Commentaire de tannhauser72
sur Et maintenant, le goulag, le bûcher ou la chambre à gaz ?


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tannhauser72 28 novembre 2010 19:59

Bonsoir, vous avez fort bien fait de bâtir une argumentation point par point ; Je vais donc répondre à chacune de vos affirmations.
1 : oui, l’avortement se pratiquait de manière illégale, il a été dépénalisé, puis légalisé, médicalement encadré. Cela ne le rend pas moral pour autant. Ce n’est pas en se réfugiant derrière la légalité que l’on peut faire accepter ce qui est inacceptable. Un petit regard sur l’histoire. Dans l’antiquité gréco-latine, l’avortement, l’infanticide étaient permis. L’avènement du christianisme a permis de faire un pas de plus vers la civilisation. Dans notre contexte de néo-paganisme, voire de retour en arrière vers la barbarie, on peut supprimer ce qu’on préfère considérer comme une chose, « chose » que vous avez vous-même été, comme tout le monde. En dehors de toute considération laïque ou religieuse, l’embryon est le stade initial par lequel chacun passe, un stade fragile, où la « prétendue chose » doit être protégée, ce que fait l’instinct maternel quand il n’est pas parasité par l’idéologie.

2. Le prétendu « droit de disposer » de son corps n’a rien à voir avec na nature laïque d’un Etat (encore faut-il rappeler ce que signifie vraiment « laïque », mais je veux rester dans le sujet... il y a quand même une interrogation à se poser). De même, on peut parfaitement ne pas croire en une quelconque divinité ou transcendance, et admettre la vérité sur la croissance de l’être humain : il y a des étapes, et le stade embryonnaire en est une. L’embryon que vous étiez et le corps que vous avez aujourd’hui ne sont qu’une même et unique entité. Ce qui fait de vous quelqu’un d’unique était déjà contenu dans l’embryon que vous étiez. La « religion » catholique n’est pas la première instance à affirmer ce qui est accessible directement par la raison et l’expérience. Donc pas besoin d’user de l’argument « laïque » pour soutenir l’insoutenable. Que l’on soit croyant ou pas, la vérité sur la personne est la même.

3 - Ce troisième point n’est que le développement du second. Au risque de me voir décerner un point Godwin, je vous invite à imaginer ce qu’aurait subi un professeur allemand, dans les années 30, qui explique à ses élèves qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les races, que les hommes sont ontologiquement égaux. Il s’attire les foudre du ministre de la propagande. Que le Planning Familial intervienne aujourd’hui ne pose aucun problème par rapport à l’expression d’idées politiques particulières : les chèvres qui le représentent ont le droit d’affirmer que l’avortement est un droit. En revanche, on veut absolument qu’il y ait des débats, pour peu que tout le monde soit d’accord. Or les débats supposent la contradiction, ou au moins la nuance (mais même le fait d’(apporter une nuance à telle affirmation n’est pas autre chose qu’une objection°. Ne pourrait-on pas être tout aussi indigné face à l’intervention du planning familial dans les établissements ? Ne s’agit-il pas d’opinions personnelles qu’il convient de ne pas exposer aux jeunes ?
En outre, distribuer des tracts en opposant les deux thèses contradictoires s’inscrit parfaitement dans les exigences du métier d’enseignant. UN enseignant qui distribue un tract peut parfaitement le faire à titre de documentation. Et la documentation, effectivement, n’est jamais neutre, notamment quand des enseignants eux-mêmes rouges font travailler leurs élèves sur un article de l’Huma ou de Libé (du moins quand ils sont moins rouge).

4 - Vous avez raison de souligner le traumatisme que constitue un avortement dans la conscience d’une femme (que cette conscience soit en éveil ou à l’état de somnolence). C’est précisément pour cette raison qu’il convient de mettre en garde les jeunes filles (mais aussi les jeunes garçons car une nouvelle vie n’est possible que lorsqu’un mâle et ne femelle font des choses plaisantes entre eux). Vous pouvez, si vous le voulez, considérer comme un retour à l’ordre moral le simple fait d’éduquer les jeunes à une sexualité responsable. Vous mettez les mots que vous voulez, mais il faut convenir d’une chose : puisqu’effectivement l’avortement est traumatisant, comme peut l’être un accident de voiture, il faut impérativement tout faire pour que ces jeunes filles, aujourd’hui ou plus tard, ne se trouvent pas dans cette situation de détresse. Pour les accidents, l’Etat sait employer les moyens par des petits films assez violents. L’avortement, pour une vie commençante, n’est pas moins violent. Évidemment on n’est pas conscient à ce stade-là, mais l’horreur n’en est pas pour autant amoindrie.

5- Ainsi il est inapproprié de parler ici d’abus de confiance : il s’agit d’un fait, pas d’une opinion personnelle.

6 - La colère des personnes est surtout l’expression de l’idéologie de la tolérance, idéologie elle-même plus qu’intolérante. Comme le disait Finkielkraut, « le discours de la tolérance généralisée ne tolère, au fond, que lui-même » (extrait de son essai « L’ingratitude »). Peut-on ainsi arrêter non pas une idée ? Le mot choisi par l’enseignant est assez mal choisi, car il ne s’agit pas d’une idée, d’une opinion, mais de la vérité sur un acte horrible. Encore une fois, les USA n’ont rien à voir, simplement on assiste peut-être aujourd’hui à un réveil des consciences. Imaginez l’âge qu’aurait l’embryon (ou foetus) « étrennant » l’application de la loi Veil ? Ce serait aujourd’hui une femme ou un homme de 35 ans ! Imaginez que l’on assassine quelqu’un qui a 35 ans.... Quel que soit le stade du continuum de la vie, que l’on soit embryon, enfant, adolescent, adulte ou vieillard encombrant parce que malade, un homicide est toujours un homicide, quels que soient les mots qui le désignent : IVG, euthanasie....Encore une fois ce n’est pas un retour de l’ordre moral, mais tout simplement le réveil des consciences. Je me réjouis de ce réveil, car il est temps de sortir du sommeil. 


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