Commentaire de easy
sur Chronique d'une jeune doctorante en Lettres sans avenir tracé


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easy easy 28 novembre 2012 14:50

 «  »«  » Même si les fonds privés seraient une solution à plusieurs égards, qui investirait dans la recherche littéraire ? «  »«  »

Vous êtes certaine d’avoir correctement conjugué ?


Comme vous me semblez toute surprise de découvrir la réalité, je vous propose une manière de considérer les choses que vous n’avez probablement jamais lue nulle part.
Cette manière n’est en aucun cas la manière. Mais comme c’est une manière inédite, qui sait, elle pourrait pour conduire à voir enfin ce qui se passe.

Je propose de considérer que nous craignons la mort (quand je vois que les bébés n’en ont aucune peur, contrairement aux oursons blancs que j’ai vus dans Un jour sur Terre, je me dis que cette peur nous est inculquée).
Et comme la personne qui nous a initié à cette peur (notre mère, globalement, je veux dire ses avatars compris) s’était interposée entre la mort et nous quand nous étions petits, comme elle s’était interposée entre la mort et nous en utilisant son corps, se seins, ses bras, sa voix, ses mots, comme elle y ajoutera aussi un landeau, une poussette, un siège auto, deux puéricultrices, trois assistantes maternelles, quatre pédiatres....comme elle interposera mille choses entre la mort et nous pour nous préserver, il se pourrait bien que nous passions ensuite notre vie à accumuler à notre tour des choses entre la mort et nous (et d’en fait autant au profit de nos enfants quand nous passons parents)

Si au lieu de consommer, comme on dit, nous ne faisons qu’interposer (entre la mort et nous) alors, tout ce que fait un Parisien est interposition.

En cas, quand vous roulez dans une voiture pour faire 100 bornes sous la pluie, bien qu’il y ait la mort en face de vous dans chaque virage, vous n’y pensez pas trop parce que vous considérer que la voiture et sa transcendance associée) vous isole de la mort (en grande partie parce que vous préféreriez pensez à autre chose).
Soudain, la voiture tombe en panne et vous devez vous ranger sur le bas-côté. Là, vous sortez du rêve et vous voyez soudain la mort beaucoup plus proche. Objectivement, vous seriez plutôt en meilleure sécurité si vous vous éloignez bien du bord que quand vous rouliez mais comme la voiture passe défaillante, comme vous êtes seule, vous ressentez une immédiateté avec la mort (que vous appellerez différemment). Vous ressentez une peur que vous appelerez comme vous voudrez mais qui revient à la peur de la mort.
Surgit un garagiste.
Et bien qu’il répare ou pas, du moment que vous croyez en ses compétences pour rétablir la voiture, vous vous sentez déjà protégée, rassurée, calmée ; la mort s’éloigne.
Vous aurez compris que l’appelle mort quelque chose de plus large que le strict décès. Ce que j’appelle mort c’est mille choses qui nous rapprochent d’elle plutôt qu’elles nous en éloignent. Le chômage, une chute dans l’escalier, un rhume, une fuite de robinet, la perte de nos clefs, une mauvaise note, une mauvaise critique, une insulte, une accusation, tout ça nous donne l’impression d’être plus près de la mort.

Ce n’est pas la présence d’un spécialiste de Socrate, de Cioran ou Trakl qui pourrait vous isoler de la mort en ces circonstances de panne de voiture.


Dans la vie de tous les jours, vous êtes entourée de gens qui interposent des gens et des choses entre eux et la mort.

Si les gens sont très caparaçonnés par ailleurs, s’ils se sentent archi isolés de la mort, votre présence en tant que lettrée ne va pas les embêter, même si vous parlez des sceptiques. Ça pourrait même les distraire comme on se distrait à aller voir des films de guerre où l’on voit des gens face à la mort en toute immédiateté.

Mais les chefs d’entreprise sont des gens qui cherchent à s’isoler de la mort en interposant un gros machin entre elle et eux. Etant entendu que l’argent semble un bon trompe-la-mort. Ils tiennent à embaucher des gens qui leur semblent les protéger idéalement. Soit de façon vraiment physique comme c’est le cas pour un capitaine de voilier qui veut un équipage directement trompe-la-mort dans les tempêtes ; soit de façon plus complexe et indirecte comme c’est le cas pour les financiers qui n’achètent des entreprises-usines en LBO que pour les revendre plus cher 4 ans plus tard, sans avoir jamais vu les employés qui seront évacués.

Je vous suggère de faire quelques exercices relationnels où vous considérerez les choses par ce biais du principe d’interposition. Vous entreverrez probablement ce qu’il vous faut faire pour donner à votre employeur l’impression que vous pouvez lui servir de rempart contre la mort.

(Etant à comprendre qu’il y a deux grandes manières de faire rempart contre la mort, soit en sorte d’archange victorieux, soit en sorte de bouc émissaire ou sacrificiel)


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