Commentaire de Douglas Barr
sur Interdiction de la burqa : l'incroyable hypocrisie des députés français


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Douglas Barr 14 juillet 2010 15:49

Bonjour Aurélien,

Je suis en désaccord avec vous. Certains sujets n’ont pas à être débattus. En France, j’espère qu’on ne débattra jamais de la lapidation, par exemple. Pourtant, dans certains pays où elle existe, ce pourrait être un sujet de débat. Le port de la burqa (ou du niqab) est une coutume trop éloignée des coutumes françaises, trop en contradiction avec les valeurs les plus fondamentales de notre pays, pour être un sujet de débat (et pourtant nous débattons...).

Je ne vois pas en quoi j’instrumentalise Lévi-Strauss, je le cite, et j’aurais pu le citer encore davantage.

Je ne suis pas sûr de mes valeurs, comme vous le prétendez et je ne veux certainement pas les imposer aux autres par la force : je dis au contraire (en bon relativiste que je suis) qu’aucun usage ne peut être dit (dans l’absolu, que Dieu seul, s’il existait, pourrait fonder) supérieur aux autres. Nos usages ne sont pas pour moi intrinsèquement meilleurs que ceux de tous ceux qu’on qualifie parfois de « sauvages » ou de « barbares » (les talibans par exemple aujourd’hui, les Indiens d’Amérique à l’époque de Montaigne : « nous appelons barbare ce qui n’est pas de notre usage... »). Je dirais même que je respecte ceux qu’on appelle les intégristes (musulmans ou d’autres religions), ils ont le droit d’exister et de vivre selon leur foi. Et ils peuvent avoir toutes les règles (notamment vestimentaires) qu’ils veulent. Le seul problème, c’est que leurs valeurs sont absolument incompatibles avec les miennes et celles de la majorité des Français et des Européens. Le « vivre ensemble » avec eux, qui souhaitent imposer notamment la burqa dans l’espace public, me paraît impossible.

Je rappelle Lévi-Strauss : une société ne peut certes pas descendre sous un certain seuil de diversité et d’ouverture sans se mettre en danger, mais elle ne peut pas non plus aller au-delà d’un certain seuil de diversité et d’ouverture sans se mettre également en péril. Tout est une question de mesure, de modération. La burqa, c’est clairement au-delà de ce que notre société peut admettre, si elle veut survivre (ce qu’évidemment elle n’est pas forcée de vouloir...).


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