Commentaire de easy
sur Intouchables


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easy easy 28 novembre 2011 11:49

«  »«  Ca y est les valides ont enfin réalisé que les handicapés existent ! Ca y est nos yeux se sont ouverts ! On les aime nos handicapés ! »«  »

Ici, vous affirmez carrément qu’on en est arrivé à penser cela.
Vous manipulez. Dans votre seul intérêt.

Ce que les gens qui ont vu le film disent c’est qu’ils ont été touchés. Point.
(Et en filigrane, qu’ils ne regrettent donc pas d’avoir déposé 10€ sur cette entreprise filmique)

Etre touché par un film ou un livre c’est quoi ?
C’est très variable selon les individus mais si l’on devait dessiner l’individu touché type, ce serait quelqu’un qui, dans ce film par exemple, se serait senti aussi bien dans un des personnages que dans l’autre.

Etre touché par Jean Valjean aidant Cosette c’est se voir aussi bien Lui que Elle.
En gros, dans tous les films, les spectateurs glissent de la peau d’un personnage à celui d’un autre en procédant in petto d’un jeu de jugements, en préférant tout de même plus une peau qu’une autre, selon comment ça se termine (Les héros qui finissent dans d’atroces souffrances nous posent des problèmes de projection. On peut commencer par préférer la peau de Braveheart, mais à la fin, quand il est torturé, préférer en sortir au plus vite. Idem avec Jesus).

C’est lorsque du ressenti vécu en live on passe au discours que, n’osant que les boulevards rhétoriques bien marqués, on en vient à simplifier ce ressenti en « position multiple » pour le réduire à un ressenti en « position unique » .
En l’occurrence, pour Intouchables, le boulevard rhétorique et psychologique consiste à cancaner depuis la seule position allant de soi, la plus commune, celle du valide.


Cette réduction à une seule projection, celle du valide, résulte, avant qu’elle ne soit pondue en discours, d’un combat intérieur. Et ce combat intime, en zone limite de l’inconscient, va à débattre de sa propre position sociale : Suis-je vraiment valide ? Ne suis-je pas handicapé quelque part ? Et là, face à ce débat in petto, certains jouent la lucidité, d’autres le déni.
Ceux qui procèdent du déni de leur ruine pondent alors un discours pour l’acter et c’est ce discours -très ordinaire- qui réduit les considérations à une seule projection possible.


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