Commentaire de ffi
sur Hors du monothéisme, pas d'ostracisme envers la science ?


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ffi ffi 20 novembre 2012 11:37

En fait, je répondais à Gollum, avec qui j’ai déjà discuté.
 
Je ne vais pas contredire Vernant.
Je note qu’il parle de la « nouvelle philosophie grecque », car il y a dans l’ancienne à peu près le contraire (j’ai, chez moi, de Vernant, « Des Dieux et des Hommes », consacrés aux mythes grecs). Les cultes à mystère (ésotérisme) étaient forts répandus chez les grecs.
 
Comme dit Vernant : "Nous avons indiqué les deux traits qui caractérisent la nouvelle pensée grecque dans la philosophie. D’une part le rejet, dans l’explication des phénomènes, du surnaturel et du merveilleux ; d’autre part la rupture avec la logique de l’ambivalence, la recherche, dans le discours, d’une cohérence interne, par une définition rigoureuse des concepts, une nette délimitation des plans du réel, une stricte observance du principe d’identité« 

Nous trouvons indéniablement, en christianisme, toute le seconde partie. Il suffit de s’intéresser à Saint-Thomas d’Aquin pour le constater. Vous pouvez étudier la théologie chrétienne pour voir a quel point les définitions sont rigoureuses, à quel point la recherche de cohérence interne est important (le Dieu trine : une pluralité de personne dans l’unité d’une nature divine, l’universel ; le christ : une pluralité de natures dans l’unité d’une personne). Le christ dit »La vérité vous rendra libre« . Or, sur un fait, il y a une seule vérité. Et donc cela implique donc une stricte observance du principe d’identité.
 
On voit bien que la science post-chrétienne tend à revenir sur ces fondements rationnel évoqués par Vernant...

Prenez, par exemple, dualité onde/corpuscule et le principe d’identité...
Manifestement, la science physique est revenue à une logique de l’ambivalence, n’observant pas le principe d’identité.
 
Je le dis tranquillement, car lors de mes études d’ingénieur, j’ai étudié la quantique, et j’avais trouvé cela intéressant, bien que je ne visses par trop comment l’appliquer. C’est justement en étudiant la théologie et la métaphysique chrétienne que j’ai compris que la quantique était en fait un truc brouillon, précisément parce que les choses n’étaient pas bien définies (Ondes de quoi ?), et que le principe d’identité n’était pas respecté (dualité d’essence).
 
Maintenant, pour votre opinion sur la légende noire de l’église en matière de science, laissez-moi vous dire que c’est fondé sur des approximations. Pour la querelle héliocentrisme/géocentrisme, l’Eglise a toujours prôné l’équivalence des hypothèses (emprunté à Saint-Thomas d’Aquin), c’est-à-dire qu’elle a toujours admis qu’une autre hypothèse que le géocentrisme pouvait très bien expliquer le mouvement apparent des astres. D’ailleurs, il me semble que c’est le Pape qui avait demandé à Galilée de faire une démonstration rigoureuse de l’héliocentrisme, cependant l’opuscule que Galilée livra n’était en rien une démonstration scientifique, mais un pamphlet satirique consistant à ridiculiser les partisans du géocentrisme !

Or la recherche scientifique n’a que faire des pamphlet politiques.
Donc, de mon point de vue, Galilée a donc été condamné avec raison.

C’est justement cette obligation de rigueur dans les démonstrations prônée par l’église qui a permis la révolution scientifique...
 
Quant à l’atomisme, il est bien évident qu’il s’agit d’un postulat, qui existe depuis Démocrite, mais il n’est pas fondé sur des observations directes, seulement sur des interprétations d’observations indirectes. Il est vrai que l’atomisme simplifie les hypothèses, car postuler un milieu continu, ce qui est les cas en mécanique des fluides, si cela donne à peu près les mêmes équations, il faut cependant y ajouter un terme non linéaire (ex : advection, cf dérivée particulaire), ce qui complique tout !
 
D’ailleurs, dans toutes avancées modernes, c’est le modèle du fluide qui s’impose : en physique des plasmas, nous modélisons deux fluides électriques. En physique nucléaire, c’est le modèle de la goutte liquide, le flux des neutrons est lui aussi considéré comme un fluide.
 
D’ailleurs, je dis souvent »ni onde, ni corpuscule, mais fluide".
 
Vous me reprochez d’user d’argument d’autorité ?
Que voulez-vous, je suis passionné de science depuis tout petit, j’en ai fait mes études et je me suis passionné d’histoire des sciences (car il me semblait que pour mieux comprendre la science, il fallait l’étudier dans l’ordre temporel), ce qui m’a obligé à me pencher sur les divers contextes historiques, et donc à m’intéresser aux penseurs chrétiens, et donc à la théologie et la métaphysique et donc à la philosophie.

Par conséquent, de par ce que je connais, il m’apparaît vraiment évident que votre réflexion est insuffisante.

Je vous conseille de lire ceci qui montre bien en quoi la science classique diffère de la science des grecques : il y a en effet quelques conceptions nouvelles entre les deux (par exemple, séparation entre essence et existence).
Précisément, ces nouvelle conceptions d’une très grande importance dans la révolution scientifique.
Or, celles-ci sont directement issues du travail sur la logique effectué par la scolastique.


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