Commentaire de Sam
sur Ecole, mensonge et vidéo


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Sam (---.---.110.8) 15 novembre 2006 11:55

nous ne pouvons que renvoyer à « Qu’est-ce qu’une éducation libérale ? » de Léo Strauss

Grandement d’accord avec l’analyse du prof.

Par contre, il cite, en passant Léo Strauss, ce qui glisse, par contre, moins facilement.

Il ne manque pas de penseur qui ont recensé et exalté la culture et ses valeurs. Léo Strauss est un penseur très discuté, sinon discutable.

Sur AV plusieurs intervenants, sur une courte période, viennent à le citer, peut-être ceci explique-t-il cela.

Voici quelques-uns des propos de Strauss (source : site Claude Rochet ) où je discerne certains éléments de sa pensée.

Vous les verrez aussi, sans doute, et peut-être relirez-vous l’article de l’auteur d’AV, comme je l’ai fait.

« Le nihilisme, ou désir d’anéantir le monde présent et ses potentialités, est de nature d’autant plus difficile à comprendre », observe Léo Strauss, « qu’il ne s’accompagne d’aucune conception claire de ce que l’on veut mettre à sa place. » Léo Strauss incrimine, de façon générale, les émotions de l’après-guerre. Au titre des dites émotions, il évoque le climat délétère dans lequel baigne l’Allemagne des années 20.

Personne ne pouvait se satisfaire du monde de l’après-guerre. La démocratie libérale allemande sous toutes ses formes semblait à beaucoup absolument incapable de faire face aux difficultés auxquelles l’Allemagne était confrontée. Le désespoir du présent inclut celui d’un futur, de type communiste-anarchiste-pacifiste, perçu, sans alternative aucune, comme la fin de l’humanité, le moment du dernier homme.

Après une révolution qui irait de pair avec une autre guerre mondiale, révolution qui déboucherait sur le dépérissement de l’Etat, sur la société sans classes, sur l’abolition de toute exploitation et de toute injustice, sur l’ère de la paix ultime, on assisterait à l’avénement d’un monde dans lequel chacun serait heureux et satisfait, dans lequel chacun aurait son petit plaisir diurne et son petit plaisir nocturne, un monde dans lequel aucun grand coeur ne pourrait battre ni aucune grande âme respirer, un monde sans sacrifice autre que métaphorique, c’est-à-dire un monde ne connaissant pas le sang, la sueur ni les larmes.

Une telle représentation de l’avenir, constate Léo Strauss, est le fait d’un bon nombre d’Allemands, très intelligents et très honnêtes, mais il est vrai très jeunes. Cette jeunesse-là cultive d’autant plus facilement le nihilisme qu’elle n’a matériellement rien à perdre et que, dans une société où, Nietzsche dixit, « Dieu est mort », elle n’a plus d’eskhaton, car point de foi. Faute d’horizon de transcendance, faute de raisons d’espérer, certaine jeunesse allemande des années 20 se trouve incapable d’articuler autre chose que : « Non ! ». Ce « Non ! » se révéla cependant suffisant pour constituer le préalable à l’action, à l’action destructrice.

La jeunesse qui dit « Non ! » ne voit pas que, sous le couvert d’un tel « Non ! », elle fait valoir le caractère objectivement préférable de cela-même qu’elle refuse, à savoir le communisme-anarchisme-pacifisme, ou, en termes d’alternative, la décision rationnelle. La jeunesse qui opte pour la décision irrationnelle témoigne en cela de l’effet décervelant du on-dit, des conjectures venteuses, bref de l’astrologie sociale, alors devenue bouche-d’or dans les cercles estudiantins.


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