vendredi 5 juin 2009 - par Nycolas

Le droit sacré des victimes

Victimes d’un côté, coupables de l’autre, ou le symbole de la division de notre société... Un jour serons-nous tous victimes ? Ou tous coupables ?

Ceci est un sujet qui est à mon avis grave et difficile, et qui sans surprise, est très peu traité dans les médias, qui se contentent de survoler la société d’un regard léger et superficiel, avec une fausse gravité pour des phénomènes courants comme la délinquance, et une fausse légèreté quand il s’agit de traiter le problème pourtant profond et ancien de la crise, et surtout évoquer les manières d’en profiter… La question des travers et dérives de la victimisation dans notre société. Inutile de dire que d’une question aussi vaste que le tour de taille d’un obèse soulignant une dérive civilisationnelle, je ne ferai pas le tour en un article… Mais il me semble intéressant de se pencher sur ce problème.

Loin de moi l’idée de dire que « c’était mieux avant » (quoique), ou de prétendre que la société a changé, car autrefois « ceci » alors que maintenant « cela », vu qu’autrefois, ben j’y étais pas. En fait si ça se trouve, ça a toujours été comme ça, comme aujourd’hui l’on dit que les jeunes sont irrespectueux, sauvages, etc., comme si de tout temps ils avaient été aussi « civilisés » que leurs ainés, alors que même Socrate dénonçait la décadence de sa société en critiquant l’attitude des jeunes de son époque…

Mais quand même, peut-on taire une dérive sous prétexte qu’elle aurait – peut-être – toujours existé ? Car oui, un bateau fantôme peut errer indéfiniment dans l’océan, sans jamais couler ni rencontrer de berge. Il n’en fait pas moins que pourrir sans fin, comme si telle avait toujours été sa vocation.

Cela n’a pourtant pas toujours été la vocation de la justice que d’être l’antenne émettrice/réceptrice des victimes. Et même au contraire, la vocation de la justice est, non pas de se ranger au côté des victimes, comme l’on pourrait mièvrement interpréter son rôle, mais d’être l’intermédiaire entre ceux qui, à un moment donné, sont victimes et coupables. Son rôle est donc en effet de punir les coupables, mais sans oublier que ceux-ci sont des êtres humains pouvant aussi être, en d’autres occasions des victimes. Et ceci afin de tenter de maintenir un équilibre social dans lequel chacun a sa place. Le premier symbole de la justice n’est-il pas une balance ? Quant au glaive, sa seule fonction est d’aider à l’équilibre de cette balance.

Or donc, si la balance se mettait à pencher plus du côté des uns ou des autres, c’est qu’un déséquilibre serait né. Un déséquilibre dangereux, car il pourrait causer des troubles sociaux que l’on peine à imaginer.

Inutile de dire ce qui se passerait si la balance penchait du côté des coupables… On aurait tout aussitôt les récriminations horrifiées du plus grand nombre. Mais qu’on se rassure, la balance de la justice ne favorise les coupables que lorsqu’ils sont riches. Autant dire très peu, quoique les riches n’auraient-ils pas une propension à se retrouver dans des rôles de coupables ? Mais je m’égare dans un procès d’intention qui est un autre sujet…

Qu’on se rassure donc car de nos jours la balance de la justice tend plutôt à pencher du côté des victimes. Ou plus précisément vers certains types de victimes en particulier. Et ceci à cause d’un système dit de cercle vicieux, d’abord parce qu’il est toujours plus commode de plaider la cause des victimes, ensuite parce que les coupables, une fois condamnés, peuvent difficilement plaider la leur, devenant de fait, et en quelque sorte, des victimes du système. C’est ainsi, un coupable ne perd pas seulement la liberté. Il perd beaucoup plus, puisqu’il perd aussi sa dignité, sa crédibilité, sa réputation… sauf s’il est puissant, bien défendu, et acquitté, bien sûr, ce qui lui assure de pouvoir poursuivre sur la même voie, contrairement à ceux d’en bas, qu’on pourra facilement assommer, détruire et enfermer, pour avoir fauté. On ne pardonne pas aux petits trublions qui défient l’ordre.

Pourquoi dis-je cela ?

Ne voyez-vous pas que nous vivons encore à l’ère où la religion chrétienne, et sa valorisation des victimes par le principe du martyr, pour avoir été écartée de la sphère publique en tant que religion, ne s’est que mieux insérée dans la mentalité désacralisée des masses ? Désormais les martyrs ne sont plus les saints, les apôtres, non. Les nouveaux martyrs sont les agneaux fragiles, tombés sous les vils coups des diaboliques coupables, que ceux-ci soient des agresseurs sexuels, de violents envahisseurs étrangers, ou bien encore d’immoraux téléchargeurs, pourvu qu’ils se livrent à un pêcher capital, ou qu’ils possèdent quelque caractère hérétique ou mécréant.

Jamais l’esprit de ceux qui lancent l’anathème n’est effleuré par l’idée que les choses ne sont pas si simples, et que nous vivons en fait dans une société dans laquelle on passe sans cesse de l’état de victime à l’état de bourreau, et inversement. En effet, il y a toujours quelqu’un à agresser par des paroles, des gestes, ou simplement une opinion contraire aux dogmes fondamentaux de la morale judéo-républicaine.

S’il va de soi que certains actes sont répréhensibles, comme les abus sexuels sur mineurs, et que d’ailleurs ils ont toujours été punis par la loi, et qu’ils sont légitimement considérés comme aggravés lorsqu’ils ont en plus un caractère incestueux, il est intéressant de remarquer qu’en ce moment, un collectif de victimes d’incestes – auxquelles je ne saurais que donner ma compassion pour ce qu’elles ont subi, si tant est qu’elles en aient vraiment souffert – fait pression sur la justice pour que l’inceste soit criminalisé en tant que tel. C’est ainsi que, sous couvert du droit sacré des victimes, que l’on ne saurait contredire, sous peine de laisser croire que nous sommes du côté de leurs sataniques bourreaux (qui sont pourtant des êtres humains quoiqu’on en dise) on instaure un nouveau « crime » pouvant se dérouler entre personnes consentantes. On invente donc à ces personnes parfois volontaires pour se laisser aller à des actes incestueux un statut de victimes.

Mais il est vrai que dans notre société il existe tant de victimes volontaires que l’on est tout prêt à accepter l’idée sans même y réfléchir. Que ce soient les esclaves du salariat ou du tapin, les prisonniers de l’assistanat ou de la précarité, les victimes « volontaires » sont légion dans notre société, et pourtant on ne se pose pas profondément la question de ce que c’est qu’être « consentant », notion que Françoise Dolto contestait déjà dans les années 70, lorsque la loi sur la majorité sexuelle, instaurant le « crime » de détournement de mineur (forcément une « victime involontaire » parce que mineure ?) fut proposée et adoptée, faisant dors et déjà pencher la balance en faveur du droit de victimes hypothétiques.

Mais nous pourrions aussi bien évoquer un sujet encore plus grave qui est celui de la shoah… Et qui démontre encore mieux en quoi les victimes sont quelque part, dans l’occident « post-judéo-chrétien » une sorte de caste d’intouchables, dans l’imaginaire collectif qui tremble à l’idée de ne pas leur concéder tout ce qu’elles demandent, au moindre caprice. C’est bien que les victimes, comme en Inde les vaches, sont sacrées, chez nous.

Je ne m’étendrai pas sur les idées paranoïaques ou pas, vraies ou pas, concernant les complots sionistes, terroristes ou autres. En revanche, j’évoquerai, à titre d’exemple parlant, tous les problèmes connus par la liste présentée par Dieudonné et Alain Soral aux élections européennes. On en trouve le récit ici : http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-elite-contre-dieudonne-a-chaque-56931

A la lumière de ces évènements, que comprend-on ? Qu’il est mal venu de s’en prendre aux juifs ? Mais Dieudonné ne s’en prend pas aux juifs, d’ailleurs il y en a dans sa liste, dont un rabbin. La liste de Dieudonné est « anti-sioniste », donc le bouc-émissaire de Dieudonné, ce sont les sionistes, comme s’ils étaient responsables de tous les maux. Pour d’autres, ce sont les musulmans, les banksters, et j’en passe… Mais ce qui est inédit avec Dieudonné, c’est qu’il vise les sionistes, c’est-à-dire une mouvance politique en rapport avec le peuple qui fut victime de la shoah… et qui à cause de cela est intouchable. On peut attaquer les banksters. Personne ne viendra nous taxer de racisme ou de révisionnisme. On peut attaquer les musulmans, puisque selon un amalgame désormais devenu trop habituel, ils sont les complices « volontaires » ou non du terrorisme dit « islamiste ». Mais on ne peut pas attaquer les sionistes, parce que sous l’effet d’un autre amalgame imbécile, le sioniste ne peut être que juif, de « race » et de religion, et par conséquent l’anti-sioniste ne peut être qu’antisémite.

Disons le tout net, c’est cet amalgame qui est en fait un racisme mal déguisé, puisqu’il prône l’intouchable sacralité du peuple juif dans son entièreté, y compris de ses antennes les plus dégueulassement partisanes, politiciennes et manipulatrices d’une manière souterraine. Et ce pourquoi ? Parce que celui-ci est historiquement victime, et que selon le « bon-sens » une victime ne saurait jamais être un bourreau, car il en est ainsi dans cette pensée manichéenne judéo-chrétienne. Et les sionistes l’ont bien compris, eux qui se drapent dans cette posture victimaire, sorte de forteresse qui désigne tous ceux qui en sont à l’extérieur comme des bourreaux supposés et de possibles descendants idéologiques des nazis. C’est d’ailleurs bien de croix gammées que sont graffitées certaines affiches du parti anti-sioniste, car qu’on se le dise, toute personne qui osera dénoncer les atrocités des sionistes sera maudite pour les siècles et les siècles ! Car il s’agit bien là d’un interdit religieux, qui ne dit pas son nom, car il porte le masque des principes républicains prétendument laïcs. Les mêmes « principes » qui voudraient faire interdire toute parole dissonante avec le dogme.

Mon propos, on l’aura sans doute compris, ne visent pas à trancher, en disant que les sionistes sont par essence méchants, et les anti-sionistes gentils, car je ne tomberai pas dans ce piège de désigner des agneaux et des loups, des martyrs et des bourreaux, comme si les lames qu’on brandit de chaque côté ne faisaient pas de plaies à l’autre partie. Non, il s’agit d’un conflit, et comme dans tout conflit, chacun a ses raisons, dont certaines sont sûrement plus légitimes et importantes que d’autres. En revanche il me trouble de constater que la posture victimaire est invariablement agitée comme un drapeau de pureté que l’on brandit pour pervertir des intérêts plus grands.

La justice n’est pas là pour servir de psychothérapie aux victimes. Elle n’est pas là pour exercer une violence immodérée en retour, à ceux que l’on a commodément désigné comme bourreaux, et à qui l’on ne permet jamais d’expier ce statut, allant parfois jusqu’à la pendaison sommaire, comme avec Saddam Hussein, le dictateur ni noir ni blanc, mais avec sans doute du rouge sur les mains, mais dont le premier tort était surtout d’être sur le chemin de la marche « victorieuse » de la « croisade » occidentale vers la morale, et la prétendue sauvegarde des misérables victimes kurdes et irakiennes de son règne atroce.

Bizarrement, à laisser les victimes instrumentaliser la justice pour des intérêts autres que la justice, puisqu’ils sont ceux de la santé de personnes (demande-t-on à un tribunal de soigner les plaies d’un poignardé ? Non, il est soigné à l’hôpital), ou à instrumentaliser les victimes pour manipuler la justice et l’opinion, on ne sert pas l’intérêt final de ces victimes. A la fin, celles-ci sont tout autant brimées que leurs bourreaux, qu’on aura pris soin de diaboliser et de caricaturer, pour ne pas voir en eux ce qu’il y avait d’humain, et de vivant, et donc de potentiellement « victimisable », pour ne pas avoir à souffrir du sentiment de la culpabilité d’avoir fait souffrir exagérément et injustement un être humain qui était tombé dans ses travers. A vouloir jouer à cela, le bras de la culpabilité s’étend même jusqu’à ceux qui rendent la justice, car à la dévoyer ainsi, ils se rendent quelque part coupables du fait d’approfondir les dégâts causés par les torts premiers…

Mais ceux qui rendent la justice peuvent-ils être jugés comme coupables, ou comme responsables, d’un état de fait qui leur échappe, puisqu’il est imposé par un glissement de terrain de la société, celui-ci partant, comme presque toujours, d’en haut de la pente, de ceux qui décident, et qui divisent plus pour régner plus ?

Non certes, on ne peut pas leur en vouloir, comme on ne peut en vouloir aux téléphonistes qui nous dérangent chez nous, aux heures des repas, de vouloir nous vendre leur camelote. On ne peut non plus en vouloir à personne aux guichets des administrations. Ces pauvres sont aux ordres de ceux d’en haut, qui maintiennent leur pied sur l’imminent glissement de terrain à venir, qui soutiennent le fil de l’épée de Damoclès ne demandant qu’à choir sur la tête de ceux qui auront eu la bien malheureuse idée de prendre une initiative. C’est ainsi que la responsabilité se dilue à tous les étages, fuyant souvent les étages les plus hauts, rendant « coupables » les têtes de ceux d’en bas, ceux qu’on ose à peine engueuler lorsque leur administration nous met dans des situations impossibles par des erreurs de gestion, de calcul, d’interprétation, de dossiers. Eux aussi ne sont que des marionnettes, des victimes instrumentalisées par l’ordre d’en haut pour que les problèmes ne remontent pas jusque là, et pèsent uniquement sur les épaules de ceux qui portent déjà le poids de la hiérarchie.

On ne peut en vouloir à personne, puisque nous sommes tous, tour à tour, coupable ou victime, et pourquoi pas les deux à la fois, selon comme l’ordre nous manipule pour mieux nous orienter dans le sens du vent qui ainsi ne renversera pas l’édifice fragile qu’est devenue notre kafkaïenne civilisation.

Pourtant il faut chercher des bouc-émissaires, et toujours se ranger du côté des victimes car c’est une position beaucoup plus supportable et simple à adopter que celle de se ranger du côté de la complexité de la justice équitable (pléonasme en principe, mais de nos jours qui ne choisit pas un camp est forcément dans l’autre, celui de l’ennemi, du méchant, du pas gentil, du diable, du tortionnaire), alors on cherche les coupables, et on les trouve. Il suffit de leur faire correspondre le bon chef d’accusation. Fraudeur, parasite, récidiviste, casseur, porteur de cagoule, pédophile, chômeur, poignardeur de prof, violeur, antisémite, anti-américain… Et s’il n’existe pas on l’invente ou le réinvente, c’est ainsi que les pêcheurs modernes peuvent être détourneurs de mineurs, téléchargeurs illégaux, fautifs d’avoir une connexion non-sécurisée, chauffards, pollueurs, pervers, inciviques ou incivils, révisionnistes, négationnistes, abstentionnistes, j’menfoutistes et même pourquoi pas terroristes, alter-mondialistes ou même simplement jeunes et/ou insoumis.

Si avec ça vous ne trouvez pas un coupable… Allez-y, lynchez-en un, vous « sauverez » peut-être une victime, et ferez ainsi une bonne action d’ordre judéo-républicaine ! Expiant par là-même vos problèmes de conscience, salement entachée par la décadence de notre société à laquelle on participe tous, et par le dilemme écologique. Sauf à supposer qu’en fait on ne sauve personne, et que l’acceptation de la condamnation de devoir marcher ensemble soit la seule qui puisse stopper cette folie, cette recherche toujours plus forte, désespérée et illusoire de justice au sein de l’état-providence, dans le monde où cela arrange l’ordre établi que nous continuions à nous diviser pour qu’ils puissent mieux régner.
 


18 réactions


  • Naja Naja 5 juin 2009 12:05

    @ L’auteur,

    J’ai écrit un article sur ce même thème de la justice et des victimes. Il est bien trop long et, je le concède, un peu ennuyeux à lire. J’ai tenté d’éclairer quelques points aveugles des discours sur la sacralisation des victimes. Si certains arrivent au bout...

    http://www.enfancedanger.com/index.php?type=special&area=1&p=articles&id=44


    • Nycolas 5 juin 2009 15:16

      Merci pour votre commentaire. Je l’a lu en entier, du moins jusqu’aux témoignages.

      Si vous permettez, je pense que quelque part vous niez le problème, et aussi que vous évitez le débat de fond, et tombez dans une forme de mépris en évoquant le fait que toute personne argumentant sur la sacralisation des victimes tombe forcément dans les préjugés.

      Malheureusement je n’ai pas le temps de vous répondre tout de suite, mais en gros, même si certains de vos arguments sont justes, je dirais au moins une chose : dénoncer une attitude qui ressort d’un reliquat de pensée religieuse, quant aux victimes, n’est pas une manière de dénier aux victimes leur souffrance.

      Car le débat est ailleurs.


    • Naja Naja 12 juin 2009 02:34

      Bonsoir,

      Je voulais répondre à votre commentaire mais n’ai pas eu le temps de repasser avant.

      Déjà, merci d’avoir pris le temps de lire ma longue prose !

      Ensuite, vous dites :
      "dénoncer une attitude qui ressort d’un reliquat de pensée religieuse, quant aux victimes, n’est pas une manière de dénier aux victimes leur souffrance."
      Je suis tout à fait d’accord avec vous !

      Voici comment je vois les choses, pour le moment :

      Il y a d’une part une icône sacrée (ou un archétype, ou une figure mythique, comme vous voulez) de la victime-héros-intouchable-inattaquable.
      D’autre part des individus réels, physiques, ayant été victimes de préjudices.
      Les ennuis commencent quand s’opère une confusion entre les deux, à une échelle collective. Car la figure sacrée est détentrice d’un pouvoir énorme et il y a tout lieu de redouter ce qu’il advient quand des personnes physiques s’en emparent .

      Ma lecture des nombreux propos sur la sacralisation m’amène à constater que ce genre d’analyses repose sur le présupposé suivant : les victimes (et l’on ne se demandera en général pas de qui l’on parle) s’identifient et/ou sont effectivement identifiées à ladite figure. De ce fait, elles se sont suceptibles de se penser en position de réclamer tous les droits, voire jouissent d’ores et déjà du pouvoir redouté.
      Face à la crainte légitime des graves dérives auxquelles un tel fait pourrait conduire, il convient alors de le dénoncer. Et il devient logique, voire même souhaitable, de s’efforcer de faire redescendre les personnes victimes du piédestal sur lequel elles se mettraient ou seraient mises. C’est l’hypothèse que j’ai formé pour m’expliquer les fréquentes insultes et attaques que comportent le plus souvent ces discours.

      Or, l’observation révèle que le présupposé est faux. Les déductions que l’on en fait relèvent donc du mythe.
      Les personnes qui demandent réparation auprès de la justice ne sont, individuellement, pas du tout sacralisées mais trop souvent ignorées, niées voire carrément accusées de calomnie.
      Ensuite (et je ne prétends pas poser une vérité absolue en disant ce qui suit), la plupart des victimes que je connais se débrouillent très bien toutes seules pour se rabaisser.
      Enfin, contrairement aux apparences, les politiques ne leur accordent pas tous les droits ou une considération exagérée, inique.
      Pour le moment en France, la seule personne physique qui se soit effectivement emparé du fascinant pouvoir de l’image de la victime sacrée, c’est notre président. Et il le fait pour tenter de justifier sa politique sécuritaire et son idéologie puante. Il n’est pas question des intérêts des personnes victimes là dedans.

      Si bien que parler de sacralisation des victimes est à mon sens, soit une erreur, soit un dangereux raccourci. Les personnes victimes ne sont pas individuellement considérées comme sacrées (sacralisées donc) parce que quelque politique détourne le pouvoir d’une image sacrée...

      Exemple :
      Qu’une association milite pour que l’inceste (imposé) soit nommé et pris en compte dans toute sa dimension n’a en soi rien de dangereux. Que leur demande soit finalement instruite et qu’un projet de loi soit émis en ce sens, non plus.
      Au législateur de se creuser la tête, aux députés et aux sénateurs de débattre, modifier, puis voter ou rejeter la proposition de loi. C’est l’exercice de la démocratie. Le droit n’est pas révélé aux juristes tel une parole divine immuable et indiscutable. Il s’applique aux hommes et vise donc à légiférer les faits de sociétés pour ce qu’ils sont, deviennent, etc. Non ?
      Et pour autant que je sache, nommer un crime et se donner les moyens d’un traitement judiciaire adéquat ne met pas en péril le respect de l’égalité des droits de chacun.

      Il me semble que ceux qui supposent que les individus lésés tendent à être investi dudit pouvoir sacré... se trouvent, quelque part, dans la confusion qu’ils dénoncent. C’est ce que je tentais, plus ou moins laborieusement de dire dans l’article que j’ai proposé en lien.


    • Nycolas 12 juin 2009 06:27

      Dans ce cas nous sommes d’accord, puisque la seule chose que j’entends dénoncer, c’est le statut imaginaire, archétypal, de victime, qui permet toutes les instrumentalisations, mais c’est aussi vrai pour le statut imaginaire et archétypal de coupable.

      Que les victimes soient défendues, heureusement, qu’elles le soient le mieux possible, c’est souhaitable. Il est également souhaitable que les coupables soient punis, sans pour autant être les bouc-émissaires diabolisés d’une justice inique.

      Ce qui me scandalise le plus, au fond, c’est bien cette double instrumentalisation, avec d’un côté l’archétype du martyr, et de l’autre celui du diable. Cela permet d’agiter de formidables épouvantails pour faire ramper une politique sécuritaire, bien évidemment au corps défendant des victimes, qui finissent doublement dindon de la farce... C’est l’une des raisons pour lesquelles le discours victimaire emprunt de religieux me sort par les yeux... il ne fait que desservir toutes les causes à la fois, sauf celui d’un pouvoir qui quelque part, voudrait bien se faire passer comme étant de droit divin en s’appuyant illégitimement sur une morale archaïque (d’où la sémantique du sacré), qui à sont tour légitimerait de nouveaux abus...

      Enfin je reconnais qu’il est difficile d’échapper aux confusions. C’est tellement vrai que nous confondons le régime actuel avec une démocratie... régime dont, comme je le disais, nous devenons tous des victimes qui ne peuvent se nommer comme telles...


    • Nycolas 5 juin 2009 19:17

      Vous n’avez pas lu la fin, mais vous avez également mal lu le reste.

      Je ne prends pas partie pour Dieudonné, en revanche je considère qu’il a le droit de s’exprimer. Que celui-ci adopte également pour partie une posture victimaire est certes vrai, mais c’est simpliste que de dire que son discours s’y résume.

      Le reste de votre commentaire est hors-sujet puisque je ne parle que de ce qui se passe en occident et particulièrement en France, laissant les autres balayer devant leur porte.

      Le problème que j’essaye d’aborder est celui d’un équilibre ou d’un déséquilibre du système judiciaire qui est l’objet d’une dérive politico-médiatique. Rien de plus, rien de moins.


  • Illel Kieser ’l Baz 5 juin 2009 17:56

    Bonjour,
    Je répondais à certains commentataires de l’article de Laurence Guicharnaud, ici même.
    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/manifeste-pour-l-55785
    Confusion de la pensée et société de prédation
    http://www.lepost.fr/article/2009/06/05/1565579_confusion-de-la-pensee-et-societe-de-predation.html

    Les propos sont aussi valables ici sous les aspects anthropologiques. Que l’auteur du présent article ne prenne pas pour lui les accusations de mépris qui vont à d’autres. Mais quand la nécessité apparaît d’opérer des distinctions il est judicieux de ne pas confondre la société du spectacle avec la société globale, bien plus complexe et ramifiée.
    Côté victime, à trop les stigmatiser, on peut franchir des bornes...


    • Nycolas 5 juin 2009 19:22

      Vous avez raison de souligner que la stigmatisation des victimes peut mener à une dérive. Comme toute stigmatisation.

      En revanche je ne crois pas stigmatiser les victimes, ça n’est tout simplement pas mon objet, ni mon sujet.

      Je ne fais que mettre le doigt sur une possible dérive du système, qui peut mener à ce que ni les droits des accusés, ni les droits des victimes ne soient plus respectés, car victime, ce n’est pas une identité, pas plus que criminel. Ce ne sont que des statuts provisoires dont il faut savoir sortir, et laisser sortir...

      Un jour, vous, moi, n’importe qui, pouvons nous retrouver au barreau en tant qu’accusé ou que victime... on ne sait pas. D’où l’importance de préserver un équilibre fragile.


    • Nycolas 5 juin 2009 19:48

      J’ai relevé ce passage dans votre article, car je le trouve intéressant et pertinent, comme quoi je pense que nous nous rejoignions :

      "Oui, il y a convergence, indice révélateur que nos sociétés n’ont plus pour but de protéger leurs membres les plus fragiles, qu’il s’agit de les soumettre à un ordre qui les dépasse et auquel ils n’ont pas accès. Oui, nos sociétés se sont transformées en instrument de prédation au service d’un ordre dont nos politiques ne sont que les instruments plus ou moins consentants.

      Refuser cette réalité, c’est ramper avec les charognards, c’est se rendre complice des progrès d’un mal qui rampe...« 

      Je pense donc que nous nous rejoignons, donc, néanmoins si je partage ce passage, j’en tire une conclusion légèrement différente. Car moi je sens que dans la criminalisation ambiante, il y a une volonté de ranger tout le monde du côté des coupables. Puisque nous serions tous coupables de quelque chose, nous pourrions donc tous être accusés, et par conséquent nous retrouver dans la position de victimes du système.

      Alors oui, notre société écrase et soumet les individus, mais c’est aussi en les culpabilisant. Je ne dis pas que les victimes d’inceste ou autres sont fautives de cela, juste qu’elles sont l’une des branches d’un arbre d’instrumentalisation. Comme je tente de l’expliquer, tout cela nous échappe, et ça nous échappe tellement que nous pourrions facilement, et presque indifféremment nous retrouver victimes ou accusés, en ayant de moins en moins de moyns pour faire valoir nos droits. Droits à la justice dans tous les cas.

      En résumé, la convergence que vous voyez pour jeter l’infâmie sur les victimes uniquement, moi je la vois se poser sur tous. Et quand je dis tous, ce n’est pas seulement les personnes qui ont eu à faire à la justice, mais bien tous les membres de cette société, tous présumés coupables de quelque chose, mais tous victimes d’un ordre supérieur qui les aliène et les opprime. C’est pour ça que mon propos n’est pas de piétiner des victimes à terre, car le débat est au-dessus de ça, à un autre niveau, à un niveau qui est bel et bien politique. Les victimes d’inceste ne devraient être ni les otages de cela, ni les otages de la logique inverse, mais il faut bien au minimum les citer pour expliquer en quoi leur combat, qui est juste, n’est qu’une branche d’un arbre. Et cet arbre n’est pas neutre. Je dirais même que ce combat ne peut aboutir sainement que si on le dépouille de son aspect victimaire... et c’est particulièrement difficile, voire impossible, puisque ces personnes sont forcément marquées par leur vécu objectif de victimes. Mais cette ambiguité permet de pourrir le débat, et c’est ce que vous dénoncez dans votre article, d’ailleurs.

      Ensuite, je peux convenir que mon article n’est pas exempt de tout reproche, mais qu’il est dur d’aborder ce genre de sujet sans se faire ranger dans la case »ennemi des victimes"... (je ne dis pas que c’est ce que vous faites).


    • Duralex Duralex 6 juin 2009 23:26

      « coté victime, à trop les stigmatiser, on peut franchir les bornes... »

      Nycolas vous a répondu trop gentiment.

      Si vous aviez bien lu son article vous auriez compris qu’il n’y a pas de victime en ce sens que l’état de « victime » n’existe pas. Nous sommes tour à tour victime et coupable et, le plus souvent, ni l’un ni l’autre. Victime ou coupable, ce n’est pas un état qui pourrait nous définir et il n’y a donc pas de stigmatisation possible.

      D’ailleurs une part notable des individus poursuivis aux assises pour ces crimes que vous abominez expliquent qu’ils ont eux mêmes été victimes de viol, ou de maltraitance grave, durant leur enfance et, en général, ils ne mentent pas. Le crime est commis d’autant plus facilement qu’il a d’abord été subi. Et le criminel est alors lié à la victime par un lien qu’aucun clinicien ne saura dénouer.

      Mais c’est difficile de le comprendre pour ceux qui participent à une pétition dont les signataires se définissent systématiquement comme « victime de l’inceste », « victime de l’inceste et de la prescription » (sic), « proche d’une victime de l’inceste », comme si c’était devenu une profession... ou un état de grace excluant les heureux élus de la sordide destinée du commun des mortels qui doit, lui, se débattre avec ses désirs.

      Il semble que les partisans de ce nouveau type de syndicat estiment que, du moment que l’on a été victime d’un crime sexuel durant notre jeunesse, ceci constitue définitivement notre être, et la victime reste toujours figée dans cet état .. de grace (qui comporte de grands avantages come l’explique Nycolas).

      D’où évidemment la crainte que l’on puisse stigmatiser les victimes, comme si les personnes qui ont subi un crime constituaient une catégorie anthropologique ou socio-professionnelle susceptible d’être stigmatisée en tant que telle, au même titre que, par exemple, les musulmans, les fonctionnaires ou ... les avocats.

      Tout ceci serait risible si cette nouvelle noblesse de la souffrance n’avait pas la prétention de refaire les lois selon ses caprices.

      Et l’on envoie des pétitions au législateur en lui rappelant « malicieusement » que l’on pourrait prévenir l’opinion que, je cite, « si les législateurs successifs, en majorité des males, ne voulaient pas pénaliser l’inceste c’est bien parce qu’ils n’ignoraient pas que cela risquait d’envoyer en prison nombre de leurs collègues », de sorte que si vous ne voulez pas que l’on vous refasse le coup de l’affaire Allegre (vous vous souvenez : vrai ou faux, peu importe il suffit que cela soit dit) vous avez tout intérêt à faire ce que l’on vous demande et merci pour la démocratie.

      Et l’on réclame que l’inceste soit à nouveau criminalisé, comme au bon vieux temps de l’Ancien Régime ... qui était si bénéfique pour les enfants.

      Et en plus ce crime doit être imprescriptible, car c’est les insulter que de ne pas leur offrir le même statut qu’aux victimes d’Auschwitz n’est ce pas ? Sauf que l’imprescriptibilité du crime contre l’humanité n’a jamais été conçue pour conférer un droit particulier aux victimes juives du nazisme qui ne l’ont pas demandé et qui, de toute façon, n’étaient plus là pour en bénéficier.

      Vous verrez qu’un de ces quatre matins faire les lois ne leur suffira pas. Ils réclameront en plus qu’on les nomme juges. Car ils ont beau détester les juristes, ils adorent les tribunaux et les procès, à l’exclusion des avocats qui sont des menteurs.


    • Nycolas 7 juin 2009 15:42

      Merci pour votre commentaire. Vous avez bien compris où je voulais en venir...

      Je ne dénonce pas l’attitude des victimes, je ne stigmatise pas des victimes, parce qu’au fond ce n’est pas le sujet. Le sujet est le problème du statu de victime et de coupable à notre époque.

      Je me demande d’ailleurs si je n’aurais pas été mieux compris en employant l’angle inverse, c’est à dire en prenant celui de la culpabilisation plutot que celui de la victimisation... Mais il n’est jamais facile de traiter ce genre de sujet sensible.

      Je ne me serais pas permis d’être aussi radical que vous, peut-être par frilosité, ou parce que je considère que des arguments trop polémiques n’aident pas à faire comprendre un message.

      Je ne pense pas non plus que toutes les personnes se rendant coupables de crimes les ont d’abord subi. C’est une explication qui est parfois vraie, mais pas toujours. Ceci étant dit, il est en revanche vrai, selon moi, que l’on ne peut adopter une position de victime ou une position de coupable que, parce que d’une manière générale, ce sont des mécanismes que nous avons connu, et sur lesquelles nous avons pris modèle. Quoique nous en pensions, notre société républicaine laïc, mais de tradition judéo-chrétienne, fonctionne sur ce mode binaire et manichéen, dans lequel l’archétype victimaire (brebis, agneau, mouton) est encouragé, valorisé, alors que l’archétype culpabiliste (loup, bourreau) est diabolisé. C’est sans doute légitime, dans toute société, mais dans une perspective d’origine religieuse, cela n’est pas sans effets pervers, effets qui sont d’ailleurs dénoncés à juste titre par certains magistrats.

      C’est aussi que notre société, ou plutot l’état, a comme principale préoccupation de se travailler à sa perpétuation, et par conséquent d’encourager les gens à se complaire massivement dans un statut, même fictif, de victimes, qui seront par essence des personnes qui cherchent une autorité pour les libérer de leur souffrance (ou parfois les encourager à s’y maintenir) plutot que de laisser les personnes sortir de cette pensée binaire qui pourrait les amener à comprendre que puisque les choses ne sont pas aussi manichéennes, elles ont aussi le droit de manifester des comportements accordés au « bourreau bouc-émissaire ». Car les révoltés ne seront jamais des agneaux ni des moutons, mais bien des loups prêts à mordre ceux qui cherchent à les opprimer et à les faire entrer de force dans ce statut quasi sacré de victime, qui est tellement plus confortable à porter, parce que les victimes ne sont jamais responsables de rien, seuls les coupables le sont.

      Or le processus de déresponsabilisation des masses, et de culpabilisation de toutes sortes de choix et de comportements mène à cela...


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 5 juin 2009 18:02

    Bonjour Nycolas,

    J’aime beaucoup votre ton ourlé de gants soyeux. Vous avez tenté de n’écorcher personne et c’est très réussi. J’ai moi aussi écrit un texte auquel le vôtre m’a fait penser, d’une certaine manière, et je souhaiterais vous le soumettre : http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/haro-sur-le-bouc-emissariat-56835 Bon, je suis plus cru, mais plus éloigné des évènements. Je vous laisse, je vais lire le texte de Naja. L.S.


    • Nycolas 5 juin 2009 21:02

      Bien vu. J’avoue avoir eu un peu de mal à accompagner votre style, mais c’est bien le « bouc-émissariat », comme vous dites, qui constitue le fond du problème.

      C’est qu’à hurler la légitime souffrance des victimes, on désigne implicitement des coupables, et que ces coupables servent en effet de bouc-émissaires et en même temps d’écran à des problèmes encore plus graves... C’est sans doute cela qui m’agace le plus dans cette exhibition perpétuelle des victimes, même si l’on ne saurait décemment nier leur existence...

      Je songe à écrire un article centré plutôt sur le problème de la culpabilisation, qui toucherait peut-être mieux mon but que celui-ci, qui se donne malheureusement des airs de stigmatiser des victimes... alors que ce n’est en aucun cas mon objet.


    • Nycolas 5 juin 2009 21:08

      J’ajoute que nous sommes tous les victimes des crimes gouvernementaux, et je sens bien que c’est cela le plus inquiétant.

      Car notre état de victime n’est pas patent... et nous ne pouvons donc obtenir justice. Au contraire même, le peuple est de plus en plus enfoncé par les tentatives qui visent finalement à « sauvegarder la crise »... ou à sauvegarder la société des effets de la crise, en attendant que les prochains soubresauts de celle-ci nous enferment encore davantage dans notre impuissance.

      Mais pour sortir d’un état de victime, il faut parfois savoir prendre un rôle de « bourreau »... c’est à dire d’insurgé, de révolté... et c’est là que l’on sent en quoi tout cela est pernicieux. Nous préférons tous rester des victimes. Finalement, c’est confortable.


  • King Al Batar albatar 5 juin 2009 21:13

    J’apprecie votre ton mais malheureusement je ne suis pas fondamentalement en accord avec de que vous énoncez, sur Dieudonne et surtout sur le fait que les sionistes donc juif s’imposent en victime et que Dieudonne n’est pas antisémite car il a un rabbin dans son parti.

    Le premier probleme à mon sens est que, selon Dieudonne, le mal en france c’est le sionisme. Alors deux choses : le sionisme en Israel n’existe plus a mon sens aujourd’hui car l’Etat d’Israel existe. Le sionisme existait lorsque ce pays n’existait pas, et c’est une mouvance intellectuelle (criticable peut etre) qui a contribué à la creation de ce pays. Aujourd’hui si l’on devait utiliser des termes exactes, on devrait dire Anti politique de l’etat d’Israel. La il y a effectivement matière à débattre c’est certain.
    D’autre part il y a matière à debattre sur beaucoup de conflit au monde certainement plus sanglant (malheureusement) que le conflit au proche orient. J’entend souvent parler de la turquie en Europe, mais sait on le nombre de Khurdes encore aujourd’hui qui meurent en Turquie dans des conditions au moins aussi horribles que celle des palestiniens. Simplement il n’existe pas de partie Pro Khurdes ou je ne sais quoi.
    Mais bien souvent ceux qui s’insurge contre la politique de l’etat d’Israel, le font soit parce qu’on parle plus de ce conflit que d’un autre, soit par communautarisme tribal. Entendez par ce terme de communautarisme tribal le fait que les juifs aime Israel, que les musulmans soutiennent les palestiniens ou bien que lorsqu’une catastrophe naturelle se passe a l’autre bout du monde nous apprenont qu’il y a 36 mort dont un francais, est ce que nous auront plus de peine pour le francais mort que pour les autres mort simplement parce que nous sommes francais ... ?
    Mais Dieudonne n’est pas influencé par les information et n’est pas musulman (enfin je crois).
    Stigmatiser tous les malheurs d’un pays, sous pretexte qu’un groupe de personnes, d’une classe relativement aisée pour une partie (la communauté juive), soutient la politique d’un pays auquelle elle se sent rattachée par un communautarisme tribale est extremement dangereux et surtout particulièrement falacieux. Parce que meme si la politique d’Israel est mauvaise, les derives que peuvent entrainer un partie comme la liste Antisioniste existent réellement.
    Un exemple absurde pour illustrer cela : on parle des Banksters, qui à mon sens on beaucoup plus a voir avec les malheurs du monde que les sionistes. Et bien savez vous que le nombre d’agressions verbales de guichetieres ou de conseillers bancaires s’est multiplié par 23 depuis le début de la crise ? Pourtant ce ne sont pas ces gens la qui ont spéculer avec l’argent des gens. 
    Et bien le risque est le meme avec le parti Anti sioniste, parce qu’indirectement dans la tete des gens qui y adherent si les coupables sont les sionistes, alors les juifs le sont aussi.
    Je pense sincerement que lorsque Dieudonné parle des sionistes, dans sa tete il pense les juifs, mais il ne peut le dire, et que son rabbin est une forme de bouclier qui lui sert a cacher sa pensée profonde. Pour moi son message Anti sioniste n’a pas de sens lorsqu’on l’ecoute, mais si l’on prend certains discours de yahia Gouasmi, et que l’on remplace le mot sioniste par le mot Juif, alors le discours ressemble très fortement a un discours que l’on a déja servi il y a 70 ans maintenant.
    « Le sionisme a gangrené notre société. Il occupe une place majeure qui ne lui est pas destinée. Il gère les médias. Il gère l’éducation de nos enfants. Il gère notre gouvernement… et tout cela pour l’intérêt de l’étranger. L’intérêt de l’entité sioniste israélienne. Nous sommes là pour leur dire que la chevalerie est arrivée pour stopper ce sionisme qui gangrène notre pays. (…) Une fois qu’ils [les juifs]se sont stabilisés, une partie d’entre eux se sont développés dans le sionisme (…). Ils ont pris le pouvoir en France, le pouvoir des médias, les trusts, la politique. Croyez-moi : gauche comme droite n’est que du sionisme. Il n’y a rien d’autre. Tout ça c’est une magouille, à grande échelle. Et nous sommes là pour la dénoncer. Et dénoncer tous les hommes politiques qui font l’apologie et le soutien du sionisme, quels qu’ils soient et dire qui sont les vrais Français et qui défend les intérêts de la nation »

    • Nycolas 5 juin 2009 22:00

      J’avais répondu et voilà que la machine a bouffé mon commentaire...

      Bon je re-réponds, vous m’excuserez de le faire de manière succincte, du coup.

      1) Je pense que le sionisme n’est pas mort avec la création de l’état d’Israel, d’ailleurs des personnes continuent de s’en réclamer. Il se peut qu’il ne s’agisse que d’une récupération politique, mais ce n’est pas sûr.

      2) Je suis conscient des dérives possibles avec le parti anti-sionistes, pourtant je trouve, à regret, que le discours du duo Dieudonné - Soral est tout sauf dénué de fondement. Il a le mérite de soulever certaines questions.

      3) Sur les banques : si on chope un malheureux employé, et c’est très symbolique de notre société toujours assoiffée de lyncher des bouc-émissaires (Coupat par exemple), c’est que les vrais coupables restent toujours hors de portée. Je suis sûr que parfois on voudrait bien engueuler un directeur de banque ou un directeur de CAF, mais ces gens là ne sont jamais devant nous. Symbole d’une société inhumaine en conflit perpétuel avec la notion de culpabilité. On voudrait passer à autre chose, mais on ne peut pas... parce qu’on se court après avec nos obsessions victimaires et « culpabilistes ». Et parce que l’injustice régne, et de plus en plus.


  • King Al Batar albatar 6 juin 2009 00:24

    Sincérement, si on se referre à la signification du mot sionisme, cela signifie que les juifs (personnes de confession juive) qui vivent sur terre redeviennent des hébreux (peuple d’Israel) en rentrant à Sion. Aujourd’hui encore il existe de nombreux juifs sur terre qui retourne sur ce pays, mais ce n’est pas réelement cela que combat Dieudonné. Lui il combat la politique impérialiste et colonialiste d’Israel qu’il conçoit comme un instrument de la machine imperialo-américaine.


    Mais en fait laissez moi vous démontrer le jeu auquel nous sommes réelement sujet, et je suis persuadé que cela va vous surprendre :

    Je pense que la liberté d’expression (comme celle que Géant à accorder à Dieudonné) et le meilleur instrument pour affaiblir d’une part les ennemis de la République et d’autre part les partis minoritaire mais puissant quand même (le FN par exemple).

    C’est très habile ce qu’il s’est passé avec Mr M’Bala M’Bala (en effet je trouve ca agassant que l’on nomme un candidat par son prénom). Dire que c’est pas bien et parler de lui tous les jours c’est lui donner la parole ! Soyez assuré, mon cher, que tous les antisémites (si ce mot vous dérange, remplacer le par anti juif) du FN vont reflechir pour qui ils vont voter... Il en va de même pour certains s’imaginant grands humanistes chez les cocos. Donc il affaiblit des partis qui peuvent etre fort. Je pense même qu’il anhilile toutes les chances du FN d’etre le troisiéme parti qui fait chier.
    De plus il coupe totalement la parole aux minuscules partis, qui on la particularité d’etre toute aussi originaux que celui de Mr M’Bala M’Bala.

    Une question me chatouille le clavier. Avez vous entendu parler d’un parti appelé Cannabis Sans Frontière ? Si l’on part d’un point de vu légèrement obtu, on pourrait dire qu’il devrait susciter le même type de polémique que le PAS car il a pour principale idéologie de proner quelque chose d’illégal. Si Mr geant pense que le parti de Mr M’Bala M’Bala developpe une idéologie antisemite donc illégale, il en va de meme pour un parti qui soutient les fumeur de joints (meme si le délit n’est pas de même nature). Mais lui on ne met pas le doigt dessus, parce qu’il peut s’averer beaucoup plus dangereux, si l’on tient compte du nombre des personnes de moins de 40 ans qui ne voteront pas pour ces elections(c’est a dire 68% selon les previsions, je l’ai lu dans Le Nouvel Observateur la semaine dernière) et le nombre de personnes de moins de 40 ans qui déclarent avoir fumé un joint (+ de 70%) et qui avoue en consommer une fois par mois (56%) selon Metro. Vous accordez le credit que vous voulez à ses stats mais je suis sur que ce n’est pas loin de la vérité. A mon sens ce parti aurait pu etre beaucoup plus dangereux, ou tout du moins il en a le potentiel numérique....

    Mais non, on préfere parler de Dieudonné, en plus c’est le meilleur moyen qu’on sache qu’il est con ! (CF la video adressé à l’autre connard de Beirnheim avec sa déclaration sur les youpins sioniste).

    Cela dit on fait la même chose avec Besancenot pour affaiblir le PS. 
    Mitterand avait fait la même chose avec Lepen. Et si vous voulez aller plus loin dans l’analyse, on a laissé dire des choses odieuses par des rapeurs sur Skyrock dans les années 90, pour rendre cette musique, initialement composés par des marginaux et ecoutée par des marginaux (c’est a dire des caillera), commerciale et populaire. Ainsi les rappeurs on delaissé le message politique de leur musique pour jouer les voyous et vendre autant d’album en province que dans les banlieues (je prépare un article sur ce sujet)
    Finalement la liberté d’expression c’est quoi... ? Dire il faut interdire une personne pour qu’on entende son message, laissé la parole aux extremes pour chaotiser la scene politique, laisser des gens faire de l’argent en incitant à la violence et à la haine pour que leur message n’ait plus de sens....

    Je ne sais pas mais ca me fait plus bander !


    • Nycolas 6 juin 2009 15:33

      Donc, si je vous suis, selon vous on instrumentalise la liberté de parole (de Dieudonné M’Bala M’Bala) dans le but d’affaiblir tous les partis qui pourraient réellement bousculer l’hégémonie UMP/PS.

      Pourquoi pas, c’est fort possible en effet. Je vous répondrai que, de toute façon, la dérive électoraliste est déjà au coeur du problème de la démocratie moderne, à tel point que cette dérive décrédibilise totalement le principe démocratique. En ce qui me concerne, je pense donc, avec une certaine tristesse, que ça n’en serait qu’une péripétie supplémentaire, après celle autour de Sarkozy/Besancenot que vous évoquez aussi.

      Le milieu politique en est arrivé là, et je suis bien d’accord avec vous : récupérer tout ce qui est récupérable, détourner tout ce qui peut l’être...

      Personnellement, je préfère regarder cette mascarade de loin, et si je pense avec le recul que mon article est maladroit, incomplet et ne touche pas son but réel, c’est que, plus que les manigances électoralistes ou les détournements de la liberté d’expression (dont on croit toujours que c’est LE point d’achoppement de la démocratie, alors que la démocratie c’est « cause toujours ») ce qui m’intéresse, c’est d’essayer de percevoir en quoi d’autres phénomènes, plus marginaux, sont aussi utilisés pour nous manipuler et nous resservir toujours la même soupe.

      La dialectique de la victimisation/culpabilisation en fait partie, par exemple. Ou encore le fait de détourner les mots de leur sens premier, ou encore de maintenir la division du peuple dans une logique de contrôle social...

      Mais des fois je me demande quand même si on ne devrait pas arrêter de se focaliser sur tous les cm de terrain que la démocratie perd face à un totalitarisme rampant, et passer à l’essentiel, c’est à dire enfin proposer autre chose, une véritable alternative à cette mascarade (ce que selon moi aucune parti ne propose, de toute façon, surtout pas Dieudonné, ni Besancenot).

      Pour résumer, le mérite que je trouve à Dieudonné, c’est d’avoir eu le courage de mettre les pieds dans le plat, même si ce n’est pas élégant, et même s’il est sans doute excessif de tout mettre sur le dos du « sionisme ». Quant à sa récupération, oui, c’est en effet un problème... qui démontre, au risque de me répéter, que notre démocratie n’en a que les apparences, puisqu’elle est l’otage de toutes ces manipulations.


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