Commentaire de Philippe Vassé
sur Musée des Religions du Monde ou les bienfaits de la laïcité à Taïwan


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Philippe Vassé Philippe Vassé 10 octobre 2010 10:31

Cher foufouille,

Vos commentaires mériteraient d’être moins « généralistes » et plus « internationaux », ils y gagneraient en vérité et en lucidité globale.

Ainsi, une croyance qui dérivé d’une autre, plus importante, n’est pas regardée comme une croyance « indépendante », mais seulement un dérivé de la branche principale.

Il est très curieux, par contre, que vous vouliez donner un caractère « moutonnier » aux croyances dites « monothéistes » et les opposer à d’autres, dites non-monothéistes, dans ce type de comportement.

Il est exact qu’en Europe, on ne distingue du monde que 3 grands courants religieux, alors que d’autres croyances sont bien plus puissantes, dynamiques et actives en dehors de...l’Europe !

Y compris le qualificatif « monothéistes » pour les religions chrétiennes, juive et musulmane est fort discutable car toutes trois sont issues de croyances polythéistes et en portent encore les traces visibles.

En effet, il ne vous aura pas échappé que les religions chrétiennes mettent en évidence au moins 3 divinités, voire 4 : un dieu père, un dieu fils et un dieu intermédiaire, appelé esprit saint. Certaines branches divinisent aussi la mère du fils -Marie, assez logiquement du point de vue de la cohérence doctrinale. De ce point de vue, les branches chrétiennes sont de facto polythéistes et le monothéisme chrétien n’est le résultat que d’un tour de passe-passe littéraire : le fameux 3 en 1 et 1 en 3 !

La religion islamique compte un seul dieu déclaré, un semi-dieu de nature intermédiaire doté de pouvoirs divins -Mohammed- des personnalités représentant le dieu ( les califes) et des djinns, survivances des croyances pré-islamiques.

La religion juive, elle, ne voit aussi qu’un dieu, mais avec des semi-dieux intermédiaires - les prophètes dotés de pouvoirs divins et parfois des rois : l’absorption des croyances pré-judaïques (rois, chefs militaires, anciens chamans de l’époque pré-historique) est ici aussi manifeste que l’intégration des djinns dans la doctrine musulmane.

Ces deux dernières religions ont donc des fonds communs significatifs proches du monothéisme, mais pas totalement monothéistes au sens exact du terme.

Pour en revenir à votre accusation de « suivisme moutonnier », il peut sembler que de tels comportements humains ne soient pas liés aux seules croyances, mais à des phénomènes de tendance sociale plus générale : les modes diverses, par exemple ; sont bien plus « fortement » opposées aux traits de personnalité propre d’un individu que l’influence globale de la croyance sur tous les fidèles d’une religion.

Dans les sociétés modernes laïques et/ou laïcisées de facto, la religion est plus un « ciment identitaire rassembleur » qu’une force structurée imposant des choix collectifs à des individus différents.

Si cette influence sur le mode de vie et la pensée, voire l’action, concerne les croyants les plus dociles et zélés, il n’en reste pas moins dans le monde que les religions perdent leur influence directe sur la vie quotidienne des individus. Cela s’observe aux Etats-Unis, en Iran ou en Europe, c’est là un processus général.

Ne pas voir ces faits revient à répéter des choses fausses et à vouloir les faire passer pour vraies, ceci sans aucune base.

Il convient donc de laisser les « moutons » là où ils sont, et de regarder les êtres humains comme des êtres pensants, tout comme vous et moi, mais ni inférieurs, ni supérieurs.

Bien cordialement,


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