches d’un arbre d’instrumentalisation. Comme je tente de l’expliquer, tout cela nous échappe, et ça nous échappe tellement que nous pourrions facilement, et presque indifféremment nous retrouver victimes ou accusés, en ayant de moins en moins de moyns pour faire valoir nos droits. Droits à la justice dans tous les cas.

En résumé, la convergence que vous voyez pour jeter l’infâmie sur les victimes uniquement, moi je la vois se poser sur tous. Et quand je dis tous, ce n’est pas seulement les personnes qui ont eu à faire à la justice, mais bien tous les membres de cette société, tous présumés coupables de quelque chose, mais tous victimes d’un ordre supérieur qui les aliène et les opprime. C’est pour ça que mon propos n’est pas de piétiner des victimes à terre, car le débat est au-dessus de ça, à un autre niveau, à un niveau qui est bel et bien politique. Les victimes d’inceste ne devraient être ni les otages de cela, ni les otages de la logique inverse, mais il faut bien au minimum les citer pour expliquer en quoi leur combat, qui est juste, n’est qu’une branche d’un arbre. Et cet arbre n’est pas neutre. Je dirais même que ce combat ne peut aboutir sainement que si on le dépouille de son aspect victimaire... et c’est particulièrement difficile, voire impossible, puisque ces personnes sont forcément marquées par leur vécu objectif de victimes. Mais cette ambiguité permet de pourrir le débat, et c’est ce que vous dénoncez dans votre article, d’ailleurs.

Ensuite, je peux convenir que mon article n’est pas exempt de tout reproche, mais qu’il est dur d’aborder ce genre de sujet sans se faire ranger dans la case »ennemi des victimes"... (je ne dis pas que c’est ce que vous faites).


Voir ce commentaire dans son contexte