Commentaire de Walid Haïdar
sur Le concept du génome central et la spéciation


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Walid Haïdar 25 octobre 2011 16:20

Vous avez exposé plusieurs fois des éléments de cette hypothèse du génome central, mais je dois vous remercier cette fois-ci pour la lisibilité de votre article. Ce sujet et cette approche sont passionnantes et votre billet du jour est pour tout dire délicieux, et très digeste.


Ca m’a fait penser à un docu que j’ai vu la semaine dernière, à propos de la reconstitution du biotope des abords et environs du mont St Hélène après les dernières explosions.

Plusieurs énigmes et faits intéressants ont été relevés à cette occasion :

Dans un lac où toute forme de vie avait disparu, on a retrouvé quelques années après des truites énormes, mais pas de jeunes spécimens. Par ailleurs, aucune truite n’était présentedans les eaux situées en amont de ce lac : les scientifiques ne comprennent pas...

Plus en rapport avec la choucroute : des salamandres qui sont sensées à l’âge adulte devenir amphibiens, et donc sortir de l’eau « la moitié » du temps, n’en sortaient pas parce qu’il y avait trop peu d’ombre où se réfugier, faute d’une végétation alentour trop maigre. Du coup ces salamandres restaient toute leur vie à l’état pré-adulte, gardant la physionomie adaptée à la situation.

Ceci illustrerait l’idée que l’entité qui formule la réponse phénotypique est suffisamment plastique pour s’adapter à la situation. Mais cette plastique est-elle propre à la salamandre ou plus universelle que ça ? Dans le cadre du génome central, comment interprétez-vous cet exemple ? Dans le cadre de gène central, on cite souvent l’exemple du génôme du riz par exemple, dont l’incroyable richesse génétique constituerait une sorte de banque de donnée permettant de s’adapter avec une bonne finesse aux variations environnementales : non pas forcément à des variations amples, mais à beaucoup de petites variations. Comment interpréteriez-vous ce stock gigantesque de données dont à chaque période seule une infime partie semble utilisée ?

Le fait qu’une partie des salamandres passaient tout de même au stade de vrai adulte et allaient galérer dehors malgré les dures conditions pose la question :
la réponse de la salamandre est-elle la conséquence d’un programme spécifique à ce genre de situation et codé par un gène précis dont certaines salamandres sont dotées mais pas toutes ?
Ou est-ce plutôt la résultante d’un package génétique complexe, instable, et doté d’une sensibilité au monde d’ordre chaotique, qui justement dans une telle situation critique réagit de façon « aléatoire » (au sens chaotique du terme) ?

Dernière question : envisagez-vous que la plasticité du génome soit elle-même relative, et qu’en conséquence elle soit propre à chaque espèce, dont l’évolution propre aurait forgé le caractère résiliant/intégrateur/évolutiste de son génome ?

Merci encore pour l’article.

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