Commentaire de BUOT-BOUTTIER
sur Les causes de la délinquance, lettre d'une éducatrice à un éducateur


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BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 23 janvier 2007 19:46

Bonsoir Bénévole, Il est entendu que le fait d’accompagner un jeune dans une démarche de formation ou de recherche d’emploi est un vrai processus d’adaptation à son potentiel, ses ressources, ses souhaits, ses craintes, et la liste est longue. Il ne s’agit en aucun cas de lui « vendre » ou de « plaquer » une formation pour l’insérer dans la « machine société » et faire baisser ainsi les statistiques. Je pense d’autant ce que je précise ici que je suis coach, formée à l’université, ce qui signifie que je pratique le coaching avec toute son éthique, c’est à dire en accompagnant l’autre à accéder lui-même à ses propres ressources. Le coach, ne sait en aucun cas ce qui est bon pour le coaché, il ne possède que l’art du questionnement qui amènera la personne à trouver la réponse qui lui convient.

En ce qui concerne vos propositions, elles sont intéressantes, notamment en ces temps de période électorale, je me permettrai toutefois un bémol. Ces jeunes de quartier vivent de manière trop recluse. Mon expérience de terrain se situe sur un arrondissement de Paris. On ne peut donc pas parler de banlieue éloignée de toute forme de vie. Or, beaucoup des jeunes que nous acconpagnions sortaient très peu de leur quartier. ils pouvaient au pire, accepter de se déplacer dans leur arrondissement mais pas au-delà. Certains faisaient ainsi le choix de leur centre de formation uniquement en fonction de sa proximité géographique. Ces mêmes jeunes qui vont pourtant régulièrement en Thaïlande (toujours dans la même ville). Ainsi, un certain nombre d’entre eux, bien qu’étant nés à Paris, ne connaissent rien de leur ville de naissance et passent le plus clair de leur temps devant la grille de la cité. Pour quelles raisons ? Pas pour des raisons financières mais par un besoin exacerbé de repères. Le quartier, la cité et la grille, c’est leur repère. Le chemin pour se rendre dans cette même ville de Thaïlande, c’est leur repère et la boite de nuit, toujours la même, à laquelle ils se rendent le samedi soir, c’est également leur repère. En dehors de ces lieux qu’ils se sont appropriés, tout est perçu comme inconnu et dangereux. Cela rejoint ce que je disais dans un autre commentaire. Ils parlent bien de deux mondes, le leur avec ces fameux repères et celui des « gaulois », un mon de angoissant et très fantasmé ! Pourquoi préciser tout cela ? Parce que je pense justement que si l’on peut faire ce constat pour des jeunes de quartier de la ville de Paris, alors il me semble important d’avoir en tête que leur principale difficulté est d’aller vers l’extérieur, vers cet « autre monde ». Or, si l’on souhaite s’inscrire dans une plus grande mixité et surtout dans une société plus harmonieuse, alors, le principal du boulot est bien de les aider à aller vers cet extérieur qu’ils craignent tant et non de les maintenir dans cette forme de vie autarcique qui doit être encore bien plus forte en banlieue. L’idée est bien de rassembler les deux morceaux de l’orange pour ne former qu’un seul et même monde, plein de diversité mais unifié. Cordialement. I.B.B.


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