mardi 4 octobre 2005 - par ÇaDérange

Grande découverte : plus tôt on apprend les langues, mieux c’est !

Comme vous vous en êtes aperçus si vous êtes des lecteurs réguliers de mon blog, je considère qu’il est très dommage pour notre pays, qui est une des premières destinations touristiques au monde, et un acteur majeur dans le monde économique et industriel, que nous soyons si mal placés sur le plan de la pratique des langues, et de l’anglais en particulier. Je me félicite de ce fait que la loi Fillon ait prévu à partir de 2007 de commencer l’apprentissage des langues dès le primaire, en CE2 d’abord, puis au CE1.

Une étude de l’Education nationale, sur les résultats des essais faits à titre expérimental dans le primaire depuis l’an 2000, vient de confirmer tout le bien que cet apprentissage précoce pouvait faire à nos enfants pour la maîtrise d’une langue étrangère. La directrice de l’évaluation et de la prospective de l’Education nationale confirme : "La différence est significative, même chez les élèves les plus médiocres." Malgré cela, le niveau moyen des jeunes Français reste très faible, et un élève sur huit seulement à la fin du collège maîtrise convenablement l’oral et l’écrit, alors qu’un sur vingt ne maîtrise quasiment rien. C’est dire l’effort qui demeure à accomplir pour amener nos enfants au niveau minimal souhaitable dans un monde qui exige de plus en plus une pratique satisfaisante des langues.

L’une des difficultés, pour la mise en oeuvre de cet apprentissage des langues, est le manque de compétence en langues du corps enseignant du primaire. La loi Fillon vient de rajouter une épreuve de langue aux concours d’entrée des instituts universitaires de formation des maîtres, ce qui devrait améliorer les choses à l’avenir. Pour le présent, comment va faire l’Education nationale, je ne sais. Je suppose qu’il faudra mettre en place des professeurs d’anglais qui tourneront entre différentes classes du primaire. Par contre, je ne vois pas bien, sur le plan pratique, comment proposer plusieurs langues à l’apprentissage, sans avoir un corps enseignant pléthorique. Laissons la recherche de la solution à ceux qui en sont responsables.

Ceci dit, il n’était nul besoin d’études longues et retardatrices pour en arriver à cette conclusion. Tous ceux qui ont été expatriés savent que les enfants dans la tranche 6/10 ans sont capables en 6/8mois de se sentir à l’aise pour jouer ou échanger dans leur langue avec leurs petits camarades. Pourquoi a-t-il fallu trente ans pour s’en apercevoir ? Et qu’a fait la direction de la prospective de l’Education nationale pendant tout ce temps ? Mystère.

Réjouissons-nous simplement que le pas soit enfin franchi dans la mise à niveau de notre enseignement des langues. Ca ne peut qu’être favorable à nos performances économiques.

Un dernier souhait, pour notre ministre de l’enseignement supérieur, si, par hasard, il lit ce message. Pourrait-il faire en sorte que, de même que pour le primaire, nos étudiants en facultés de droit, de sciences ou autres, poursuivent l’étude de l’anglais en même temps que celle de leurs matières de référence ?



50 réactions


  • marsu (---.---.59.105) 4 octobre 2005 12:21

    Les langues sont indispensables dans de nombreuses professions. Je suis tout à fait d’accord avec les éléments de l’article.

    L’anglais est une langue assez simple et son apprentissage peut en effet être très efficaces en primaire.

    Il est aussi crucial que les élèves acquièrent une logique d’apprentissage des langues. Une fois qu’on a appris une langue avec une bonne méthodologie, on peut très facilement l’appliquer à d’autes langues.

    Par conséquent, mettre un épreuve de langue à l’IUFM n’est absolument pas suffisant car il faut aussi que les instituteurs apprennent à enseigner une langue étrangère (on ne procède pas comme avec la langue maternelle des élèves). C’est sans doute là un des points les plus complexes de cette réforme...

    La maîtrise de l’anglais puis de toute autre langue permet de plus à quelqu’un de se reconvertir beaucoup plus efficacement en cours de carrière. On rencontre tellement de gens, même des cadres bac +4 ou 5, qui ont un niveau d’anglais déplorable (sans parler des autres langues) que les portes s’ouvrent tout de suite pour ceux qui sortent leur épingle du jeu.

    Croisons les doigts pour que la réforme du primaire soit suivie d’un renforcement des langues en université...


  • Emmanuel (---.---.78.92) 4 octobre 2005 15:34

    Grande découverte de savoir que plus l’apprentissage d’une langue étrangère se fait avant 10 ans, mieux c’est ! J’ai aussi tendance à annoncer un autre adage : plus on charge la mule, plus elle ploie... A l’heure où un tas d’expériences, plus ou moins malheureuses, sont mises sur pied quant à la longueur de la semaine de travail de nos chers petits, la question se pose d’imposer une nouvelle discipline aux enseignants du primaire. Noublions pas certains principes : la durée minimun de formation d’un professeur des écoles est de 4 ans ; Celle d’un professeur capétien est de 4 à 5 années aussi. La durée moyenne d’un ministre de l’éducation n’est guère plus longue (dans le meilleur des cas !) Quant à la mise en route et l’application d’une réforme (celle de l’IUFM et une réforme ministérielle) est deux à trois fois plus longue...La loi d’orientation de 1989 n’est toujours pas complètement appliquée. Nous dire que l’enseignement des langues est une bonne chose dès l’entrée en CE1, certes, mais penchons nous d’abord sur la faisabilité avant de proposer.


  • Senatus populusque (Courouve) Courouve 4 octobre 2005 15:39

    C’est plutôt une redécouverte ; il fut un temps où l’on apprenait le latin à l’école primaire.

    D’une manière générale, la qualité de l’enseignement était, sous l’Ancien régime et au XIXe siècle, bien supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui.


  • CaDerange (---.---.139.30) 4 octobre 2005 18:31

    Réponse de CaDerange/ Je comprend bien que l’on ne peut trop mettre de matières au programme de nos enfants. mais tout est une question de choix et d’efficacité.

    L’Anglais dans le monde d’aujourd’hui est un outil incontournable à titre personnel (comme mentionné dans un commentaire ci dessus pour améliorer son « employabilité » comme on dit), au titre de l’audience que notre pays mérite et qu’il n’a plus dans beaucoup de domaines, scientifique ou diplomatique, mais surtout pour rendre à la France une compétitivité dans le monde économique et industriel dont elle a absolument besoin.

    Bien entendu il y des secteurs qui n’en ressentent pas le besoin, la fonction publique par exemple, mais partout ailleurs ce besoin se fait de plus en plus crucial au fur et à mesure que l’influence de notre pays dans le monde diminue.

    Si on passe son temps à refléchir, à se demander si, à se poser la question de comment faire etc, on ne fera rien comme nous n’avons rien fait depuis trente ans sur ce sujet. Et je suis convaincu pour avoir vu maintes fois les effets de notre manque de pratique de cette langue, qu’il est très négatif pour ce pays, son image et ses affaires de ne pas prendre ce problème à bras le corps et le RESOUDRE une fois pour toutes.

    Il y a sans nul doute des matières moins primordiales que celle ci que l’on pourrait supprimer dans le programme des primaires. Il suffit de le vouloir.


  • Kazo (---.---.4.10) 4 octobre 2005 18:46

    MARSU écrit :

    « ...qui ont un niveau d’anglais déplorable (sans parler des autres langues)... »

    En effet, vous faites bien de préciser « sans parler des autres langues » ! Les « autres » langues, d’ailleurs, pratiquement personne n’en parle. On assimile l’apprentissage des langues étrangères à celui de l’anglais. A croire que sans anglais, pas de salut !!

    Le rêve de l’Europe bilingue, c’est « parler sa langue maternelle et l’anglais »... J’en connais pas mal outre-Manche qui sont de cet avis, qui rigolent bien... et qui encaissent les bénéfices (en temps d’études gagnés et en £ivres -pas en €uros, bien sûr !!!!)


  • Risek (---.---.148.121) 4 octobre 2005 22:44

    Le niveau des français en anglais est tout à fait honorable compte-tenu du temps passé à apprendre cette langue et de sa difficulté. N’oublions pas que l’anglais, si on s’en réfère aux points de vue des linguistes, est une langue difficile à maîtriser pour un français, en tous cas plus que l’italien ou l’allemand.

    Plus les gens passeront du temps à apprendre l’anglais, plus ils verront de films en anglais et meilleurs ils seront en anglais mais pourquoi accepter un tel sacrifice ? Plus les scientifiques français publient en anglais et moins notre langue progresse. Faut-il sacrifier notre culture, notre argent, notre temps d’étude et notre temps de formation professionnelle à l’étude d’une langue discrimante et difficile ?

    Ne serait-il pas préférable de promouvoir la survie de toutes les langues plutôt que d’imposer l’anglais à tout le monde ?

    Je ne crois pas possible un bilinguisme français/anglais. Tôt ou tard les parents parleront en anglais à leurs enfants et le français disparaitra comme c’est le cas avec le chinois mal en point à Singapour.

    Imposer l’anglais est indéfendable économiquement et culturellement. Une autre politique linguistique est possible.


  • Anna Maria Campogrande (---.---.164.49) 6 octobre 2005 12:22

    Cher Ami, vous racontez n’importe quoi. Qui vous a payé pour diffuser l’idéologie du British Council qui sévit dans le monde entier dans le but de faire de l’anglais la langue unique pour dominer le monde et évangéliser les peuples dans la réligion du materialisme, de l’égoïsme et du profit ?

    Anna Maria Campogrande


  • Tino (---.---.149.131) 6 octobre 2005 13:19

    Des millions de Français et d’étrangers vivant en France sont bilingues (ou plus) mais pas avec l’anglais-globish. Plutôt fr-arabe, fr-portugais, fr-langue africaine, fr-créole (s), fr-langue asiatique, etc. IL ne faut pas réduire les langues au seul globish.


  • robert leleu (---.---.82.231) 6 octobre 2005 14:35

    Certes on apprenait le latin, même on le commençait avant la sixième (ce fut mon cas)....mais cela ne concernait qu’une faible partie de la population. De ce latin, et de la présentation des racines indo-européennes par un professeur particulier, je gardai un vif goût des langues (j’ai continué le latin au-delà du bac, en matière facultative alors que j’étais en taupe)....et je n’ai finalement réellement appris l’anglais qu’une fois au travail dans l’industrie du raffinage. Puis l’espagnol, partie par goût, partie (170 heures de leçons particulières) pour la profession.

    Et, à la retraite, j’ai appris l’espéranto en 30 heures, et peut lire tout texte en espéranto (avec un dico)...alors je dis que l’espéranto en fin de primaire est l’équivalent moderne du latin, qu’il peut concerner tous les élèves, qu’il donnerait un minimum de capcité rélationnelle authentiqument internationale, et serait une solide assise pour apprendre ensuite des langues de culture....


  • sophie (---.---.92.204) 6 octobre 2005 14:41

    Encourager le « gavage » à l’anglais dès le plus jeune âge comme l’auteur de cet article le recommande, c’est accelérer le processus de « colonisation linguistique » voulu par les grands pays anglophones.

    Il y va au contraire de la survie des grandes langues européennes, c’est à dire le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol et le portugais (et même du « vrai » anglais !) d’enrayer ce phénomène inquiétant !

    Comment ? En choisissant « la » langue étrangère découverte en primaire par les jeunes européens (et les autres ?) parmi ces 5 là (ces 4 quand l’une est la langue maternelle). L’influence de l’anglais dans le monde ne sera pas réduite à zéro, et il sera toujours temps de l’apprendre si besoin est, mais plus tard ...

    Mais ainsi, les futurs adultes auront une chance de pouvoir plus tard travailler dans leur langue, les chercheurs scientifiques publier aussi dans leur langue (si la découverte est intéressante, elle sera vite traduite dans toutes les langues nécessaires), etc...

    Car devant une évidence que personne ne nie - la prédominance de l’anglais aujourd’hui - on se pose deux questions : « pourquoi ? » et « à qui cela profite-t-il ? ».

    Voici mes réponses : pourquoi ? pas naturellement comme certains le pensent, mais suite à un projet anglo- américain (1961). A qui celà rapporte-t-il ? aux anglophones de naissance et à eux seuls ! Vous pouvez dépenser des fortunes pour acquérir leur langue, sacrifier l’étude de la langue natale à l’école (orthographe, grammaire, conjugaison)au profit de cette langue dite « supérieure » par certains !!! Vous n’aurez jamais la facilité d’élocution d’un anglophone natif, et si le critère de la langue est primordial, les « bons boulots » accompagnés de bons salaires seront pour eux !!!

    Donc, faites votre choix, moi, je l’ai fait et je me bats pour ça !!!

    Sophie


  • Senatus populusque (Courouve) Courouve 6 octobre 2005 16:08

    Une langue est caractérisée pour une part par les oeuvres qui sont écrites dans cette langue. Le latin est la langue de Cicéron et d’Horace (inter alii), l’anglais celle de Shakespeare et de Dickens (among others). L’étude d’une langue artificielle comme l’espéranto, en laquelle aucune oeuvre majeure n’est écrite, ne présenterait que peu d’intérêt. Le français comporte environ 100 000 mots, l’anglais environ 200 000 ; combien de mots en espéranto ?


    • cyrille (---.---.141.21) 30 août 2006 22:05

      250 000. Il vaut mieux se renseigner avant de prodiguer des faits erronés à propos de l’espéranto.


  • jorgos (---.---.12.211) 6 octobre 2005 16:34

    Les vrais bilingues sont « fabriqués » avant l’âge de 4 ans ! (voir les revues scientifiques de la fin des années ’50).

    C’est en effet dans la zone de Brocca que se situe la formation de la case « langues » du cerveau : tout ce qui y entre avant la naissance et jusqu’au 50-e mois de vie terrestre forme le socle de « langue-s maternelle-s ». Ce qui y entre ensuite n’est que traduction (plus ou moins rapide, suivant les capacités, le besoin, ...) de langues « étrangères ».

    Mais, au fait, s’est-on posé la question de savoir qui (à part les 20 % d’analphabètes - les illettrés sont moins nombreux !) a vraiment besoin d’une langue étrangère, si ce n’est de voisinage, par bon sens, ou bien pour lire les recettes et modes d’emplois imposés par le capitalisme libéral d’inspiration anglo-saxonne qui veut rendre dépendants tous les peuples consommateurs du Monde.

    Ainsi les nouveaux Nobles sont les Anglophones de naissance (ils décident, profitent, règnent, etc.), les Bourgeois (ou Collabos) cherchent à les singer (mais ne deviendront pas « nejtivspika » par mimétisme), et enfin le Tiers-Etat doit se soumettre, payer, et n’a pas droit au chapitre.

    Y’en a marre ! La RESISTANCE s’organise !!!

    Les Peuples d’Europe et du Monde méritent mieux que ça.

    Si une langue commune devient indispensable, qu’elle soit neutre politiquement et culturellement.

    L’article 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme affirme que nous sommes égaux en droits ! S’il y a discrimination, je devrai procès à mes parents qui ne m’ont pas pondu Noble - oh, pardon : Anglophone-de-naissance.


  • Wàng (---.---.228.123) 6 octobre 2005 16:56

    Vos étudiants en science n’ont pas attendu les ministres carpettes genre Thélot pour se voir imposer l’anglais obligatoire. A titre personnel je subis l’anglais dans mon école d’ingénieurs et dois supporter le bourrage de crâne distillé par des professeurs d’anglais se croyant investis de la mission de bienfaiteurs de l’humanité, à savoir civiliser les vils franchouillards que nous sommes devenus, complexés de fait vis à vis de notre propre culture !

    Quand à la question du nombre de mots en espéranto, elle est visiblement le fait de quelqu’un n’ayant aucune connaissance de cette langue, ne parlons même pas de la littérature. Personne ne me fera croire qu’on apprend l’anglais pour sa littérature, mais l’idée implicitement véhiculée par le fait que tout le monde apprend l’anglais (pour un résultat lamentable) implique bel et bien que ce serait une langue supérieure aux autres. Tout d’abord, l’anglais compte 500000 à 1000000 de mots, dont un nombre incroyable de doublets, ensuite, le vocabulaire de l’espéranto est fait de racines se combinant à l’infini, ce qui permet une richesse de fait bien plus grande que pour une langue étrangère apprise en classe( 200000 mots à partir de 20000 racines).

    Wàng


  • (---.---.4.103) 7 octobre 2005 13:37

    En ce qui concerne l’apprentissage des langues étrangères, je pense qu’il ne faut pas avoir trop l’esprit « utilitaire »qui préside un peu trop au choix d’une seconde langue actuellement. Sinon, effectivement, l’anglais risque de supplanter définitivement les autres langues européennes (environ 25 langues nationales). Il y a réellement un danger pour la langue et la culture française si d’une manière ou d’une autre, on aboutissait à un bilinguisme franco-anglais avec un anglais bien maîtrisé. Car, inévitablement, les publicitaires s’adresseraient préférentiellement aux jeunes, en donnant à l’anglais une connotation « moderne »dans leur esprit, comme on l’a vu pour la chanson depuis les années 60 ringardisant du coup l’usage du français . Ce n’est pas une vue de l’esprit : une langue peut s’effacer en seulement 2 générations : voir l’exemple de l’Irlande ou des langues régionales française. Au XIXème siècle, la France était encore un pays multilingue...

    Quelques suggestions :

    Pourquoi ne pas enseigner à l’école les langues racines de l’Europe : au moins deux dont une par cycle scolaire : une langue germanique, une langue slave, une langue latine, la langue maternelle faisant partie de ces langues mères dans quasiment tous les pays européens. A partir de ces langues racines, il serait assez aisé pour un européen d’acquérir les langues de la même famille s’il en a le désir ou l’utilité. Voilà un programme enthousiasmant pour forger l’unité européenne et éviter la colonisation par l’anglais.

    Les moyens ? Il n’en faut pas tant que cela pour apprendre une langue à un enfant : vos parents ont-ils fait bac + 3 dans votre langue maternelle pour nous apprendre à parler à partir de rien de 0 à 2ans ? Que nenni . Avec le jeu, des chansons et quelques moyens ludiques les enfants apprennent d’instinct les structures grammaticales et les principaux « phonèmes » d’une langue. Il ne faut pas sous estimer les capacités des enfants dans ce domaine, surtout avant 6 ans : elles sont prodigieuses. Quand aux intervenant possibles, il existe suffisamment de migrants de toute nationalités sur notre sol qui pourraient faire œuvre utile en intervenant dans les écoles moyennant une formation pédagogique assez courte par l’éducation nationale. L’enseignement des langues pourrait ainsi être une source d’emplois, d’intégration et d’échanges culturels.

    - Un suggestion sympa : créer une chanson européenne, rythmée et colorée pour les enfants avec un petit couplet en une dizaine de langues différentes. Un peu à l’image des comptines et chansons d’enfants d’autrefois qui avaient certainement une fonction d’apprentissage importante. Cette chanson pourrait être enseignée dans les écoles comme une sorte d’initiation à la richesse phonétique de l’Europe.

    En bref, on peut déjà faire beaucoup avec de l’imagination, de l’enthousiasme et beaucoup de volontarisme : mais ces ingrédients existent-t-ils encore dans notre pays ?


  • nico 7 octobre 2005 14:16

    J’aime assez le commentaire precedent, mais :

    Au XIXème siècle, la France était encore un pays multilingue...

    Je ne sais pas pour l’Irlande, mais le multilinguisme francais n’a pas disparut naturellement. Ce ce les institution francaises apres la Revolution, qui ont impose la langue de Paris.

    Pourquoi ne pas enseigner à l’école les langues racines de l’Europe : au moins deux dont une par cycle scolaire : une langue germanique, une langue slave, une langue latine, la langue maternelle faisant partie de ces langues mères dans quasiment tous les pays européens. A partir de ces langues racines, il serait assez aisé pour un européen d’acquérir les langues de la même famille s’il en a le désir ou l’utilité.

    La creation de « Poles de langues » est une tres bonne idee, que quelques linguistes tentent de developper. Pour les francisants, il existe un livre qui permet de developper sa comprehension des langues latines principales (espagnol, italien, rortugais, roumain) : « Methode d’intercomprehension des langues romanes ». Malheureusement, ce bouquin est un peu confus.

    En bref, on peut déjà faire beaucoup avec de l’imagination, de l’enthousiasme et beaucoup de volontarisme : mais ces ingrédients existent-t-ils encore dans notre pays ?

    Et vous, seriez-vous volontaire pour lancer votre projet de chanson europeene ?


  • (---.---.4.101) 7 octobre 2005 15:34

    Pour l’histoire des langues européennes je vous recommande chaudement les ouvrages de la linguiste Henriette Walter, absolument passionants et qui se lisent aussi facilement qu’un roman policier malgré leur haut niveau d’érudition et de technicité (il y a même des jeux !). Elle a écrit en particulier un ouvrage sur les relations entre les langues françaises et anglaises qui met à mal nombre d’idées reçues...(on trouve ces ouvrages en livre de poche) Pour l’Irlande, c’est bien entendu la colonisation anglaise qui est à l’origine de la quasi disparition de cette variante de la langue celtique et la répression linguistique a aussi fait quasiment disparaître les langues régionales de France. En ce qui concenrne la chanson, mon idée est venue d’un chanson réelle dont les couplets s’enchainent en plusieurs différentes langues (même en chinois)et dont on prend plaisir à reprendre le refrain à la fois par le rythme entrainant et par « l’exotisme » des sonorités.(je n’ai pas les références sous la main : je crois qu’il s’agit du groupe « Z’imbert et Moreau » et la chanson parle de plage, de vacances et de petits bateaux)Il faudrait reprendre l’idée en l’habillant à l’européenne et trouver une autre musique (à moins de leur racheter les droits) Le contenu de la chanson ne devrait être ni idéologique, ni patriotique (pas question de faire une marseillaise européenne)mais devrait justement parler de choses trés simples et trés neutres mais communes à tous les gamins de la planète, comme la joie de prendre des vacances et de se baigner, des histoires d’aniamaux etc.... Celà dit, Je ne suis pas linguiste ni compositeur mais si quelqu’un dans la salle posséde au moins une de ces compétences, il peut se manifester. Pour ma part, j’ai décidé vaille que vaille d’apprendre les rudiments des principales langues européennes, pour m’amuser. La BBC en ligne posséde un outil pour acquérir quelques bases dans 25 langues européennes et même quelques autres avec des vidéos en ligne. http//BBC.co.uk/languages


  • CaDera,nge (---.---.139.140) 9 octobre 2005 12:23

    Réponse de CaDerange:Les étudiants continuent à apprendre l’anglais dans les écoles d’ingénieurs ou de commerce. Pas à l’Université qui scolarise pourtant la vaste majorité des étudiants ! C’est pour moi un problème d’efficacité économique et d’égalité dana le savoir transmis.


  • CaDera,nge (---.---.139.140) 9 octobre 2005 14:05

    CaDerange:Essai de synthèse des commentaires.

    Ce message a généré une masse de commentaires beaucoup plus importante que je n’aurais pensé ce qui prouve combien nous sommes attachés à notre langue. Ce qui est aussi un signe de patriotisme face à la prédominance de la langue anglaise.

    Un mot d’abord pour la commentatrice qui m’accuse d’être à la solde du British Council. Mon blog personnel ainsi que ma participation à Agoravox sont entièrement bénévoles et representent mes idées personnelles et pas celles de qui que ce soit d’autre.

    Sur l’ensemble des commentaires que ce message a suscité j’en relève de plusieurs types : Ceux qui sont d’accord pour que nos enfants apprennent l’anglais , ceux qui refusent l’anglais qui represente pour eux une domination économique et culturelle et souhaiteraient la promotion des langues européennes et ceux qui préfèreraient l’esperanto.

    Tout d’abord cet article partait du principe que l’étude de l’Anglais faisait déjà partie du cursus scolaire français mais dans le secondaire au lieu du primaire et que donc la proposition de commencer en primaire était simplement une manière d’apprendre cette langue moins douloureusement qu’en attendant l’entrée en 6eme pour le faire. Je ne pense pas que ni les pouvoirs publics, ni l’Education Nationale, ni les français eux mêmes aient jamais jugé qu’apprendre l’anglais et les langues en général était inutile.

    Refuser d’apprendre l’anglais de nos jours est ,pour moi,un peu comme suggérer de ne pas apprendre les mathématiques !Je crois bien, au contraire, que l’étude des langues est un élément d’ouverture extraordinaire sur le monde et qu’une Education sans langues n’est pas concevable, à moins de vouloir se replier sur nous mêmes. Je suppose que la plupart de ceux qui en critiquent l’apprentissage le parlent trés modérement. Je peux leur assurer que c’est au contraire une grande richesse de pouvoir dialoguer avec d’autres européens,américains, asiatiques,ou méditerranéens, de mieux comprendre leurs points de vues et leurs manières de vivre et surtout de pouvoir exprimer nos points de vues.

    Je vais vous raconter une anecdote. J’ai eu l’occasion de présider une fois une session d’un congrés scientifique européen avec traduction simultané. Je pouvais faire mon discours d’introduction en français ou en anglais puisque j’ai la chance d’être raisonablement bilingue.Je souhaitais passer un message précis et non pas faire une petit discours convenu. Je l’ai fait en Français. J’ai su tout de suite que mon but ne serait pas atteint quand j’ai vu une grande partie de l’assistance ne prendre même pas la peine de mettre ses écouteurs pour la traduction.

    On peut regretter la domination de l’anglais -et je le regrette aussi- mais il faut parfois aussi se rendre à la nécessaire efficacité. Quand un de mes commentateurs pense que les scientifiques Français doivent publier en Français, le résultat pour eux en est de faire quasiment une croix sur la diffusion de leurs travaux qui seront dix fois moins lus- et je suis modeste- que si la publication était faite en anglais. D’ailleurs je peux vous assurer qu’ils ont déjà choisi.

    De même quand un commentateur dit qu’« étudier l’anglais est indéfendable économiquement et culturellement », je suis d’accord avec lui sur la partie « culturellement » de son assertion - au bémol près de la richesse que cela apporte- mais ne peut l’être sur la partie « économiquement ». Comment peut on pretendre prendre des marchés à l’exportation en utilisant les services d’un traducteur ? Alors que les concurrents espagnols, allemands ou chinois le parlent couramment ?

    Nous vivons dans le regret permanent de l’époque où le Français était LA langue de l’europe et de l’économie. Incidemment, je suppose qu’à l’époque nous trouvions ça très bien ! Essayons de nous placer à la place du Finlandais par exemple qui n’a jamais eu le choix de s’en tenir à sa langue natale et dont la télévision est en anglais sous titrée finnois. Croyez vous que lui puisse se payer le luxe d’avoir des états d’ames sur l’apprentissage de l’Anglais ?

    Ces commentaires pose aussi le problème de savoir quel est le rôle de l’Education nationale ? Doit elle transmettre des « bases limitées » à définir ou bien doit elle prendre en compte la totalité des souhaits multiples des uns et des autres comme l’espéranto ? Le débat est ouvert mais il est doit malheureusement s’inscrire dans des limites de temps disponible pour les élèves et de moyens financiers et humains.

    Enfin bon courage à Sophie qui se bat pour la survie des langues européennes et dont je respecte le combat. On peut à la fois se battre pour le maintien de l’influence de notre langue et constater que l’efficacité économique nous impose malgré tout de parler l’Anglais.

    En souhaitant que ça puisse changer.


  • (---.---.113.95) 13 octobre 2005 15:22

    Trop d’anglais sape le français (les noms de langues s’écrivent avec une minuscule en français : « j’apprends l’anglais » et non « j’apprends l’Anglais », c’est une calque de l’anglais justement).

    Autre chose : si certains sont persuadés que l’anglais est si incontournable, soit. Mais laissez les autres de décider, s’ils veulent l’apprendre ! Actuellement, on essaie de rendre les gens « heureux » de force : la seule première langue proposée est l’anglais, l’initiation dans les écoles se fait à l’anglais, on impose cette langue aux étudiants... Donnez aux autres la possibilité de faire leur choix. S’il est erroné ou pas, l’avenir le dira, mais le droit de chosir et même de nous tromper le cas échéant nous appartient.

    Quand à l’anglais « incontournable », c’est la suite qui joue le roi. Plus les élites collabos s’inclinent, plus cette langue progresse.


  • nico 13 octobre 2005 15:54

    Au commentaire precedent : toujours faudait-il avoir les moyens de proposer un enseignement de plusieurs langues pour pouvoir offrir le choix. Un enseignant pour l’espagnol, l’allemand, l’anglais, l’arabe... dans chaque ecole primaire... C’est beau mais impossible. Que l’on en propose une est deja un grand progres. Laquelle choisir...


  • (---.---.123.175) 13 octobre 2005 17:24

    Un grand progrès de choisir entre l’anglais et l’anglais ? Décidément, tout va pour le bien dans le meilleur des mondes.


  • Olso (---.---.193.34) 13 octobre 2005 17:52

    Bonjour CaDerange et tous,

    désolé de commencer comme ça, mais votre tentative de synthèse est largement ratée ;( :

    ceux qui défendent l’espéranto ne veulent pas qu’on remplace l’apprentissage de l’anglais et de toutes les autres langues par celui de l’espéranto, ce n’est pas du tout cela. Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes que les défenseurs de la diversité linguistique et culturelle, opposés à l’hégémonie d’une langue/culture.

    Ce qu’ils disent simplement (ou pas si simplement que cela, hélas, car cette position est trop rare et incomprise), c’est :
    - que l’attitude de défendre le tout-anglais a de graves inconvénients*.
    - qu’ils ne veulent pas imposer l’espéranto, mais le proposer, que le choix de cette langue soit possible.
    - et en plus, que le fait d’apprendre cette langue facilite l’apprentissage ultérieur des autres langues, dont l’anglais.

    Pour l’enseignement des autres langues : quand on veut, on peut. S’il faut trouver des enseignants, on en trouvera, ne vous inquiétez pas, là n’est pas le problème.

    * Inconvénients de l’hégémonie de l’anglais :

    perte de diversité linguistique en France et en Europe. On n’a plus besoin et on ne peut plus (on n’a plus le temps ni les ressources pour) apprendre d’autres langues.

    déficit démocratique, créé par le tout-anglais. En quelle langue communiquent l’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne ? De plus en plus, uniquement en anglais, parfois les traductions en d’autres langues suivent, quelques mois après, mais pas toujours (voir par ex. la récente page sur la téléphonie mobile, uniquement en anglais ! :(). Est-il normal que la France doive communiquer en anglais avec l’UE ?

    perte de maîtrise scientifique. Avec l’obligation dans les faits de publier en anglais, les scientifiques n’écrivent plus dans la langue de leur pays ! Tous les efforts budgétaires, humains ne profitent plus directement (plus du tout ?) à la France

    discriminations linguistiques : à Bruxelles et dans de plus en plus d’emplois même au niveau national, le critère impératif est non pas un bon niveau d’anglais, mais être de langue maternelle anglaise

    - et plus grave : l’impôt linguistique, estimé à plusieurs milliards d’euros par François Grin. Voir http://satamikarohm.free.fr/article.php3?id_article=671 et http://esperantic.org/AnglaisGrin.htm Les chiffres sont tellement astronomiques qu’on ne se rend pas compte de ce qu’ils représentent.

    Cordialement,


  • (---.---.123.175) 13 octobre 2005 17:53

    « En souhaitant que ça puisse changer »

    Si on arrête d’accepter notre sort avec la docilité d’un mouton, on pourra changer « ça » smiley


  • (---.---.83.5) 13 octobre 2005 18:16

    Le chemin le plus rapide et le plus court pour apprendre l’anglais — si certains estiment qu’il n’est point de salut sans lui — ou d’autres langues, passe par l’espéranto. Évidemment, il y a des yeux qui vont s’écarquiller. Pourtant ceci a été vérifié maintes fois.


  • (---.---.83.5) 13 octobre 2005 19:14

    Wang a raison. Le vocabulaire de l’anglais dépasse de très loin les 200 000 mots. Mais à quoi bon, si l’on considère qu’un homme moyennement cultivé ne peut en mémoriser qu’une petite partie (les estimations varient, mais ça ne va pas loin : Shakespeare aurait utilisé 15 000 mots différents selon certains, 16 000 selon d’autres) ?

    La dernière édition du « PIV » (« Plena Ilustrita Vortaro de Esperanto », Paris : SAT, 2004, dictionnaire qui fait autorité dans le monde entier) comprend environ 16 780 entrées et environ 46 890 unités lexicographiques. Quand on connaît son indice d’agglutination (1) très supérieur à celui de l’anglais (0,30), il est facile de mesurer la « productivité » de l’espéranto.

    Par ailleurs, on trouve 21 120 significations pour les 850 mots du vocabulaire de base de l’anglais. Chaque mot d’espéranto est pratiquement univoque (voir le tableau comparatif des caractéristiques de l’anglais et de l’espéranto sur le site de SAT-Amikaro).

    Il est regrettable que tant de gens parlent de l’espéranto sans l’avoir étudié en profondeur. Oseraient-ils faire la même chose sur d’autres sujets ?

    Par ailleurs, un « scoop » : je viens juste de recevoir le « Rapport sur l’Enseignement des langues étrangères comme politique publique » qui a été rendu public aujourd’hui même par le Haut Conseil de l’évaluation de l’école (HCéé, Ministère de l’éducation nationale) ; il peut être téléchargé depuis l’adresse suivante : http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf


  • Masson 13 octobre 2005 19:32

    Extrait du rapport Grin intitulé « L’enseignement des langues étrangères comme politique publique » publié ce 13 octobre 2005 et dans lequel l’espéranto est pris en considération :

    « Deux conditions sont toutefois critiques pour son succès : premièrement, un très gros effort d’information, afin de surmonter les préventions qui entourent cette langue - et qui sont en général basées sur la simple ignorance - et d’aider les mentalités à évoluer ; deuxièmement, une véritable coordination entre États en vue de la mise en œuvre commune d’un tel scénario. Quatre-vingt cinq pour cent de la population de l’Europe des 25 y a un intérêt direct et évident, indépendamment des politiques et culturels que comporte l’hégémonie linguistique. »

    Le document complet est en pdf sur l’adresse indiquée ci-dessous.

    Veuillez m’excuser pour deux messages précédents passés sans ma signature automatique.


  • LO (---.---.158.186) 14 octobre 2005 02:41

    D’une part, les langues n’ont pas toutes un Shakespeare, d’autre part la langue anglaise existait avant la naissance de Shakespeare. La culture espérantiste a déjà un certain nombre d’auteurs, la lecture de Raymond Schwartz m’a apporté au moins autant que celle de bien des oeuvres littéraires françaises : l’espéranto est une langue jeune qui n’a pas à rougir de sa culture.

    Quant au nombre de mots, comme dans toutes les langues, les dictionnaires recensent des dizaines de milliers de mots, et le fait qu’une même racine permette de construire plusieurs mots distincts ajoute une richesse à la langue. Par ailleurs, si l’on a besoin d’un mot pour exprimer ou désigner quelque chose, le fait que ce mot ne figure pas dans un dictionnaire n’est jamais un obstacle insurmontable : comme dans toutes les langues le lexique s’enrichit de lui-même en fonction des besoins. Dans une langue comme l’anglais ou le français, les terminologues peinent à enregistrer tous les termes spécialisés utilisés : c’est plus proche du million que de 100 000... mais dans bien des langues vivantes où le marché des ouvrages spécialisés n’est pas aussi développé, le nombre de mots effectivement utilisés est bien inférieur. L’espéranto occupe une position tout à fait honorable parmi les quelques dizaines de langues utilisées à un niveau universitaire (car s’il existe, pour quelques années encore, plusieurs milliers de langues à la surface du globe, moins de cent sont effectivement utilisées à un niveau universitaire et disposent, de ce fait, d’une véritable terminologie scientifique : l’espéranto en fait partie).


  • Marcel (---.---.216.2) 14 octobre 2005 06:46

    Sans doute,M.Courouve ne connait pas le rapport de la conférence anglo-americaine 1961 : « L’anglais doit devenir la langue dominante...La langue maternelle sera étudié chronologiquement la première, mais ensuite l’anglais, par la vertu de son usage et de ses fonctions, deviendra la langue primordiale ». Il faut connaître, aussi,l’extrait du rapport annuel du British Counsel de l’année 68-69 : « Il y a un élément commercial dissimulé dans chaque professeur, livre, revue, film, programme télevisé de langue anglaise envoyés au-delà des mers. Si alors, nous sommes en train de tirer un avantage politique, commercial et culturel de l’usage mondial de l’anglais, que faisons nous pour maintenir cette position ? ». C’est une ingénuité penser que l’impérialisme anglo-américaine acceptera le bilinguisme anglais-français. Ils veulent que l’anglais doit être LA langue du monde.


  • Masson 14 octobre 2005 08:56

    L’anglais est un immense gisement de pétrole... mais pour qui ? Un directeur du British Council a pu écrire dans son rapport annuel : « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise ».

    Avec bien des complicités, mais surtout grâce à une profonde inconscience de la plupart des citoyens des pays non-anglophones et à un manque d’information et de réflexion sur ce sujet, un seul État-membre sur 25 peut imposer insidieusement sa langue sans que personne ne bronche !

    Lors d’un congrès de l’association mondiale anationale SAT qui se tint à Toronto avec l’espéranto pour langue de travail, un responsable syndicaliste des État-Unis, Mark Starr, ancien mineur britannique émigré, m’avait dit : “Celui qui impose sa langue impose l’air sur lequel doivent gesticuler les marionnettes !”.

    Et c’est bien ce qui se passe ! En imposant leur langue, les pays dominants de l’anglophonie dominent aussi les esprits et imposent leurs choix au reste du monde qui en est réduit à utiliser la langue des maîtres du moment avec maladresse. Et ceci alors que le pourcentage de natifs anglophones est inférieur à 5% de la population mondiale, et encore moins si l’on ne considère que les États-Unis et la Grande-Bretagne où résident d’ailleurs aussi des citoyens qui ne s’expriment pas en anglais !

    Cette situation est confirmée par des écrits de David Rothkopf, ancien conseiller du gouvernement de Bill Clinton : « Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent. »

    Ça ressemble beaucoup au comportement des État-Unis pour ce qui concerne l’écologie : il ne faut pas toucher au mode de vie des « Américains ». Ce qui n’empêche pas que les autres Américains, d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale, n’ont d’autre droits que l’asphyxie économique.

    En réponse à une enquête de la BBC auprès de ses auditeurs sur l’anglais comme langue internationale (37% contre et 63% pour, sur un auditoire connaissant évidemment l’anglais), en 1998, un chercheur coréen avait répondu que le temps accaparé par l’apprentissage de l’anglais lui aurait permis d’acquérir de vastes connaissances dans d’autres domaines : “En Corée, nous avons dépensé des énormes sommes d’argent pour apprendre l’anglais. En calculant d’après mon expérience personnelle, j’aurais pu obtenir cinq doctorats si je n’avais pas été obligé d’apprendre l’anglais.

    On sait que l’anglais rapporte à certains, mais sait-on combien il coûte à l’ensemble des pays de l’Europe et du monde ? Que l’on calcule le temps, les moyens humains et matériels investis pour le gavage des cerveaux à l’anglais. Il faudrait que des chercheurs et des journalistes se penchent sur cette question.

    Ceci dit, je viens juste d’apprendre que « L’homme qui a défié Babel », dont la seconde édition est parue chez L’Harmattan en 2001 en même temps que sa traduction en espéranto, paraît ce mois-ci en coréen ; il est édité par l’Université Coréenne d’Étude des langues étrangères. Il devrait paraître aussi ce mois-ci en espagnol. Il est en attente de parution en lituanien et sa traduction en chinois devrait commencer sous peu.


  • nico 14 octobre 2005 09:57

    Un grand progrès de choisir entre l’anglais et l’anglais ?

    Pour l’instant, on ne fait simplement pas de langue etrangère a l’ecole. Choisir entre l’anglais et l’anglais ou choisir entre l’espagnol et l’espagnol, c’est un progrès.


  • (---.---.9.166) 14 octobre 2005 10:33

    Ca depénd des écoles. Heureusement, ce n’est pas la même chose dans chaque. Choisir entre anglais, espagnol, allemand, italien, portugais, hongrois - ça, ce serait un véritable progrès. Pour l’instant, on oblige les profs d’allemand ou de l’espagnol à se récycler en profs d’anglais.


  • Wàng (---.---.18.95) 14 octobre 2005 12:41

    Effectivement, cette synthèse me semble aussi complètement ratée...

    //Mon blog personnel ainsi que ma participation à Agoravox sont entièrement bénévoles et representent mes idées personnelles et pas celles de qui que ce soit d’autre.

    - >Le conditionnement de l’esprit est quelque chose de délicat et les anglosaxons sont très forts à ce petit jeu...dans lequel nous ne devons pas entrer ! Plus que toute autre langue, l’anglais s’apprend en singeant les natifs (prononciation, idiomatismes) et non en maitrisant des règles explicites (demandez à John Wells).

    //ceux qui refusent l’anglais qui represente pour eux une domination économique et culturelle et souhaiteraient la promotion des langues européennes et ceux qui préfèreraient l’esperanto.

    - >Oh, souvent ce sont les mêmes ! smiley

    //la proposition de commencer en primaire était simplement une manière d’apprendre cette langue moins douloureusement qu’en attendant l’entrée en 6eme pour le faire.

    - >Malheuresement si vous rendez une langue autre que le français obligatoire dès le primaire, alors que les enfants ne maitrisent pas encore totalement les nuances et structures de leur langue maternelle le résultat sera la créolisation de la langue française (particulièrement vrai avec l’anglais, langue dans laquelle même les natifs ne comprennent pas la syntaxe) et le développement d’un sentiment de complexe vis-à-vis de la culture française...

    //Refuser d’apprendre l’anglais de nos jours est ,pour moi,un peu comme suggérer de ne pas apprendre les mathématiques !

    - >C’est bien là le problème ! Les anglophones n’ont pas à apprendre d’autres langues et on préfère toujours l’original à la copie !

    //Je crois bien, au contraire, que l’étude des langues est un élément d’ouverture extraordinaire sur le monde

    - > Il n’y a pas que le monde anglosaxon dans la vie, un peu de diversité ça fait du bien...l’anglais entre allophones c’est pas authentique, c’est aliénant.

    //et qu’une Education sans langues n’est pas concevable, à moins de vouloir se replier sur nous mêmes.

    - >Qui vous a parlé d’une éducation sans langues ?

    //Je suppose que la plupart de ceux qui en critiquent l’apprentissage le parlent trés modérement.

    - >Pure supposition. Beaucoup d’espérantistes sont polyglottes. Par contre la plupart de ceux qui croient parler l’anglais parfaitement sont bien souvent ridicules... http://satamikarohm.free.fr/article.php3?id_article=192

    //Je souhaitais passer un message précis et non pas faire une petit discours convenu. Je l’ai fait en Français.

    - >Bah oui, c’est normal on maîtrise touyjours mieux sa langue maternelle ! Chirac a vécu aux EU et n’utilise jamais l’anglais pour les choses sérieuses !

    //D’ailleurs je peux vous assurer qu’ils ont déjà choisi.

    - >Ils n’ont pas choisi puisqu’ils sont obligés.

    //Comment peut on pretendre prendre des marchés à l’exportation en utilisant les services d’un traducteur ? Alors que les concurrents espagnols, allemands ou chinois le parlent couramment ?

    - >Les espagnols et les chinois parlent courrament anglais. Et la marmotte... Quand aux allemands ils parlent une langue germanique comme l’anglais, ils sont avantagés par les structures qui se ressemblent mais doivent toutefois consacrer un grand nombre d’heures et voir leur vie quotidienne et leurs universités envahis par l’anglais. Et face aux natifs ils sont toujours défavorisés. Les langues occidentales, dont l’anglais, sont très difficiles pour les non-européens : http://satamikarohm.free.fr/article.php3?id_article=110

    //Essayons de nous placer à la place du Finlandais par exemple qui n’a jamais eu le choix de s’en tenir à sa langue natale et dont la télévision est en anglais sous titrée finnois. Croyez vous que lui puisse se payer le luxe d’avoir des états d’ames sur l’apprentissage de l’Anglais ?

    - >Les pauvres, parce qu’ils n’appartiennent pas à un état dominant ils n’ont pas le droit de broncher et sont obligés d’étudier un langue difficile...

    //En souhaitant que ça puisse changer.

    - >Et ça va changer parce qu’il y a des gens, notament de ma génération qui se battent pour ça.

    Cordialement

    Wàng


  • Wàng (---.---.18.95) 14 octobre 2005 13:05

    //l’anglais et les langues en général

    - >D’un côté la langue supérieure et de l’autre les langues en général.

    //J’ai su tout de suite que mon but ne serait pas atteint quand j’ai vu une grande partie de l’assistance ne prendre même pas la peine de mettre ses écouteurs pour la traduction.

    - > Ce n’est pas parce qu’on est victime du système qu’il faut l’accepter et surtout, pousser et encourager les autres dans cette voie.

    //On peut regretter la domination de l’anglais -et je le regrette aussi- mais il faut parfois aussi se rendre à la nécessaire efficacité.

    - >L’anglais efficace et pragmatique ? Vous savez ce que c’est, une langue ? smiley

    //Comment peut on pretendre prendre des marchés à l’exportation en utilisant les services d’un traducteur ?

    - > Eh bien en utilisant une langue neutre et facile à apprendre ! Si vous voyez dans les étrangers seulement des concurrents avec qui faire du fric c’est que vous êtes déjà bien conditionné par l’anglais...

    //Enfin bon courage à Sophie qui se bat pour la survie des langues européennes et dont je respecte le combat. On peut à la fois se battre pour le maintien de l’influence de notre langue et constater que l’efficacité économique nous impose malgré tout de parler l’Anglais.

    - >L’anglais avec un petit a, ça suffit ! smiley Avec le tout anglais il n’y a pas de place pour les autres langues, français ou autres. D’après l’Anglo American Conference Report l’anglais doit devenir la langue dominante, remplaçant les autres langues et leurs visions du monde.

    A bientôt

    Wàng


  • skirlet (---.---.102.254) 14 octobre 2005 13:55

    Un sujet qui mérite d’être traité attentivement. Je crois que je vais faire long ; pardon modérateurs, tout ça smiley

    Tout d’abord, je ne vois pas de grande découverte. Cette idée n’est pas nouvelle. On sait que les enfants ont un énorme potentiel d’apprentissage, mais ce n’est pas si simple que ça. Rappelons-nous les écoles américaines, où on soumettait de très jeunes enfants à l’apprentissage intensif. Effectivement, ils commençaient à lire, écrire et même parler plus tôt ; seulement vers l’âge de 4 ans environ ils tombaient dans une dépression profonde, s’arrachaient les cheveux, refusaient de manger et de parler. En revenant aux langues : cette étude dont nous parle l’auteur de la note ayant provoqué tant de commentaires, où en sont les détails ? « La différence est significative, même chez les élèves les plus médiocres » - différence entre quoi et quoi ? Entre un enfant qui a fait un an d’anglais et celui qui n’en a pas fait du tout ? Évidemment, dans ce cas-là... Si l’étude est menée depuis 2000, il est clair que les enfants n’ont pas été suivis jusqu’à bac. Conserveraient-ils cette prétendue avance ? D’autres études donnent d’autres conclusions :

    http://www.mnq.qc.ca/NBase/database/documents/etu/1108049192.pdf

    "L’argumentaire des militants en faveur de l’apprentissage de l’anglais en jeune âge repose sur l’existence d’études « prouvant » que plus l’enfant est jeune, mieux il apprend. Toutefois, les recherches en question sont rarement citées puisque leur véracité est contestable. Les trois hypothèses les plus importantes sont celles de la théorie de la plasticité du cerveau de Wilder Penfield (1953), de la théorie de la prédisposition biologique de Lenneberg (1964) et de la théorie de l’empreinte biologique de Konrad Lorenz (1958). Le problème est qu’aucune recherche scientifique fiable n’est arrivée depuis à valider les hypothèses de ces chercheurs et ce, malgré le fait que ces recherches remontent à plusieurs décennies.

    En contrepartie, il existe plusieurs recherches démontrant que l’apprentissage des langues secondes se fait de façon beaucoup plus efficiente chez le jeune adulte. Une des études les plus intéressantes de par sa rigueur et sa représentativité est celle menée par Clare Burstall, chercheure pour la National Foundation for educational Research in England and Wales. Les résultats de cette recherche sont parus en 1975. La recherche s’est échelonnée sur dix ans auprès de 18 000 élèves apprenant le français langue seconde dans 125 écoles primaires britanniques. Les constats de cette recherche sont clairs : il n’y a pas d’âge idéal pour apprendre une langue seconde et, selon la chercheure, « il n’apparaît pas évident que les enfants plus jeunes seraient plus aptes que leurs aînés à apprendre une langue seconde. Si l’on doit tirer une conclusion, c’est plutôt le contraire qui serait vrai ».

    Autre effet majeur d’un apprentissage précoce : environ la moitié des élèves qui ont commencé leur apprentissage du français à huit ans affirment « en avoir assez » de cette langue une fois rendus au secondaire. Des sentiments négatifs sont même exprimés, tels que l’impression d’échec et d’hostilité envers la langue seconde. Pire encore, cette impression négative ressentie par les élèves des écoles d’Angleterre envers le français s’est malheureusement déplacée vers l’apprentissage des langues étrangères en général."


  • skirlet (---.---.102.254) 14 octobre 2005 14:16

    « Tous ceux qui ont été expatriés savent que les enfants dans la tranche 6/10 ans sont capables en 6/8mois de se sentir à l’aise pour jouer ou échanger dans leur langue avec leurs petits camarades. » C’est de la manipulation voulue ou inconsciente ? Comment peut-on comparer l’incomparable ? Les enfants qui se retrouvent en immersion linguistique n’ont rien à voir avec les enfants vivant dans leur pays. Ce n’est pas une heure ou deux d’anglais ou de n’importe quelle langue qui changera quelque chose. Et même, un enfant ayant passé quelques années dans un pays et qui déménage dans un autre, ne garde pratiquement rien de ses compétences linguistiques, il passe à l’autre langue.

    Ensuite : « Malgré cela, le niveau moyen des jeunes Français reste très faible » - encore et toujours, on assène aux Français qu’ils sont nuls en langues. Tandis que selon les données récentes (reportages à la télé de cet été), les Français se trouvent en 6e place en Europe, c’est plutôt honorable ça smiley Quant aux Espagnols et les Chinois qui parlent couramment l’anglais... na faites pas rire mes pantoufles smiley) L’Espagne est juste à côté, et je n’ai pas besoin qu’on me fasse un dessin, je vois leur niveau « courant » par moi-même. Je connais une personne qui a étudié plusieurs années dans une université chinoise, et selon elle ce fameux niveau des Chinois n’est qu’un mythe (un de plus). L’herbe est toujours plus verte chez le voisin, c’est bien connu. Le discours culpabilisant basé sur ce procédé ne me paraît pas net. Et je ne dis pas tout ça à cause de la fierté nationale bafouée : le français n’est pas ma langue maternelle.


  • skirlet (---.---.102.254) 14 octobre 2005 14:17

    « Pourrait-il faire en sorte que, de même que pour le primaire, nos étudiants en facultés de droit, de sciences ou autres, poursuivent l’étude de l’anglais en même temps que celle de leurs matières de référence ? » Et ils seront forcément moins compétents que leurs homologues anglo-saxons.

    "Il y a presque 35 ans, la plupart des facultés de sciences aux Etats-Unis supprimaient leur « Ph.D. foreign language requirement ». Jusque là, tout futur doctorant américain dans une discipline scientifique devait obligatoirement prouver qu’il maîtrisait au moins UNE des grandes langues scientifiques autres que l’anglais, et cela suffisamment pour pouvoir comprendre sans difficulté toute publication dans sa spécialité rédigée dans cette langue.

    Aujourd’hui, à quelques rares exceptions près, ce « Ph.D. foreign language requirement » n’existe plus dans les disciplines scientifiques. Depuis sa suppression, des pressions directes et indirectes ont été exercées sur les congrès scientifiques internationaux - autrefois multilingues - pour qu’ils deviennent progressivement unilingues, et la même tendance s’est appliquée aux revues et journaux présentant les résultats des recherches fondamentales, dans les pays anglophones comme ailleurs. La disparition progressive des langues autres que l’anglais du domaine de la communication scientifique internationale suivait en fait les directives énoncées dans l’« Anglo-American Conference Report 1961 ». Ce document de nature confidentielle était destiné au British Council dont l’actuel président Tony Andrews déclare d’ailleurs sans complexe que « l’anglais devrait devenir la seule langue officielle de l’Union européenne » (rapporté par le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 27 janvier 2002).

    L’actuel quasi monopole du savoir technico-scientifique moderne détenu par les Anglo-américains - que certains refusent d’admettre - n’est pas lié aux seuls mérites de leurs chercheurs et de leurs ingénieurs. Dans une large part, il est la conséquence directe de l’adoption de la langue anglaise comme langue internationale en science et en technologie, démultipliant ainsi la visibilité du monde anglo-saxon dans ces secteurs au détriment de celle des autres. A terme, l’usage de plus en plus répandu de l’anglais dans les laboratoires de recherche, qu’il soit librement choisi ou imposé, aboutit à une véritable stérilisation du processus créatif, à un réalignement automatique sur les thèmes de recherche anglo-américains et à des contributions presque exclusivement techniques. La pensée scientifique est probablement condamnée à stagner tant que les langues autres que l’anglais n’auront pas reconquis leur statut d’outil d’investigation et de communication à part entière dans tous les secteurs de recherche."

    « La mise en place des monopoles du savoir », Charles Durand


  • skirlet (---.---.102.254) 14 octobre 2005 14:49

    « Refuser d’apprendre l’anglais de nos jours est, pour moi, un peu comme suggérer de ne pas apprendre les mathématiques ! » - heureusement, on n’en est pas encore là smiley N’exagérons rien.

    « Essayons de nous placer à la place du Finlandais par exemple qui n’a jamais eu le choix de s’en tenir à sa langue natale et dont la télévision est en anglais sous titrée finnois » - les Français ne sont pas à leur place, et tant mieux. Avec tout le respect que je lui dois, la Finlande est un petit pays dont la population est de 5 millions d’habitants environ (la moitié de Paris smiley), dont la langue n’a jamais été dominante ni même répandue. Ont-ils un autre choix que d’apprendre une langue dominante ? Combien souvent on nous parle des Nordiques, si bons élèves en anglais. Soit, ils subissent une perfusion massive de l’anglais sans pour autant arriver au niveau des natifs, donc les postes où on demande de plus en plus souvent les « native english speakers » ne leurs sont pas accessibles. Et qu’est-ce que leur donne leur anglais ? Il favorise le rayonnement culturel, linguistique, scientifique de ces pays ? Au contraire : presque la seule chose que sait sur eux un citoyen ordinaire, est « ils sont très bons en anglais ». Le vocabulaire scientifique est en train de disparaître de leurs langues, à force d’enseigner plusieurs matières directement en anglais. Je ne pense pas que c’est enviable.

    « Je suppose que la plupart de ceux qui en critiquent l’apprentissage le parlent très modérément. »

    Ce n’est pas entièrement faux, mais encore une fois évitons de généraliser. L’anglais est une langue élitiste qui demande un gros investissement d’argent, de temps et de mémoire. Tout le monde ne peut pas le fournir. Si votre pique vise les espérantistes, vous êtes à côté de la plaque, parce que pour la plupart ils sont polyglottes. Moi-même, j’ai le niveau de l’anglais plutôt modeste (je suis d’origine russo-ukrainienne, dans mon système scolaire on proposait une seule langue étrangère, à choisir entre l’allemand, l’anglais et le français ; j’ai choisi le français). Cependant j’en connais les bases, apprises à l’âge adulte en autodidacte, ça me suffit pour la recherche des infos sur Internet. Et je parle 5 langues en tout, plus les bases des 3 autres. Oui, c’est une grande richesse de parler avec les autres Européens, les Asiatiques etc., mais ce n’est pas l’anglais qui offre le meilleur choix pour se comprendre.

    En conclusion, je propose de lire cette nouvelle (j’aime bien donner ce lien smiley). Non, je ne confonds pas la fiction et la réalité ; cette nouvelle décrit les réalités que j’observais autour de moi. Les effets néfastes de la domination linguistique, surtout acceptée comme une nécessité et le seul choix possible, y sont bien décrits.

    http://www.skirlet.freesurf.fr/Maintendue.rtf


  • Negravaski (---.---.107.243) 15 octobre 2005 11:53

    « Combien de mots en espéranto ? » demandait Courouve le 6 octobre. Si on se limite aux racines, l’espéranto a plus de mots que le latin du temps de Cicéron. Mais cette réponse est trompeuse. Les racines ne sont que le matériau de base d’un vocabulaire qui est, en fait, infini. En effet, aucune restriction ne limite le nombre de combinaisons possibles. Une bonne façon d’illustrer ce trait de la langue est de considérer des mots qui forment naturellement des séries. Les séries sont infinies en espéranto.

    En français on peut dire « dizaine », « douzaine », « quinzaine »,« vingtaine », « centaine », etc., mais la série est limitée aux mots admis. En espéranto, on forme ses mots soi-mêmes à partir des éléments de base. On peut donc dire « septaine » (*sepo*), « treizaine » (*dektrio*), « seizaine » (*dekseso*), « quatrevingtaine » (*okdeko") etc. La série ne comporte aucune lacune.

    Dans notre langue, les prairies peuvent « verdoyer » et les feux « rougeoyer », mais il n’y a rien pour les autres couleurs. En espéranto, un brouillard peut « grisoyer » (*grizi*), une mer « bleu-oyer » (*blui*), etc. Le mot russe *tchernet’*, qui veut dire « se détacher en noir », « apparaître noir », « donner une impression de noirceur » se traduit de façon littérale en espéranto : *nigri*, alors que toutes les traductions françaises tournent autour du pot.

    En français, on a « compatriote », « coreligionnaire », « co-équipier » (espéranto : *samlandano*, *samreligiano*, *samskipano*) mais rien pour « personne de la même langue » (*samlingvano*), « personne de la même vallée » (*samvalano*), « membre du même parti » (*sampartiano*), « partisan de la même idée » (*samideano*), « habitant de la même ville » (*samurbano*), « habitant de la même lune » (*samlunano*). Le droit d’insérer n’importe quelle racine dans la structure *sam---ano*, qui n’est qu’un cas particulier du droit de combiner entre eux les éléments, favorise la concision tout en stimulant l’imagination créatrice.

    Le français a « musique » et « musical », mais pas de verbe pour ce concept ; par contre, s’il a un verbe - « chanter » - pour la notion de « chant », ici c’est l’adjectif qui manque. L’espéranto ignore par définition ce genre de lacune. Il a *muziko* « musique », *muzika* « musical », *muzike* « musicalement », *muziki* « jouer de la musique », « faire de la musique » ; *kanto* « chant », *kanti* « chanter », *kante* « de façon chantante », « avec des sonorités de chant », *kanta* « qui évoque le chant », « qui est de l’ordre du chant », « qui a la qualité du chant » (équivalent, par rapport au chant, de ce que « musical » est par rapport à la musique). Dans une chanson qui a eu son moment de popularité dans le monde de l’espéranto on trouve la phrase : *Dum la du violonistoj violone violonis...* « tandis que les deux violonistes violonaient violoniquement... ». Elle est intraduisible en français correct.

    La combinatoire illimitée est le trait de génie qui fait de l’espéranto une langue riche et expressive sans imposer à la mémoire les efforts fastidieux qu’exige l’acquisition du lexique d’une autre langue. De même que vous pouvez qualifier un bavard de *parolema*, un gourmand de *manghema* et une personne serviable de *helpema*, de même vous pouvez dire que telle ou telle personne est *kisema* si elle embrasse pour un oui ou pour un non, *fotema* si elle a tout le temps l’appareil de photo à la main, *poshtelefonema* si elle fait un usage immodéré de son téléphone portable, etc. etc.

    Un vocabulaire infini, parce que le droit de combiner entre eux les éléments ne subit aucune restriction, est un atout considérable. C’est à cette totale liberté que l’espéranto doit de se prêter aussi bien à la précision scientifique et juridique qu’à la finesse psychologique, à l’usage poétique... et à l’insulte savoureuse.


  • Senatus populusque (Courouve) Courouve 15 octobre 2005 18:02

    Le nombre de combinaisons est élevé, mais pas infini. Ma question subsiste donc, à laquelle il n’a pas été répondu. Par ailleurs ce système crée des mots vides de sens ; exemple ; celui qui a l’habitude de mourir pour un rien, ou de jouir pour un rien : ???-ma ...

    La signification des mots est donnée par les dictionnaires, et je conçois que l’on puisse établir une sorte de dictionnaire d’espéranto ; mais le sens des mots s’éclaire par le contexte, par des exemples tirés d’oeuvres littéraires, juridiques ou politiques, et là, du côté espéranto, il ne doit pas y avoir grand-chose. On pense en français, en anglais, en russe, etc. Qui a jamais pensé en espéranto ??


  • skirlet (---.---.10.152) 15 octobre 2005 19:20

    A quoi ça sert de créer des mots vides de sens ? On crée des mots avec un sens smiley Et les possibilités sont très étendues.

    « je conçois que l’on puisse établir une sorte de dictionnaire d’espéranto »

    Gagné ! Non seulement « on puisse », mais on le fait. Il existe des dictionnaires espéranto en plein de langues (parce qu’il est présent sur tous les continents), l’espéranto a son Académie, son Grevisse (PMEG), son Petit Robert (ou Larousse) : le Plena Ilustrita Vortaro.

    « mais le sens des mots s’éclaire par le contexte, par des exemples tirés d’oeuvres littéraires, juridiques ou politiques »

    Tout ça existe également.

    « Qui a jamais pensé en espéranto ?? »

    Moi, par exemple smiley) Plusieurs personnes pensaient et pensent en espéranto. A un certain niveau de maîtrise d’une langue étrangère, même si cette maîtrise n’est pas parfaite, on peut très bien penser dans cette langue. Je fais des fautes en français, mais je pense souvent dans cette langue (en fait, il me faut un effort pour réaliser dans quelle langue je pense, le passage devient automatique). Pareil pour l’espéranto - à un certain niveau, plus rapidement accessible que le niveau équivalent dans une langue « non construite », on y puise les mots pour habiller sa pensée. Sans parler des personnes, pour lesquelles l’espéranto est la langue maternelle smiley


  • Negravaski (---.---.110.146) 18 octobre 2005 14:02

    Bien sûr, que le sens des mots se précise par le contexte. C’est le cas du lexique de l’espéranto, comme de toutes les langues. Le *Plena Ilustrita Vortaro*, qui est à l’espéranto ce que le Petit Robert est au français (mais il n’a que 1257 pages), ne se borne pas à définir les mots, il donne de nombreux exemples tirés des meilleurs auteurs, ce qui permet vraiment de comprendre le sens du mot. Il faut dire que l’espéranto étant la langue du monde qui a le substrat (comme disent les linguistes) le plus international, il n’y a que l’interaction entre les locuteurs, ainsi que l’usage des principaux écrivains, qui fixent le sens des vocables, lequel peut très bien s’écarter de l’étymologie. Voir à ce sujet mon article « Evolution is proof of life », accessible par http://claudepiron.free.fr/ , article qui malheureusement n’existe qu’en anglais et en allemand.

    « Qui pense en espéranto ? » demandez-vous. Personnellement, je pense dans cette langue depuis l’âge de 11 ans. Dès 14 ans j’ai écrit mes premiers poèmes en espéranto, et quand j’ai voulu en traduire en français, je me suis rendu compte que j’avais utilisé bien des mots totalement intraduisibles dans ma langue maternelle (si ce n’est par de longues périphrases qui faisaient perdre tout l’impact de la concision et aplatissaient l’atmosphère poétique des expressions). Je ne prétends pas que ces poèmes aient la moindre valeur, je ne suis pas à même de juger, mais le fait est que l’éditeur viennois de mon unique recueil publié vient d’investir dans une deuxième édition, ce qui indique qu’il y a des gens qui l’achètent. Bon, je vous concède que les bizarres et les masochistes sont légion, mais tout de même, cet homme m’a confié un jour qu’un recueil de poèmes en espéranto (dans cette langue, cela s’appelle *poemaro*) avait en général un tirage supérieur à un ouvrage comparable en français.

    Ce qui m’a frappé quand j’étais adolescent, c’est que je me suis rendu compte que je rêvais plus souvent en espéranto qu’en français. Et quand l’idée m’a pris, vers 14-15 ans, de tenir un journal, c’est spontanément en espéranto que je l’ai fait. Il m’a toujours été plus facile d’exprimer mon affectivité, mes émotions, mes sentiments en espéranto que dans ma langue maternelle. J’aime le français, mais je le ressens souvent comme un corset.

    Quoi qu’il en soit, votre commentaire montre que vous n’avez pas une idée très exacte de ce qu’est la langue de Zamenhof. C’est tout à fait normal, puisque les médias n’en parlent pratiquement jamais objectivement, l’école non plus, de sorte que le citoyen qui n’est pas mis par hasard en contact avec le milieu espérantophone n’a aucune source d’où il pourrait tirer l’information. Le plus ahurissant, c’est que la majorité des linguistes, eux aussi, ignorent tout de cette langue. Voir (oh là là, je vais me faire détester pour faire trop de pub pour mes textes) mon interview « Idées inexactes répandues parmi les linguistes au sujet de l’espéranto » affichée au site dont j’ai donné l’adresse ci-dessus.


  • CaDerange (---.---.42.27) 19 octobre 2005 16:47

    Réponse de CaDerange(suite et j’éspère fin) :

    S’il y a une chose que ces échanges extraordinairement nombreux prouvent, c’est que le besoin de s’exprimer sur toutes sortes de sujets chez nos concitoyens est très vivace et que le blog est effectivement bien le moyen nouveau d’exprimer sentiments et idées que les citoyens attendaient.

    Merci donc à Agoravox de permettre cette expression spontanée et incroyablement vivante des idées de tous. C’est une forme de démocratie participative qui vaut bien le « voter une fois tous les 5 ans » de la démocratie officielle !

    Pour nos amis espérantistes, ils ont sans doute noté que je n’avais pas fait de commentaires particuliers sur leur langue et son utilité pour le très bonne raison que je ne la connais pas du tout, et que je n’ai jamais eu l’occasion d’en discuter avec un pratiquant de cette langue. Je n’ai rien contre l’éspéranto et je souhaite bonne chance à ceux qui veulent le promouvoir en France et surtout dans les pays anglo saxons, qui ,assez naturellement, sont sans doute beaucoup moins enclins que nous à l’apprendre. Ils ont néanmoins une longue route à parcourir car dans toute une carrière de relations scientifiques, techniques ou commerciales avec pas mal de pays étrangers, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ait souhaité communiquer avec moi dans cette langue.

    J’ai ressenti dans tous ces commentaires beaucoup de rejet et de regret de la domination de la langue anglaise. Je le comprends parfaitement et je suis tout à fait d’accord que anglais et américains bénéficient d’un avantage indu dans le monde d’aujourd’hui du fait qu’ils n’ont pas, eux, à faire l’effort d’apprendre une langue étrangère. Ceçi dit , ou bien on rejette cet effort au risque de devenir un pays économiquement en retrait et replié sur soi même par rapport au reste du monde, ou bien on se bat pour être, non pas au niveau de ceux dont c’est la langue natale, mais au moins au niveau de celui des autres pays étrangers qui n’ont pas, du fait de leur histoire, les mêmes états d’ames que nous.

    Car ce ne sont pas les beautés linguistiques de la langue anglaise qui l’ont rendu si repandue, mais la puissance économique qu’elle represente. La langue Française elle même, au temps où elle était parlée dans toutes les Cours d’Europe l’était pour la puissance économique, démographique et militaire qu’elle représentait alors et pas seulement pour la joliesse de ses expressions. Nous avons depuis perdu cette situation privilègiée, mais ce n’est pas en refusant l’effort de faire aussi bien que nos voisins et concurrents que nous retrouverons cette position enviable.

    Le problème de la domination de l’anglais ne date pas d’aujourd’hui et se posait déjà il y a trente ans. A l’époque un certain nombre de français se sont battus contre cette domination émergente avec la même vigeur que celle exprimée par certains de mes commentateurs. Force est de reconnaitre que la position du français ne s’est pas améliorée en trente ans tant est forte l’importance de la puissance économique dans l’utilisation d’une langue.

    Si nous voulons regagner cette place, et même ne pas perdre la place de second au profit de l’espagnol par exemple, c’est sur le plan de la puissance économique qu’il faut nous battre et pas seulement de la culture. J’ai eu l’occasion d’être confronté sans doute plus que certains d’entre vous à la matérialité de cette puissance de l’économique et c’est ce qui explique que pour moi, il faut admettre, en attendant des jours meilleurs, que nous sommes devenus une puissance moyenne au même titre que la Finlande et que nous n’avons plus guère le choix que d’admettre cette domination linguistique.

    On peut parfaitement penser différemment et je respecte ces opinions mais personnellement je ne crois pas que nous resisterons à la prééminence de l’anglais simplement en refusant de l’apprendre.Je crois même que le rejet très profond que je sens dans vos commentaires est un handicap par rapport aux autres pays du monde dans le maintien et le développement de notre puissance économique.

    Un mot d’espoir pour finir. J’ai eu l’occasion pas plus tard qu’hier, d’assister à une conférence du PDG de SEB, société française implantée mondialement,et il disait que le fait d’être français était une arme de choix dans les relations techniques ou commerciales pour la seule raison qu’il y a des multitudes de gens et de peuples qui n’aiment pas les anglo saxons et ce qu’ils representent et que nous apparaissont alors comme une alternative...même si les discussions se font en anglais.


  • sophie (---.---.222.87) 19 octobre 2005 17:47

    L’espéranto n’est pas la langue d’un peuple ou d’un pays ! C’est une langue neutre internationale dans laquelle tout peuple peut s’exprimer sans se soumettre à une pensée étrangère.

    Vous proposez de rejoindre un « groupe » de pays non anglophones choisissant de renoncer à leur langue pour s’exprimer en anglais, enfin un anglais pauvre et simplifié. Ainsi le monde serait divisé en deux groupes : les « maîtres » anglophones ayant fait « le bon choix » de naître dans un pays anglophone et les « soumis » inférieurs de naissance (et le demeurant) malgré l’argent dépensé, les efforts et le temps donnés pour acquérir (mal) une langue dure, imprécise et imprononçable. Bien sur, ce monde deviendrait ainsi unipolaire à pensée unique !

    Quel rêve ! Quel cauchemar oui ! Aucun film d’épouvante ne vous arrive à la cheville !!!

    Alors, non à l’anglais langue unique universelle ! Oui au plurilinguisme ! oui à l’égalité des langues européennes ! Non à la mort des langues (une dizaine par an, il faut que ça cesse) ! Et oui à l’espéranto, lien entre les peuples et leurs langues !!!

    Sophie


  • Wàng (---.---.18.195) 19 octobre 2005 18:42

    Bonjour Cadérange.

    //Pour nos amis espérantistes, ils ont sans doute noté que je n’avais pas fait de commentaires particuliers sur leur langue et son utilité pour le très bonne raison que je ne la connais pas du tout,

    - > C’est bien le drame, comme le soulignait fort justement « Negravaski », il y a une désinformation à ce sujet qui s’entretient d’elle même, et qui n’épargne pas les spécialistes et les premiers conçernés. N’est-ce pas le rôle d’un media vraiment populaire de palier à ça ? Le problème est bien plus complexe qu’on pourrait le croire au premier abord. Si vous voulez vous renseigner correctement à ce sujet( un échange d’idées ici n’est pas suffisant), sur ce qu’impliquent les enjeux linguistiques à tous les niveaux, je vous conseille de lire le Défi des langues (Claude Piron, éditions l’Harmattan), ou à défaut le site suivant : http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/terriens.htm ( Negravaski ne m’en voudra pas !)

    //Je n’ai rien contre l’éspéranto et je souhaite bonne chance à ceux qui veulent le promouvoir en France et surtout dans les pays anglo saxons, qui ,assez naturellement, sont sans doute beaucoup moins enclins que nous à l’apprendre.

    - >Pour cela je ne partage pas vos craintes. Les anglophones natifs représentent 6% de la population mondiale et ne resteront pas éternellement les maitres du monde (sauf si vous y tenez, les questions linguistiques constituant souvent la base et non le fruit). Beaucoup d’anglophones sont admirables et ne partagent pas votre vision des choses. A ce sujet, je me permets de reproduire le lien qui n’avait pas fonctionné en bas.

    //Ils ont néanmoins une longue route à parcourir

    - >Oui mais ce n’est pas parce qu’ils sont peu nombreux qu’ils ont tort. L’espéranto peut remettre rapidement en questions beaucoup de certitudes, en raison nottament de ses qualités intrinsèques (grande facilité, précision, richesse, créativité, égalité...). L’histoire nous en montre de nombreux exemples : les chiffres arabes, le système métrique (refusé par les Etats-Unis), la chute du communisme...

    //J’ai ressenti dans tous ces commentaires beaucoup de rejet et de regret de la domination de la langue anglaise.

    - >Ce n’est pas tant la langue anglaise qui est en cause mais l’impérialisme linguistique, qui implique la maimmise sur les esprits( pour moi c’est le plus grave), le pouvoir et les dollards. Je suis jeune, et je ne veux pas d’un monde inégalitaire et où tout le monde pense de la même façon. J’ajouterais que je suis attaché à ma langue maternelle et il est plus important de penser aux générations à venir, que de suivre le bête pragmatisme anglosaxon sans aucun recul.

    //Ceçi dit , ou bien on rejette cet effort au risque de devenir un pays économiquement en retrait et replié sur soi même par rapport au reste du monde

    - >Vous vous trompez : personne ne veut empêcher quelqu’un d’apprendre l’anglais. Il s’agit juste d’arrêter de faire croire aux gens que sa maîtrise est devenue la norme, absolument indispensable, au même titre que les maths. Seuls 10% des français utilisent l’anglais pour baragouiner. Par contre il serait utile d’autoriser l’espéranto au primaire, pendant 2 ans, avant d’apprendre d’autres langues. L’anglais sera appris plus vite et mieux, et ça ne pourra pas nuire aux autres langues, malgrès ce que les différents ministres ne cessent de le rappeler.

    //ou bien on se bat pour être, non pas au niveau de ceux dont c’est la langue natale, mais au moins au niveau de celui des autres pays étrangers qui n’ont pas, du fait de leur histoire, les mêmes états d’ames que nous.

    - >On n’a pas à se battre. Ce qui est en jeu, c’est l’égalité entre les peuples. Se battre pour la survie, c’est une valeur anglosaxonne, qui est distillée dans les esprits depuis trop longtemps. Je ne rentrerai pas dans leur jeu. Et se battre toute une vie pour admettre qu’on ne sera jamais à leur niveau...vous savez où ça nous mêne ? http://www.lingvo.org/eo/2/15

    //Nous avons depuis perdu cette situation privilègiée, mais ce n’est pas en refusant l’effort de faire aussi bien que nos voisins et concurrents que nous retrouverons cette position enviable.

    - > Il n’y a pas de concurrents. Le seul enjeu, c’est l’égalité et la démocratie.

    //Si nous voulons regagner cette place, et même ne pas perdre la place de second au profit de l’espagnol par exemple, c’est sur le plan de la puissance économique qu’il faut nous battre et pas seulement de la culture.

    - > Vous n’avez pas compris le problème. Il ne s’agit pas de prendre des parts de marché. Sur le plan de la puissance économique, face à l’anglais et au chinois vous êtes perdant d’avance. L’Europe ne peut être forte que grâce à une langue commune maitrisable par tous.

    //nous n’avons plus guère le choix que d’admettre cette domination linguistique.

    - >Non, on a toujours le choix quand on est libre dans sa tête. Avec votre raisonnement, il n’y aurait pas eu grand monde pour acceuillir De Gaulle en 1940...vous avez des valeurs ? Relisez la Déclaration des droits de l’Homme, vous avez tout faux. Méditez aussi le texte suivant : http://www.langue-francaise.org/Articles_Dossiers/Dos_Charles_Durand_Goteborg.php

    //je ne crois pas que nous resisterons à la prééminence de l’anglais simplement en refusant de l’apprendre.

    - >Personne n’a proposé de refuser d’apprendre l’anglais. Relisez les messages.

    //il y a des multitudes de gens et de peuples qui n’aiment pas les anglo saxons et ce qu’ils representent

    - > C’est pas une fatalité. La situation actuelle n’est pas tenable. Même les anglosaxons en sont les victimes.

    Cordialement

    Wàng


  • skirlet (---.---.10.223) 19 octobre 2005 18:43

    « le rejet très profond que je sens dans vos commentaires est un handicap par rapport aux autres pays du monde »

    Il ne faut pas lier le rejet de l’anglais uniquement aux Français et à leur « rayonnement passé ». En tant que étrangère (en quelque sorte) je constate que ce rejet existe non seulement en France. Mais il existe un autre phénomène, que je n’arrive pas à m’expliquer : chaque pays a ce cliché que je cite ci-dessus : on doit se mettre à l’anglais pour faire comme les autres pays. Autrement dit, chacun s’imagine les autres plus doués, plus motivés à apprendre l’anglais, et en somme on a un effet de foule qui est très utile au British Council smiley Un original vaut toujours plus qu’une copie ; ce n’est pas en imitant les Anglo-saxons que n’importe que pays peut s’affirmer.

    Du point de vue économique : déjà si on arrêtait de verser des sommes énormes à l’Angleterre rien que pour apprendre leur langue, si on consacrait le temps et l’argent ainsi économisé à notre propre développement, ce serait du benef pour nous smiley


  • Wàng (---.---.18.195) 19 octobre 2005 18:59

    Rebonjour Caderange,

    vous savez, nos « concurrents » Irlandais sont très en avance sur nous pour ce qui est de l’apprentissage de l’anglais. smiley Je vous lasse méditer le texte suivant :

    « Est-ce que l’anglais a gagné ? La réponse du diplomate irlandais M. Seán Ó Riain aux personnes croyant sincèrement que l’anglais a gagné, que ’le train est passé’ comme disent beaucoup qui ne sont pas forcément contre l’espéranto mais qui sont sûrs qu’il est déjà trop tard.

    Comme irlandais je pense que même chez nous, où nous sommes en avance sur le reste de l’Europe puisque l’irlandais s’est perdu depuis quatre générations et que tout le monde parle anglais, un grand mouvement poursuit la lutte pour sauver notre langue et n’accepte pas l’idée que l’anglais ait gagné.

    1) Nos langues nationales sont comme nos animaux sauvages, et l’anglais, maintenant la plus forte d’entre toutes, est comme le lion. Accepter que l’anglais domine « parce que c’est comme ça » reviendrait à laisser divaguer les animaux d’un zoo juste parce qu’ils ont cassé leur cage. Ce serait la disparition de nos langues nationales.

    Il serait hypocrite de faire comme si nous n’avions pas compris tout cela et il est bien dommage que les autres animaux (langues) n’aient pas été assez forts pour concurrencer le lion (l’anglais) au marché libre. La mort des animaux (langues) donne raison à la supériorité du lion (l’anglais). Quand il y a, comme maintenant, une très grande différence de force entre les langues, la loi est libératrice et la liberté débridée est opprimante.

    2) L’anglais comme langue internationale ressemble à la première automobile construite en série, le modèle T de Ford - un immense progrès à l’époque -, mais qui, maintenant, voudrait échanger sa nouvelle BMW contre un modèle T Ford ? L’espéranto comme langue internationale (je dis bien internationale, car il est vrai qu’elle ne doit pas servir à un autre usage) est comme le dernier model de BMW, (d’avion, ou de bicyclette... selon vos goût).

    3) L’anglais ressemble à une rose rouge, belle fleur bien aimée. Mais qui apprécierait un jardin plein de roses rouges, et sans aucune autre fleur ? L’usage de l’anglais sans limite dans le monde va nous mener vers un tel jardin pauvre en couleurs linguistiques.

    4) Le français aussi a été « victorieux »il y a un siècle et le latin 2000 ans plutôt, mais que sont-ils devenus ? Malgré la « victoire » de l’anglais, pour faire du commerce en Chine, il faut apprendre le chinois.

    5) Est-ce que tous les parlementaires européens connaissent l’anglais ? Si oui à quoi servent les interprètes ? Et sinon où l’anglais a-t-il « vaincu » ?

    6) En Mongolie un anglophone est peut-être capable de trouver son hôtel mais un espérantiste peut discuter en espéranto de la culture mongole avec des Mongols.

    7) Si quelqu’un essaye de se vanter de ses savoirs en anglais demandez-lui de vous expliquer comment : a- Faire fonctionner un véhicule. b- Faire une omelette aux pommes de terre. Un espérantiste moyen, après quelques mois d’apprentissage de la langue, est capable de vous répondre.

    Seán Ó Riain

    Président de Union Europénne d’Espéranto  »

    Si vous voulez, la prochaine fois, ce sera l’histoire de la grenouille chauffée dans l’huile ! smiley

    Wàng


  • Negravaski (---.---.207.114) 21 octobre 2005 15:03

    A notre époque, cela vaut la peine d’apprendre l’anglais, si on a le temps et l’argent nécessaire à cet effet. Mais il me paraît aberrant de considérer que notre époque est la totalité de la tranche de temps qui nous intéresse. Ceux qui préconisent un effort énorme pour maîtriser l’anglais sont-ils prêts à investir la même énergie, d’ici vingt ans, pour tenter de maîtriser le chinois ? Ce sera peut-être la langue mondiale, vu la rapidité de la progression de la Chine et la situation dangereuse où les Etats-Unis se sont fourrés avec leur endettement public, leur déficit de la balance commerciale, leur taux de misère, leur faible production et les immenses ponctions que fait dans leurs caisses leur politique irakienne. Sans compter que pour le moment, ils s’effondreraient si la Chine ne finançaient pas leur déficit en achetant les bons du Trésor par lequel ils le financent.

    J’ai appris le chinois. J’ai même été traducteur de chinois. C’est une langue intéressante, passionnante, donnant accès à une culture formidable. Mais si vous voulez conquérir cette langue et être capable de discuter par écrit avec vos partenaires, vous devrez faire un investissement en temps et en énergie dont vous n’avez nulle idée.

    Croyez-moi. Votre intérêt, et celui de vos enfants, est de persuader vos autorités respectives, dans tous les pays, de recommander aux citoyens l’étude de l’espéranto. C’est la langue qui a le meilleur rapport rendement / investissement (en temps, en argent, en effort). Et elle est très populaire en Chine (Radio Pékin émet plusieurs fois par jour en espéranto).


  • R. Platteau (---.---.76.54) 27 novembre 2005 18:10

    Et l’Esperanto est la langue de Marjorie Boulton (inter aliaj), ses poèmes dans Contralte par exemple son inoubliables. ceux qui répètent rituellement qu l’Espéranto n’a pas de culture sont des gens qui .... ne l’ont pas apprise, et donc ne savent pas ce dont ils parlent ! (meilleure solution pour parler avec assurance n’est-ce pas ?) qui n’ont pas lu sa littérature originale (ni les innombrables oeuvres - souvent de littératures qui restent inconnues des étrangers.. qui en france a traduit l’estonien Beeckman ? - qu’on peut découvrir en traduction), qui n’ont jamais assisté à un congrès espérantiste ni discuté d’un bout du monde à l’autre bout en Espéranto.


  • krokodilo (---.---.201.29) 17 juillet 2006 19:14

    « Par contre, je ne vois pas bien, sur le plan pratique, comment proposer plusieurs langues à l’apprentissage, sans avoir un corps enseignant pléthorique. Laissons la recherche de la solution à ceux qui en sont responsables. » Vous pointez justement le doigt sur le problème clé : aucun pays ne peut structurellement proposer une large palette de langues sous forme de filières disctinctes. au mieux pourrait-on proposer une initiation à la diversité des langues, des alphabets.
    - Vous parlez « des langues » mais comme toujours pour en venir aux choses sérieuses, à l’anglais. Pourquoi ? l’anglais n’est pas la langue officielle de l’Europe, loin s’en faut.
    - Contrairement à ce que vous affirmez (sans citer de sources), il n’y a pas une seule étude scientifique qui ait prouvé les bienfaits de l’apprentissage précoce des langues étrangères. la seule chose prouvée, c’est la plus grande facilité à l’apprentissage des sons, des phonèmes qui n’existent pas dans sa langue natale.
    - Vous qualifiez l’anglais de langue assez simple, c’est au contraire très difficile, bourré d’idiomes et doté d’une phonétique totalement irrégulière, je me demande même s’il existe au monde un autre exemple d’aberration comparable ? La simplicité de l’anglais est un cliché, terme gentil pour dire propagande !


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