Commentaire de
sur Comment faire en cas de pandémie de grippe aviaire : explications
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Québec se prépare au pire
17 octobre 2005 JdeM Par Caroline Roy -Le Journal de Montréal
Le ministère de la Santé du Québec planche sur un plan de mesures d’urgence pour répondre à l’éventuelle pandémie de grippe aviaire. La fermeture de lieux de rassemblement et l’aménagement d’hôpitaux temporaires sont des scénarios envisagés. Le plan sera finalisé en décembre. « La menace est réelle. On s’y prépare depuis dix ans. Le contexte actuel fait en sorte que la probabilité est plus forte », explique une porte-parole du ministère de la Santé, Hélène Gingras.
Le ministère a constitué une banque de 9,9 millions de doses d’antiviraux, déjà entreposées en sol québécois dans des lieux sécuritaires et tenus confidentiels. Il vise l’obtention de 11 millions de doses, à un coût unitaire de 2,50 $.
« Ces antiviraux pourraient être administrés en prévention, pour retarder la propagation du virus, ou en traitement. Cela, en complément aux vaccins, pour lesquels il faudra prévoir des délais de fabrication de quatre à six mois », dit Hélène Gingras.
Scénarios de crise Concernant la sécurité civile, différents scénarios sont à l’étude afin de limiter la propagation du virus et d’éviter la panique au sein de la population.
On pense à limiter les déplacements en transport en commun, à fermer des écoles et des lieux de rassemblement. Un volet psychosocial est aussi prévu pour soutenir les familles qui auront à vivre un deuil.
Le ministère de la Santé procède à l’inventaire d’anciens hôpitaux et d’étages d’établissements de santé non utilisés afin de voir s’ils pourraient être rapidement aménagés en hôpitaux non traditionnels.
La capacité du réseau de la santé serait mise à rude épreuve. « Il faudra donner les soins aux nombreuses personnes touchées par le virus, tout en maintenant les services dans le réseau de la santé. Quelles décisions prendra-t-on ? Des experts se penchent aussi sur ces questions », dit Mme Gingras.
La planète sur un pied d’alerte Les autorités roumaines procédaient hier à l’abattage sélectif de 12 000 oiseaux dans la région du delta du Danube afin d’empêcher la propagation de la grippe aviaire, qui a tué des milliers de volailles et contaminé 117 personnes en Asie.
En réalité, c’est toute la population mondiale qui est sur un pied d’alerte. Le virus de l’influenza aviaire H5N1 est aujourd’hui aux portes de l’Europe, transporté, croit-on, par des oiseaux migrateurs.
Selon les spécialistes, il ne s’agit pas de savoir s’il y aura une pandémie de grippe aviaire, mais quand elle va se produire.
« Le problème, c’est quand le virus va devenir transmissible d’humain à humain. La propagation de la grippe aviaire est très rapide et c’est plus contagieux que le SRAS », dit Karl Weiss, microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Le virus H5N1 est plus inquiétant, car plus virulent. Il tue davantage les oiseaux, mais ne se transmet pas efficacement d’humain à humain. Les cas répertoriés jusqu’ici découlaient d’un contact direct avec la volaille contaminée.
Aucun vaccin Actuellement, il n’y pas de vaccin offrant une protection contre le virus H5N1. Le Canada a une réserve de 14 millions de doses d’antiviraux pouvant servir au traitement de la grippe aviaire.
Pour le Dr Weiss, ce n’est pas suffisant. « On n’a pas 14 millions de traitements. On a 14 millions de doses. Nous avons besoin de 10 doses pour effectuer un traitement chez une personne », dit-il.
L’Organisation mondiale de la santé prévient qu’une pandémie de grippe aviaire serait catastrophique au niveau économique. Elle pourrait provoquer un krach financier comparable à la Grande Dépression des années 1930, selon des analystes financiers canadiens. Avec la collaboration de Johanne Roy (Le Journal de Québec) et de l’Associated Press.