Commentaire de SANDRO
sur Ménage à froid


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Sandro Ferretti SANDRO 16 juin 2012 17:58

Tatata...Maintenant que j’ai récupéré une connexion Internet dans un café brousse tenu par un vieux Jamaïcain appelé Pedro et qui carbure au Super 98 ( ça m’a coûté ma Bvlgari, imprudemment amenée ici à mon poignet, il me reste plus que le tendon), je suis en mesure de nuancer le lyrisme d’Argo, toujours exacerbé sous les latitudes chaudes.
Des peules (je tiens à rassurer mon cher public, essentiellement féminin), j’en ai pas vu l’ombre d’une. Du moins pas la nuit, car le jour, on sort pas.Argo, en revanche, en a attrapé plusieurs au harpon , à la fraîche, l’heure où ça mord le plus. Parfois, il en choppe au noeud coulant, c’est l’avantage d’étre marin.
Moi, je reste fixé sur les blondes.Heureusement, j’ai pu récupére une ukrainienne qui venait pour la Coupe d’Afrique des Nations de 2009 en minibus et qui s’est un peu perdue en chemin. Je l’ai éblouie en luicitant de mémoire plusieurs pages de « la phénoménologie de la perception », de merleau-Ponty.
Les yeux chavirés de bierre, elle m’a avoué qu’avant, ses amants, ivres morts, ne lui parlaient que Pine au Za.
Habituée des frimas de la steppe hostile où seul le loup hululeet le transsibérien fait hurler son métal torturé dans les courbes de la Taîga, la donzelle a pris l’heureuse habitude, par ces chaleurs, de se vêtir très légéèrement. C’est un enchantement pour nos yeux fatigués de vieux privés revenus de tout.
Quand elle quitte notre case gardée par deux mambas verts agressifs et dégénérés, nous restons longtemps hébétés, repus et béats ? Nous sommes comme des moutons et elle, elle est belle, bêle, bêle comme le jour.
Bref, on est train de virer coucou.
Le reste du temps, nous lisons beaucoup, à la bougie. Argo lit Céline et moi Beckett et Pagan, car sous nos airs de joyeux drilles, nous cachons une noirceur assortie à l’ébène qui nous entourre.
Plus le temps passe et moins je pense qu’on la sortira, cette affaire.
Le soir tombe et on a fini notre dernière boutanche de Deutz brut. La p’tite ukrainienne s’est barrée et ne reviendra plus, je le sais.J’l’ai vu passer la douane avec Eddy (Eddy Duane, vous suivez ?)

Mais bon, comme didait Brautigan, « ça m’a laissé songeur un moment, mais pas très longtemps car j’ai aussitôt embarqué pour Babylone ».


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