Commentaire de mike gallantsay
sur Affaire DSK : avis de débâcle en vue pour la Justice et les médias officiels


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mike gallantsay 6 juillet 2011 01:54

Et de plastronner ! Et de fanfaronner ! Et d’interpeller !
Ah ! Ah ! Ah ! Mesdames et messieurs les procureurs, mesdames et messieurs les diffamateurs il va falloir rendre des comptes !
L’Élu était innocent ! Comme je l’ai toujours dit ! Blanc comme l’agneau, le Sauveur du Monde !
Et victime d’une effroyable conjuration !
La lumière est faite, désormais !

Ah bon ?

Bien sur ! Lisez la lettre du procureur ! Tout est dit ! Tout est désormais limpide : la négresse est une pute, cornaquée par un cartel de la drogue, et elle a voulu se faire du fric sur le dos de Saint Dominique du Gros Pognon !

Mouais...

Préliminaire 1 :
« Quelques 68 % des 5 760 condamnations à mort prononcées aux États-Unis entre 1973 et 1995 ont dû être annulées en appel du fait d’erreurs judiciaires. C’est la conclusion à laquelle est parvenu un rapport explosif publié en 2001 par l’école de droit de l’université new-yorkaise, Columbia.
Le rapport intitulé « Un système brisé » a été réalisé par une équipe dirigée par le professeur James S.Liebman est le résultat d’une enquête menée durant neuf ans sur la base des dossiers de l’ensemble des 5 760 condamnés à la peine capitale durant la période concernée »

Et les résultats sont des plus édifiants :
« entre 1973 et 1995, les deux tiers des condamnations à la peine de mort aux États-Unis ont dû être révisées par les juges à la suite de manquements à la loi. »
Vous avez bien lu : manquements à la loi...

Et qui sont les fautifs ?
« « Il ne s’agit pas seulement de cas isolés, ni dans un seul État. Mais des erreurs de niveau épidémique ont été trouvées à travers tout le pays », constate James Liebman. Il indique que « les causes essentielles des « erreurs » sont l’incompétence profonde des avocats (37 %) (...) et la partialité du procureur (16 %) qui vont souvent jusqu’à retenir des preuves à décharge et en fabriquer d’autres, à charge. (…)
La police est aussi dénoncée notamment pour fabrication de faux témoignages. »

Partialité des procureurs, fabrication de fausses preuves et de faux témoignages, dans des affaires de condamnations à mort.
Qu’est-ce que ça doit être pour le tout venant des crimes et délits ?
Donc, n’est-ce-pas...
Le bref extrait journalistique de la lettre d’un procureur … Dans lequel il nous explique tout le contraire de ce qu’il disait il y a 15 jours...
Ce n’est que le bref extrait journalistique de la lettre d’un procureur !
Et certainement pas la voix céleste tombant des nuées dans un grand rayon de lumière pour démasquer les
imposteurs !

Préliminaire 2 :
En 1963, sortait sur les écrans, un film intitulé Twilight of honour, dans lequel un jeune avocat intègre découvrait les turpitudes de la justice américaine. 50 ans plus tard, question honneur de la justice, on n’en est plus au crépuscule, il est carrément 3h du matin et le remake éventuel pourrait aisément
s’intituler heart of darkness ! (Au coeur des ténèbres !)
Puisque vous témoignez d’un foi sans limite dans un article du New-York Times, permettez que je vous cite quelques brefs extraits d’un article paru en 2002 dans le journal La Prensa de New-York, périodique en langue espagnole au moins aussi respectable que le vénérable NYT.
• Le Goulag privé des USA
PAR VICKY PELAEZ, (Journal La Prensa de New York)
« Les chiffres indiquent que les États-Unis ont emprisonné plus de personnes que n’importe quel autre pays :
un demi million de plus que la Chine qui a cinq fois plus d’habitants que les États-Unis .Les statistiques montrent que les États-Unis possèdent 25% de tous les détenus du monde, pour seulement 5% de la population mondiale (…) »

La justice américaine se fout de la vérité comme du premier caleçon de Jefferson ! 5% seulement des affaires ont droit à un procès. Et si vous avez la témérité d’aller au procès, c’est que, soit vous êtes très riche, soit vous êtes suicidaire. Pour les 95% du tout venant, votre sort se discute au souk entre marchands de tapis.
Vous êtes un petit délinquant, déjà condamné, et vous êtes accusé d’un meurtre que vous n’avez pas commis.
Compte tenu des « preuves » vrais ou fausses dont dispose le procureur, vous voilà confronté au choix de consommation suivant : Soit vous acceptez, en free bargaining, 10 ou 15 ans fermes, soit, clamant comme un crétin pauvre, une innocence que vous n’aurez aucun moyen de faire défendre par un avocat compétent mais hors de prix, et vous risquez perpette ou l’injection léthale.
This is a free country et votre liberté de choix est naturellement entière...

Voilà pourquoi :
« STATISTIQUES
97% des 125 000 prisonniers fédéraux ne sont pas des délinquants violents. On estime que plus de la moitié des 623 000 détenus dans des prisons municipales ou des comtés sont innocents des crimes qu’on leur impute. La grande majorité d’entre eux attendent d’être jugés. Les deux tiers du million de prisonniers d’état ont commis des délits non violents ; 16% des deux millions de détenus sont atteints
de troubles mentaux. »

Rajoutons que bien des procès ne sont plus qu’un grand ramdam d’esbroufe et de mauvaise foi où tous les coups sont permis, y compris les plus puants, et qu’ils s’apparentent davantage à un match de baseball où l’équipe la plus riche finit toujours par gagner, qu’à la recherche de la vérité.
Le Procès d’OJ Simpson, acquitté au pénal, mais ruiné au civil, pour le même crime suffit à ma démonstration.

Autres citations :
« L’industrie des prisons est l’une des industries en pleine expansion aux États-Unis et ses investissements sont côtés à Wall-Street. Environ trente pour cent des prisons US sont dirigées par des entreprises privées qui mènent leurs affaires en fonction du nombre d’humains en stock. En termes purement économiques, les prisonniers sont devenus partie intégrante de l’inventaire des coûts . Les deux plus grandes
de ces entreprises sont Wackenhut et Corrections Corporation of America.
Aux États-Unis il y a un complexe carcéro-industriel
(c’est le terme qu’ils emploient)
Toutes ces entreprises sont très satisfaites du boom économique engendré par le travail des prisonniers. Entre 1980 et 1994 seulement, les profits obtenus sont passés de 392 millions à 1,31 milliard.
Au Texas une usine a limogé ses 150 travailleurs et a fait appel aux services
d’ouvriers/détenus de la prison privée de Lockhart Texas, où sont aussi assemblés des circuits pour des compagnies telles qu’IBM et Compaq. »

Et bien sur, pour alimenter ce juteux business, les juges sont très sollicités :
PHILADELPHIE (Reuters) - Deux juges américains ont décidé de plaider coupables dans le procès où ils sont accusés d’avoir touché plus de 2,6 millions de dollars d’un centre privé de détention pour jeunes délinquants en Pennsylvanie. En échange de ces pots-de-vin, les deux magistrats, Mark Ciavarella et Michael Cohahan, qui officiaient dans le comté de Luzerne en Pennsylvanie, ont condamné entre 2003 et 2006 des centaines d’enfants et d’adolescents à des peines excessives.
« Il est vrai que j’ai déshonoré ma fonction de magistrat », a reconnu Ciavarella dans une lettre adressée au tribunal. « Par mes actes, j’ai détruit tout ce que j’avais accompli par mon travail, et je ne peux que me blâmer moi-même. »

Après avoir traité par le mépris qui convient la larmoyante repentance de ce parfait salaud, on demandera, sachant que pour 2 qui se sont fait piquer, 20 continuent leurs juteuses forfaitures, aux thuriféraires de la merveilleuse justice US, au fonctionnement ci-dessus partiellement décrit, de modérer un peu, et leurs louanges, et la confiance aveugle qu’ils lui témoigne, et par tant, il me semble qu’il conviendra, malgré tout,
d’éviter de prendre pour parole d’évangile, les déclarations d’un procureur étazunien.

Après ces préliminaires indispensables, je voudrai simplement poser quelques questions sur un seul « fait » dont on nous rebat les oreilles depuis trois jours.
La vilaine Nafisata, est convaincue de mauvaise foi car, 24h à peine après les faits, alors qu’elle est sous protection policière rapproché, elle passe un coup de téléphone à son mari, « trafiquant de drogue » et incarcéré pour cela, afin de lui demander conseil sur la meilleure manière de saigner le bourgeois.
• Question n° 1 : A-t-elle appelé à partir d’une ligne fixe ou à partir d’un portable ? Si elle a appelé d’une ligne fixe, est-ce celle de son appartement ? Auquel cas la donzelle, serrée de près par les flics est d’une bêtise proprement stupéfiante ; ou est-elle sortie pour trouver une cabine ?
• Question n°2 : Si elle a été assez stupide pour appeler de son appartement et que c’est à partir de là que la conversation a été enregistrée, pourquoi les flics ont-ils mis un mois et demi pour démasquer la perfidie de la drôlesse ?
Si elle a appelé d’une cabine, sauf à supposer que toutes les cabines téléphoniques de New-York, soient sur écoute permanente — Quand-même bien du boulot et bien du personnel pour Big Brother ! Même la Stasi n’en faisait pas autant ! — Comment diable les flics ont ils pu savoir qu’elle avait téléphoné et à qui ?
Les deux hypothèses étant aussi absurdes l’une que l’autre, il est donc certain que Nafisata a téléphoné d’un portable. Mais nous sommes renvoyé à la même difficulté : soit son portable était sur écoute, ce dont elle aurait pu se douter, et après 48h, le temps de trouver un traducteur, les carottes étaient cuites, soit ce n’était pas le cas et dés lors, l’enregistrement, magique comme la balle de JFK, a été réalisé à la prison. Ce qui nous conduit à :
• Question 3 : Qui a-t-elle appelé exactement ? Parce qu’enfin on ne sonne pas un type en taule comme on appelle un hôtel ou une chambre d’hôpital.
Soit elle a appelé la prison (laquelle ?) en leur demandant gentiment :
« Auriez-vous l’extrême amabilité de me passer M. Machin cellule 312 ? »
« Mais naturellement ! C’est à quel sujet ? »

Soit le correspondant avait son portable sur lui et alors :
• Question 4 : Les détenus us ont-ils le droit de disposer d’un portable dans leur cellule ? Si oui depuis quand ?
Et son jules, qui ne se doute pas qu’ils pourraient être écoutés est encore plus bête qu’elle ! Si non :
• Question 5 : Comment diable l’administration pénitentiaire a-t-elle pu enregistrer une conversation sur un appareil dont elle ignore l’existence ?

Je ne doute pas que l’éminent procureur va fournir, le 18 juillet, à l’audience, toutes les réponses, et tous les éclaircissements qui s’imposent, mais en attendant, compte tenu du niagara de mensonges dont les zuniens nous abreuvent depuis une dizaine d’années, je ne crois pas un mot de cet exécrable story-telling
En bon français, ça nous fera la bouche fraiche : baratin !!


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