Commentaire de Wàng
sur Friedman vs Keynes


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Wàng 6 février 2012 18:25

D’accord, avec la liberté à contractualiser librement les relations d’échange service/argent pour tous ceux qui ne créent pas leur propre activité économique, et vu sous cet angle de contrat on peut estimer que leur création consiste à vendre leur savoir/service, c’est ça ?

En fait, la caractéristique d’un acte créateur de valeur, c’est l’échange libre. Pour un économiste néo-classique, l’échange est neutre, car ce qui est échangé a la même valeur nominale (baguette de 3,30 francs contre 3,30 francs). L’échange libre est pourtant créateur de valeur subjective, c’est une proposition qui est toujours vraie, car dans le cas contraire, les protagonistes n’échangeraient pas. On préfère ce qu’on peut obtenir par l’échange, cela procure une satisfaction supplémentaire. Comme le temps est un bien rare et qu’on ne peut pas tout faire, pour arriver à leurs fins (qui ne sont pas quantifiables : ça peut être l’avidité, mais aussi la famille, la spiritualité, l’art, l’amitié, la contemplation), les individus ont intérêt à se spécialiser dans le domaine où ils sont relativement le plus doué, on peut le démontrer facilement.

Refuser l’a priorisme méthodologique autrichien conduit à une conception mécanique et matérialiste de l’économie, qui devient alors formelle et déconnectée des réalités humaines.

Chacun, d’accord, est respectable dans ses aspirations, ses compétences, etc. Mais que devient celui qui, un jour, suite à un accident, est privé d’un bras, d’une jambe indispensables à l’exercice de ses aspirations, voire se retrouve tétraplégique ou souffre de dysfonctionnements psychiques tels qu’il ne peut pas participer de ce mouvement créatif ? Doit-il s’en remettre à la charité individuelle, c’est-à-dire être dépossédé de droits neutres au sens où ils sont les mêmes pour tous, basiquement vivre et prospérer, dépossédé parce qu’il devra oeuvrer à plaire à cette charité individuelle, à ce choix charitable (ou pas) ?

Je comprends pas trop la question : personne n’est dépossédé de ses droits. Le droit à la vie n’est pas un droit positif sur autrui, sur la nature ou sur la société, c’est le droit d’être protégé contre des agresseurs. Les gens font ce qu’ils veulent avec ce qui leur appartient, ils peuvent en jouir, l’échanger librement, en faire don. Les structures spontanées, les associations caritatives, les religions, les corps intermédiaires, les familles, les entreprises (comme les assurances) existent toujours. En tant que libéral classique et non anarchiste, je ne suis pas dogmatique, il est évident que la priorité en France n’est pas du tout de couper les aide pour ceux qui ne sont pas capable de « participer à un mouvement créatif ».

Et lorsque les erreurs sont des fautes avec des conséquences en chaîne sur d’autres droits à la vie et à la liberté des diverses aspirations, qui assume et jusqu’à quel point ?

Je suis pas juriste. smiley Assumer veut dire prendre sur soi les conséquences de ses décisions (je peux investir et perdre mon capital), et réparer les torts causés à autrui. Parfois il y a effectivement des conséquences en chaîne, d’ailleurs les juges ont inventé certains principes pour répondre à des problèmes spécifiques, comme le principe de prescription. Il faudrait que vous précisiez à quoi vous pensez.

Le droit du premier occupant de la forêt amazonienne est-il le droit premier ? Son économie, ses aspirations, son organisation de production et de consommation priment donc sur le nouvel arrivé exploitant le bois à échelle industrielle ?

En fait c’est pas sûr. smiley Pascal Salin pense que oui, en fait, il n’est pas certain que des peuples nomades de chasseurs cueilleurs aient des droits de propriété sur leur territoire de chasse. Sur leur tente, leurs outils et leurs habitats provisoires, oui. S’ils ont des maisons et qu’ils cultivent des champs, oui. Si vous prenez les coboilles aux Etats-Unis durant la conquête de l’ouest, c’est différent : le bien rare n’était pas l’espace, celui-ci paraissait infini, mais le bétail. Donc ce dernier était marqué au fer rouge, ce qui signifie que les coboilles ont pensé que ça valait le coup de définir un droit de propriété sur le bétail mais pas sur la terre. Quand le fil barbelé a été inventé à la fin du XIXème siècle et que la population s’accroissait, le coût de définition d’un droit de propriété sur la terre a paru acceptable et on a délimité des clôtures. Mais tout ça s’est fait de façon spontannée !

Il y a toujours un arbitrage qui se fait entre la nécessité d’une information, et le coût nécessaire pour l’obtenir, c’est pour ça qu’une réglementation étatique a posteriori est toujours arbitraire et obsolète, en plus d’être un gaspillage de ressources.

Pour en revenir à la forêt amazonienne, le drame comme je l’ai dit est que les entreprises qui l’exploitent ne sont pas vraiment propriétaires. Je vais revenir aussi sur un autre point : imaginons qu’il y ait conflit d’intérêt entre un projet d’intérêt national et des propriétaires (par exemple : les habitants de la forêt et un barrage électrique). Dans le cas actuel, on ferait un calcul coût bénéfice et on exproprierait les gens contre compensation, en disant que l’intérêt général a prévalu, ce qui est inconcevable pour un autrichien. Il est strictement impossible de connaitre les préférences individuelles et de dire que l’une (le barrage) compense le désagrément causé par l’autre (l’expropriation), tout simplement parce que ce n’est pas une relation d’échange libre, mais une relation contrainte. Les habitants de la forêt peuvent parfaitement accepter une indemnisation ou autre chose, ou bien refuser s’ils estiment que la valeur de leur habitat dépasse tout ce qu’ils peuvent recevoir en échange, dans ce cas le barrage ne se fera pas ; c’est la seule vision en cohérence avec le Droit.

Qui va déterminer ce qui relève du droit à la santé et du droit à l’éducation, les deux fondements offrant à chacun, dans la perspective libérale, le droit de vivre tel qu’en lui-même ?

Le droit à la santé ou à l’éducation ne sont pas du tout les fondements du droits, ce sont des droits positifs, des droits créances (droits sur la société). Un droit créance implique un empiètement sur les droits des autres.

Ce qu’on peut dire, déjà, c’est que ce n’est pas parce que certaines personnes sont pauvres qu’elles doivent être privées de leur liberté de choix. Les monopoles tels que la sécurité sociale ou l’Education nationale sont injustifiables dans tous les cas. Simplement, il faut déjà distinguer, ne pas mélanger ce qui relève de la redistribution ; et le reste (santé, retraite, éducation). Ca peut se faire par exemple via un système de chèque éducation.


Voir ce commentaire dans son contexte