Commentaire de Jason
sur La guerre de l'eau


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Jason Jason 6 juillet 2012 16:08

Bonjour, tout baigne.

Trouvé par hasard un petit rapport sur la qualité de l’eau. Mais, chut ! on n’en parle pas sur le petit journal folklorique de Ménetreuil-où-tout-baigne (71470).

Voilà, et à bientôt :

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La qualité de l’eau et l’assainissement en France (rapport)
  
2. Les pesticides

C’est avec les nitrates, l’autre « valeur test » largement connue du grand public : l’eau se charge en pesticides (44(*)). Même si le produit sert à « tuer les fléaux », son efficacité s’est retournée contre lui. Le pesticide évoque la destruction, l’atteinte à la nature. Le mot est à lui seul chargé d’angoisse. Le dossier est par essence émotionnel.

Mais il a aussi un fondement bien réel. La France est le troisième consommateur mondial de pesticides (100.000 tonnes par an, dont 90 % utilisés en agriculture) (45(*)) et la contamination est le signe d’une détérioration de l’eau et de l’environnement dans son ensemble.

Le présent rapport ne peut que confirmer une situation bien connue. Quelques précisions apparaissent cependant nécessaires dans la mesure où sur ce dossier, où les passions se déchaînent (« les pesticides, génocide du XXIème siècle... »), la rigueur n’est pas toujours au rendez-vous.

a) Observation de méthode

Il y a un incontestable effort de mesure des contaminations des eaux par les pesticides. Un effort louable mais pas toujours couronné de succès tant les réseaux d’observation sont complexes. Dans son rapport sur les pesticides dans les eaux -1998-1999- (rapport IFEN Etudes et travaux n° 34), l’IFEN décrit l’enchevêtrement des réseaux, qui comprend un réseau national de bassin, chargé de suivre l’état de la ressource globale, un réseau d’usage, chargé de suivre la ressource utilisée pour les prélèvements destinés à l’eau potable, et des réseaux dédiés, locaux chargés de suivre au plus près les « bouffées de contamination » ou les effets des actions de réduction.

Chaque réseau obéit à sa propre logique et les résultats peuvent ne pas être toujours cohérents. Il a déjà été souligné que les réseaux d’usage donnent une vision optimiste de la situation puisque les captages les plus mauvais sont abandonnés ; mais à l’inverse, les réseaux dédiés ciblés sur les sites à risques et sur les moments à risques (après la pluie au moment où le ruissellement est à son maximum), grossissent les difficultés. La médiatisation donne alors un effet loupe à un problème local.

La comparaison entre sites et entre périodes différentes appelle une grande rigueur scientifique Les nombreuses difficultés et les « pièges » d’interprétation sont évoqués dans une annexe spécifique (46(*)).

Il convient aussi d’observer qu’aucun réseau, si complet soit-il, ne peut prétendre à donner une image parfaitement fidèle des contaminations des eaux aux pesticides. Pour la simple raison qu’une telle représentation n’existe pas.

Il ne peut s’agir d’un bilan exhaustif. Il existe plus de 1.000 molécules utilisées dont moins d’un tiers est recherché dans les eaux. L’IFEN a déterminé des molécules prioritaires, en fonction de leur stabilité, leur dégradation, les quantités épandues et la fréquence d’épandage.

Sur ces critères, certaines molécules n’ont pas été sélectionnées. C’est notamment le cas du chlorate de soude, principal herbicide utilisé par les particuliers, qui se dégrade très vite, ou de l’imidaclopride, substance active du gaucho, insecticide utilisé sur les semences de tournesol, absent des mesures parce qu’on a considéré que le risque était si faible de le trouver dans les eaux qu’il était inutile de le chercher.

Par ailleurs, la plupart des molécules actives se transforment dans le temps, générant des métabolites qui doivent faire l’objet de recherches spécifiques, compliquant encore davantage la tâche de ceux chargés de suivre l’évolution des contaminations. C’est en partie le cas de l’atrazine et de son métabolite (47(*)).

Ces remarques de méthode doivent être gardées en mémoire.

b) Quelques résultats

La contamination des eaux aux pesticides est avérée. L’inquiétude de l’opinion, diffuse, se confirme au vu des analyses, désormais bien connues, sur la contamination des eaux. Il n’y a pas une agence de l’eau qui ne mette en évidence « la contamination importante des eaux par les produits phytosanitaires » (Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse), « l’augmentation de la pollution par les pesticides » (Agence de l’eau Adour Garonne), « les contaminations chroniques à certains pesticides » (Agence de l’eau Loire Bretagne), « la progression de la contamination par les pesticides » (Agence de l’eau Seine Normandie)...

Le constat est donc bien connu. Et, même si l’IFEN n’écrit jamais le mot en raison des difficultés d’établir des comparaisons dans le temps, la dégradation est avérée.

Pour illustrer cette évolution, on se contentera de rappeler certaines mesures tirées des documents qui ont été remis au cours de l’étude, et qui toutes dépassent 10 ug/l, soit 100 fois la norme applicable aux eaux destinées à la production d’eau potable pour l’alimentation humaine.


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