Commentaire de heliogabale
sur In Amenas : Ce qui se cache derrière le violent assaut contre la centrale en Algérie


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heliogabale heliogabale 30 janvier 2013 11:52

De très graves erreurs factuelles :

les élections législatives de 1991 n’étaient pas les premières élections libres ; elles avaient été précédées d’élections communales remportées largement par le FIS.

le FIS n’a jamais eu 78,5% des voix : au premier tour, le FIS atteignait 47% des voix. Du fait du type de scrutin (uninominal à deux tours), le FIS avait presque la majorité des sièges dès le premier tour (il leur manquait une vingtaine de sièges et les projections les plus réalistes estimaient qu’ils auraient les deux tiers des sièges à l’issu du second tour). Les généraux ne s’attendaient pas à ça car ils avaient estimé que du fait du découpage électoral (très défavorable au FIS) et du type de scrutin mis en place (suivant les conseils du PS), le FIS n’obtiendrait jamais la majorité des sièges.

Lors de cette élection qui voyait quand même un net recul du FIS par rapport aux municipales de 1990 (un million de voix en moins), l’abstention fut forte (59% de participation et 52% des voix exprimés). Sans compter un certain nombre d’irrégularités à mettre au compte des islamistes...

Certains, notamment le FFS pensaient que ces abstentionnistes constituaient une réserve suffisamment importante pour faire barrage au FIS. D’autres pensaient qu’il fallait mettre fin à la partie en interdisant un parti qui avait maintes fois transgressé la constitution.

Ce qui a provoqué le basculement dans la guerre civile n’est pas tant l’arrêt du processus électoral (le FIS a lancé des grèves générales qui n’ont pas eu le résultat escompté) mais plutôt la répression de l’armée (internement dans les camps du sud, tortures, arrestations arbitraires) qui a pu pousser certains éléments du FIS à « prendre le maquis ». Cependant, un certain nombre de militants (probablement des milliers dont certains revenaient d’Afghanistan) voulaient depuis toujours l’affrontement. Cela induit une autre question : comment un parti qui ne respecte aucun principe démocratique et/ou constitutionnel a pu être autorisé ?

Les généraux algériens n’avaient pas du tout le soutien de l’Occident : F. Mitterrand avait émis de fortes réserves, notamment parce que le président Chadli avait été destitué. Les USA estimaient qu’à moyen-court terme les islamistes du FIS prendraient le pouvoir et qu’il fallait faciliter cette accession avec tous les changements que ça implique. Le tournant fut l’année 1993 : la droite revient au pouvoir en France avec Charles Pasqua à l’intérieur. Les sympathisants du FIS qui avaient trouvé refuge en France ne sont plus les bienvenus. Petit à petit, on commence même à réexporter certaines armes vers l’Algérie (vers 1994-1995). Les Américains se rangent derrière les Français vers 1995-1996.

Au sein du FIS, il y avait une belle bande de charlatans : des mecs qui utilisaient des lasers pour écrire dans le ciel « Allah Akbar » en faisant croire que c’était une intervention divine. Une association de malfaiteurs c’est certain. Financé par l’Arabie Saoudite, c’est certain aussi. Infiltré par les services secrets, c’est tout aussi certain. Il y avait des éléments modérés c’est sûr, mais les élections de 1991 montrait un effritement progressif de cette base. C’était des mecs extrêmement dangereux qui recommandait par exemple de mettre un insigne à toutes les personnes dites déviantes (homosexuels, séropositif...). Eux aussi étaient prêts à sacrifier un certain nombre d’Algériens (je crois 2 millions) pour établir leur ordre...et à importer des cadres soudanais et afghans.

De toute façon, s’ils avaient pris le pouvoir, à l’instar de l’Égypte, ça se serait très mal passé. Une bonne partie de la population algérienne ne pouvait les piffer. La vraie question historique, c’est de savoir pourquoi on a autorisé un tel parti.

Je pense que votre article est très orienté et n’aurait jamais dû passer la modération...


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