Commentaire de FRIDA
sur La kafala en Algérie : mode d'emploi


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FRIDA FRIDA 19 août 2010 21:55

Je ne connais pas le droit algérien. Mais de ce qui j’ai compris de votre article, la situation n’est pas bien différente du Maroc.
L’adoption telle que vous l’appelez, Kafala est la seule connue dans le monde musulman, puisque l’islam d’après l’interprétation des Oulémas est interdite.
L’explication généralement donnée est la sauvegarde de la filiation biologique à tout prix et éviter des situations d’inceste par exemple. beaucoup d’argumens sont avancés pour justifier cet interdit.
Il n’y a pas comme en France deux sortes de filiations. Une simple qui donne à l’adopté des droit d’un enfant légitime dans sa nouvelle famille tout en laissant le lien avec l’ancienne famille biologique. l’adoption plénière qui coupe définitivement tout lien avec la famille d’origine. Dans les deux cas l’intérêt de l’enfant prime.
Mais dans l’islam, la notion d’intérêt de l’enfant n’est pas connue. Les rapports dans la famille sont déterminés dans une optique de devoirs vis à vis de Dieu ; Donc la notion de Droit et de Devoir découlant de rapports entre les individus sans cette dimension de servir un dessein qui dépasse les individualités est complètement étrangère dans la législation islamique.
Et bien sûr la famille est régie par la Charia. il est donc paradoxal d’attendre d’une religion qui fige les rapports des hommes entre eux un changement et ceci ne viendra certainement pas des Oulémas qui sont les gardiens du dogme.
Au Maroc, la Kafala existe, et les adoptions se font généralement en fraude de la loi pour donner un nom à l’enfant et qu’il puissent hériter de ses parents. Pourtant, quand les autres membres de la famille sont au courant, ils n’hésitent pas à faire annuler l’état civil pour évincer l’adopté de son droit à la succession. Ce sont des situations dramatiques, non seulement l’enfant, découvre au moment d’un deuil qu’il est illégitime [ le batârd, l’enfant de l’interdit (oueld al haram)] avec tout ce que cela comporte comme stigmate,il est souvent face à un double deuil, celui de ses parents ou d’un parent et le deuil de sa filiation qui va être contestée. Le pire c’est qu’il n’y a même pas de prescription acquisitve (en France c’est la possession d’état d’enfant légitime ou naturel au bout de 10 ans), le temps ne change rien à cette loi implacable.
La Cour de cassation a eu à se pencher sur ce problème, puisque l’interdiction a suivi les enfants jusqu’ici en France. 
Enfin, je ne vois pas pourquoi vous parlez de l’enfant adoptive du prophète. Ce cas reste problématique, puisque Zayd ibn Harita a dû divorcer de sa femme Zaynab bint Jahch pour que le prophète l’épouse. Suite à des contreveses, il y a eu des versets concernant ce rejet (ou reniement de l’adoption ???) de l’adoption et que Zayd ne doit plus être considéré comme son fils.
Les versets sont souvent liés à un contexte bien précis. On se rappelle des versets sataniques, et bien d’autres qui ont pour cause un évènement bien déterminé avec des protagonistes. Cela n’empêche pas les Ouléma de continuer de s’en référer.


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