Commentaire de easy
sur Le baccalauréat : à l'épreuve du temps ?


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easy easy 22 juin 2012 21:59

Concernant l’exact sujet que vous évoquez, je ne puis que vous croire et en prendre acte.

Mais concernant l’école, dans tous les pays du Monde, je trouve qu’elle est fondamentalement problématique.



Les écoles très anciennes des péripatéticiens païens ne versaient pas trop dans l’encadrement ou l’uniformisation (à part pour les mathématiques, l’écriture et, plus largement, la langue). Chaque maître était souvent contesté par le maître qui lui succédait.

Il y avait aussi écoles confessionnelles. A leurs différences de courants près, il n’y était plus question que de conformisme. Dès qu’un élève ou maître sortait des alignements, il se faisait exclure. Leur système n’était pas ambigu puisqu’on n’y entrait que pour s’aligner, pas pour faire l’électron libre.

Mais à partir de 1789, ouh la la, que de paradoxes !
’’Alors maître, que dois-je faire ? Réciter par coeur et répéter comme un âne ou inventer librement mes théories à mon tour puisque nous nous valons tous ?’’
 

Tant que l’école fonctionne dans un système global qui annonce clairement son encadrement de toute chose, l’endoctriment ou bourrage de crâne n’est pas paradoxal, pas de double bind.

C’est quand elle fonctionne dans un système qui ne cesse d’idolâtrer la liberté ou ne serait-ce que la personnalisation, l’originalité, qu’il y a paradoxe voire oxymore.
Même à Saint Cyr où l’on s’adresse à des adultes volontaires pour ne devenir que des robots, des ambiguïtés sont révélées et des profs posent carrément la question « Devez-vous considérer un ordre de tuer au travers de votre éthique personnelle ? » La bonne réponse étant oui.
Paradoxal n’est-ce pas ?

Avec l’école à la Ferry on en est arrivé à des situations que met en évidence « Le cercle des poètes disparus ». L’école, si elle est organisée par le système central et non par des groupuscules, tend à fabriquer du mouton à la chaîne, de l’employé type, du cadre type, tout en ne cessant de dire que l’autonomie cébien



Je vois des tas d’avantages à ce qu’une vis de 8 achetée à Taiwan se monte sans problème sur un écrou de 8 acheté à Lyon. Vive la normalisation. Mais cette normalisation que j’adore pose des millions de problèmes de réduction de la diversité, d’inerties, de pénuries et d’engorgements.

Même sorte de vache partout, même sorte de poulet partout, même sorte d’arbre à papier partout, même sorte de blé partout, Ouille, cette monomanie provoque bien des problèmes, dont la promiscuité intellectuelle (tout le monde a la même panne ou le même DSK au même moment), dont les paniques (tout le monde manque du même sucre, de la même monnaie au même moment) et des effets bélier destructeurs (puisque tout le monde se précipite au même moment vers la même porte de sortie ou la même carotte)



Dans Les oiseaux, Hitchcock propose qu’à un moment donné tous les oiseaux soient saisis de la même frénésie et rien ne peut les en détourner.
Et bien de nos jours, si l’on écartait le cas des quelques sauvages qui subsistent encore et qui refusent l’éducation grande-massique, il n’y a que l’espèce humaine de conditionnée aux mêmes réflexes. Il n’y a que nous, les élèves de Ferry ; pour avoir des dispositions à réagir comme les Oiseaux de ce film.


Ce qu’a fait Anders Breivik relève à mes yeux bien moins d’une attitude singulière, autonome, que d’une attitude d’élève de l’école ferryste.
Un individu en rien préparé à l’uniformisation ou au conformisme reste naturel et il est donc susceptible de faire n’importe quoi, y compris de tuer, pourquoi pas, mais une fois. Une fois seulement car ensuite, en simple logique naturelle, il en déduirait que cépabien et changerait d’optique sans difficulté.

Alors que Breivik n’a absolument pas réagi de son expérience. Aussi bien avant que pendant qu’après son geste, il est resté sur le mode robot auquel nous conditionne l’école. Il est définitivement programmé et indéprogrammable.


On peut trouver des assassins chez les sauvages. Mais pas des serial-killers.
Et on n’y trouve jamais de kamikaze, jamais de terroristes, jamais d’irréductibles. Les sauvages sont tous maléables et changent de position au fil de leurs expériences (d’où la sagesse accordée aux vieux)
Ils sont si maléables qu’ils en viennent parfois, hélas, à accepter l’envoyer leurs gosses à l’Ecole.

Ca me rappelle le cas d’un petit Gitan qui, au second jour d’école, s’était soudain enfui en passant par la fenêtre. Ses parents l’ont compris et n’ont pas insisté
« Ils sont fous ces romains ! »

L’école ne nous dit pas de sérial-tuer. Mais elle nous éduque à la programmation à vie et nous l’acceptons sous la menace et donc dans la peur car notre vie sociale en dépend.


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