Commentaire de Christian Labrune
sur L'islamophobie : une réalité ?


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Christian Labrune Christian Labrune 18 septembre 2012 21:59

@Kaiserman

Est-ce que vous avez jamais lu Voltaire et les encyclopédistes ? Si vous les aviez un peu fréquentés, vous sauriez qu’on ne peut jamais les prendre au premier degré. Ainsi, l’article « Christianisme », dans l’encyclopédie, est un pastiche de toutes la littérature apologétique. C’est la SEULE religion VRAIE et toutes les autres sont fausses. Et l’auteur (Diderot ? Du Marsais ? on ne sait pas) de démolir à tour de bras la religion de « l’imposteur de La Mecque » en reprochant à l’islam des tares qui sont évidemment celles du christianisme. Quelqu’un qui dirait : l’article « christianisme » est une charge contre l’islam serait dans une erreur complète. L’auteur ne se soucie pas du tout de l’islam, mais comme il serait difficile, à cause de la censure, d’être aussi féroce à propos du christianisme, on tape sur l’islam, ce qui ne gêne personne : il n’y a pratiquement pas de musulmans en France. N’oublions pas que le ministres Malesherbes avait été obligé de faire saisir les volumes chez l’imprimeur, mais comme il jouait un double jeu il avait conseillé de les faire transporter chez lui de sorte que ceux qu’il chargeait de la saisie ne puisse pas les trouver.

Voltaire n’a pas plus d’admiration pour l’islam que pour le christianisme. Sa pièce « Mahomet » est un brûlot d’une violence extrême, mais là encore, Voltaire vise surtout, à travers une religion particulière, toutes les religions révélées, particulièrement le christianisme. Les autorités écclésiastiques ne s’y sont pas trompées puisqu’elle l’ont obligé très vite à retirer sa pièce, et certainement pas par respect pour l’islam. Et quand Voltaire, plus tard, fera l’éloge de l’islam, ce sera pour faire enrager les chrétiens. N’oublions pas que le Turc, qui avait failli s’emparer de Vienne à la fin du XVIIe siècle, est encore l’ennemi absolu, au XVIIIe siècle. Se convertir à l’islam, pour un religieux chrétien, c’est presque aussi monstrueux que la conversion inverse pour un musulman. Et Voltaire joue souvent de ce procédé. Par exemple, dans Candide, frère Giroflée, qui est un moine théâtin à qui la vie ne réussit guère envisage, par désespoir, de se faire musulman.

Evitez donc d’essayer de mettre Voltaire dans votre poche. Il est déiste et ennemi juré de toutes les religions révélées. Il n’a d’admiration, au fond, -et toute relative -que pour les religions de la Chine. Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, le chapitre intitulé « catéchisme chinois ». C’est aussi que les Chinois ont fini par persécuter les Jésuites dont il fut le brillant élève et qu’il s’applique à ratatiner avec une voluptueuse férocité.

PS Il n’y a pas si longtemps, on a voulu représenter à Genève « Mahomet » de Voltaire. Les culs bénis de l’islam ont commencé à râler et ont obtenu gain de cause, l’ignoble Ramadan n’y serait pas pour rien (mais je ne me prononcerai pas, c’est trop loin et je n’ai pas de souvenirs assez précis). Que les autorités administratives de la ville aient pu se plier à cette censure sur un texte du XVIIIe siècle, et de Voltaire (! !!) en dit long sur la lâcheté de nos contemporains face à l’islamofascisme et sur leur aspiration à la dhimmitude.


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