Commentaire de Claudec
sur La version de DSK : l'hypothèse d'une machination envisagée


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Claude Courty Claudec 25 septembre 2011 09:41

Les larmes du crocodile

Ses avocats avaient peut être raison de déconseiller à DSK de s’exprimer comme il a jugé opportun de le faire.

En effet, bien que certains aient pu se sentir parfois prêts à pleurer en le regardant et en l’écoutant, le jeux et les arguments étaient décidément aussi forcés que peu convaincants. Son intervention n’a été de ce fait qu’un exercice de repentance de façade mal calculé, s’adressant d’ailleurs, comme il l’a clairement dit, à ses seuls compatriotes ayant vu en lui leur messie. Pour se reconvertir dans le spectacle, comme l’ont fait d’autres politiciens avant lui, il a besoin d’une sérieuse formation, ne serait-ce que pour perdre de son infatuation et de son arrogance.

C’est par contre carrément tous les téléspectateurs qu’il a pris pour des demeurés :

- En affirmant que les 7 chefs d’accusation d’abord prononcés à son encontre par la justice de New York ont été levés fautes de preuves. Ils l’ont tous été parce que ces preuves n’étaient pas étayées au point d’entraîner la conviction de 100% d’un grand jury, ce qui est tout autre chose qu’un non lieu à la française, rendu après jugement ; ce que sait le plus arriéré d’entre nous.

- En évoquant comme il l’a fait les mensonges de Nafissatou Diallo et notamment l’échange téléphonique avec son compagnon détenu, laissant notamment penser que ce serait elle qui l’aurait appelé au téléphone alors qu’il a été établi que c’était le contraire et que ce même compagnon ne pouvait être au courant de ce qui venait de se passer, ce qui change bien des choses.

- En balayant avec morgue les divers rapports d’expertise l’accusant.

- En accusant Nafissatou Diallo de l’attaquer au civil pour faire de l’argent, alors qu’il sait, comme nous tous, qu’aussi bien aux USA qu’en France, c’est le dernier recours d’un plaignant que de demander réparation pécuniaire. Bien sûr cette réparation peut être demandée pour le franc (ou le dollar) symbolique, mais qui – lui mis à part – admettra que Nafissatou Diallo puisse ne pas s’en contenter ?

- En réduisant à la nécessité d’un pauvre hère le déploiement de moyens financiers ahurissants, contrastant singulièrement avec les valeurs qu’il prétend représenter.

En conclusion, une question d’importance demeure à l’issue de la première partie d’une intervention n’ayant rien eu d’une interview : DSK compte-t-il demander à la justice et/ou à la police new-yorkaise, réparation des outrages, dommages et dépenses qu’il dit avoir si injustement subis ? Et sinon, pourquoi ?

La deuxième partie a quant à elle consisté, comme il fallait s’y attendre, en un docte diagnostic d’économie politique ayant visiblement pour but de faire oublier la première tout en positionnant le désormais repenti pour un nouveau départ. Faute de mieux au plan national, DSK se verrait bien en consultant grassement payé, sauveur d’une Europe vouée à la vieillesse et à la faillite. Prendre pour argent comptant les quelques arguments qu’il a assénés, serait oublier un peu vite : que DSK, après avoir inventé les 35 heures avec son amie Martine pour le compte de François Mitterand déclarait, alors qu’il était au FMI, que l’Europe ne travaillait pas assez ; que plutôt que de donner des conseils concernant la Grèce et de reprocher à l’Europe de n’avoir pas pas prévu la faillite de ce pays, il aurait pu nous dire ce qu’il avait lui-même fait en ce sens alors que c’était dans ses attributions de Directeur du FMI ; nous expliquer pourquoi, bien que visionnaire d’une Europe dans 25 ans, il n’a rien vu venir de la crise de 2008, etc.

Quant à ce qui est devenu, par la subtilité et la magie de la communication, "l’affaire Banon« , après n’avoir été qu’un des aspects de »l’affaire DSK", ce dernier s’est apparemment souvenu de l’intérêt des dispositions du code américain lorsqu’il accorde à l’accusé le droit de se taire.

Et ses amis en rajoutent. Ainsi, dans son semblant d’échange avec Christophe Barbier (http://www.youtube.com/watch?v=txgSkvWAVis), Jean-Marie Le Guen, exprimant en cela l’opinion des partisans de DSK aveuglés par leur sectarisme, se donne l’air de conclure en affirmant que la Vérité de DSK est celle du « jugement rendu par la justice américaine ». Le problème est que précisément, la justice américaine n’a pas rendu de jugement. Elle a jeté l’éponge avant, en raison d’une perte de crédibilité de la plaignante, soigneusement attisée par la défense de DSK exploitant sans vergogne des mensonges sans rapport avec les faits.

J-M. Le Guen en reprenant les arguments mensongers de DSK ne fait que mettre en évidence, pour ceux qui ne s’en seraient pas aperçu que ce dernier, non seulement se moque du monde comme déjà souligné, mais a fait, avec son interview truquée, la preuve de son propre manque de crédibilité, autrement en rapport direct avec son affaire que celui de son accusatrice.

DSK est de la sorte un peu plus dévoilé pour ce qu’il est en réalité : un personnage dont la dimension intellectuelle est à la hauteur de sa morale, pour en faire quelqu’un qui se situe bien loin de l’image qu’en ont forgé et que continuent de lui prêter avec obstination ses amis, au demeurant chaque jour moins nombreux.


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