Commentaire de Pinson
sur A qui appartient Jean Jaurès ?
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...Ce qui est intéressant à mon sens, c’est de se demander à quoi tient cette manie qu’ont les hommes politiques « de droite »- et je rappelle que Sarkozy se réclame expressément de la droite, alors que pendant des décennies sa famille politique n’osait même pas employer le terme - à se chercher systématiquement des références culturelles de gauche.
D’abord parce que des penseurs de « droite » (au sens large), ils n’en connaissent pas. Ils sortent des mêmes lycées, universités et grandes écoles que les autres, où le terrorisme intellectuel de gauche domine sans partage depuis des lustres.
S’ils sont plus ou moins sincérement « de droite », c’est sur un plan strictement économique. Le pouvoir culturel a été abandonné à la pensée de gauche depuis longtemps. C’est en quelque sorte la traduction des théories de Gramsci qui pensait (je simplifie ) que la révolution devait passer d’abord par la conquête des esprits donc par la domination dans le domaine culturel.
D’où l’espèce de Yalta mental qui caractérise nos classes dirigeantes : à la « droite » l’économie, à la gauche le plan culturel, l’évolution des moeurs et des mentalités, le plan « sociétal »,comme on dit aujourd’hui.
Ce qui fait que d’une certaine manière, quel que soit le résultat des élections, la gauche ne perd jamais vraiment puisqu’elle continue à régner sur les cerveaux.
...Bien sûr que Sarko se contrefout de Jaurès, il est même bien possible qu’il sache à peine de qui il s’agit ! Mais citer Jaurès, ça fait « de gôche » donc ça fait généreux, humaniste et tout et tout...
A vrai dire, j’imagine difficilement un de nos hommes politiques (même Le Pen, qui, lui, est effectivement très cultivé et connait bien la pensée « de droite ») dire du haut de la tribune : « comme disait Albert de Mun, ou Taine, ou Maurice Barrès, ou Charles Maurras, ou Antoine de Rivarol, ou Louis de Bonald, ou Julius Evola, ou Céline, ou Bainville,ou Jünger, ou Carl Schmitt,ou Spengler, ou Gentile, ou De Benoist, ou qui vous voulez... » parce que, d’abord, il n’y aurait pas un journaliste sur 1000 et pas un électeur sur 10 000 pour qui un de ces ces noms évoquerait quelque chose et qu’ensuite tous les journalistes (et ceux du Figaro les premiers) se précipiteraient sur leurs encyclopédies pour écrire dès le lendemain matin « vous vous rendez compte, quelle horreur, il a osé citer Untel, ça ne se fait pas et gna gna gna... »
Ce qui me rappelle d’une certaine façon le mot de Leon Daudet (je sais, c’est très vilain, Léon Daudet !) : « un libéral, c’est quelqu’un qui pense que son adversaire a raison ».
PS : On va me dire que Sarko a pondu un bouquin sur Georges Mandel... Vous croyez vraiment qu’il l’a écrit lui-même ?
Re PS : Je me relis... c’est pas très bien dit, tout ça... tant pis, il est tard je vais me coucher avec l’intégrale des discours de Jaurès. Je vais m’endormir très vite...