Commentaire de Tristan Valmour
sur Journées du refus de l'échec scolaire ou Cachez ces notes ou ces maîtres, que l'on ne saurait voir


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Tristan Valmour 13 janvier 2012 11:51

S’il y a dans cet article quelques réflexions fondées, d’autres le sont moins.

Par exemple, rares sont les évaluations capables de mesurer ce qu’elles prétendent évaluer. Un test, quel qu’il soit, mesure avant tout les compétences textuelles, et la capacité à réussir le test en question. D’autre part, en évaluant, on cherche moins à s’assurer la maîtrise de compétences ou connaissances qu’à éliminer un candidat. Si on cherchait à ce qu’un candidat démontre son savoir, pourquoi limiter la durée des tests ? Les cerveaux qui sont lents parce qu’ils intègrent les données à d’autres plus profondes pour obtenir un compréhension globale du sujet en sont pour leurs frais. Il faut au contraire sortir du système de l’évaluation-sanction qui n’apporte rien aux élèves et ne reflète nullement leur niveau. Combien d’élèves répondent mal à un test alors qu’ils ont la bonne réponse mais ne la livrent pas, soupçonnant un piège ? Combien d’élèves arrivent fatigués au test et le réussiraient s’il était fixé à une heure plus propice ? Bref, la capacité à réussir un test dépend certes de la maîtrise du sujet, mais surtout de la capacité à lire et comprendre ce qu’on nous demande, et des aléas biologiques et psychologiques.

Un test en temps limité ne mesure pas les connaissances ou compétences, mais la mémoire de travail !!!

Les tests sont donc bâtis pour éliminer, pas pour aider à progresser ni même pour mesurer les compétences ou autres connaissances.

Enfin, vous méconnaissez totalement les travaux des psychologues spécialisés en motivation. Que démontrent ces travaux ?
-  les bons étudiants qui travaillent pour la note se découragent davantage que les autres lorsque arrive une mauvaise note, et peuvent plus facilement sombrer dans la dépression. Habitués à la compétition, ce sont les êtres les plus fragiles lorsqu’ils se sentent déstabilisés, et adoptent plus que d’autres des comportements à risques. Bref, ils sur réagissent.
-  Les mauvais étudiants qui travaillent pour la note ne sont absolument pas stimulés par une bonne note, sauf si ces dernières se répètent ; ils se sont habitués à leur image dégradée d’eux-mêmes.
-  Etudier pour la note, c’est voir les études comme un moyen de se faire évaluer par une force supérieure à soi. Etudier devient donc une sanction, non pas un moyen de se développer, de parvenir à un autre soi-même, supérieur. Ceux qui prennent le plus de plaisir à étudier sont les adultes qui étudient pour eux-mêmes, pas pour la note. Et ce sont les meilleurs étudiants.
-  On est motivé lorsqu’on réussit à faire quelque chose d’un niveau un peu plus supérieur à son niveau actuel, pas lorsqu’on réussit quelque chose de trop facile, ni lorsqu’on échoue.

Voilà des vérités scientifiques obtenues lors d’études longitudinales sur une population de plusieurs milliers d’élèves de toutes sortes. Voilà des vérités scientifiques obtenues en confrontant des groupes de contrôles à des groupes tests.

On en fait ce qu’on veut et pourra préférer lire dans le marc du café. Après tout, l’astrologie fait fureur, comme les tests de personnalité dans Biba.


Voir ce commentaire dans son contexte