Commentaire de magis
sur Mort injuste, défense légitime
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Andrea, je vais vous raconter deux histoires, parfaitement vraies, qui illustrent la « tolérance zéro »prôné par un ancien magistrat dont je n’ose même plus écrire son nom, tellement il me paraît insignifiant pour ne pas dire incompetent, vous le reconnaitrez sans doute.
Marie (appelons là ainsi), est une fillette de treize ans toute menue. On la repère comme auteur de plusieurs vols dans des pavillons de banlieue, un jour on l’arrête... Sans parents, elle vit avec une « famille » composée entre autres d’un « oncle » qui profite de son agilité et des larcins qu’il encourage fermement... Le juge des enfants, qui n’a pas de placement libre approprié, et ne peut (légalement) l’incarcérer immédiatement, fixe une date proche pour la juger. Elle ne se présente pas. Elle est condamnée par défaut à trois mois d’emprisonnement ferme, avec exécution provisoire (c’est possible pour les mineurs de plus de treize ans : articles 18 et 22 de l’ordonnance du 2 février 1945). Quelques temps après, cette délinquante est reconnue, interpellée et mise en prison. Les services de police n’ont pas retrouvé « l’oncle ». Personne n’est venu voir cette petite en prison...
Deuxième cas : À soixante dix sept ans, Jean et son épouse vivent d’une si modeste retraite qu’ils n’arrivent pas à payer leur loyer. Jean ne supporte pas la venue d’un huissier mandaté par le propriétaire, il l’insulte, l’huissier porte plainte, puis la retire devant le Tribunal correctionnel qui, malgré tout, condamne le délinquant à une peine d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve. Jean, très humilié, cache tout à sa famille, dissimule puis oublie les convocations devant le juge d’application des peines. Le sursis est révoqué. Les demandes d’aménagement de peine échouent. Jean - qui était délinquant primaire - a fêté ses 78 ans en prison, en trois mois il a perdu vingt kilos.
Exemples extrêmes ? peut-être, mais fruits aussi de la pression sur les juges pour une Tolérance Zéro. Qui est le DÉLINQUANT... ? ce n’est pas toujours un jeune plus ou moins coloré... c’est aussi,cette enfant, ce vieil homme, ou, plus couramment ce père de famille qui perd son emploi, disjoncte, boit, devient violent...(les violences familiales sont une part importante des délits), la solution est-elle toujours la prison ?