Commentaire de Thierry SALADIN
sur Cette langue française qu'on assassine


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Thierry SALADIN Thierry SALADIN 15 mai 2013 20:45

Bonjour Alain Proviste,

Tout d’abord, votre article n’a rien de sophiste, au contraire. Il ne fait donc pas « moi, je sais tout », mais plutôt, « moi, j’ai compris certaines choses que je tente de partager avec qui le voudra bien », ce qui n’est pas la même chose, et vous honore.

Je suis bien évidemment d’accord avec votre analyse et m’attacherai simplement à un point de détail.

Les patois du Sud de la France dont vous parlez, excepté en Roussillon et en Pays basque, sont des parlers locaux dérivant bien de l’occitan. Ce dernier n’étant que la forme littéraire, pour ne pas dire académique, qui a produit la littérature et la brillante civilisation que l’on sait avant que les armées du Roy de France ne viennent y faire un tour au XIIIème siècle. Je peux en parler, je n’ai aucune attache occitane. Vraiment.

Or ces patois disparaissent chaque jour un peu plus avec les cortèges funèbres sur le chemin du souvenir. C’est ainsi, hélas. Merci bien la Troisième République...

À cette époque les élites voulaient avec raison défendre le français, et s’attaquaient aux parlers régionaux. Quelle erreur de cible ! Tout cela au nom du fait que la République française est une et indivisible. Feignant d’oublier qu’elle pouvait aussi être diverse.

Leurs successeurs actuels, eux, sont inféodés à la langue du bizness et avec tout ce qui va avec, et sont bien loin d’arriver à la cheville de ceux qui nous ont donné l’École de Jules Ferry. Ils ne sont bien évidemment pas crédibles, et l’Histoire leur donnera tort. Elle leur donnera tort à une condition, c’est que le génie français se réveille.

Or, la France ne peut être la France sans la grandeur, pour reprendre qui vous savez. Lui, qui avait « une certaine idée de la France » et qui nous a préservé d’être dans le camp des vaincus de la Seconde Guerre mondiale. Il ne faut jamais oublier cela. Jamais. En 1945, nous l’avons échappé belle. Songeons un instant à la vision qu’avait Roosevelt de créer un nouvel état englobant le nord et l’est de la France ainsi que la Belgique francophone.

Pourquoi j’évoque de Gaulle ?

Parce que le combat que nous menons, vous, Alain Proviste, Henry Moreigne, l’auteur de cet article, et tous ceux qui ont les mêmes idées que nous, nous tous donc, ressemble à celui que menaient les gaullistes de la première heure.

Est-ce à dire que les autres Français sont des collabos ? Non, mille fois non. Mais beaucoup croient encore naïvement que la voie officielle (médias, politiques, et opportunistes de tout poil, Alain Minc, Valérie Pécresse, Jean-François Copé et compagnie...) nous mènera vers la victoire, comme beaucoup de nos pères croyaient sincèrement que le maréchal avait passé un accord avec de Gaulle.

Et parmi ceux que je viens de citer, oui, il y a des collabos, conscients ou non conscients, c’est selon, mais cela ne change rien au problème. Ils mènent la France dans le mur, comme d’autres croyaient en la victoire de l’Allemagne.

J’arrête là. Certains vont se déchaîner, mais peu importe, j’ai le cuir épais. Seront-ils des collabos pour autant ? Non. Simplement, ils expliqueront, probablement avec sincérité, comme d’autres avant eux, qu’il faut faire confiance au vainqueur de Verdun. Soixante ans de formatage des esprits, ça laisse des traces.

Continuons donc à nous battre pour défendre la langue française. Et, pour finir, comme Victor Hugo j’ose affirmer que « s’il n’en reste qu’un je serai celui-là ». 

Mais je ne serai pas seul. C’est certain.

 

 


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