Commentaire de Emile Mourey
sur Histoire du Christ, acte II, de Marc à Matthieu


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Emile Mourey Emile Mourey 17 octobre 2009 01:04

@ Antenor

Q. Ponce Pilate n’avait pas vraiment envie de mettre Jésus à mort. Instruit par les troubles qui ont suivi la mort de Jean-Baptiste, il a peut-être préféré laisser « pourrir » Jésus en prison sous la garde du centurion/centurie en attendant que les chose se calment.

R. Oui et non. C’est justement parce qu’il n’a pas agi ainsi qu’il a été limogé par sa hiérarchie. En revanche, les gouverneurs Felix et Festus ont été beaucoup plus habiles en laissant pourrir Paul dans les geôles de Césarée alors qu’ils avaient un motif tout trouvé pour le faire crucifier, ayant introduit des grecs dans le temple alors que c’était interdit par la Loi.

Q. C’est bien Jean-Baptiste qui apparaît ici comme un essénien traditionnel...

R. Oui et c’est même étonnant de constater la rapidité de l’évolution. Car si Jean-Baptiste, et donc l’évangile de Jean, est bien une volonté de réforme d’un pharisianisme et essénisme figés dans leurs traditions, règles et habitudes, c’est encore plus prononcé dans Marc et Luc, et même dans Matthieu, quoique ce dernier durcisse sa position sur certains points. Quant à Jésus, ce qu’il dit est tout simplement ce que les évangélistes lui font dire. Et puis, nous arrivons à l’influence grandissante que Paul prend dans l’affaire avec sa volonté de faire entrer ceux des nations dans la communauté.

Q. La question fondamentale est de déterminer ce qui s’est passé à Beth-Léem lors du recensement de -7.

R. Je suis assez d’accord sur le fait que les phénomènes du ciel incitent certains à agir sur terre. Tout à fait d’accord également que le Protévangile de Jacques ne prévoyait absolument pas la crucifixion de son Jésus vengeur mais sa victoire éclatante sur le clan hérodien et son règne sur tout le monde juif. Mais les choses et la situation de l’an 30 étant ce qu’elles étaient, il a bien fallu que Jean-Baptiste décide d’une autre stratégie, à savoir le sacrifice de ses saints pour provoquer un choc et réveil salutaire dans le monde juif, diaspora comprise qui avait les yeux fixés sur la Palestine. Plus tard, le suicide de Massada répondra au même objectif.

Q. Ni le protévangile de Jacques, ni le récit de l’enfance par Thomas ne mentionnent Nazareth.

R. En effet, et cela s’explique par le fait que Jacques pensait que Jésus viendrait plutôt de Qumrân (de la montagne de Judée où Elisabeth avait trouvé refuge avec Jean). Il le faisait même arriver de là directement aux portes de Jérusalem. Jean-Baptiste a dû modifier le plan pour jouer la carte de la Galilée où le ferment révolutionnaire lui garantissait le succès. En outre, en faisant naître son jésus dans la cité de David, Bethléem, il inscrivait sa démarche dans les Ecritures .

Q. Seul Luc précise que Jésus est passé devant Hérode.

R. Les évangiles, une fois diffusés, étaient discutés dans les communautés. Il ne fait pas de doutes que les anomalies étaient ensuite signalées à leurs auteurs. Voici pourquoi, Luc qui, manifestement, est mieux instruit que Marc et plus au courant du processus légal, corrige le dit Marc.


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