Commentaire de Christian Labrune
sur De la contradiction de toute pensée de droite


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Christian Labrune Christian Labrune 2 juin 2012 12:09

De quelle « droite » parlez-vous et quelle « gauche » lui opposeriez-vous ? On a l’impression, à vous lire, que ces notions sont parfaitement claires, mais je ne pense même pas qu’il soit possible de s’entendre sur les présupposés.
Logiquement, la droite que vous définissez, et qui ne reconnaît que la force justifiée par une métaphysique ad hoc devrait pouvoir accepter n’importe quel système esclavagiste ; l’hitlérisme, même, devrait lui convenir parfaitement. Or, il s’est trouvé bien des conservateurs républicains pour lutter contre le nazisme et, au lendemain de la guerre, vouloir mettre en oeuvre une politique sociale.
En tout cas la théorie libérale, du moins à ses origines, ne correspondrait guère à la définition que vous donnez de la droite, même si la forme que le libéralisme a prise depuis trente ans tend à renvoyer au oubliettes de l’histoire un principe d’égalité fondateur de l’idéal démocratique ; partant, à faire le jeu des politiques « de droite ».
La gauche autoritaire inspirée par l’eschatologie manichéenne et marxiste de la fin de l’histoire n’a pas produit moins d’horreurs que les autres formes de tyrannie. Au nom de la liberté, de l’égalité et du bonheur des prolétaires à la fin des temps, on a massacré à tour de bras pendant près d’un siècle. Je ne pense pas que vous puissiez prendre la défense du totalitarisme communiste. Et l’expérience a montré par ailleurs que les gouvernements roses en France à la fin du siècle dernier, après l’expérience Maurois, avaient été tout à fait capables, et mieux que la droite (l’anesthésiant idéologique du PS est efficace) de mettre en oeuvre une politique réactionnaire et de brader tous les acquis sociaux en obéissant aux ukases d’un libéralisme économique mondialisé.
Resterait la gauche libertaire, qu’on n’a jamais vue au pouvoir, du moins en France, et ce n’est pas demain que cela risque d’arriver. Elle correspond à une zone intellectuelle très évanescente et changeante. En dehors de ce courant inconsistant, traversé de contradictions et quelque peu naïf, il me semble qu’on peut bien mettre dans le même sac la « gauche » et la « droite ». Qu’on massacre pour de mauvaises raisons ou pour la bonne cause, je ne vois pas trop la différence pour ceux qui crèvent, même si leur opinion n’était pas celle qui convenait à l’air du temps.

 


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