Commentaire de jps
sur Bayrou : la politique à la table des grands


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jps (---.---.228.87) 17 février 2007 16:35

François Bayrou s’en prend à sarkozy. Il stigmatise la « dérive des institutions et déclare qu’il n’était pas sérieux de promettre des dizaines de milliards de baisses d’impôts comme le fait sarkozy alors que la France connaît un endettement record. Il déteste »cette république des fiches« . F. Bayrou veut mettre fin à »une habitude française" : celui qui remporte l’élection, possède tous les pouvoirs et en abuse. Il fait la même critique que Ségolène mais ne dit mot pour juguler ce phénomène ? J’approuve ses critiques...mais pour le reste ?!

A mon sens, sa démarche part d’un mauvais constat : l’explosion du vote protestataire de 2002 serait due au ras-le-bol de l’alternance gauche/droite chez les français.. La principale raison de son action actuelle est d’appeler au rassemblement des Français de gauche et de droite. Pourtant, il me semble que chacun d’entre nous devrait avoir de profondes convictions. Fait-il appel à ceux qui n’en ont pas ?

Il a pour difficulté de ne pas parvenir à se démarquer suffisamment des autres candidats. Dire que « la question de l’immigration ne peut se traiter que par le développement » de ces pays dont les émigrés fuient la misère, est un lieu commun. Mais que préconise-t-il ? Jeudi à Aix-en-Provence, il défendait la laïcité comme l’avait fait antérieurement Ségolène (mais pas comme sarkozy car ce dernier est pour le communautarisme y compris religieux). F.Bayrou veut faire inscrire dans la Constitution l’interdiction aux gouvernements de présenter des budgets non-équilibrés. Mais l’inscription dans la Constitution n’apporte aucune garantie : La loi de finances initiales pourra être présentée en équilibre mais les comptes de la nation feront toujours apparaître un déficit (dépassements de crédit).

Pour lutter contre le chômage, F. Bayrou propose une mesure immédiatement applicable : la possibilité pour chaque entreprise de créer deux emplois sans charges.« Permettre de créer deux emplois sans charges revient à créer un effet de seuil dramatique à compter du troisième emploi. A moyen terme, il propose de réfléchir au transfert des charges sociales vers d’autres bases que le travail : une cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (une idée reprise à Ségolène - Le Nouvel Observateur, 5 octobre 2006 : « Faire reposer les cotisations employeurs sur l’ensemble de la richesse produite - la valeur ajoutée »), une hausse de la CSG, la TVA sociale (peut-il expliquer la différence entre une « cotisation sur la valeur ajoutée » et une « TVA sociale » ?), une taxe sur la consommation de carburants fossiles, enfin une taxe sur les mouvements financiers. » (Encore des reprises de propositions de Ségolène : « une taxe de type Tobin ou une taxation écologique sur les émissions de carbone » - Le Monde, 22-23 juin 2006).

Non seulement Bayrou reprend les idées novatrices de Ségolène mais ensuite il a l’outrecuidance de dire que Ségolène n’a pas de programme ?!

Il propose d’alléger les charges sur les heures supplémentaires aux 35h, en exonérant de charges les entreprises qui créent des emplois. (Mais pas pour les travailleurs ? Il s’inspire de sarkozy sans prendre l’intégralité de cette suggestion). C’est un catalogue de propositions piochées à droite et à gauche. Aucun programme structurant.

M. Bayrou est dans la tradition du centre : louvoyer avec un programme indéfinissable, à l’image du poste de Ministre de l’Education, occupé sans grand succès. Le centrisme à la Française s’est toujours acoquiné avec la droite. Sa posture de rassemblement « au-delà des partis » ne saurait nous tromper. Bayrou est un homme qui se dit au centre mais il n’a que des idées de droite,comme le dit J.F. Copé. Ceci n’est guère étonnant car il est listé comme faisant partie de la Trilatérale http://poly-tics.over-blog.com/article-5421115.html . Il a participé aux gouvernements Balladur et Juppé, soutenu Raffarin. Il a toujours été un auxiliaire de la droite de gouvernement, à l’exception de l’année dernière..... Approche des élections oblige !

Il souhaite un gouvernement de coalition nationale, mais avec qui ? Avec l’hémorragie que connaît l’UDF dont le dernier en date est Christian Blanc et Rocard (ainsi que d’autres) ayant refusé l’offre. Ces serait un Président qui n’aurait pas de députés derrière lui, qui cherchera constamment, dans un consensus mou, à concilier la carpe et le lapin. En fait, son seul but est de faire une honnête figuration au premier tour, pour mieux se rallier à sarkozy et monnayer des places. Au second tour Bayrou ira marchander auprès de sarkozy des siéges de députés UDF. Sa candidature est uniquement un positionnement tactique.


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