Commentaire de LABRUNE
sur Guerres de civilisations et discours bidons


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Christian Labrune LABRUNE 8 février 2012 18:32

La vertueuse indignation du parti socialiste après l’affaire Guéant me fait doucement rigoler. Non pas que je veuille prendre la défense du ministre : je ne voterai assurément pas pour le candidat de l’UMP, pas plus pour Hollande et encore moins, cela va de soi, pour les populistes des deux bords. Quand on ne peut plus voter, on ne vote pas.

Sur le fond, tout de même, et indépendamment de la question de l’opportunité de cette prise de position du ministre, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. J’aime beaucoup les pyramides, mais j’aurais tout de même préféré vivre dans l’Egypte des Ramsès où la vie était relativement paisible plutôt qu’au milieu des Mayas obsédés par le sang et les sacrifices humains. Je préfère les civilisations héritières du bouddhisme parce que je n’ai jamais pu m’habituer à la représentation complaisante d’un pauvre bougre sanguinolent et crucifié. Lorsque nous parlons des civilisations, aujourd’hui, nous parlons d’un monde déjà disparu dont il ne reste que des vestiges et dont à peine nous pouvons nous dire les héritiers, tant le monde s’est uniformisé. Il n’y aura bientôt plus, du moins pour les citoyens quelque peu instruits, qu’une seule civilisation planétaire. Méritera-t-elle vraiment d’être appelée une civilisation, c’est une autre affaire.

Les grandes religions, avec leurs systèmes de croyances et de représentation du monde auront perduré des siècles mais l’histoire s’est considérablement accélérée. Le communisme, qui avait eu l’ambition d’imposer partout ses valeurs et d’être LA civilisation finale n’aura même pas passé le siècle qui l’a vu naître. Le IIIe Reich, dans sa paranoïa délirante, devait durer mille ans ! Il a fait long feu, Dieu merci. Ces systèmes détestables n’en avaient pas moins la prétention de continuer à exister aussi longtemps qu’il leur aurait été possible, prétendaient même au titre de civilisation supérieure. Faudra-t-il se défendre de les juger ?

Votre point de vue présuppose qu’on devrait respecter les croyances et les préjugés. Mais c’est les hommes qu’il s’agit de respecter, et non pas les systèmes de pensée, encore moins les religions : la tolérance n’implique pas l’assassinat de l’esprit critique. Il y a beaucoup à prendre dans le passé, mais plus encore à rejeter, et la plus extrême liberté de penser s’impose. Vos camarades socialistes qui ont naguère approuvé sottement l’aventure libyenne se retrouvent maintenant coincés dans la même impasse que la droite. Vous ne saviez pas, mais vous auriez dû le savoir, que que ce que vous vouliez, en fin de compte, pour ces populations, c’était la charia. Et vous faites maintenant les innocents : puisque la démocratie exige l’obscurantisme, allons-y pour l’obscurantisme : tout se vaut, n’est-ce pas ? La civilisation islamique du Xe siècle était incontestablement plus avancée et plus brillante que celle de l’Europe chrétienne mais elle ne l’est plus et il deviendrait quand même urgent, maintenant que l’Iran s’apprête à construire des bombes atomiques (pour les ranger sur des étagères ?), de s’en rendre compte. En politique, cela s’appelle le réalisme.


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