Commentaire de Richard Schneider
sur François Bayrou peut-il bénéficier de la peur du retour de Claude Allègre


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Richard Schneider Richard Schneider 10 décembre 2011 16:56

L’auteur met en exergue la difficulté qu’a la Gauche avec l’école républicaine.

Avec l’appui de la plupart des syndicats enseignants, elle a favorisé l’éducation de masse. Mais elle s’est aperçue que cette massification a entraîné une baisse sensible des niveaux ; pour y remédier, elle a pensé qu’il suffisait de changer de fond en comble la pédagogie traditionnelle. (Ce n’était pas une idée si idiote que ça : en son temps Célestin Freinet a déjà donné un grand coup de pied dans la fourmillière.)
 Malheureusement le « pédagogisme » de Meirieu et les coups du boutoir d’Allègre n’ont en rien réglé les problèmes. Au contraire. Les 80% de bacheliers, idée chère déjà à Chevènement, n’ont été atteints que grâce à une baisse sensible du niveau scolaire desdits bacheliers : en Fac, pour les étudiants de 1ère année, il a fallu, dans toutes les disciplines, instaurer des cours de français - à Lyon, Strasbourg (en Histoire), à Metz etc ... 
Aujourd’hui, l’agrégé Peillon et l’éternel étudiant, mais déjà vieux cacique du PS, Bruno Juillard remettent sur la table le statut des enseignants. Non seulement, ils souhaitent porter les horaires à 35 heures de présence sur les lieux de travail, une idée de S. Royal en 2007, mais aussi changer les missions du professeur. Ce dernier ne sera plus chargé prioritairement de transmettre un savoir, il devra aussi assumer un nouveau rôle, celui d’animateur d’activités et de loisirs des élèves. Outre un diplôme d’aptitude à l’enseignement, il devra donc aussi passer un BAFA pour mener à bien sa nouvelle mission.
Comme ces messieurs ne peuvent exiger qu’un agrégé ait même service qu’un autre diplômé, ils cherchent à vider de leur substance tout ce qui pourrait ressembler à une sorte d’élitisme : fin des Grandes Écoles, fin des agrégés dans les Collèges et les Lycées. Sur ce point, l’auteur a raison : les idées du PS en matière d’éducation ne sont pas très éloignés de celles de l’UMP.
En fait, désespérément, « on » cherche à copier le fameux modèle finlandais ... Qui est inapplicable en France - ce point mériterait une article entier.
Bayrou n’a pas laissé un souvenir impérissable à la tête de l’EN (révision de la loi Falloux pour favoriser le privé) ; de plus il n’est pas très clair quant à la future école républicaine. Pourra-t-il augmenter correctement le salaire des enseignants afin de les mettre au niveau des pays européens ? Quels seront les axes prioritaires de la mission des maîtres du primaire - le primaire d’ailleurs le seul point positif dans les propositions du PS. Quel sorte de collège souhaité etc ... Quand Bayrou affirme sue :« Rien ne serait plus dangereux, que de céder à la pente et de constamment baisser les exigences. » « Il faut, rétablir l’exigence de chaque niveau : ce n’est pas si difficile, si l’on se garde d’être trop abstrait », semble-t-il", on ne voit pas trop ce que ces deux phrases veulent dire ; personne, ni à l’UMP, ni au PS ne parle d’abaisser les exigences ! Mais wait and see ... Peut-être donnera-t-il des précisions sur le sujet plus tard dans la campagne ... J’espère qu’il n’a pas l’intention d’introduire à l’école l’idéologie de la compétence, nouveau projet de Chatel - idéologie que même Meirieu récuse : 
 
La politique ultra-libérale menée depuis 2007 a cherché à étouffer l’EN (comme les autres grands services publics de notre pays). Hollande promet la création de 60 000 postes - afin de réparer les dégâts énormes causés par une RGPP appliquée aveuglément. Promesse qui sera difficile à tenir. D’ailleurs, les syndicats n’en demandent pas tant !
Là où l’auteur a, semble-t-il, raison, c’est qu’il pointe le scepticisme, mêlé d’un peu de fatalisme, du corps enseignant concernant le projet du PS. Au jour d’aujourd’hui, il vote encore assez majoritairement à gauche ; mais si le Béarnais précise certaines de ses propositions, rappelons-nous du très bon score qu’il a fait chez les profs en 2007.

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