Commentaire de easy
sur De Dien Bien Phu à Occupy Wall Street


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easy easy 23 juillet 2012 14:30

«  »«  » Jusqu’à de Lattre qui s’emporte : « Et dire que c’est pour les hommes d’affaires et leur sale argent que mes soldats se font tuer. »«  »« 

Autre citation du même De Lattre « Que toute la chasse y soit, que cela mitraille, que cela bombarde. Du napalm, du napalm en masse ; je veux que, tout autour, ça grille les Viets » 

 

Je n’ai rien contre le fait d’utiliser Giap ou Bigeard, DBP...pour offrir une perspective inédite. Il y en a qui auront du mal à suivre mais pourquoi pas.


Je ne vous disputerai que votre anti capitalisme.

Le mot en lui-même et originellement, ne contient pas de sens d’objectif ni d’ambition. Il veut seulement dire que l’entreprise matérialiste passe par le seul capital ou se sert essentiellement du capital. A entendre aussi que le capital, quand il est conjugué en isme, peut générer du capital.

Ca montre un moyen, un mécanisme, un système, non une fin.
Le capitalisme est un moyen.

Quelle est la finalité de ceux qui utilisent cet outil ?
Elle est diverse et peut éventuellement tenir en volonté de pouvoir, voire d’hégémonie, elle peut consister à accumuler de l’argent pour le seul plaisir d’avoir de l’argent, mais elle pourrait, rien ne l’interdit, consister en une volonté de créer un autre outil, plus spécialisé et d’en faire partager l’usage (un parc, une piscine, une biblio, un dispensaire, une école, un musée, un concert, d’accès libre pour tous).

Le capitalisme est certes très souvent utilisé comme moyen par des égocentriques (il est apparu à la suite de nos révoltes contre les moyens métaphysiques utilisés par les théologiens égocentriques. Voltaire anti clérical devenu aussi riche que Richelieu le cardinal), il se retrouve donc associé au concept de pouvoir et d’hégémonie.
Mais cette association n’est pas juste et nous conduirait en un rien d’énervement à jeter le bébé avec l’eau du bain.

Le capitalisme a l’énorme défaut d’être un excellent moyen pour certains de s’imposer mais ce serait un erreur que de le jeter au lieu de le purifier.




L’homme le plus riche de France est Bernard Arnault. Il a été l’inventeur de Férinel et on lui doit donc le bétonnage des montagnes et littoraux. Il n’est pas parfait. Mais laissons Férinel de côté et posons que sa fortune tienne aux seuls produits de luxe avec LVMH. En quel endroit serait-il alors directement un écraseur de pauvres, un producteur de miséreux et de misères ?

Il est ambitieux, il utilise le capitalisme comme outil mais pour en faire quoi ?
Certes il fabrique des objets de luxe qui seront achetés par des riches sans aucun scrupule.
Mais pour sa propre part, il a des scrupules et n’apprécierait pas du tout de produire directement des miséreux, des affamés.

Il est évident que quelque part dans la chaîne de fabrication de ses produits, au bout des sous-traitants, il y a des miséreux (par exemple des gens qui doivent subir de très dures conditions pour creuser des mines de diamants ou d’or dont ses orfèvres se servent)
Mais, lui Bernard, ne supporterait pas que ça se produise dans les entreprises dont il a le contrôle direct.

Si l’on considère par exemple un fabricant de piscines en polyester. Il utilise au maximum le capitalisme mais ne parvient pas à autre chose qu’à la fabrication de 100 piscines par an avec 10 ouvriers et il n’a que 2 M€ de fortune. Or très directement dans son usine, sous ses yeux, il condamne ses employés à bosser dans des vapeurs toxiques (il n’améliore éventuellement leur sort que sous la pression des syndicats ou CHSCT)

Bernard Arnault qui a 40 milliards, devrait, selon les mêmes proportions de capital, condamner 200 000 ouvriers à des conditions insalubres. Or ce n’est pas le cas, bien au contraire.
Les gens qui bossent directement pour les marques de luxe, se retrouvent dans de meilleures conditions que la moyenne. Ca aurait pu être les pires conditions mais ce sont en réalité les meilleures.

De son côté, Lakshmi Mittal fait probablement travailler péniblement des gens dans ses propres entreprises, mais pas Bernard Arnault.

Quant à la sensibilité, Bernard Arnault fait partie des meilleurs pianistes amateurs, sa femme, ses enfants font tous de la musique. On pense à l’argent quand on joue Chopin ? On pense à dévorer le monde quand on offre à entendre du Mozart ?


Si nous n’apprenons pas à dire de manière plus précise où se trouve le diable, si nous nous contentons de confondre la hache et le bourreau, nous ne sortirons pas de la pétaudière actuelle.


C’est le capitalisme qui a permis le canal de Suez, de Panama, le train transcontinental et Albert Schweitzer, quand sa pharmacie était vide, arpentait l’Europe pour récolter des fonds.

C’est bien entendu le capitalisme qui a été utilisé pour soumettre l’Indochine puis le Vietnam. Mais si la France a utilisé le capitalisme pour s’enrichir de l’Indochine (pour enrichir ses entreprises privées) le EU ont utilisé le capital uniquement pour faire barrage au communisme et n’ont jamais espéré en tirer quoi que ce fût d’autre. 
Dans les deux cas, ce n’était qu’égocentrique mais il ne faut pas pour autant confondre l’outil capital financier avec les ambitions de ceux qui l’utilisent.

Dénonçons certains capitalistes par leurs manières irrespectueuses et égocentriques mais ne dénonçons pas le capitalisme qui pourrait servir aussi puissamment les petits s’il était employé de meilleure manière.

 
Madame Boucicault, très pauvre au début de sa vie, ainsi que son mari, avait fini à force de travail intelligemment investi, par avoir du capital (capital boule-de-neige). Et bien dès qu’elle a eu de la puissance grâce à cet outil, elle en a fait bénéficier d’abord tout son personnel puis des quidams en créant toutes sortes de dispensaires dont l’hôpital homonyme.
Cognac & Jay pareillement.
Monsieur Odon Valet a fait encore mieux, tout le capital dont il a hérité, il l’a donné et poursuit son métier de prof.




Le capitalisme a clairement ses perversions mais quelle chose n’en a pas ?
Alors, ce capitalisme, on le soigne ou il faut carrément le tuer ?

Je vous rappelle que l’oncle Ho, avant sa déclaration d’indépendance définitive, avait concocté un projet de société incluant sans état d’âme le profit pécuniaire. Il avait envisagé des commerçants comme il y en a plein à Paris (et cela pourtant après avoir fondé le PCF).
C’est uniquement parce que la France est restée sourde et que ses seuls soutiens étaient les communistes soviétiques et chinois qu’il a corrigé sa copie pour ne plus proposer qu’un projet communiste où il n’apparaissait plus aucun profit individuel.

A l’époque, il était impossible de réussir une révolte contre le colonialisme utilisant le capital sans soutien des régimes communistes (qui tiraient leur force de l’ouvriérisme sans aucun avenir individuel, hormis pour les dirigeants, comme toujours)

Cette époque est révolue, le capitalisme méchamment utilisé produit encore des millions de miséreux mais par d’autres biais que le colonialisme du XIX ème siècle. Il faut lutter contre ce fléau mais ce ne sont plus les centralismes staliniens ou maoïstes qui peuvent aider.
Désormais, le mal est infiniment plus diffus et monsieur Bobo comme monsieur Bidochon ont tous deux de mauvaises manières.

Nous sommes tous colonisés par nous-mêmes, par notre consumérisme x 6 milliards
(les problèmes énergétiques, les Fukushima ne sont en rien dûs aux milliardaires mais à la masse populaire devenue énorme.

Ce qui pollue nos océans ce ne sont pas les sacs LVMH ni même les bouteilles de champagne vides mais les pochons à deux balles, les mégots et les canettes de bière que les gueux jettent par milliards. Ce qui défigure les côtes, ce ne sont pas les folies à la Sarah Bernard ou les villas de luxe mais les milliers de barres en béton de 20 étages.

Ce qui pollue Hanoï et Saigon, ce ne sont ni les chaises à porteurs, ni les »boîtes d’allumettes" ni les cylo-pousses ni les 4x4 Mercedes mais les millions de vélomoteurs.

Ce qui a enlaidi Saigon, ce n’était pas son quartier résidentiel français quoique d’un style incongru, mais les millions d’habitats tubes qui se sont construits n’importe comment autour


Ce qui nous pourrit la vie, quel que soit notre pays, ce ne sont pas les bombardements de tomahawks valant des fortunes car ça ne se produit que rarement. C’est la montagne de merdouilles produites par la masse, tels les embouteillages, tel le chômage, telles les meurtres pour une cigarette, telles les fusillades dans les cinémas, telles les bombes artisanales qui nous déchiquètent dans un marché, tels les amoncellements d’ordures. Et ce sera bientôt les flash attacks. S’il n’y a plus de thons si nous mangeons des poulets forcés, ce n’est pas à cause du capitalisme, c’est essentiellement en raison de notre masse totale.


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