Commentaire de lagabe
sur 1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe
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je dirais pas depuis un siècle mais depuis la fin , de la seconde guerre mondiale
//C:/DOCUME%7E1/GABAIX%7E1/LOCALS%7E1/Temp/msohtml1/01/clip_image001.gif" height="2" width="522">LE samedi 6 avril 1974, l’agronome René Dumont, toujours en vadrouille aux quatre coins de la planète, revient d’Alger. A l’aéroport d’Orly, où il débarque en djellaba, deux hommes l’attendent, Georges Krassovsky et Brice Lalonde. Ils lui expliquent que, Pompidou venant de défuncter subitement et l’élection présidentielle approchant, le mouvement école tout juste naissant a décidé d’y participer et que ses représentants ne voient qu’un seul candidat possible : lui. Dumont demande une nuit de réflexion, au terme de laquelle il accepte.
Certes, il ne fait pas l’unanimité chez les écolos : « L’on sent que M. Dumont est un converti de fraîche date », fait remarquer le précurseur Bernard Charbonneau, dans « La Gueule ouverte » (n° 21). Mais, ayant découvert sur le tard les méfaits du productivisme et de l’agriculture moderne, Dumont a fait son mea culpa et a livré, dans « L’utopie ou la mort », une critique argumentée, écologique, tiers-mondiste du monde comme il va.
Au cours de sa brève campagne, Dumont dénonce « la poursuite absurde de la croissance industrielle » et lance en feu d’artifice une série d’idées nouvelles. Rechercher un type de société à basse consommation d’énergie. Construire de nouvelles villes ne dépassant pas 100 000 habitants (« Au-delà, les inconvénients l’emportent sur les avantages »). Arrêter les industries d’armement. Restreindre « la construction démente de voitures individuelles ». Réduire la durée du travail : « En se contentant du niveau de vie de 1920, avec l’équipement de production dont nous disposons aujourd’hui, il suffirait de travailler quatre heures par jour, de 25 à 40 ans ». Manger moins de viande (« Pourquoi fabriquer des protéines avec les protéines ? C’est absurde »). Supprimer la publicité. Bloquer la croissance de consommation énergétique (« En doublant tous les dix ans, elle nous condamne à recourir à l’énergie nucléaire »). Réduire la croissance de la population dans les pays riches en supprimant les allocations familiales après le deuxième enfant. Diminuer les pouvoirs de l’Etat et des bureaucrates. Décréter la croissance zéro de l’agglomération parisienne. Empêcher la spéculation foncière en municipalisant les sols. Engager partout la plus grande autonomie possible de toutes les entreprises, de toutes les régions, communes, de tous quartiers, villages : « Il est très important que les gens participent aux décisions qui les concernent. » Obtenir, notamment d’EDF, une gestion tripartite : les consommateurs, les ingénieurs et les ouvriers (et les représentants de l’intérêt national). Instaurer une médecine préventive : « 80 % des médicaments sont inutiles ! » Refuser toute centrale nucléaire. Stopper le bétonnage des terres fertiles. « L’écologie implique un changement complet des structures de production. »
Comme on le voit, il y avait à boire et à manger. Pourquoi ce bref rappel historique ? Simplement pour montrer que, il y a trente-huit ans, l’écologie politique était plus radicale, offensive, inventive que celle d’aujourd’hui. Celle qu’incarne Eva Joly, qu’on entend si peu et mal qu’elle a, nous dit « Le Monde » (29/1), « disparu des radars de la présidentielle »...
Jean-Luc Porquet