Commentaire de Masson
sur Grande découverte : plus tôt on apprend les langues, mieux c'est !
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L’anglais est un immense gisement de pétrole... mais pour qui ? Un directeur du British Council a pu écrire dans son rapport annuel : « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise ».
Avec bien des complicités, mais surtout grâce à une profonde inconscience de la plupart des citoyens des pays non-anglophones et à un manque d’information et de réflexion sur ce sujet, un seul État-membre sur 25 peut imposer insidieusement sa langue sans que personne ne bronche !
Lors d’un congrès de l’association mondiale anationale SAT qui se tint à Toronto avec l’espéranto pour langue de travail, un responsable syndicaliste des État-Unis, Mark Starr, ancien mineur britannique émigré, m’avait dit : “Celui qui impose sa langue impose l’air sur lequel doivent gesticuler les marionnettes !”.
Et c’est bien ce qui se passe ! En imposant leur langue, les pays dominants de l’anglophonie dominent aussi les esprits et imposent leurs choix au reste du monde qui en est réduit à utiliser la langue des maîtres du moment avec maladresse. Et ceci alors que le pourcentage de natifs anglophones est inférieur à 5% de la population mondiale, et encore moins si l’on ne considère que les États-Unis et la Grande-Bretagne où résident d’ailleurs aussi des citoyens qui ne s’expriment pas en anglais !
Cette situation est confirmée par des écrits de David Rothkopf, ancien conseiller du gouvernement de Bill Clinton : « Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent. »
Ça ressemble beaucoup au comportement des État-Unis pour ce qui concerne l’écologie : il ne faut pas toucher au mode de vie des « Américains ». Ce qui n’empêche pas que les autres Américains, d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale, n’ont d’autre droits que l’asphyxie économique.
En réponse à une enquête de la BBC auprès de ses auditeurs sur l’anglais comme langue internationale (37% contre et 63% pour, sur un auditoire connaissant évidemment l’anglais), en 1998, un chercheur coréen avait répondu que le temps accaparé par l’apprentissage de l’anglais lui aurait permis d’acquérir de vastes connaissances dans d’autres domaines : “En Corée, nous avons dépensé des énormes sommes d’argent pour apprendre l’anglais. En calculant d’après mon expérience personnelle, j’aurais pu obtenir cinq doctorats si je n’avais pas été obligé d’apprendre l’anglais.“
On sait que l’anglais rapporte à certains, mais sait-on combien il coûte à l’ensemble des pays de l’Europe et du monde ? Que l’on calcule le temps, les moyens humains et matériels investis pour le gavage des cerveaux à l’anglais. Il faudrait que des chercheurs et des journalistes se penchent sur cette question.
Ceci dit, je viens juste d’apprendre que « L’homme qui a défié Babel », dont la seconde édition est parue chez L’Harmattan en 2001 en même temps que sa traduction en espéranto, paraît ce mois-ci en coréen ; il est édité par l’Université Coréenne d’Étude des langues étrangères. Il devrait paraître aussi ce mois-ci en espagnol. Il est en attente de parution en lituanien et sa traduction en chinois devrait commencer sous peu.