Commentaire de Duralex
sur Le droit sacré des victimes


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Duralex Duralex 6 juin 2009 23:26

« coté victime, à trop les stigmatiser, on peut franchir les bornes... »

Nycolas vous a répondu trop gentiment.

Si vous aviez bien lu son article vous auriez compris qu’il n’y a pas de victime en ce sens que l’état de « victime » n’existe pas. Nous sommes tour à tour victime et coupable et, le plus souvent, ni l’un ni l’autre. Victime ou coupable, ce n’est pas un état qui pourrait nous définir et il n’y a donc pas de stigmatisation possible.

D’ailleurs une part notable des individus poursuivis aux assises pour ces crimes que vous abominez expliquent qu’ils ont eux mêmes été victimes de viol, ou de maltraitance grave, durant leur enfance et, en général, ils ne mentent pas. Le crime est commis d’autant plus facilement qu’il a d’abord été subi. Et le criminel est alors lié à la victime par un lien qu’aucun clinicien ne saura dénouer.

Mais c’est difficile de le comprendre pour ceux qui participent à une pétition dont les signataires se définissent systématiquement comme « victime de l’inceste », « victime de l’inceste et de la prescription » (sic), « proche d’une victime de l’inceste », comme si c’était devenu une profession... ou un état de grace excluant les heureux élus de la sordide destinée du commun des mortels qui doit, lui, se débattre avec ses désirs.

Il semble que les partisans de ce nouveau type de syndicat estiment que, du moment que l’on a été victime d’un crime sexuel durant notre jeunesse, ceci constitue définitivement notre être, et la victime reste toujours figée dans cet état .. de grace (qui comporte de grands avantages come l’explique Nycolas).

D’où évidemment la crainte que l’on puisse stigmatiser les victimes, comme si les personnes qui ont subi un crime constituaient une catégorie anthropologique ou socio-professionnelle susceptible d’être stigmatisée en tant que telle, au même titre que, par exemple, les musulmans, les fonctionnaires ou ... les avocats.

Tout ceci serait risible si cette nouvelle noblesse de la souffrance n’avait pas la prétention de refaire les lois selon ses caprices.

Et l’on envoie des pétitions au législateur en lui rappelant « malicieusement » que l’on pourrait prévenir l’opinion que, je cite, « si les législateurs successifs, en majorité des males, ne voulaient pas pénaliser l’inceste c’est bien parce qu’ils n’ignoraient pas que cela risquait d’envoyer en prison nombre de leurs collègues », de sorte que si vous ne voulez pas que l’on vous refasse le coup de l’affaire Allegre (vous vous souvenez : vrai ou faux, peu importe il suffit que cela soit dit) vous avez tout intérêt à faire ce que l’on vous demande et merci pour la démocratie.

Et l’on réclame que l’inceste soit à nouveau criminalisé, comme au bon vieux temps de l’Ancien Régime ... qui était si bénéfique pour les enfants.

Et en plus ce crime doit être imprescriptible, car c’est les insulter que de ne pas leur offrir le même statut qu’aux victimes d’Auschwitz n’est ce pas ? Sauf que l’imprescriptibilité du crime contre l’humanité n’a jamais été conçue pour conférer un droit particulier aux victimes juives du nazisme qui ne l’ont pas demandé et qui, de toute façon, n’étaient plus là pour en bénéficier.

Vous verrez qu’un de ces quatre matins faire les lois ne leur suffira pas. Ils réclameront en plus qu’on les nomme juges. Car ils ont beau détester les juristes, ils adorent les tribunaux et les procès, à l’exclusion des avocats qui sont des menteurs.


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