Commentaire de Gollum
sur Hors du monothéisme, pas d'ostracisme envers la science ?


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Gollum Gollum 20 novembre 2012 11:52

Il me semble que c’est précisément le refus de cette fuite en avant dans le symbolisme et le gnosticisme qui permit de canaliser les esprits à l’étude du monde réel ;
 
En cela, l’alchimie s’est toujours fourvoyée.

Pour ce qui est de l’alchimie on ne peut pas savoir si elle s’est fourvoyée ou pas. Pour la bonne raison qu’il ne s’agit pas d’une science mais d’un art. Le savoir faire personnel est donc majeur dans cette optique. De plus elle est élitiste. Seuls réussissent ceux qui ont été « élus » par Dieu. Autrement dit il s’agit d’une minorité. On est très loin de la science occidentale qui est quantitative et qui veut des applications pour tous. Pourtant le christianisme lui a laissé une place de choix puisque le symbolisme alchimique est omniprésent aussi bien au sein des cathédrales gothiques qu’au sein du roman. Albert le Grand s’y est intéressé comme Thomas d’Aquin.

Les études de Marie-Madeleine Davy ont montré que bien au contraire le christianisme du Moyen-Âge accordait une place de choix au symbolisme. On y voyait là le langage suprême et la mode était aux blasons.. Les symboles sont surabondants dans les cathédrales. Toute l’épopée littéraire mythique du Graal est symbolique. Le christianisme s’est lentement désagrégé et fourvoyé quand le symbolisme est tombé en désuétude.


Interpréter des symboles, c’est faire travailler l’imaginaire. 

Non c’est faire travailler l’imaginal. Je renvoie ici à Henry Corbin ou Jung pour bien saisir la différence. La « fantaisie » n’est pas forcément synonyme de fadaise si celle-ci est canalisée.


Or, il est impossible de prouver la validité d’une déduction symbolique.
Donc cela finit toujours en débats stériles et improductifs.


Vous raisonnez bien comme un esprit moderne qui veut du quantitatif, du prouvable et cela sans trop se fatiguer...
 
La science ne doit pas se contenter de symboles, elle doit expérimenter dans le réel.
C’est bien pour cela que le catholicisme, refusant de laisser libre-court aux spéculations symboliques par ses dogmes, a orienté les esprits à une produire une science non vainement spéculative, mais au contraire efficiente


Le catholicisme n’a strictement rien fait. Je partage entièrement l’opinion de Castel là-dessus. Même si lui et moi sommes foncièrement différents quant à nos orientations philosophiques et idéologiques, ici je le rejoins. La façon de penser du christianisme post-moyen-âgeux ne pouvait en aucun cas déboucher sur la science.. Celle-ci s’est d’ailleurs rapidement affranchie du contexte religieux, tout comme le monde religieux s’est méfié de la science très tôt pour des raisons de prééminence idéologique. Il est vrai que le monde chrétien n’était pas hostile aux avancées de connaissances, techniques notamment.. Mais si celles-ci se sont rapidement développées, c’est pour la raison que les occidentaux sont des extravertis pour la très grande majorité.. Autrement dit la science se serait développée même si le christianisme n’avait pas été là. 

 
... reflux de la pensée magique => révolution scientifique.


Non, reflux de la pensée symbolique par extraversion croissante des tempéraments qui n’y comprenaient plus rien et donc croissance progressive du quantitatif par rapport au qualitatif —> science (les grecs qui ne comprenaient plus leur mythologie ont fait pareil)


Les exégètes chrétiens du monde biblique n’ont en effet pas cherché à occulter les antiquités, puisque la vérité ne peut se contredire elle-même. Ce qu’ont découvert de vrais les civilisations antiques a été simplement intégré dans le corpus chrétiens. ................
 

Donc, tu vois bien que la recherche scientifique n’a jamais cessée. Le goût était là, mais encore fallait-il que la société aient suffisamment de prospérité pour assigner des hommes à cette tâche. 


Je n’y vois que recherche progressive du confort et du matérialisme, désolé. L’essentiel, le regard tourné vers l’Absolu qui est la caractéristique même de l’Orient (enfin qui l’était..) n’était déjà plus la priorité.
 
Maintenant, je t’accorde que la science est en assez mauvais état aujourd’hui. Il est sûr que l’atomisme est critiquable. Mais c’est que la science s’est faite happée par le coté quantitatif et que modéliser par des petites boules dures, ça correspond bien à ce paradigme.
 
Cependant, je ne crois pas que le retour à des gnoses, qui confinent à rester dans le symbolisme pur, soit la solution. La science quantitative actuelle aussi se perd dans les symboles, mathématiques, ceux-là. 

On ne reste jamais dans le symbolisme pur. C’est sans intérêt. Il y a toujours des retombées concrètes. L’astrologie n’est pas une science, elle est pourtant efficace. Newton le savait qui l’avait abondamment pratiquée. Le propre d’une connaissance gnostique est qu’elle est trop qualitative pour être industrialisée. La gnose est toujours art. L’élément humain est ici essentiel. Il y a toujours interaction entre l’homme et sa connaissance. La science moderne à l’inverse pourrait presque se passer de l’homme. Elle a quelque chose qui est de l’ordre du mécanique, du robot, où la vie est absente.
 
La science a laissé se dégrader la réflexion purement qualitative (la dualité onde/corpuscule -> c’est ambigu : chaque chose à son essence ; le b.a.b.a de la science, son marche-pied, c’est d’avoir des définitions non-ambigües et c’est ce qui a été précisément l’oeuvre de la scolastique, se livrant aux clarifications et précisions nécessaires à la révolution scientifique).

Et bien là j’y vois au contraire le retour du qualitatif.. ! Une réalité paradoxale voilà le germe de quelque chose que la science classique a en horreur parce que sa maîtrise y est remise en cause.. 

Il en est de même de l’indéterminisme quantique. 

Vous voyez bien qu’au fond vous êtes un matérialiste qui s’ignore. Vous voulez des choses maîtrisables, exactement comme nos scientifiques du XIXème siècle et nos industriels.. Seulement voilà c’est un leurre. On s’aperçoit de plus en plus que les choses sont interdépendantes ce qui valident les visions orientales d’interdépendance du bouddhisme par exemple.. Un monde où les choses sont interdépendantes n’est PLUS maîtrisable. Dès lors la seule attitude raisonnable vis à vis d’un tel état de fait est d’abandonner toute notion de conquête pour lui substituer celle de participation et de communion. C’est le monde taoïste. La pensée taoïste chinoise est la pensée de demain. Sa logique non-aristotélicienne est la logique de demain.


Pour retrouver cette qualité de définition, cela passe évidemment par la métaphysique, mais celle-ci ne peut être gnostique, car il s’agit de contempler le monde externe, pas le monde interne à nous-même. 


Vous êtes un extraverti pur. Donc un occidental. Donc un matérialiste. Votre métaphysique n’est que du matérialisme inversé.
 
Pour moi, c’est clairement l’exotérisme chrétien qui fut porteur de vérité sur le plan des sciences. Mais nous en avons déjà parlé. Je te sais porté à l’ésotérisme. Tu me sais porté à l’exotérisme, car me contempler le nombril m’ennuie.


Je ne me contemple pas le nombril. Vous confondez ici recherche intérieure (le Royaume est à l’intérieur de vous, c’est pourtant de votre maître cette phrase non ?) avec le narcissisme. Narcissisme d’ailleurs aujourd’hui surabondant et fruit de cette extraversion exacerbée.. et oui, le monde intérieur revient ainsi mais sous sa forme la plus basse, comme il se doit du refoulé.. smiley

Quant à la science il suffit de regarder son bilan. On reconnaît un arbre à ses fruits non ? Hors le bilan est désastreux et le mot est faible. Guénon lui avait bien compris que la science est fille du diable et qu’en conséquence ses fruits ne pouvaient qu’être pourris. Force est de constater que sa vision était prophétique.. Là où je me différencie de lui et en accord avec Abellio c’est que l’on peut espérer une mutation de celle-ci, le jour où l’on comprendra le primat du spirituel sur le matériel.

Je ne te convaincrais pas aujourd’hui, mais, qui sait, peut-être un jour ?

Je ne crois pas non. smiley 

Quant à moi je ne cherche à convaincre personne. Cela m’est rigoureusement indifférent. J’expose mon point de vue.. et basta.


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