Commentaire de easy
sur Violence : info et intox


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easy easy 22 mars 2011 16:45

Je l’avais déjà dit dans l’article précédent de l’auteur puisqu’il évoquait la même chose, les mots s’usent dans tous les domaines, y compris dans l’amour.

Quand une expression plaît à deux, trois personnes dans sa journée d’avènement, c’est repris et à la fin du mois tout le monde l’a à la bouche (Cf Bling-Bling) et cet engouement pour une nouvelle expression relègue alors la précédente au rang des has been.

Vandalisme n’est pas d’inspiration d’ultra gauche mais bien plus ancienne, de l’époque où les Vandales avaient la réputation de tout casser sur leur passage. Comme on n’est plus à craindre quelque horde venue de l’Est mais qu’on en est au souvenir plus aigu des attentats du 11 septembre, le mot islamiste a été proposé et c’est celui qui a été plébiscité. Peu importe que dans le cas du vandalisme ou de l’islamisme, ces expressions soient très justes, ce qui compte c’est qu’elles parlent aux gens et qu’elles permettent la coagulation, voire les hystéries.
Tant qu’on ne trouve pas d’expression nouvelle parlant à une large majorité des gens, une expression qu’ils peuvent réemployer et refourguer sans trop de gênes aux entournures, on ne parvient pas à lever des troupes, des masses, des salles, des stades.
Des expressions pour coaguler les troupes, dans la Police, chez les CRS, il y en a et il faut régulièrement les renouveler.


D’autre part, comme plus ça va plus chaque péquin devient media, il y a un plus grand foisonnement d’expressions nouvelles qu’à époque où la majorité des gens se contentaient d’une position passive. Le turn over est plus important, l’obsolescence est plus rapide. 




Sur les stats de la violence, n’y connaissant rien, je n’en discuterais pas.

Je dirai seulement quelques mots sur la violence dans l’Histoire. 
Je crois discerner quelques grandes périodes.

Aux grandes heures du Colisée, la violence était consubstantielle du plus grand spectacle festif et cathartique à la fois.

Puis il y eu des siècles à la manière de François 1er où la violence se produisait sur les champs de bataille (dont la magnificence était ramenée à la maison sous forme de tableaux) et aussi la violence pour sceller la justice (tortures où le public était plutôt invité à prendre toute conscience de la force régalienne, des lois divines) 

Puis, vers 1850, on commence à sortir de l’esthétisation de la guerre et aussi de la torture. Mais comme on ne peut pas retirer un déversoir pulsionnel à quelqu’un sans lui en proposer un autre en échange, des individus se sont mis à travailler davantage la question de l’esthétisation de la violence de manière plus personnelle ou plus confidentielle. C’est alors qu’on a vu apparaître les cabinets de curiosité avec des squelettes, des plâtres d’écorchés... La science très autoritaire offrait un excellent prétexte pour disséquer et c’est donc à cette époque où l’on magnétisait, où l’on hypnotisait, où l’on électrocutait, qu’on a vu des Frankenstein et des Jack l’éventreur. La violence portée par la science alla jusqu’à nous offrir le spectacle du champignon, comble de la violence moderne. 

Mais donc cette violence par la science (avec ses labos qu’ont été les guerres et les camps) a beaucoup perdu de son prestige quand elle a été censurée. On ne peut pas, en matière de violence collective, aller jusqu’à utiliser la bombe et encore moins aller au-delà.

Comme il n’y a plus d’avenir à la violence collective, il reste à l’individu à la résoudre par le biais de petits déversoirs nettement plus individuels. La violence s’exprimerait donc désormais de manière plus personnelle, tout au plus en bandes (retour à la horde primitive) mais plus constante, plus quotidienne, jusque dans la chanson et la musique mais forcément limitée en termes d’ambition (puisque la Bombe est taboue)

Comme elle ne peut donc se déverser que par ce biais allant de l’individu à la bande, il est tout à fait logique qu’elle se retrouve en face à face avec son seul et unique barrage, la Police. Et on en arrive ainsi à la bagarre au quotidien, seul ou en bande contre la Police. 

Et quand je dis bande, c’est vraiment bande point. Ce ne sont pas les opportunités qu’auraient les bandes à coaguler entre elles puisqu’elles ont tant de choses et d’intérêts en commun. Mais elles n’en veulent pas de la coagulation car elles ne pourraient plus se sentir singulières, personnalisées, taguées. La dimension de bande est la dimension idéale, il ne faut aller ni en dessous, ni au-dessus et elles doivent absolument se taper entre elles car la Police ne suffit pas à les occuper (quand les Romains fatigués s’écartent, les Gaulois se tapent dessus d’ennui).
Il y a très certainement des chefs qui cherchent à former une très grande bande mais elles implosent automatiquement au-delà d’une certaine taille critique étant donné les grands besoins internes de personnalisation et il ne reste toujours que de petites bandes y compris chez les pirates Somaliens.
Une bande ne consent à devenir grande que si ses membres ont besoin de se rassembler autour de grands moyens pour subsister. Tant que des gens peuvent vivoter en dealant 300€ de bricoles par jour en provenance de mille filières, il n’y aura pas de grande bande.

Une surpression policière sur les bandes conduit à ce qu’elles se regroupent et se diversifient. Ce qui donne la situation Mexicaine.


Si j’ai raison, la Police aurait intérêt à considérer ce fait pour opérer de manière ergonomique, pour faire du boulot sans s’épuiser plus que nécessaire.

Et si par hasard c’est à peu près comme ça que la Police a fini par comprendre les choses, alors elle doit communiquer le fruit de ses réflexions aux citoyens qui exigent d’elle qu’elle fasse son boulot. Entre faire « du boulot » et faire « son boulot » il y a un monde et les ministres de l’Intérieur devraient l’expliquer à la population. 


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