Commentaire de patrice
sur Copier n'est pas voler


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

patrice 8 avril 2010 14:05

Lucilio, je ne partage pas ton opinion, car je comprends différemment le mécanisme de la propriété intellectuelle.
Pour moi, le droit d’auteur, comme les brevets d’invention, sont des instruments de régulation économique au service du progrès, de l’autonomie des créateurs et inventeurs, et de la responsabilité individuelle.

En effet, en octroyant des droits exclusifs à l’auteur, on permet à celui-ci de les monnayer.

En outre, dans le cas du brevet, l’objectif est aussi d’inciter à la diffusion des idées, afin de permettre leur perfectionnement, et la « fertilisation croisée » : tous les systèmes de brevets imposent la publication intégrale et opérationnelle des principes protégés.

Dans les deux cas, on a transformé des créations immatérielles « floues » en « objets juridiques » susceptibles de faire l’objet de transactions claires, et donc de faciliter les coopérations et les cessions pour augmenter la valeur en profitant de l’apport de chaque compétence, tout en incitant, et rendant visible et tangible les droits ainsi créés.

Même le « copyleft » met en œuvre ces principes, car l’ « interdiction d’interdire » (et les autres obligations des licences GNU et équivalents) reposent aussi sur l’existence de droits au service de l’auteur initial.

A noter encore que tout n’est pas brevetable, et que le champ du droit d’auteur est également délimité (Pythagore n’aurait eu aucun droit, car les idées sont de libre parcours, et les découvertes scientifiques exclues du champ de la brevetabilité)

Ces mécanismes sont assez subtils. Il est difficile de prouver dans quelle mesure ils ont joué dans l’extraordinaire développement de l’innovation et de la société industrielle (il faudrait revivre les deux siècles écoulés sans ces lois pour le savoir..), mais on sent confusément qu’ils ont joué un rôle stimulant.

J’ai encore la conviction que la propriété industrielle est au cœur de nos besoins de XXIe siècle, car c’est par l’innovation et la coopération industrielle et intellectuelle qu’on satisfera les besoins matériels (énergie, santé, communication, technologies vertes, .) et intellectuels (progrès de la connaissance, enseignements à distance, etc..), dans un cycle positif de croissance, d’emploi et de créativité efficace d’une part, et de dialogue des cultures d’autre part.

Reste à adapter le mieux possible les moyens de la régulation aux besoins économiques du moment et aux développements technologiques et intellectuels eux-mêmes. Le débat est ouvert régulièrement, puisque les lois de PI sont révisées très fréquemment..

Mais les principes restent à mon avis tout à fait pertinents.


Voir ce commentaire dans son contexte