Commentaire de Christian Labrune
sur Le sens de l'humain


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Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 10:25

« Humanisme immanentiste et humanisme transcendantal »

@Roungalashinga
Je veux bien que vous parliez d’un humanisme immanentiste, mais quand vous parlez d’un humanisme « transcendental », vous utilisez une expression qui n’a pas du tout le sens que vous croyez pouvoir lui donner. A vrai dire, cela n’a aucun sens.

Vous voulez parler d’un humanisme qui trouverait son expression dans un rapport à un dieu qui serait au-delà du monde, qui lui serait « transcendant », qui serait « d’un autre ordre », comme dirait Pascal ; autrement dit, un humanisme qui viserait la réalisation promise à la fin des temps, de la « Cité de Dieu » d’Augustin. Mais le transcendental, surtout depuis Kant, ce n’est pas cela. Ce qui est transcendental, c’est ce qui procède de la connaissance A PRIORI dont la source est la raison pure. Certes, le dieu des philosophes, celui de Descartes, de Spinoza et de Kant, est connu a priori, par la raison, comme sont connues les entités des mathématiques. Cependant, ce n’est pas du tout à ce dieu-là que vous vous référez, mais à celui de la révélation, laquelle procède d’un récit produit en ce monde par des gens de ce monde. Les tables de la loi biblique ne sortent pas de la raison pure de Moïse, le Coran ne sort pas de la raison de Muhammad. Les Prophètes des religions du Livre voient ou entendent Dieu ou ses émissaires dans le monde réel. Voir et entendre, cela met en jeu les sens, et non une raison qui peut certes par la suite s’emparer de ces données, mais n’est jamais à la source. La religion dont vous nous parlez prend donc bien son origine dans un domaine phénoménal qui n’a rien à voir avec ce que la tradition philosophique appelle le transcendental. Et le « mystère » de l’incarnation dans le christianisme, qui fait connaître un Dieu-homme est tout à fait à l’opposé d’une connaissance transcendentale fondée sur les data a priori fournis par la raison. La preuve ontologique d’Anselme, en revanche, est tout à fait, elle, de l’ordre du transcendental.


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