Commentaire de Kookaburra
sur Petit éloge du polythéisme


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Kookaburra Kookaburra 20 juin 2012 13:54

Débarrassé de la croyance, la moi se trouve dépouillé de tout dogme et rêve d’être lui-même son propre recommencement. L’existence n’est plus vouée à un but qui se trouverait au terme du chemin : l’existence est le chemin même. Sans les dogmes et les croyances qui les avaient fait naître, on retourne à la simple vie. Faute d’espérer une transcendance, on trouvera sa joie dans l’ordinaire, et le signifiant dans ce qui paraissait autrefois insignifiant.

En dépit de la révolte qui a fait se dresser les individus contre les dogmes de toutes obédiences, et du soulagement qu’ils trouvent à s’en être débarrassés, il leur faut, et c’est quand même plus difficile qu’il n’y paraît, se détacher tout à fait de ce que désormais ils exècrent. Ce ne sont pas les dogmes qu’ils regrettent, mais le monde clair et calme que ceux-ci leur ouvraient. Et il faut à présent vivre sans filet d’aucune sorte. Le salut était une illusion, mais le salut offrait aussi un espoir.

La sagesse, qui consiste à tenter d’être heureux malgré le tragique de la vie, au lieu de lui chercher un sens aléatoire, trouvent beaucoup d’acceptation. Cependant, l’Européen, en abandonnant ses croyances, ne les quitte pas tout à fait : il en conserve des fragments, comme l’humanisme de type chrétien, qui se détache de son socle transcendant mais demeure objet de croyance, parce que l’on ne se sépare si vite des référents religieux qui vous en fait vivre pendant des millénaires.


Voir ce commentaire dans son contexte