Commentaire de easy
sur Pourquoi les écolos ont-ils toujours raison ?


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easy easy 17 mars 2011 16:59

J’aime beaucoup le ton à degrés multiples de ce papier.

Ma mère, si elle me voyait faire du delta, avait le choix entre deux prédictions
-Tu n’auras pas d’accident
-Tu vas avoir un accident.

Quelle prophétie avait le plus de « chance » de se réaliser ?

Pareil avec le train qu’on pourrait rater.

Et finalement, bien que l’accident se produise forcément un jour ou l’autre, y compris en descendant la poubelle, la prophétie de Cassandre n’est pas autoréalisatrice car celui qui est provoqué en son prométhéisme redouble d’attention pour s’éviter le ridicule d’avoir commis une erreur que d’autres avaient largement su prédire.



A part ça et pour revenir plus dans le sujet du papier, nous revenons de loin en matière d’appel à la prudence.
En fait toute la prudence était à inventer entièrement après la seconde guerre mondiale et Hiroshima. Jusque là, les instances les plus « anciennes, sages, posées, averties » allaient plutôt à lancer à des gens « Baïonnette au fusil, chargez ! »

En 1912, le tailleur parisien (autrichien aussi) Franz Reichelt, se jette de la tour Eiffel avec son parachute et s’écrase. Il avait prévenu de son exploit et il y avait du monde au balcon. Pas une seule personne, pas même son épouse ravie d’être devenue l’épouse d’un personnage, ne lui a dit qu’il pouvait se faire mal, qu’il fallait au moins poser un filet, une piscine. Pas une seule des milliers de célébrités que nous encensons aujourd’hui, pas même le couple Curie, personne n’a crié casse-cou.

Il faut dire que depuis 1800, il y avait dans l’air un désir de morbide dans le monde Occidental. C’était l’époque où l’on aura le plus observé l’anus du monde et les cadavres en habits de soirée. De nos jours, il se passe encore des choses horribles comme des égorgements. Mais elles ne sont pas perpétrées dans un sens transcendantal comme au XIXème. A l’époque, on allait voir les organes de la vénus Hottentote, les nègres du monde derrière des barreaux au zoo de Vincennes, on posait sur son buffet un plâtre d’écorché, on collectionnait les têtes réduites, on peignait l’Origine du Monde, ...

Et nous venons donc de là. Ce n’est qu’après 45, après la peur de tous crever sous un déluge de bombes atomiques pendant la guerre froide, que nous avons progressivement abandonné notre goût pour le morbide. Il en reste évidemment des relicats, en particulier en salles obscure, mais on ne peut plus en faire salon. Gottfried Helnwein a du mal à trouver des lieux pour exposer et pourtant ce qu’il cherche à faire ne consiste pas à normaliser le sordide mais au contraire à nous dégouter de ce qui nous reste de reptilien, à avoir peur de notre reptile, à nous en méfier.

Ce mouvement vers le propre, la vie, la jeunesse et la sécurité, ce refus de l’apocalypse du fait de l’homme, a conduit à l’apparition des CHSCT, des lignes de vie sur les toitures, aux rails de sécurité, aux limitations de vitesse, aux ceintures de sécurité, aux air-bags. De ce mouvement vers l’esprit de prudence et de préservation est née l’écologie.


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