Commentaire de Negravaski
sur Grande découverte : plus tôt on apprend les langues, mieux c'est !


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Negravaski (---.---.110.146) 18 octobre 2005 14:02

Bien sûr, que le sens des mots se précise par le contexte. C’est le cas du lexique de l’espéranto, comme de toutes les langues. Le *Plena Ilustrita Vortaro*, qui est à l’espéranto ce que le Petit Robert est au français (mais il n’a que 1257 pages), ne se borne pas à définir les mots, il donne de nombreux exemples tirés des meilleurs auteurs, ce qui permet vraiment de comprendre le sens du mot. Il faut dire que l’espéranto étant la langue du monde qui a le substrat (comme disent les linguistes) le plus international, il n’y a que l’interaction entre les locuteurs, ainsi que l’usage des principaux écrivains, qui fixent le sens des vocables, lequel peut très bien s’écarter de l’étymologie. Voir à ce sujet mon article « Evolution is proof of life », accessible par http://claudepiron.free.fr/ , article qui malheureusement n’existe qu’en anglais et en allemand.

« Qui pense en espéranto ? » demandez-vous. Personnellement, je pense dans cette langue depuis l’âge de 11 ans. Dès 14 ans j’ai écrit mes premiers poèmes en espéranto, et quand j’ai voulu en traduire en français, je me suis rendu compte que j’avais utilisé bien des mots totalement intraduisibles dans ma langue maternelle (si ce n’est par de longues périphrases qui faisaient perdre tout l’impact de la concision et aplatissaient l’atmosphère poétique des expressions). Je ne prétends pas que ces poèmes aient la moindre valeur, je ne suis pas à même de juger, mais le fait est que l’éditeur viennois de mon unique recueil publié vient d’investir dans une deuxième édition, ce qui indique qu’il y a des gens qui l’achètent. Bon, je vous concède que les bizarres et les masochistes sont légion, mais tout de même, cet homme m’a confié un jour qu’un recueil de poèmes en espéranto (dans cette langue, cela s’appelle *poemaro*) avait en général un tirage supérieur à un ouvrage comparable en français.

Ce qui m’a frappé quand j’étais adolescent, c’est que je me suis rendu compte que je rêvais plus souvent en espéranto qu’en français. Et quand l’idée m’a pris, vers 14-15 ans, de tenir un journal, c’est spontanément en espéranto que je l’ai fait. Il m’a toujours été plus facile d’exprimer mon affectivité, mes émotions, mes sentiments en espéranto que dans ma langue maternelle. J’aime le français, mais je le ressens souvent comme un corset.

Quoi qu’il en soit, votre commentaire montre que vous n’avez pas une idée très exacte de ce qu’est la langue de Zamenhof. C’est tout à fait normal, puisque les médias n’en parlent pratiquement jamais objectivement, l’école non plus, de sorte que le citoyen qui n’est pas mis par hasard en contact avec le milieu espérantophone n’a aucune source d’où il pourrait tirer l’information. Le plus ahurissant, c’est que la majorité des linguistes, eux aussi, ignorent tout de cette langue. Voir (oh là là, je vais me faire détester pour faire trop de pub pour mes textes) mon interview « Idées inexactes répandues parmi les linguistes au sujet de l’espéranto » affichée au site dont j’ai donné l’adresse ci-dessus.


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