Commentaire de Bovinus
sur Pourquoi les écologistes sont des criminels


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Bovinus Bovinus 20 mai 2011 17:18

Je viens de parcourir l’ « Autotrophe de l’humanité » (ici en VO : http://vernadsky.lib.ru/e-texts/archive/Vernadsky_V.I.__Avtotrofnost_Chelovechestva.html ). Les derniers paragraphes sont bonnement hallucinants : il y est question de rien de moins que de synthétiser des aliments, comestibles, à partir de l’énergie solaire. C’est à dire, de la photosynthèse. Quand vous aurez réussi à muter en plante verte, appelez nous.

Pour tous les autres thèmes abordés, à savoir, l’énergie nucléaire (qui était porteuses de très grands espoirs à l’époque, rappelons-le) et l’énergie solaire (dont on voit aujourd’hui les limites), tout a déjà été dit. Fondamentalement, ces deux sources d’énergie ne sont pas susceptibles de nous sauver de l’épuisement des ressources fossiles et de nous envoyer sur Mars. En tout cas, pas à moins de faire une découverte inattendue, dont rien ne dit qu’elle interviendra dans un futur proche. En attendant, vive Malthus et son bon sens (quelque peu pessimiste, mais au moins, fiable).

« L’autotrophe de l’humanité » n’est en aucune façon une œuvre scientifique, mais tout simplement de la SF, au mieux, de la vulgarisation, ou peut-être de la propagande sur commande du Parti. Dans l’un et l’autre cas, je n’y vois rien de mal, et je n’ignore pas que cela fut écrit par un scientifique de renom (dans le monde communiste). Disons qu’il adopte une posture proche de Arthur C. Clarke. Ce que je vous reproche, c’est que vous nous présentez des hypothèses comme étant des certitudes.

Et, encore une chose : cet article, d’après le site dont j’ai mis le lien plus haut, figure dans une sorte de recueil, dont le titre est : « Le cosmisme russe : anthologie de la pensée philosophique ». Il s’agit là d’une posture intellectuelle, d’une conception de la vie, à un niveau métaphysique, et, encore une fois, en aucun cas de science.

Cela confirme ce que j’avais écrit plus haut, sur la weltanshaaung qu’adoptent en général les Russes quand il s’agit de l’avenir : enthousiasme, volontarisme, créativité, polarisation sur l’essentiel et volonté farouche d’aller toujours de l’avant. C’est en effet, radicalement opposé à ce qu’on fait chez nous : pessimisme, exagération des difficultés, comptabilité des coûts, ergotage systématique, discussions à n’en plus finir, etc.

Michel Houellebecq exploite des thèmes similaires dans « La possibilité d’une île », mais sa vision des choses est beaucoup moins radieuse que celle de Vernadsky. Peut-être parce que comme Malthus et Vernadsky, il est porteur des valeurs et des archétypes de son temps ? Cependant, sa vision fait tout de même froid dans le dos, car, elle est, elle aussi, du domaine du possible. Vous devriez envisager cette possibilité.


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