Commentaire de magis (aspi-rine)
sur Des magistrats contre la magistrature ?
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Comme d’habitude le titre et la forme font dans le polémique et engendre un sentiment de colère à l’encontre de celui qui les écrit (M. BILGER se veut un as de la provocation, non ?) Sur le fond, je suis d’accord sur un point, le nouveau texte est absurde et n’apporte pas grand chose à l’édifice ! Il n’est même pas choquant dans la mesure où une atteinte grave et intentionnelle « aux règles de procédure garantissant les droits des parties » doit être sanctionnée, à mon sens. Toutefois, je ne suis pas sûre que toutes les conditions d’application de ce texte soient un jour réunies !
Sur la responsabilité des magistrats, je crois qu’il ne faut s’en prendre qu’à nous si les choses en arrivent là. En effet, dans la profession, nous avons tous pu constater qu’une lacune d’un collègue (je parle plus d’une incompétence ou de retards importants dans les décisions) était le plus souvent caché, et que la charge de travail du « bras cassé » était reportée sur les autres, sans que finalement, aucune sanction n’intervienne pour celui qui pêche. A partir de là, les justiciables ont eu le sentiment que rien n’était fait contre celui qui est insuffisant. La volonté de cacher ses brebis galeuses pour éviter de donner une mauvaise image de la Magistrature a eu l’effet inverse...
Mais je crois que le problème se pose moins pour les magistrats dont l’intention était de nuire. Les procédures disciplinaires se sont multipliées depuis une dizaine d’années et les sanctions prononcées ont d’une part été plus fortes, mais aussi plus médiatisées. Il ne faut donc pas affirmer que les magistrats ne sont pas sanctionné lorsqu’ils commettent des actes contraires à leur dignité ou à l’honneur de leur fonctions. Que de nouveaux textes soient pris pour réprimer ce type de comportements que j’estime contraire à l’essence même de l’être humain et encore plus indignes d’une personne souhaitant avoir une fonction telle que la nôtre ne me choque pas.
Je comprends, malgré tout, dans le contexte actuel, les réactions de certain(s) syndicat(s). Les critiques faites par les politiques sur des décisions juridictionnelles, les débats judiciaires qui se font sur les médias plus que dans les bureaux des juges d’instruction, donnent les sentiments aux professionnels d’être systématiquement remis en cause dans leur travail quotidien. Je ne pense pas, comme beaucoup le clament qu’il y ait plus de corporatisme et de conservatisme au sein de la magistrature qu’ailleurs... mais le sentiment d’être le bouc émissaire d’une société en mal de repères engendre des réactions vives et un sentiment de paranoïa pas toujours infondé !