mardi 8 octobre 2013 - par Rounga

Le sens de l’humain

La question de l'humanisme

L'humanisme pose la question de l'être humain, de sa valeur, de sa dignité, et de sa place dans l'univers. Dans le présent article, je considèrerai l’humanisme comme la tentative de répondre à la question suivante : « Qu’est-ce qui fait qu’une vie vaut d’être vécue ? ». En effet, c'est la réponse à cette question qui va déterminer notre comportement à l'égard de deux catégories d'êtres, l'une, dont la vie vaut selon nous d'être vécue, envers qui nous manifestons une considération minimale, et l'autre, que nous nous permettrons d'utiliser, voire de supprimer, selon notre propre commodité. La première catégorie est ce que nous désignons sous le nom d'Humanité, communauté dont la seconde est exclue. Ainsi les animaux dont nous consommons la viande ; ainsi, les esclaves de l'Antiquité qui étaient considérés juridiquement comme des "outils parlant", et sur qui le maître avait droit de vie et de mort ; ainsi les vieillards de cette tribu polynésienne tombés du cocotier, considérés comme trop faibles pour être utiles à la communauté et assommés sur-le-champ ; ainsi le nourrisson spartiate jugé trop chétif ou difforme, qui n’aurait pas pu devenir un soldat utile, précipité dans le gouffre des Apothètes ; ainsi le criminel mené à l'échaffaud ; ainsi, le foetus chez qui l'on a deviné une malformation dont le futur enfant souffrira toute sa vie, et dont les parents préfèrent avorter, de peur d'un handicap trop lourd à supporter. Tous ces exemples, loin d'être exhaustifs, montrent que le sort que nous réservons aux êtres vivants ne dépend que de notre bon vouloir dès lors que nous considérons que leur vie ne vaut pas d'être vécue, en d'autre termes que nous ne les considérons pas comme humains.

Il semble donc important de se poser la question : qu'est-ce qui fait qu'une vie vaut d'être vécue ? Avant de répondre, je ferai une constatation d'ordre général : notre vie, comme toutes les autres, est pleine de souffrances. On ne saurait citer une existence, à part celles qui n'ont pas duré assez longtemps, qui ne présente pas une succession de douleurs, de maladies, d'accidents, de chagrins, de misères, de déceptions. Et pour les plus pessimistes, la somme des joies, des plaisirs et des jouissances d'une vie ne suffit pas à contrebalancer cet accablant constat, puisque ces délices, dont nous jouissons justement lorsque ces souffrances prennent fin (ainsi, les plaisirs de la table qui laissent la faim en sursis), sont à leur tour la cause de nouvelles souffrances. Nous éprouvons en effet de la frustration lorsqu'un plaisir auquel nous étions habitués nous est interdit, ou encore nous souffrons de la mort des personnes auxquelles nous nous étions attachés. Il apparaît donc que la souffrance est omniprésente dans nos destinées, et que le plaisir, qui ne représente que sa cessation provisoire, lui est intimement lié. Cette réflexion amère sur notre condition nous conduit donc à nous demander s'il est possible de trouver seulement une vie qui mérite d'être vécue.

Et pourtant, même en considérant cet accablant constat, nous tenons à la vie. Il existe bien des personnes qui font exception et se donnent la mort, ou désirent se la donner, mais on trouve à l'origine de cette attitude une souffrance jugée insoutenable et irrémédiable, et si celle-ci pouvait être soulagée, la personne reviendrait sur son choix. Il apparaît donc que nous accordons une valeur intrinsèque à notre vie pour ce qu'elle est en elle-même. Je fais l'hypothèse que la reconnaissance de cette valeur vient de notre espoir de prendre le dessus sur la dureté de notre condition. Cette victoire sur la souffrance existentielle, je l'appellerai Salut.

Si nous accordons à notre propre vie une valeur, c'est donc en raison de notre croyance en la possibilité du Salut, et les vies que nous reconnaissons dignes d'être vécues sont les vies que nous jugeons susceptibles de Salut. L'humanisme, dans notre perspective, consiste donc en la manière dont nous considérons le Salut et sa possibilité. Le fait de juger le Salut impossible, qui revient donc à estimer la vie humaine sans valeur et à souhaiter ne jamais avoir été tiré du néant où nous retournerons un jour, est par conséquent un anti-humanisme.

Humanisme immanentiste et humanisme transcendantal

Soit le Salut est accessible à l'Homme par ses propres forces, soit l'Homme est impuissant à l'assurer seul, et a besoin d'une aide extérieure. C'est ce point fondamental qui distingue deux sortes d'humanisme, que j'appellerai humanisme immanentiste pour la première option, et humanisme transcendental pour la seconde. Etant donné que la première option revient à accorder une place centrale à l'Homme, et que la seconde revient à reconnaître à Dieu le rôle primordial, nous pouvons qualifier le premier humanisme d'anthropocentrique, et le second de théocentrique. Ou encore, dans la mesure où ma réflexion se positionne du point de vue occidental, nous pouvons encore désigner ces catégories sous le nom d'humanisme païen et d'humanisme chrétien1. L'humanisme immanentiste, païen, est lié aux idées de grandeur et de force. L'individu qui veut faire son Salut doit développer sa force, qui lui permet d'endurer la souffrance, et vise la grandeur, qui lui donne accès à des jouissances d'un ordre supérieur. Ainsi la somme des plaisirs d'une vie l'emporte sur la somme des souffrances, et l'individu qui s'est ainsi accompli peut quitter l'existence avec la satisfaction d'en avoir bien profité. Le Salut, dans cette perspective, est identifié au Bonheur terrestre2. Le point de vue transcendantal, chrétien, de son côté, affirme que l'être humain a besoin de Dieu pour faire son Salut. Par conséquent, c'est l'humilité et la dévotion qui caractérisent principalement cette approche. L'humilité est la conscience de sa propre incapacité à obtenir par soi-même son Salut, et la dévotion est ce qui permet de s'ouvrir à la divinité salvatrice. Le Salut est, à l'image de Dieu, transcendant, et ne s'accomplit pas en cette vie. C'est après la mort qu'est promise la Félicité suprême.

Il apparaît donc que pour la conception immanentiste, ce qui fait qu'une vie mérite d'être vécue, c'est qu'elle donne la possibilité à l'individu de développer suffisamment sa force et sa grandeur pour mener une existence heureuse. Cela explique que dans cette conception, il est facile de ne pas considérer les faibles, les difformes, les vaincus, les estropiés les pauvres ou les cacochymes comme humains, de les réduire en esclavage ou de les extermination si besoin il y a. De même, l'être humain peut choisir lui-même de mettre fin à ses jours dès qu'il s'aperçoit que la vie devient trop pénible ou trop mesquine, sans espoir d'amélioration.

En ce qui concerne l'humanisme théocentrique, les modalités du Salut dépendent du contenu de la religion qui est censée relier l'homme à Dieu. Un théocentrisme absolu, qui donne à Dieu seul le pouvoir de décider du Salut des êtres, ne donne la qualité d'humain qu'à un certain nombre d'élus. Un théocentrisme de type tribal ne la reconnaît qu'à une ethnie. Le christianisme, tel qu'il s'est constitué, a reconnu à la fois la nécessité de la grâce divine et le mérite humain par les oeuvres, et a établi que tout descendant d'Adam est éligible pour le Salut. L'humanisme chrétien, théocentrisme modéré et universel3, a donc permis de considérer l'Humanité comme l'ensemble de l'espèce humaine, sans restriction d'ethnie, de patrie ou de condition organique. Ainsi émerge la notion de personne humaine, considérée individuellement comme un absolu en soi, à l'image de Dieu, digne de considération car susceptible de faire son Salut par la grâce divine.

Dialectique christianisme/paganisme

L'humanisme chrétien n'a pas supprimé l'humanisme païen, mais l'a intégré. En effet, le christianisme n'interdit pas aux fidèles de développer par eux-mêmes leurs capacités individuelles et de vivre dans un relatif bonheur, mais il leur rappelle qu'un objectif plus élevé est à viser, et que sans lui les réalisations humaines restent vides. Il ne s'agit pas d'une négation des fins humaines temporelles, mais une orientation et une subordination de celles-ci à la finalité spirituelle et éternelle de l'être humain.

La faiblesse de l'humanisme théocentrique est de reposer sur l'invisible et la foi. Sa force est de mettre au centre de toute considération une chose qui dépasse l'Homme, mais qui en même temps lui est accessible. Sa vision de l'Humanité, ainsi centrée sur deux foyers (la personne humaine et Dieu), place celle-ci sur une parabole partant du néant (son origine) vers l'infini (sa destination), permettant ainsi l'émergence d'une histoire linéaire et de l'idée de Progrès. L'humanisme païen résurgent, désireux de rendre à l'Homme la plénitude de sa grandeur déclarée vaine par l'humanisme théocentrique, a eu à surmonter l'obstacle que constituait les acquis du christianisme, qui affirmait que l'Humanité était l'ensemble de l'espèce humaine, et que celle-ci a un destin à accomplir. La solution pour conserver ces acquis sans effectuer un retour à une définition territoriale, ethnique ou religieuse de l'humanité, ainsi qu'à une conception cyclique du temps, a été de recourir à des abstractions.

Nous arrivons donc au drame de l'humanisme païen moderne, qui est de ne plus poser la question de ce qui fait la valeur de la vie. Les Lumières escamotent la question, et donnent à l'Homme qu'ils ont créé, abstrait de toute détermination historico-sociologique, simple monade à la poursuite de ses intérêts, des droits. Cela est censé suffire. Dans tous les courants de la modernité, la personne humaine est effacée par une abstraction, quand elle n'est pas dissoute dans un ensemble collectif qui le dépasse (l'Humanité, l'Etat pour le fascisme, la classe sociale pour le marxisme, la race pour le nazisme). Les accomplissements en vue de la grandeur qui caractérisaient le paganisme antique ne concernent plus l'individu, mais la communauté à laquelle il appartient. Ainsi, la solution au problème de la pénibilité de l'existence (douleur, maladie, travail), ne trouve plus sa solution dans une discipline de vie individuelle ou une espérance religieuse, mais dans le Progrès de l'Humanité. L'existence d'handicapés, de malades, de vieillards agonisant, de miséreux, ne devient supportable que parce que l'espoir existe que les développements de la médecine, de la technologie et de l'économie mettent fin à leurs souffrances. Les déshérités du présent ont simplement la malchance de naître trop tôt, et si leur existence peut être abrégée ou tuée dans l'œuf, sans douleur, on ne fait que leur rendre service, en regrettant cependant leur infortune. Cette perte de vue de la personne humaine dans l'affaire explique sans doute la cécité des idéologies modernes devant les sacrifices humains que celles-ci réclament pour parvenir à leur accomplissement.

Nous voyons donc que les essais historiques d'humanisme anthropocentrique n'ont pas permis d'identifier totalement l'espèce humaine à l'Humanité, et de rendre à chaque personne la dignité qui lui est due, ou alors de manière théorique et abstraite, en opérant une projection dans un futur qui aura, espère-t-on, résolu les principaux problèmes existentiels humains. L'omniscience et l'omnipotence qui étaient les caractéristiques de Dieu sont maintenant les qualités dont on espère voir affublée l'Humanité future. C'est cette dernière qui est le Dieu actuel. 

Conclusion

J'ai exposé plus haut que je reconnais à l'humanisme théocentrique chrétien d'avoir considéré la personne humaine concrète, vivante, dans ses particularités individuelles et dans l'absolu auquel elle aspire. J'ai également montré comment le fait de prendre l'Homme pour centre de toutes choses a conduit à oublier la personne humaine au profit d'abstractions collectives. Selon moi, cette réintégration de la personne humaine au centre des considérations politiques, économiques et philosophiques ne peut se faire qu'en revenant à un humanisme de type théocentrique, universel et modéré comme le fut le christianisme en son temps. Mais comme cela a été le cas pour le paganisme, un retour à ce type d'humanisme ne peut pas être une simple marche arrière. L'humanisme ne saurait être qu'intégral, par conséquent il doit prendre en compte tous les besoins, toute la dignité et toutes les aspirations des humains, et les questions soulevées par les idéologies modernes (le rôle de l'économie dans l'Histoire, la lutte contre l'exploitation capitaliste, le développement technologique, l'importance des échanges culturels, le respect de l'environnement par le refus du gaspillage, la préservation des ressources et la limitation de la pollution) doivent être prises en compte. Il ne s'agit pas de faire table rase d'un passé haï, ou à l'inverse de revenir à un âge d'or mythifié, mais de prendre ce qu'il y a de bon partout où nous pouvons le prendre, et se demander si en chemin nous n'avons pas oublié des choses importantes. C'est cette attitude, humble et courageuse, qui nous libèrera des idéologies qui oublient la personne humaine et s'éloignent de la mission de l'Humanité qui est la mise en place d'un monde où la vie vaille vraiment d'être vécue.

 

1. Les conceptions orientales ne sont pas traitées ici, même s’il serait intéressant de les examiner avec ce prisme. Le bouddhisme, par exemple, se propose de répondre au problème de la souffrance tel que je l’ai exposé dans la première partie de l’article. C’est clairement une doctrine de Salut, et elle est transcendante, le pratiquant ne parvenant à l’Illumination que s’il renonce à son Moi et qu’il accepte de lâcher prise.
 
2. En évoquant ici la grandeur et la force, sans développer davantage, je reste schématique, mais j'englobe toutes les voies envisageables pour rechercher le bonheur terrestre.

 -Le guerrier recherche la grandeur par la gloire, qu'il acquière grâce à la force de son courage et de sa détermination.

-Le riche poursuit la grandeur par l'immensité de sa fortune, qui lui donne accès à des plaisirs charnels divers, et qui lui procure la puissance.

-Le philosophe recherche le Bonheur par la force de sa volonté s'exerçant sur ses passions. La grandeur du philosophe consiste en la victoire de la volonté et de la raison sur la nature.

-L'artiste sublime ses souffrances par la création artistique. A force de technique et de recherche, il parvient à la grandeur par la beauté de ses créations.

-L'athlète souffre pour surpasser ses limites physiques, et devient un objet d'admiration par la puissance et l'agilité que son entraînement lui a donné.

3. Je ne prends donc pas ici en compte les hérésies, du pélagianisme au calvinisme, qui penchent soit du côté de l’humanisme anthropocentrique, soit du théocentrisme absolu.


73 réactions


  • Rounga Roungalashinga 8 octobre 2013 16:32

    Je prie les lecteurs de bien vouloir excuser une faute dans l’article. En écrivant :« réduire en esclavage ou de les extermination » j’ai voulu dire « réduire en esclavage ou à l’extermination » ou « réduire en esclavage ou de les exterminer ». Ma relecture a omis ce mélangeage de pinceaux, dont je demande pardon aux internautes.


    • ecophonie ecophonie 9 octobre 2013 11:36

      Pas bien grave ça.

      Pour en rester au considérations de forme, j’ai bien aimé l’article mais j’ai trouvé l’intro un peu longuette. Heureusement, les avis positifs m’ont poussé à lire jusqu’au bout.


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 11:44

      Ah, j’avais peur que l’article soit au contraire trop court. J’avais préparé de nombreux développements sur les sujets soulevés dans l’article, mais je me suis rendu compte que pour tout dire il aurait fallu faire une série de 5 articles. J’ai donc passé beaucoup de temps à élaguer et à synthétiser pour ne retenir que la trame du sujet, en espérant que la qualité des commentaires me pousserait à écrire ce que j’ai dû supprimer. C’est aussi cela l’intérêt des textes publiés sur le net.


  • Hervé Hum Hervé Hum 8 octobre 2013 23:05

    « Qu’est-ce qui fait qu’une vie vaut d’être vécue ? »

    Le sens qu’on lui donne !

    La vie est donner sens à l’existant. De fait, dès l’instant où vous êtes vivant, donc existé en tant qu’être, la vie vaudra la peine d’être vécu tant que vous lui donnerez sens, peu importe lequel.

    Ce qui fait qu’un esclave, un infirme aura une vie qui vaut la peine d’être vécu si et seulement si, il trouve, se donne sens.

    Ensuite, on peut faire toutes les considérations possibles et imaginables, mais le préalable absolu est de donner sens à la vie. Alors les extrêmes le trouve tout entier soit dans la vie ici, soit dans la vie ailleurs.

    Alors quel est LE sens de l’humain ? La diversité !!!

    Ainsi, quand l’humain détruit sa propre diversité, il se détruit lui même parce que au bout de l’uniformité se trouve le vide existentiel, du sens et donc le néant.


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 09:04

      Vous aurez remarqué que je ne donne pas de réponse précise à la question que je pose. Si la vie a de la valeur, c’est parce que le Salut est possible. C’est le Salut qui donne le sens à la vie, mais chacun conçoit le Salut à sa manière.


    • Hervé Hum Hervé Hum 9 octobre 2013 13:24


      Salut Roungalashinga,

      Dire que « c’est le Salut qui donne sens à la vie, mais chacun conçoit le Salut à sa manière » c’est la même chose que dire « la vie est donner sens à l’existant »..


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 13:59

      Je suppose que oui.


  • alinea Alinea 9 octobre 2013 00:19

    Celui qui vit tient à sa vie ; c’est l’instinct de vie, c’est animal et partagé par toute vie, même végétal ( il n’est qu’à voir certaines contorsions que font certains arbres !).
    C’est tout autre chose que d’ôter la vie ; ôter la vie est le propre du prédateur , qui ôte la vie de sa proie, mais le fait a minima pour se nourrir. À mon avis l’homme est passé de cet état naturel à un état perverti, que ne compense pas la culture, enfin pas pour tout le monde !
    C’est tout, l’absence d’imagination, de sensibilité ( animale) ou de compassion ou de morale ( culture) explique pourquoi on s’échine ( joujou technologique aidant) à faire survivre ici, et ( joujou technologique aidant) à exterminer ailleurs !
    En tout cas dans notre civilisation de nos jours, on n’achève pas les tordus, au contraire !
    Quant au suicide, il est dû lui aussi à une perversion de l’instinct de vie...( instinct perverti, pas pervers !!)


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 09:07

      Le fait de tenir à la vie ne s’explique pas que par l’instinct. Si l’on vous propose de mettre fin à votre existence, de manière brève, sans douleur, et sans peine pour vos proches, votre réponse sera négative, et ce même si vous avez pris une semaine pour réfléchir et ainsi faire prévaloir la raison sur l’instinct.
      Intellectuellement, émotionnellement, la vie nous attache, nous espérons en sortir le plus tard possible, pour voir la suite du film, même s’il est monotone.


  • epicure 9 octobre 2013 00:49

    caricatural, tu oublies le vrai humanisme immanentiste : l’humanisme universaliste, le vrai, celui qui met les êtres humains au centre de la société et non seulement l’égo de quelques uns.
    Le seul vrai humanisme digne de ce nom, celui capable de penser l’humanité, toute l’humanité sans rien au dessus d’elle.
    En fait tu trompe ton monde parce que « l’humaisme chrétien » permet justement de mépriser le sort réel des faible puisque leur salut viendra dans l’autre monde.

    La sécurité sociale, l’école pour tous et plein d’autre choses qui prend en compte les faibles pour qu’ils ne restent pas faibles, ont été porté par des immanentistes.


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 09:24

      Quel est cet humanisme universaliste ? Celui des Droits de l’Homme ? C’est un universalisme abstrait qui ne résud pas tout.
      Je n’ai pas parlé de l’universalisme kantien : notre dignité nous vient que nous sommes des êtres doués de raison, et en cela nous respectons la loi morale à l’intérieur de nous en refusant de considérer les autres êtres de raison comme un moyen. C’est fort bien trouvé, mais que fait-on des fous et des déficients mentaux ? Et que fait-on à soi-même ? Sait-on que pour Kant le plus grave de tous les crimes, celui qui contient le plus d’infractions à la morale, au-dessus du suicide, est la masturbation ?
      Un humanisme purement anthropocentrique ne peut pas exister. La tentation est trop grande d’occuper la place vacante laissée par Dieu qu’on a expulsé. L’Homme finit par se hisser sur Son trône et devient son propre Dieu. Comme il est flagrant que la misère humaine reste ce qu’elle est, l’Homme vénère non pas l’humanité présente, mais l’Humanité à venir, ce qui entretient la dynamique du Progrès, et qui renoue avec les espérances religieuses de parousie. Le seul problème c’est que dans la manoeuvre on a oublié de se demander si la vie vers laquelle on se dirige vaudra vraiment d’être vécue. Il me semble donc important que Dieu occupe sa place, mais ce n’est évidemment pas pour assurer au peuple son opium. Il s’agit de vivifier le temporel par le spirituel.


    • epicure 13 octobre 2013 22:08

      C’est vria qu’un dieu immatériel, hors de l’univers, qui toutes les qualités et leur contraire, ce n’est aps du tout abstrait, ça c’est du concret....
      Donc ton « humanisme » théiste c’est un humanisme de tout ce qui a de plus abstrait et de plus tout ce qui est contradictoire puisqu’il met quelmqiue chose d’abstrait au dessus des hommes et qui devrait leur dicter comment agir. Ceci est contraire au concept de l’humanisme qui met l’homme au centre de la société et non un être surnaturel abstrait.
      ’humanisme universel n’a rien d’abstrait, mais c’est sûr que quand on a la mauvaise foi, il devient abstrait.
      *L’humanisme universel est le seul qui mérite le nom d’humanisme puisque centré sur tous les humains,, par les humains et pour tous les humains, donnant la même considération à chacun de ces êtres humains, bref l’humanisme sensu stricto.

      C’est vria que l’égalité des droits, la santé pour tous, l’éducation pour tous, la démocratie universelle etc... c’est très abstrait... beaucoup moins que ton dieu qui est décrit comme le pire des individus dans certains livres le décrivant ( ancien testament ou coran ).


    • Rounga Roungalashinga 14 octobre 2013 08:28

      C’est vria qu’un dieu immatériel, hors de l’univers, qui toutes les qualités et leur contraire, ce n’est aps du tout abstrait, ça c’est du concret....


      Vous n’êtes pas sans savoir que le christianisme est justement la religion de l’Incarnation. Dans le christianisme, Dieu s’est fait homme. En s’abaissant jusqu’à épouser notre condition, Dieu nous permet de nous élever vers Lui. Si le Père est, à la limite, abstrait, le Fils et le Saint Esprit ne le sont absolument pas.
      Mais quand bien même Dieu serait abstrait, cette abstraction serait préférable à toute autre, car elle serait par définition sans limite, infinie, et donc serait incapable de réduire l’être humain dans des bornes figées. Une abstraction qui englobe toutes les potentialités humaines et l’oriente vers un absolu est préférable à l’abstraction libérale qui prétend faire de l’Homme un être générique, obéissant à ses seuls intérêts particuliers, sans attaches d’aucune sorte.

      C’est vria que l’égalité des droits, la santé pour tous, l’éducation pour tous, la démocratie universelle

      Attention aux confusions, la santé pour tous, l’éducation pour tous, ce sont des mesures, pas des conceptions. L’égalité des droits est bien une abstraction, puisque pour la postuler, il faut d’abord adopter la conception libérale de l’Homme que je viens de rappeler. C’est l’égalitarisme abstrait, au nom duquel on réclame par exemple le « droit » de se marier entre personnes du même sexe. Quant à la démocratie universelle, je ne sais pas ce que c’est. Nous avons la démocratie, nous avons le suffrage universel, mais de démocratie universelle, point.


  • Buddha 9 octobre 2013 09:08

    Salut

    il est dit :

    1. Les conceptions orientales ne sont pas traitées ici, même s’il serait intéressant de les examiner avec ce prisme. Le bouddhisme, par exemple, se propose de répondre au problème de la souffrance tel que je l’ai exposé dans la première partie de l’article. C’est clairement une doctrine de Salut, et elle est transcendante, le pratiquant ne parvenant à l’Illumination que s’il renonce à son Moi et qu’il accepte de lâcher prise.
     
    le bouddha n’a rien écrit...on n’a pas l’original de ses propos.....de ce que j’ai pu saisir d’écrits d’auteur « bouddhistes » allant dans cette observation de « soi »...seul d’être cette souffrance peut amener un « miracle » ...nous autre en occident comme partout maintenant sauf exceptions je suppose, ne savons pas penser sans avoir un gain quelconque en vue....parvenir à une illumination devient ainsi la même chose que de gagner à la bourse de New York...a un moment il y a juste souffrance ,rien d’autre....nous ne vivons jamais cela, c’est même le sujet principal de toute vie humaine des 5 ou 10 000 dernières années (sauf belles exceptions bien sur) : fuir cette souffrance, en fait essayer de fuir cette souffrance qui crée « moi je » qui se pense différent de la souffrance....on a ainsi crée la dualité., moi contre la souffrance, souffrance dont « moi » ne sait rien du tout sauf qu’elle est là..ceci est misère psychologique donc barbarie, autre forme de fuite, car pour essayer d’oublier tout est bon,bien que rien ne marche et on ne sort pas de ce trou depuis si longtemps....la dualité « moi » qui regarde et analyse a son champs d’action , les domaines pratiques.......de ne jamais quitter la dualité ( moi /contre l’univers) ce qui est notre cas , nous fait vivre uniquement par rapport aux domaines pratiques...il n’y a rien d’autres sauf des croyances , des mots, des idées..mais en fait rien....

    Y a t’ il un au delà de cette vie là qui est guerre,vol,massacres,violence, misère psychologique et que tout ça bien sur ça n’est soi disant pas de notre faute,car c’est soit la faute de tous les autres, soit la faute de animaux ,soit la faute de dieu etc etc dieu est lui aussi comme les roms, et autres parias des braves gens, il est aussi un bouc émissaire...
    De meme qu’il est un sujet presque inabordable de front dans le monde terrestre, « moi je » n’est jamais un sujet pour lui même....de par sa programmation( pour moi cette partie du cerveau est machine), ne pouvant fonctionner que sur des propositions qu’il trouve juste, toutes ses opinions vont alors avoir le label : vérité....c’est comme ça que le mensonge est partout,tout le temps , a tous les niveaux..car derrière chaque concept,vrai ou faux n’a plus aucune importance...

    on est très très mal barré depuis des millénaires..on a pris le chemin de la noirceur et de la souffrance, si si !!!,mais absolument pas pour les raisons auxquelles on pense..pas du tout....la vérité n’est pas ailleurs que dans ce que l’on est en profondeur....ce que l’on ignore factuellement totalement...Ainsi donc quand je vais mal ,cette dualité fait que ce sont les autres qui en prennent plein la tronche....voila resumé une vie humaine....pas de quoi en faire un plat de fromage !!

    qui dit dualité dit séparation ( non reliés) , des gens, de la nature, des animaux , mais de bien plus,des rochers,du vent ,des nuages et de l’univers entier...nous ne sommes plus dans l’univers mais séparé de celui ci.....le lien sacré est rompu....et le responsable de cela cherche des solutions sans connaitre le problème..............pour nous il y a la matière et la peur de la fin,c’est tout............

    Reste une arrogance étonnante au regard de la misère vécue et infligée par cette espèce....ceci est bien misérable aussi..

    le cloporte doit se métamorphoser.. smiley

    Le chant du signe..car le sens ne nous apparait plus...et il n’a rien a voir avec ces religions fantasmagoriques.....

    non je déconne , tout va bien on a de notre coté la théorie-mythe de la compétition donc du meilleur partout et tout le temps...mieux c’est juste donc impossible..les deux guerres mondiales et 100 millions de morts furent en leurs temps forcement la meilleure option : je vais bien ,tout va bien !


    • Shawford42 9 octobre 2013 09:17

      Parfaite analyse.


      Et pour toi va bien ? Que va tu faire maintenant ?

    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 09:28

      Effectivement, l’anthropocentrisme revient à donner la primauté au Moi. Le Moi, pour le théocentrisme, c’est justement ce qu’il faut tuer, car c’est lui qui est à la source de l’erreur, de l’illusion, de la souffrance, du péché, de la division.


    • Buddha 9 octobre 2013 10:43

      Salut roungalashinga

      tu dis : Effectivement, l’anthropocentrisme revient à donner la primauté au Moi. Le Moi, pour le théocentrisme, c’est justement ce qu’il faut tuer, car c’est lui qui est à la source de l’erreur, de l’illusion, de la souffrance, du péché, de la division.

      Jetons donc toutes théories et gardons ce que l’on sait par expérience..que reste t ’il alors ?

      si il n’y a pas d’expérience directe de ce qui est dit et énoncé , il ne reste rien du tout, sauf des croyances ., des espoirs, des rêves, des mensonges non perçus comme tel.........tout ceci est fuite de quelque chose comme d’ habitude (jamais perçu non plus)...

      on en revient encore à tout ceci...« moi » qui veut au prix du mensonge être quelque chose à ses propres yeux pour en fait s’auto admirer..........derrière cela il y a un programme complexe mais très limité qui induit cela ,de par sa programmation et de par sa mémoire propre, programme que j’appelle programme analytique ,qui dégage un « moi » central , un observateur qui sait relativement ,mais qui commence par se transformer en un « moi » qui sait absolument...et on est là déjà parti pour 10 000 ans de massacres, car le moi absolu ne voyant que lui même et ses objectifs ne sera jamais en relation avec rien d’autre que lui même...

      cette vie n’a aucun sens , mais l’analyse va alors en créer un selon ce qu’elle peut faire...je suis le meilleur...toi ta gueule ! bosse et tais toi !
      ceci est totalement dénué du moindre sens profond....mais cela crée de la souffrance, notre dernière chance que l’on ne saisit jamais en essayant de fuir cela comme on fuit l’ennui, l’ennui est la même énergie que la souffrance...et strictement personne ne pourra jamais vivre cela pour un autre , ni même bien sur énoncer l’intégralité de cela pour un autre, car là on rentre dans l’infini...le non début et non fin, il n’y a plus deux fois la même situation, tout bouge.......l’unité avec tout ce qui est........
      mais ceci n’est que mot pour dire ce qui ne peut pas se dire...il faut donc prendre ces mots romantico-stupides de biais....entre les lignes...

      salutations..


  • Buddha 9 octobre 2013 10:25

    salut shawford42

    tu dis :

    Parfaite analyse.

    Et pour toi tout va bien ? Que vas tu faire maintenant ?
    ---------------------------------

    Si je puis me permettre ce qui est dit ne fut pas vu par analyse, justement..L’analyse , comme la psycho analyse bla bla bla , l’analyse intellectuelle notre mode de pensée courant qui est « moi » donc aussi ma mémoire, appelée conscience, n’a pas accès à la compréhension profonde de cela, je l’ai vu comprendre cela est une investigation indirecte, un effet secondaire d’autre chose que l’on ne fait jamais, ou très très peu chez très très peu de personnes........mais dans ces domaines 1 et 1 = 2, n’est plus, n’a plu sa place....on est dans « autre chose »..........
    vivre la souffrance ce que chaque humain connait y compris évidemment en haut de la fameuse pyramide du succés en argent donc pouvoir ,ouvre une porte..qui pour moi à ce stade est une capacité endormie..que veut dire vivre la souffrance est la question ..mais aussi, pourquoi faire ça couillon que tu es ? ça va pas chez toi ?

    La souffrance auto créée est symptôme mais aussi catalyseur....pour moi ,elle est ce que l’on veut sauf un hasard et elle a une fonction de nous indiquer la mauvaise route...

    Faire est justement le point,car en général on ne fait pas mais on analyse seulement...donc toujours binaire....moi contre le monde entier....alors que en fait c’est moi contre moi à l’origine...la violence qui est fuit de sa vérité donc peur commence d’abord dans le cerveau de chacun...pour ensuite coloniser la planète et n’en doutons pas détruire l’univers entier si on le pouvait....mais il y a des chances à l’infini contre un ,que c’est nous qui allons dégager, pas l’Univers, pas le Grand Tout des Indiens....le fameux libre arbitre ne consistait pas a savoir qui tuer et qui voler, mais a aller ou pas en nous même, notre seul voyage initiatique qui ouvre la clé de l’unité avec L ’ Univers....là ou le sens global est.....on est très loin du compte..mais on a des voitures qui vont de A à B...

    salutations..

    salut..



    • simplesanstete 9 octobre 2013 15:20

      La souffrance auto créée est symptôme mais aussi catalyseur....pour moi ,elle est ce que l’on veut sauf un hasard et elle a une fonction de nous indiquer la mauvaise route...
      Le mot souffrance a pour racine résignation
      Le pêché en hébreux c’est la mauvaise direction.
      Israel veut dire questionner dieu, se battre avec dieu.
      Que faire ? fameuse question qu’ a posé un fumeux révolutionnaire, mort, quand même d’une hémiplégie, prendre des décisions et estimations dans tout ce que l’on fait Et rencontre, il est vrai que le cadre du salariat , où l’on s’exécute chaque jour, n’est pas très propice à engendrer de la réflexion, vérolé par le noir désir de l’image et du quand dit raton !


    • Buddha Marcel. 10 octobre 2013 10:51

      Buddha Marcel : La souffrance auto créée est symptôme mais aussi catalyseur....pour moi ,elle est ce que l’on veut sauf un hasard et elle a une fonction de nous indiquer la mauvaise route...

      simplesanstete :Le mot souffrance a pour racine résignation
      Le pêché en hébreux c’est la mauvaise direction.
      Israel veut dire questionner dieu, se battre avec dieu.
      Que faire ?

      salut simplesanstete

      que faire ? rien de ce que l’on fait habituellement justement , il faut arrêter de faire , de réagir automatiquement par analyse à un certain niveau ,laisser « ce qui est » , la nature des choses ainsi que la notre aussi bien sur , agir profondément partout....nous ne le savons plus,mais nous sommes sous la protection de « L’Unité Universelle » si et seulement si on ne fait rien, si on abandonne ce rôle de « moi je » absolu , pour le remettre là ou il est utile dans son rôle de « moi je » relatif seulement,dans les domaines pratiques,sciences incluses.........le coté catalyseur de la souffrance ressentie , a une fonction d’éveil d’autres capacités du cerveau...ceci est expérience donc vrai, il ne s’agit pas de théorie, ce qui n’aide en rien celui qui lit cela, chacun doit lui même emprunter ce chemin délicat ! ...et ceci arrive ici et là à des gens qui comme moi n’ont strictement rien de particulier sauf cette capacité à rester sans rien attendre du tout y compris inconsciemment avec cette énergie de la souffrance....je sais qu’il ne faut rien faire avec ça, et la laisser libre de faire ce qu’elle a à faire , souffrance qui commence des l’enfance ou ça le fait encore si les enfants sont entourés par des gens intelligents qui ne peuplent pas vraiment cette planète, ne pas confondre QI et intelligence, l’intelligence n’a ni maitre, ni dieu, ni esclave..ce malaise de vivre est « normalisé » pour les enfants par des adultes qui n’y connaissent rien du tout ..et va crescendo avec l’age....c’est pour ça d’ailleurs que souvent la vieillesse est un naufrage mental.
      Le « moi je absolu » empêche l’ouverture du cerveau en entier...lorsque celui ci s’ouvre, il y a alors connexion involontaire avec L’ Univers..enfin c’est une façon d’essayer d’exprimer l’inexprimable..L’ignorance de tout cela creuse notre tombeau psychologique qui par réaction de fuite encore une fois provoque la maladie mentale des humains..ce qu’il y a de « bien » avec cette souffrance, enfin avec cette énergie qui est derrière,c’est que ce sujet est accessible pour celui qui veut y aller....donc potentiellement accessible à tous, donc universel...ce « cerveau » manquant que fait il ? il libère, il montre, il résouts tous les problèmes psy en les exposant totalement à la lumière de chaque cellule du corps..il est bonté, compassion qui est aussi la passion d’être avec la nature,les gens etc etc il libère une grace au delà de l’imaginaire..grace qui une fois parti ne laisse aucun regret..parce que elle ne touche pas le cerveau ordinaire mais l’autre....dans cet état de l’esprit la question du sens n’est plus posée........vivre est,enfin pour nous était, le miracle..c’est tout


  • simplesanstete 9 octobre 2013 14:54

    Mr Roung........, jeu vous a rencontré virtuellement, il y a quelques années sur le forum de Nabe, J’aimerais vous parler de sens ET de ce QUI les RELIENT OU PAS, et vous donnez une réponse. C’est trop long à écrire ici. J’ai rencontré JP Voyer depuis, alors qu’on me renvoyait sur le forum nabien à SOS amitié.
    Georges 0321061903
    Bien à vous
    PS : La valeur c’est l’idée de l’échange. La communication est pratique, co naissance et re connaissance, société anonyme/ écrans sont quelques termes de bases que jeu souhaite discuter avec vous SVP Pour les fins du moi difficile aussi, qu’évoque Buddha, ci dessus, qui peut aussi m’appeler.


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 15:04

      Je ne trouve pas ça très clair. Je ne vous promets pas de vous appeler, car j’ai horreur du téléphone, qui plus est avec des gens que je n’ai jamais vu. Dans un premier temps, je vous envoie mon adresse mail par sms.


    • simplesanstete 9 octobre 2013 15:37

      Et bien jeu PEUT parler avec n’importe qui, c’est déjà une capacité essentiel, ce pouvoir......car jeu pense et jeu sent qu’il a quelque chose qui fait........... parler, et çà ce n’est pas rien, l’esprit, la foi........
      Faites vous violence. J’ai bien reçu un SMS, jeu ne sait même pas comment çà marche.
      C’est vertigineux avec le net comment les gens se cachent , mais en fait ce n’est pas surprenant dans une société anonyme, en fait jeu voit une chose c’est au moins, que vous avez le temps, c’est déjà un FACTEUR capital.


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 15:51

      Bon, je vous appellerai un de ces jours. Pas cette semaine, mais plus tard. On verra bien ce que ça donne.


    • simplesanstete 9 octobre 2013 22:53

      C’est noté.


  • Neymare Neymare 9 octobre 2013 15:22

    "Effectivement, l’anthropocentrisme revient à donner la primauté au Moi. Le Moi, pour le théocentrisme, c’est justement ce qu’il faut tuer, car c’est lui qui est à la source de l’erreur, de l’illusion, de la souffrance, du péché, de la division.« 

    Tout comme cet univers comporte plusieurs trames de lecture, il y a un moi correspondant à chacune de ces trames :
    - il y a le moi immédiat, humain que tout le monde connait, qui tente de trouver (ou de se faire) une place dans cette réalité sensible, et qui est principalement dominé par la peur, et un désir d’absolu le plus souvent mal interprété et l’amenant à vouloir dominer les autres moi, ou du moins à se sentir supérieur d’une façon ou d’une autre
    - il y a le moi qui se trouve en arrière plan, dans le subconscient, cad l’ame, c’est en fait (à l’état humain) le meme moi que le précédent mais débarrassé de la »culture" humaine (éducation, orientation, idées toutes faites, limites, désir de dominer, désir de posséder etc...), c’est un moi absolument libre (impression difficile à décrire : quand vous l’etes vous avez une impression de liberté absolue comme si celle ci était tangible). A l’état transcendé, ce Moi est connecté avec le reste de l’Univers (au sens large, visible et invisible) dont il tire sa connaissance, à l’état non transcendé il tire aussi certaines connaissances de l’information générale (les intuitions)
    - enfin il y a le véritable Moi, un moi débarrassé de tout artifice, de toute mémoire individuelle, et de toute individualité. C’est le Moi que les religions appellent Dieu, et qu’elles ont tendance à considérer comme au dessus des autres moi, alors que ça en est la substance meme. Ceux qui l’atteignent dans la vie humaine parlent d’un vide rempli d’un potentiel infini


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 15:26

      Ce que je désignais par le « Moi » était évidemment l’égo, le « moi-je », l’âme haïssable, le premier « moi ».


    • simplesanstete 9 octobre 2013 15:43

      Essayez le moi jeu, comme Deudonné, il a joint les 2 bouts, debout, le public, la scène, et l’obscène,derrière le rideau, c’est toute la force et sa force de .......soulèvement.


    • Neymare Neymare 9 octobre 2013 15:53

      @Roungalachinga

      « Ce que je désignais par le « Moi » était évidemment l’égo, le « moi-je », l’âme haïssable, le premier « moi ». »

      Pourquoi l’âme haissable ? Ce moi, est l’ame elle meme, mais illusionnée et trompée par ce monde. Il faut au contraire l’aimer pour qu’elle se réaligne sur l’âme véritable. C’est une sorte de « délavage » de cerveau, car c’est l’ame elle meme, il n’y a rien a rajouter, mais bien des idées et des conceptions fausses à supprimer (sans parler aussi de l’information liée à la vie humaine comme l’instinct etc... information elle aussi codée dans la trame de l’Univers)


    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 16:05

      C’était une référence au « Moi haïssable » de Blaise Pascal. Je l’ai appelé « âme » parce que beaucoup de gens confondent ce moi avec eux-mêmes. Ils ne sont pas leurs opinions, ils ne sont pas leurs goûts, ils ne sont pas leurs compétences, ils ne sont pas leur métier, et pourtant ils prennent tout cela pour leur personnalité principale, alors que c’est leur âme qui devrait l’être. D’ailleurs, n’est-il pas frappant de toujours, dans le discours, dissocier l’âme et soi-même ? On dit toujours « mon âme », « son âme », comme si nous étions quelque chose d’autre que notre âme, comme si nous étions séparés d’elle. Illusion ou éclair de lucidité ? Il serait intéressant de renverser la chose et de faire de même avec l’intelligence, par exemple. A la place de « je pense que... », on pourrait dire « mon intelligence pense que... », etc.


    • Neymare Neymare 9 octobre 2013 16:09

      Comme vous le dites, les gens dissocient eux memes de leur ame dans leur discours inconsciemment car ils sont tout sauf leur ame :
      certains s’identifient à leur status social, certains à leur fric, d’autres à des stars, d’autres à des équipes de foot, d’autres encore à leur voiture etc... cherchant la valorisation à travers tous ces aspects de leur vie sans jamais vivre celle ci en tant que leur âme elle meme


  • MuslimADieu MuslimADieu 9 octobre 2013 16:06

    « C’est cette attitude, humble et courageuse, qui nous libèrera des idéologies qui oublient la personne humaine et s’éloignent de la mission de l’Humanité qui est la mise en place d’un monde où la vie vaille vraiment d’être vécue »


    @l’auteur
    Franchement, je n’ai jamais compris d’où vient cette foi athée en l’humanité qui serait capable de créer un paradis terrestre. L’histoire de l’humanité est assez décourageante de ce côté là et dans quelques années, on sera tous morts et une autre génération nous remplacera et fera son « monde » comme elle l’entendra elle.

    • Rounga Roungalashinga 9 octobre 2013 16:17

      Donc selon vous une attitude théocentrique reviendrait à délaisser le temporel ? Est-ce que je comprends bien ?
      Il me semble que le fait de vénérer Dieu ne dispense pas d’oeuvrer pour le bien et la justice sur cette Terre. Il ne s’agit pas de construire le Paradis, puisque ce serait prendre la place de Dieu, mais la mise en place d’une société à peu près vivable, juste et respectueuse de la personne humaine doit faire partie des préoccupations du croyant.


    • MuslimADieu MuslimADieu 9 octobre 2013 17:27

      cher Roungalashinga


      ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.
      J’ai un peu perdu la foi dans l’humanité.
      Bien sûr, œuvrer pour le bien et la justice est fortement recommandé dans « mon univers théocentrique », mais je ne suis pas sûr que l’humanité ait pour mission ce que vous dites bien que cela me paraisse très joli. 
      Mais la question « qu’est qu’on fout là ? » est une excellent question..

    • Rounga Roungalashinga 10 octobre 2013 09:22

      Ok, j’avais mal compris.
      Mais si vous suivez bien l’idée développée dans l’article, dans la perspective théocentrique, la mission de l’Humanité n’est pas seulement de créer les conditions du Bonheur terrestre. Il s’agit aussi de créer, et maintenir, les conditions du Salut spirituel. Vous qui êtes musulman, vous ne pouvez pas nier que le but de l’islam est de se propager sur la planète. Cela est normal puisque c’est une religion de Salut. C’est le même but qui est poursuivi par l’évangélisation.


  • soi même 9 octobre 2013 16:07

    Il y a qui vive pour manger et d’autre qui mange pour vivre !

    Si l’être humain vie sur Terre, je crois qu’il y a une bonne raison, c’est le seul lieux où il peux acquérir une conscience !

    http://enibe.80.perso.sfr.fr/Beaune2001/Beaune-Hospices5.jpg


  • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 10:25

    « Humanisme immanentiste et humanisme transcendantal »

    @Roungalashinga
    Je veux bien que vous parliez d’un humanisme immanentiste, mais quand vous parlez d’un humanisme « transcendental », vous utilisez une expression qui n’a pas du tout le sens que vous croyez pouvoir lui donner. A vrai dire, cela n’a aucun sens.

    Vous voulez parler d’un humanisme qui trouverait son expression dans un rapport à un dieu qui serait au-delà du monde, qui lui serait « transcendant », qui serait « d’un autre ordre », comme dirait Pascal ; autrement dit, un humanisme qui viserait la réalisation promise à la fin des temps, de la « Cité de Dieu » d’Augustin. Mais le transcendental, surtout depuis Kant, ce n’est pas cela. Ce qui est transcendental, c’est ce qui procède de la connaissance A PRIORI dont la source est la raison pure. Certes, le dieu des philosophes, celui de Descartes, de Spinoza et de Kant, est connu a priori, par la raison, comme sont connues les entités des mathématiques. Cependant, ce n’est pas du tout à ce dieu-là que vous vous référez, mais à celui de la révélation, laquelle procède d’un récit produit en ce monde par des gens de ce monde. Les tables de la loi biblique ne sortent pas de la raison pure de Moïse, le Coran ne sort pas de la raison de Muhammad. Les Prophètes des religions du Livre voient ou entendent Dieu ou ses émissaires dans le monde réel. Voir et entendre, cela met en jeu les sens, et non une raison qui peut certes par la suite s’emparer de ces données, mais n’est jamais à la source. La religion dont vous nous parlez prend donc bien son origine dans un domaine phénoménal qui n’a rien à voir avec ce que la tradition philosophique appelle le transcendental. Et le « mystère » de l’incarnation dans le christianisme, qui fait connaître un Dieu-homme est tout à fait à l’opposé d’une connaissance transcendentale fondée sur les data a priori fournis par la raison. La preuve ontologique d’Anselme, en revanche, est tout à fait, elle, de l’ordre du transcendental.


    • Rounga Roungalashinga 10 octobre 2013 10:34

      J’ai choisi de définir l’humanisme transcendantal comme la conception selon laquelle l’être humain a besion de quelque chose d’extérieur à lui-même et au-delà de lui-même pour faire son Salut. Quelque chose, donc, de transcendant. Je conviens que l’usage de transcendantal ne correspond pas à celui qu’on utilise en philosophie courante, mais désignant un objet transcendant, c’est correct sur le plan du français.
      Merci toutefois de votre remarque, je m’appliquerai davantage sur la sémantique la prochaine fois.


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 11:23

      J’ai choisi de définir l’humanisme transcendantal comme la conception selon laquelle l’être humain a besion de quelque chose d’extérieur à lui-même et au-delà de lui-même pour faire son Salut. Quelque chose, donc, de transcendant. Je conviens que l’usage de transcendantal ne correspond pas à celui qu’on utilise en philosophie courante, mais désignant un objet transcendant, c’est correct sur le plan du français.
      Merci toutefois de votre remarque, je m’appliquerai davantage sur la sémantique la prochaine fois.

      @Rouhgalashinga
      C’est effectivement une tentation qu’on peut avoir, mais il faudrait prévenir que le sens du terme est délibérément exotique ; j’ai cherché à vous trouver une solution de rechange, mais je n’en vois guère. Ce que vous voulez signifier ne peut pas s’exprimer. Peut-être que c’est qu’il vaudrait mieux le taire.
      Pour ceux qui sont curieux des notions philosophiques, je signalerai qu’il y a deux orthographes pour celle que nous évoquons. Au magasin « Habitat » de la place de la République, j’ai souvent cherché -mais sans jamais trouver - un prie-dieu que je pourrais mettre au bas de mon Littré. C’est vous dire que je ne saurais vous reprocher de suivre la leçon de Littré et d’écrire « transcendAntal », mais Lalande préfère « transcendEntal », et moi aussi. Le sens est strictement le même pour les deux orthographes.
      Il y aurait bien une solution pour résoudre votre difficulté, ce serait de parler d’un « humanisme calotin ». Pour moi et pour une majorité de lecteurs, ce serait tout à fait clair, mais je crains que cela ne vous convienne pas.
      J’ai vu aussi que vous parliez du « salut » d’une façon tout à fait cavalière. Vous y allez vraiment "à la hussarde’ ! Si j’en trouve le temps, j’y reviendrai.
      En tout cas, lorsque vous rangez le bouddhisme dans les religions du salut, vous ratissez vraiment trop large. Il y a bien, dans les formes populaires et dégradées du bouddhisme, une espèce d’enfer qui serait réservé aux méchants, mais l’aspiration du bouddhisme, ce n’est pas la vie éternelle mais plutôt un non-être qui permet, après le nirvana, d’échapper au cycle des renaissances et des morts. Et les bodhisattvas qui sont arrivés à l’illumination ont bien du mérite de renoncer à ce bienheureux anéantissement pour se réincarner encore et venir en aide aux malheureux existants ! Moi qui suis le dernier avatar d’Avalokiteshvara, je puis vous dire que j’en bave, particulièrement sur AgoraVox.


    • Rounga Roungalashinga 10 octobre 2013 12:05

      Cet article se veut être un texte philosophique. A ce titre je suis un philosophe. Modeste certainement, mais philosophe malgré tout. Et le privilège du philosophe est justement de définir lui-même les concepts qu’il utilise. Ainsi, les termes « Salut » et « transcendantal » ont une définition précise qui est donnée dans le texte. Vous pouvez tout à fait me reprocher les raisonnements que je tire à l’aide de mes concepts, mais pas de les définir comme je l’ai fait.

      Il est à noter que la conception pessimiste de la vie que j’expose dans la première partie est conforme à la conception bouddhiste, selon laquelle tout est souffrance. Elle est également compatible avec les considérations de Schopenhauer, qui voyait dans le bouddhisme le système métaphysique le plus proche du sien.


    • Rounga Roungalashinga 10 octobre 2013 12:12

      Si j’avais dit « transcendantiste », vous auriez été plus satisfait ?


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 13:26

      @Rougalashinga

      Je ne pense pas que l’adjectif « transcendantiste » existe dans les dictionnaires. J’aurais donc pris cela comme un néologisme et j’aurais été presque heureux. Je dis « presque » parce que j’ai la plus grande admiration pour le franciscain Guillaume d’Ockham et que j’aurais craint de voir surgir près de ma tronche son très menaçant rasoir : « ne pas multiplier inconsidérément les concepts » !


  • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 14:15

    " L’humanisme, dans notre perspective, consiste donc en la manière dont nous considérons le Salut et sa possibilité. Le fait de juger le Salut impossible, qui revient donc à estimer la vie humaine sans valeur et à souhaiter ne jamais avoir été tiré du néant où nous retournerons un jour, est par conséquent un anti-humanisme.« 

    Rougalashinga,
    La notion de salut s’articule implicitement, dans ce que vous écrivez, avec l’idée de la vie éternelle. Pour les religions, et comme dirait Rimbaud, »la vraie vie est ailleurs« , sauf qu’elle n’est pas sur un autre continent où faire s’échouer le Bateau ivre, mais dans la Jérusalem céleste. Pour l’athée que je suis, qui a déjà vu beaucoup de cadavres et qui passe une heure ou deux toutes les semaines à se promener au Père-Lachaise, il n’y a aucune raison d’imaginer qu’on puisse jamais sortir du trou et retrouver quelque chose qui ressemblerait à une conscience. Là encore, si on se souvient du principe d’Ockham, la vie éternelle est un concept parfaitement inutile, et plus une rêverie qu’un concept.
    Quand vous écrivez  »Le fait de juger le Salut impossible, [...] revient donc à estimer la vie humaine sans valeur« je n’hésiterai pas à dire que vous vous fichez du monde. Parce qu’enfin, il faudrait que vous puissiez illustrer ça par quelques exemples pris dans la réalité. Il faudrait à tout le moins que vous puissiez prouver que les grands assassins, les tyrans sanguinaires, étaient tous des athées qui jugeaient sans valeur la vie humaine et en disposaient comme on fait de celle des bêtes qu’on mène à l’abattoir. Ca vaudrait peut-être pour un Staline, un Maozedong ou un Pol Pot. Et encore ! quand on est dans l’eschatologie communiste, on est enfoncé jusqu’au cou dans une forme de mysticisme. Mais si vous considérez nos actuels islamistes, lesquels induisent des adolescents un peu crédules à se faire sauter directement de l’autobus en paradis avec une ceinture explosive, on peut douter qu’ils aient une très haute idée de la vie humaine.
    Vous voulez être philosophe. Est-ce que vous trouverez parmi les philosophes athées beaucoup de gens qui, en raison de leur athéisme, ont prétendu qu’on pouvait faire n’importe quoi de son semblable ? Il y a bien Sade, mais ce n’est pas un philosophe. Il y a bien Heidegger, le philosophe nazi, lequel définit l’homme »un être pour la mort« , mais il a commencé par une thèse sur Duns Scot, et il était resté très marqué par la théologie médiévale. Certes, Brentano, qui fut son maître, était catholique, mais la phénoménologie husserlienne qui dérive aussi de l’enseignement de Brentano est tout à fait résolument athée, même si c’est une obsession chez les intellectuels catholiques comme Marion de vouloir la récupérer. Or, vous ne me direz pas qu’un philosophe comme Husserl considère que la vie humaine puisse être sans valeur. Elle a la valeur qu’on lui donne, et la tâche de toute grande philosophie, c’est précisément la donation de valeur, c’est le développement de la Connaissance, même si la tâche promet d’être infinie et toujours à recommencer. 
    Bayle, à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècle, dans une société qui ne pouvait encore se définir que dans le cadre de la pensée chrétienne, avait déjà examiné la question de savoir si une société d’athées était concevable. Et il répondait que les vices et les vertus n’y seraient ni mieux ni plus mal répartis, qu’il suffirait pour que ça marche d’y punir les vices et d’y récompenser les comportements altruistes. La France, laïque dès 1905, c’est-à-dire définie hors de toute perspective transcendante, n’est peut-être pas meilleure que la France de Louis XIV, mais elle n’est pas pire non plus. En tout cas, l’esclavage y est interdit, l’état dispose moins commodément des citoyens dans une république qu’il ne disposait des »sujets" à l’époque classique. La peine de mort a disparu. La vie humaine semble donc avoir aujourd’hui, du moins dans les principes, plus de VALEUR que jamais, même si cette valeur n’y est aucunement garantie par je ne sais quel dieu.


    • Rounga Roungalashinga 10 octobre 2013 14:32

      Il me semble que vous avez mal suivi le fil du texte.
      J’y ai défini le Salut comme le fait de se sortir de la souffrance liée à notre condition d’êtres finis. J’ai ensuite développé deux conceptions du Salut, selon qu’on pense que celui-ci nous est accessible par nous-même, ou que celui-ci doit nous être apporté par une entité extérieure. Dans le premier cas, j’ai bien précisé que le Salut s’identifie au Bonheur terrestre. Ainsi, dans la conception anthropocentrique, on accorde de la valeur à la vie d’un individu car celui-ci est capable de bonheur. Certes pas forcément un bonheur total, pur et perpétuel, mais au moins une existence qui contienne quelques consolations substantielles et exempte de souffrances trop insupportables.
      Imaginez que vous sachiez qu’une existence à venir est vouée au malheur le plus complet, de la naissance jusqu’à la mort, une obscurité totale sans un seul rayon de soleil, un désert de souffrances sans un seul oasis. En considérant qu’il n’y a pas d’autre Salut possible que le bonheur terrestre, pensez-vous que cette vie vaudrait d’être vécue, et si vous en aviez les moyens, ne feriez-vous pas en sorte d’empêcher que cette existence advienne ? N’empêcheriez-vous pas un mal en agissant ainsi ?


    • Rounga Roungalashinga 10 octobre 2013 15:37

      Vous évoquez Sade. Il n’est, selon vous, pas philosophe, et pourtant sa philosophie, celle du boudoir, se tient. Elle ne se heurte qu’à l’impossibilité d’éjaculer quinze fois dans l’après-midi et de manger des excréments à tous les repas. Pour Sade, il n’y a que la jouissance qui compte. Et si cette jouissance passe par la torture d’êtres humains, il n’y a aucun problème. Cependant on voit bien que les libertins sadiens s’abstiennent de se massacrer les uns les autres. Tout au plus se fustigent-ils le derrière, mais c’est d’un commun accord. Il semble donc que pour Sade le Salut, ce soit la jouissance. Ceux qui sont capables de jouir, les libertins, sont admis dans l’Humanité qu’on préserve, et les autres, ceux qui ont encore un peu de morale chrétienne qui les empêche de jouir, n’ont qu’à crever. C’est pour cela qu’à la fin des 120 journées, les jeunes qui se sont révélés libertins sont épargnés et repartent sains et saufs avec les quatre milliardaires et les vieilles maquerelles.


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 21:15

      " J’ai ensuite développé deux conceptions du Salut, selon qu’on pense que celui-ci nous est accessible par nous-même, ou que celui-ci doit nous être apporté par une entité extérieure« 

      @Roungalashinga
      En dehors de la perspective religieuse, point de salut ! L’épicurien vertueux qui recherche sinon le bonheur, du moins une forme d’ataraxie qui puisse le préserver de la souffrance, on ne peut pas dire qu’il cherche à se sauver, au sens chrétien du mot, et aucun penseur athée n’a jamais confondu le souverain bien avec une quelconque quête sotériologique . Je sais bien que ce mot »salut«  vient d’un terme latin (salus, _utis) qui désignait la santé, et que vous pourriez me dire que le salut, en ce sens-là, ça pourrait être de n’avoir mal ni aux pieds ni à la tête ! Mais c’est que depuis depuis deux mille ans que le christianisme nous parle du salut, le mot prend automatiquement une une connotation religieuse et renvoie implicitement, comme je vous le disais plus haut, à des spéculations sur la vie éternelle et aussi à ce que les théologiens appellent la justification. La vie du chrétien condamné au péché échappe à l’absurdité parce qu’elle est »justifiée« par la mort salvatrice du Christ. A partir de là, je veux bien distinguer entre plusieurs conceptions différentes du salut : celle, propre au catholicisme tridentin et particulièrement aux jésuites, d’un salut par les oeuvres n’a en effet pas grand chose à voir avec la justification par la foi sur laquelle insistent, après Augustin, les luthériens et, avec des nuances et des subtilités infinies touchant à la question de la grâce, les jansénistes.
      Au fond, tout se passe comme si vous projetiez sur la vision du monde que vous prêtez à l’athée la philosophie d’un Albert Camus. Si Dieu n’existe pas, le monde devient tragiquement absurde, il ne reste plus qu’un hédonisme à base de bains de mer, de baise et de boustifaille. Mais c’est que la philosophie de Camus est à peu près au niveau des cafés philosophiques et du prêt à penser des magazines, et s’il existe une absurdité dans le champ intellectuel, c’est bien l’idée camusienne d’un monde absurde, si facile à démolir.
      Il faut donc que je le répète : l’athée ne sait pas si le monde a un sens, mais il s’efforce de lui en donner un, de faire »comme si" il en avait un. Il n’attend de son action aucune récompense dans cette vie ou dans une autre parce qu’il n’a pas besoin de semblables carottes pour avancer et il ne se fait aucune illusion sur le devenir de sa conscience de soi et du monde lorsqu’il sera tombé dans le trou.


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 21:28

      Rougalashinga
      J’évoquais Camus et ses grossières mises en scène de concepts foireux. On pourrait lui opposer le Vigny stoïcien de « La mort du loup », dont je cite de mémoire deux vers, en espérant ne pas trop me tromper :
      Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
      Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler.
      Dans « Le cimetière marin » de Valéry, il y a toute une réflexion parfaitement athée sur le sens de la vie qui est infiniment plus subtile que celle d’un Camus. Il n’y a pas de dieu, sinon le vague fantôme des divinités antiques, mais on n’est ni dans l’absurde ni dans cette espèce de grand guignol tragique que propose ce roman ridicule : L’Etranger, lequel semble écrit pour les athées des comices agricoles d’une sous-sous-préfecture.


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2013 21:30

      Roungalashinga
      Je n’ai pas répondu et je ne répondrai pas à propos de Sade. Ce n’est pas un philosophe, pas même un penseur. Tout juste un trou-du-cul.


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 08:16

      C’est drôle, mais je le sentais venir, le Camus. J’ai la bonne surprise de voir que vous ne faites pas grand cas de ce « bredouille de la pensée ». Moi non plus, je n’ai jamais compris ce qu’on pouvait bien trouver d’intéressant chez Camus. C’était surement un chic type (il avait signé la pétition pour la grâce de Brasillach), mais ça ne va pas plus loin. On va le laisser à Onfray, comme ça les vaches sacrées sont bien gardées.


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 08:24

      En ce qui concerne le Salut, je fais à nouveau valoir mon droit à définir mes propres concepts comme je les entends. Le philosophe antique, stoïcien ou épicurien, qui parvient à l’ataraxie, peut toujours ressentir quelques souffrances, avoir mal aux dents, mais cela, pour lui, est compensé par un plaisir supérieur, qui est celui d’exister. En quittant la vie il pourra dire qu’il l’a bien baisée. Il a vaincu sa condition. Cela rentre parfaitement dans la définition que j’ai donné.


    • Christian Labrune Christian Labrune 11 octobre 2013 09:17

      " En ce qui concerne le Salut, je fais à nouveau valoir mon droit à définir mes propres concepts comme je les entends« 

      @Rougalashinga
      Je voulais vous achever au moyen de la grosse artillerie du TLF, mais je n’ai pas la version sur papier et un dysfonctionnement empêche qu’on puisse avoir accès, ce matin, à la petite fenêtre de questionnement. Je me contenterai donc de Littré.

      Plusieurs définitions du mot »salut« . La première : »mise hors de mal, hors de péril« . Je ne lis pas les exemples de Littré,mais j’en propose un de mon cru : les naufragés n’ont dû leur salut qu’au passage d’un chalutier. Deuxième définition : »Félicité éternelle« . Inutile de lire les exemples, on est bien évidemment dans la perspective religieuse qui nous occupait. Les autres définitions sont sans grand rapport avec notre sujet.

      Je substituais mon propre exemple à ceux de la définition 1 de Littré parce que je pensais à l’argument du pari : vous me demandez de parier, dit le libertin, mais je n’ai pas du tout envie de le faire. Vous ne pouvez pas l’éviter, dit Pascal : »vous êtes embarqué« . Autrement dit : vous êtes vivant, et la vie est un bateau qui fait eau de toutes parts (c’est ce que vous écrivez vous aussi dans votre début). Se sauver au sens 1, si c’est sortir d’un péril, dans la perspective qui est ici la nôtre, c’est bien sortir heureusement du péril existentiel, de la vie même, et cela nous rabat bien évidemment sur l’hypothétique hypothèse du sens 2 : la »félicité éternelle« .

      Pascal et n’importe quel chrétien rigoleraient d’une prétention du libertin de se »sauver par lui-même« et ils auraient tout à fait raison  : aussi longtemps qu’il reste vivant, ce malheureux, il est en péril au sens 1, et demain, il coulera à pic, inévitablement. Le libertin lui-même serait bien le dernier à vouloir le nier : même s’il s’efforce de faire bonne figure aussi longtemps qu’il surnage, même s’il se raidit face à l’adversité comme Dom Juan, il sait très clairement que, dans le naufrage inévitable de son existence, il ne peut attendre aucun sauveteur, et pas plus au sens 2 qu’au sens 1. On peut certes »trouver son salut dans la fuite« mais on ne peut fuir l’existence que les pieds devant, et ça n’est assurément pas une évasion, pour l’athée, qui puisse mener bien loin. Je le redis encore une fois : en dehors de la religion et de la croyance en Dieu, point de »salut" !
      En ce sens, et cela est assez paradoxal, il y a incontestablement beaucoup plus d’humilité dans la position de l’athée condamné à une irrémédiable déréliction que dans la prétention du chrétien assuré de l’arrivée prochaine du canot de sauvetage. Il ne compte que sur ses propres forces pour se maintenir encore quelques instants à la surface, tout en sachant que, très bientôt, il va boire la tasse.


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 09:20

      Cet article se veut être un texte philosophique. A ce titre je suis un philosophe. Modeste certainement, mais philosophe malgré tout. Et le privilège du philosophe est justement de définir lui-même les concepts qu’il utilise.

      Quelle partie de ce passage ne parvenez-vous pas à comprendre ?


    • Christian Labrune Christian Labrune 11 octobre 2013 09:57

      " Le philosophe antique, stoïcien ou épicurien, qui parvient à l’ataraxie, peut toujours ressentir quelques souffrances, avoir mal aux dents, mais cela, pour lui, est compensé par un plaisir supérieur, qui est celui d’exister. En quittant la vie il pourra dire qu’il l’a bien baisée. Il a vaincu sa condition.« 

      @Roungalashinga
      Je ne voudrais pas me lancer dans des formulations téméraires : je ne suis pas un spécialiste de la philosophie antique, mais il ne me semble pas que les stoïciens ni même les épicuriens aient jamais connu ces sortes d’exaltations et encore moins la satisfaction d’avoir »baisé« la vie. Si vous relisez la lettre d’Epicure à Ménécee ou, bien plus tardive la »Consolation de la philosophie" de Boèce, imprégnée certes de pensée chrétienne, mais nourrie de toute la culture stoïcienne et platonicienne, vous ne trouverez rien qui ressemble à une pareille forme d’ybris, laquelle constituerait l’écueil principal de toute pensée selon les Grecs. 


    • Christian Labrune Christian Labrune 11 octobre 2013 10:01

      ERRATUM
      « Une pareille forme d’ybris ». Faute de frappe : il manque le h de HYBRIS
      Excuses !


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 10:14

      Je le dis avec mes mots à moi, mais quitter l’existence en ayant dans sa vie connu les tracas de l’existence sans les avoir trop subi, c’est déjà une réussite et une victoire sur notre condition de mortels. S’il n’y a rien de plus que l’existence terrestre, et qu’on a réussi à en jouir ainsi, c’est à peu près le maximum qu’on puisse espérer. La philosophie propose justement de parvenir à ce but sans avoir à être riche ou puissant. Elle enseigne de plus que rechercher le bonheur dans la satisfaction matérielle et sensuelle est un fourvoiement.


    • Christian Labrune Christian Labrune 11 octobre 2013 10:20

      «  Et le privilège du philosophe est justement de définir lui-même les concepts qu’il utilise. »

      @Roungalashinga
      Oui et non ! Quand les concepts existent déjà, je ne vois pas la nécessité d’en ajouter d’autres qui, pour être compris, faute d’un lexique infrapaginal, nécessiteraient tout un travail de réflexion critique. C’est le principe du fameux rasoir d’Ockham. Heidegger, par exemple, est un grand inventeur de concepts. Quand on ne comprend pas Husserl - pour comparer avec un contemporains -, les choses s’éclairent vite à la relecture. En revanche, plus on relit Heidegger, moins on risque de comprendre. L’excellente étude de Bourdieu sur « L’ontologie politique de M. Heidegger » rend très bien compte de ces sortes de difficultés.
      Ce n’est pas que je ne comprenne pas votre article, mais c’est que je trouve la thèse plutôt simplificatrice et quasi contemporaine de cette époque des grandes apologies de la religion chrétienne où l’on réduisait caricaturalement les libertins à des « pourceaux d’Epicure », ce qu’ils n’étaient évidemment pas.


    • Rounga Roungalashinga 19 novembre 2013 15:59

      Je ne dénigre nullement les chics types, mais quand j’ai le livre d’un auteur entre les mains, je me fiche bien que ce dernier soit un camarade sympathique, un gai-luron, ou le plus fidèle ami du monde. Ce qui m’importe, c’est le contenu du livre, par conséquent, ce n’est pas les relations entre les personnes que j’intellectualise, mais plutôt la production des intellectuels, ce qui me semble tout à fait normal.


  • Hervé Hum Hervé Hum 11 octobre 2013 00:29

    Salut Roungalashinga,

    je suis tombé « par hasard » sur ce commentaire

     "Ok, j’avais mal compris.
    Mais si vous suivez bien l’idée développée dans l’article, dans la perspective théocentrique, la mission de l’Humanité n’est pas seulement de créer les conditions du Bonheur terrestre. Il s’agit aussi de créer, et maintenir, les conditions du Salut spirituel. Vous qui êtes musulman, vous ne pouvez pas nier que le but de l’islam est de se propager sur la planète. Cela est normal puisque c’est une religion de Salut. C’est le même but qui est poursuivi par l’évangélisation.« 

    Très bien, si je suis absolument d’accord avec la première partie, c’est à dire  » dans la perspective théocentrique, la mission de l’Humanité n’est pas seulement de créer les conditions du Bonheur terrestre. Il s’agit aussi de créer, et maintenir, les conditions du Salut spirituel."
     

    je suis en revanche en relatif désaccord avec la deuxième partie. Le but de l’Islam n’est pas de se propager au delà des limites défini par Mahomet, mais de se conserver d’abord et de se propager que si possible. Une religion ne peut avoir d’autre but que celui fixé par son Dieu. Disons donc que la mission donné aux juifs par leur Dieu est uniquement celui de la conservation. Celui des chrétiens est de propager l’universalité de l’amour de Dieu envers tous les humains. et celui des musulmans de se conserver d’abord et se propager ensuite.

    Quand au Salut pour un croyant de ces trois religions, il se limite à lui même, car le but de Dieu personne ne peut connaitre. Sauf que si Dieu atteint son but il s’en est fini de nous même car Dieu est pour la religion l’infini, or, si l’infini rencontre son but, il est fini... smiley Le Salut à vécu !!!

    Une religion n’a pas de but, mais une mission dans laquelle peut s’inscrire un ou des buts. Elle a surtout vocation à indiquer l’état d’esprit qu’il faut pour vivre son Salut à l’intérieur d’une réalité fini, évoluant dans une vérité infini de Dieu. Deux dimensions différentes pour le moins !

    Et si on doit considérer le point commun à toutes les grandes religions de la Terre, je dirais que c’est... Le détachement !!!


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 09:27

      Vous n’ignorez tout de même pas la propension prosélyte des religions révélées. L’islam ne fait pas exception.
      Sinon je suis assez d’accord avec le reste de votre commentaire.


    • Hervé Hum Hervé Hum 11 octobre 2013 12:53

      Je n’ignore pas la propension prosélyte des religions dans mon commentaire. Je dis simplement que pour la religion juive, ce qui importe c’est la conservation de la religion car pour eux, c’est le peuple élu qui rime avec vrai foi. Pour eux, propager la foi est inutile car ce sont les autres qui doivent venir à elle. Pour les chrétiens, c’est l’inverse ! Quand aux musulmans, c’est disons le compromis entre le juif et le chrétien. Conservation d’abord, propagation ensuite si possible.

      Mais il est évident que la base du prosélytisme consiste à dire que sa religion, sa foi est la seule vrai.


  • gaijin gaijin 11 octobre 2013 09:43

    " L’humanisme immanentiste, païen, est lié aux idées de grandeur et de force. L’individu qui veut faire son Salut doit développer sa force, qui lui permet d’endurer la souffrance, et vise la grandeur, qui lui donne accès à des jouissances d’un ordre supérieur. « 
    vous dites ensuite
     » Les conceptions orientales ne sont pas traitées ici,...« 
    oui ni l’inde ni la chine ni le japon ne rentrent dans ce paien
    mais ni l’afrique ni les indiens d’amérique ni les aborigènes d’australie ni probablement beaucoup d’autres dont je n’ai pas idée
    ça fait beaucoup de monde .........dommage
    comme est dommage ce qualificatif de paiens ...........
    votre analyse a le mérite d’exister mais a mon gout elle est trop basée sur un point de vue » judéo chrétien centriste "
    comment peut t’ on penser l’ humanisme en laissant de coté l’expérience issue de la plus grande partie de l’humanité ?


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 10:33

      Vous avez tout à fait raison. Je précise d’ailleurs que ma réflexion se limite à l’Occident. Les civilisations extra-européennes, rattachées à ce qu’on pourrait appeler le « filon traditionnel », ont su conserver une vision de l’existence qui ne soit pas anthropocentrique. Il n’y a qu’en Occident que la tentation de mettre l’Homme sur un piédestal ait été aussi forte. C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle le christianisme, qui modérait cet élan, s’y est particulièrement implanté.
      L’intérêt du prisme que je prends est de souligner des traits particuliers de la modernité, qui n’est qu’un paganisme (=anthropocentrisme) qui a dû muter à cause des acquis qu’il ne pouvait plus remettre en cause, dûs au christianisme. Par exemple, quand je dis que le Salut, ou le Bonheur, n’est plus garanti par la progression individuelle d’une personne dans une discipline de vie, mais par le Progrès qui est censé résoudre tous les problèmes du monde (la faim, le froid, la maladie, la misère) à longue échéance, on comprend très bien que la conception de la connaissance que nous avons aujourd’hui a radicalement changé par rapport aux anciens. Ce n’est plus l’individu qui progresse tout au long de sa vie dans la connaissance et qui en tire une richesse intérieure donnant accès à la Sagesse (conception ancienne, commune aux chrétiens et aux païens anciens), mais les individus qui font progresser le savoir total de l’Humanité, qui donnera aux générations futures plus de confort. Les ramifications de la science se multiplient ainsi à l’infini, et on comprend alors très bien l’émergence des « experts » à l’ère moderne.
      C’est un exemple de développement que j’avais envisagé de faire figurer dans mon texte, mais que j’ai finalement enlevé pour ne pas que ça parte dans tous les sens.


    • gaijin gaijin 11 octobre 2013 10:39

      sous ce point de vue là ça me parait très juste
      on aboutit au paradoxe d’une société qui associe un ultraindividualisme a une négation totale de la valeur de l’individu


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 11:34

      Oui, c’est cela le problème. Et pour moi cela vient du fait que l’anthropocentrisme du paganisme antique, encore imprégné de cette conception selon laquelle les étrangers sont des barbares, a été rendu impossible par l’universalisme du christianisme. Le nouvel anthropocentrisme s’est donc dit universaliste. Le libéralisme n’a pas souhaité répondre à la question de ce qui rend une vie digne d’être vécue, et l’a laissée à l’appréciation de chacun, le droit étant là pour empêcher que la liberté des citoyens ne nuise pas à ses semblables. Alors que le christianisme avait pour centre de gravité la personne humaine, concrète, dans son individualité et sa particularité propres (le Dieu incarné, les saints), le libéralisme a pris pour hypothèse un homme abstrait, sans aucune particularité, ni de nationalité, ni d’appartenance sociale, ni d’opinion, ni de caractère. On comprend dès lors pourquoi le roi, incarnation personnelle du pouvoir, a été remplacé par la constitution et la déclaration des droits de l’Homme. Verbe incarné contre écrit figé. Ainsi, la modernité a individualisé les hommes en les coupant de leurs racines traditionnelles, territoriales, religieuses, ainsi qu’en détruisant les relations de sociabilité élémentaires nécessaires à l’épanouissement personnel. L’aboutissement du libéralisme est donc la propagation à la terre entière de milliards d’individus standards, atomisés, n’entretenant entre eux que des rapports judiciaires et commerciaux. Or ce type d’individu est la négation même de la personne humaine, complexe, paradoxale, sociale.
      La même négation de la personne est faite dans les totalitarismes modernes, où l’individu n’existe que dans la mesure où il fait partie d’une collectivité. Même si les espoirs eschatologiques marxistes ont clairement une origine judéo-chrétienne, il n’en reste pas moins que Marx, en prétendant avoir trouvé dans l’économie la clef ultime de l’explication du monde, ne regarde les phénomènes humains (sociaux, artistiques) que de l’extérieur, à travers une vitrine. En expliquant une oeuvre par le contexte économique qui l’a vu naître, il ne dit cependant rien sur ce qui fait sa qualité intrinsèque. Ce point aveugle de sa théorie lui interdit de même se poser la question de la valeur de la vie (même s’il avait conscience des effets désastreux du capitalisme sur les personnes particulières). Pour lui, la seule chose qui vaille la peine qu’on se motive est l’appropriation des moyens de production par le prolétariat, but ultime de l’Histoire et de l’Humanité. Marx a ainsi fait descendre les promesses de parousie du Ciel vers la Terre. 


    • gaijin gaijin 11 octobre 2013 12:27

      je vous rejoint dans vos conclusions mais pas dans votre analyse
      il n’ y a qu’un seul anthropocentrisme : l’anthropocentrisme chrétien ou plus exactement «  bibliste »
      on place au départ l’homme pas seulement au centre du monde mais au dessus.
      on est dans une pensée au départ « séparatiste » bien-mal, homme-monde, homme-dieu ........et corp- esprit ........
      le monde moderne renverse la dialectique et on passe d’un monde ou prime l’esprit a un monde ou prime le corps et le matériel
      mais si l’esprit n’existe pas alors inévitablement on réduit l’individu a ses activités économiques et dépourvu d’esprit individuel il devient le membre remplaçable d’un organisme collectif ( genre fourmis )

      « Le libéralisme n’a pas souhaité répondre à la question de ce qui rend une vie digne d’être vécue »
      le libéralisme pose un pseudo naturalisme, la vie se réduit a l’expression des instinct primaires et par conséquent la vie digne d’être vécue est celle de celui qui a le plus de pouvoir .
      non mais allo t’a 50 ans et pas de rolex ?

      c’est ainsi qu’en séparant l’homme de la création et l’esprit d’avec le corps puis en donnant la primauté au corps. l’homme se retrouve privé du droit a l’exercice de son esprit individuel
      ( toutes nos écoles ne sont que des machines a sélectionner les meilleurs péroquets et ce n’est qu’après avoir obtenu un doctorat en pensée des autres ( philosophie ) que l’on peut estimer avoir le droit légitime a une pensée personnelle )
      privé de son esprit individuel l’homme devient le jouet des forces inconscientes qui le dominent ( l’inconscient collectif si on veut )
      c’est ainsi que par une farce que seuls peuvent gouter les taoistes une volonté de un processus de séparation et d’élévation de l’homme abouti a l’inverse : la négation de l’individu et son rabaissement au rang de l’animal ....
      avec beaucoup d’humour on peut en rire

      ( je ne prétends pas que ça soit la seule analyse possible mais c’est la mienne .....)


    • gaijin gaijin 11 octobre 2013 12:51

      castel
      l’individu n’est pas obligé d’ être autiste ?
      l’enjeu est justement l’avènement d’individus qui agissent en étant conscients des conséquences de leurs action sur leur environnement
      je ne parle pas ici d’écologie et surtout pas d’écologie politique mais d’écologie sociale.
      il faut inventer une nouvelle discipline que j’appelle a titre provisoire « ecosystémologie » c’est a dire une façon d’analyser et de comprendre les équilibres au sein des systèmes complexes ( les chinois y sont arrivés il y a 2500 ans on n’est pas plus cons ? )
      d’autant plus que l’on est plus nombreux et que l’étant on peut de moins en moins se permettre des manifestations d’hystérie collective


    • Rounga Roungalashinga 11 octobre 2013 13:25

      il n’ y a qu’un seul anthropocentrisme : l’anthropocentrisme chrétien ou plus exactement « bibliste »

      Attention, même s’il est vrai que dans la Bible l’Homme reçoit l’autorisation de Dieu de recouvrir la Terre et de domestiquer la Nature, ce qui revient à donner une place prépondérante à l’espèce humaine, il n’en est pas mois vrai que le récit de la chute nous enseigne que la misère de l’Homme vient de ce qu’il a voulu devenir Dieu, et se passer de Lui. Par conséquent, le judéo-christianisme est à la fois anthropocentrique et théocentrique. Ce que j’ai appelé « théocentrisme modéré ».

      c’est ainsi que par une farce que seuls peuvent gouter les taoistes une volonté de un processus de séparation et d’élévation de l’homme abouti a l’inverse : la négation de l’individu et son rabaissement au rang de l’animal ....

      C’est tout à fait cela.


    • gaijin gaijin 11 octobre 2013 14:40

      castel oui c’est plus compliqué mais en même temps non
      je ne parle pas d’une nouvelle discipline a ajouter a liste des sciences qu’elles soient humaines ou pas avec son jargon inaccessible a commun des mortels mais d’ une compréhension a intégrer a tous les niveaux
      je crois qu’il y a la possibilité qu’une éthique jaillisse de la compréhension réelle des choses
      bien sur c’est une utopie, on est actuellement emportés par l’inertie du « système » c’est a dire que l’on est au stade des conséquences et je ne vois aucune issue avant le mur
      ce dont je parle pourrait être une piste pour « après » 

      l’éthique ne peut exister qu’a titre individuel sinon elle est le résultat d’une projection de la morale a laquelle une autre morale pourra toujours s’opposer, qu’une force brutale pourra toujours annuler ....
      on prend les mêmes et on recommence ......


    • gaijin gaijin 11 octobre 2013 16:09

      ben oui la pensée symbolique ça marche
       mais il faut reformuler les choses pour qu’elles soient adaptées a la pensée moderne
      le problème c’est la confusion entre les notions de symbolique et d’imaginaire entre le sacré et la superstition entre la foi et la croyance ..........
      entre la spiritualité et la religion ( j’entends par la la manipulation politique de la spiritualité )
      on ( a titre de société ) a jeté le bébé avec l’eau du bain .....tout simplement ....


    • epicure 13 octobre 2013 22:36

      Que d’ignorance et de propagande chrétienne dans ces messages.
      L’humanisme c’est la philosophie antique qui en est à l’origine.
      L’homme au centre de toute chose, l’unité de l’humanité ça existait déjà plusieurs siècles avant le christianisme.
      AH pour les ignorants, le christianisme a été fortement influencé par la culture gréco-romaine, son universalisme vient d’ailleurs des cela et surtout pas du judaïsme sinon le christianisme aurait été juste une secte juive.
      De même réduire la vision de Marx sur l’homme à l’économie, c’est ne pas connaitre la pensée de Marx. Un penseur qui met l’émancipation de l’homme comme base de la société est loin de réduire l’être humain à son r^pole économique, ça c’est le libéralisme qui le fait, mais se préoccupe bien de la construction et des conditions d’amener chaque individu, et pas seulement les plus riches, à pouvoir être heureux.

      Par contre c’est vrai que les société sous domination chrétienne ont été un exemple d’humanisme avant la révolution moderne. On va vu au moyen âge des sociétés orientées vers le bonheur de chaque individu n’est ce pas !,


    • epicure 13 octobre 2013 23:26

      pour rappel :

      L’humanisme classique L’humanisme est un mouvement de pensée qui s’est développé en Italie pendant la Renaissance, en réaction au dogmatisme rigide du Moyen Age. Il propose de renouer avec les valeurs, la philosophie, la littérature et l’art de l’Antiquité classique qu’il considère comme le fondement de la connaissance.

      Les humanistes de la Renaissance sont des érudits qui ont soif de savoir. Ils affirment leur foi dans l’être humain qu’ils mettent au centre de leurs préoccupations et dont ils recherchent l’épanouissement. L’humanisme propose de nouvelles valeurs fondées sur la raison et le libre-arbitre. Grâce à l’invention de l’imprimerie, il s’est développé dans toute l’Europe et a notamment donné naissance à la Réforme. Le mot humanisme est apparu durant la seconde moitié du XIXe siècle.

      -----------------------------------------------------

      Donc :
       l’humanisme a bien comme base la philosophie antique et non le christianisme
      La raison et le libre arbitre sont des valeurs immanentes et non transcendantes.
      Et bien sûr il n’est pas basé sur dieu (ce qui est logique puisqu’on parle d’humanisme )
      Donc l’article repose sur des contre vérités.


    • Rounga Roungalashinga 14 octobre 2013 08:50

      epicure,
      Je vous invite à relire l’article et à observer comment il est construit. Cela vous évitera de faire des contre-sens sur ce que j’ai écrit, ainsi que de faire certaines confusions de concepts que l’article se propose justement de distinguer. Ainsi, quand vous dites que l’humanisme remonte à l’Antiquité, vous ne contredisez absolument pas le texte, qui classe justement cet humanisme, de même que celui de la Renaissance et celui des Lumières, dans la catégorie de l’humanisme païen.

      Par contre je me dois de rectifier certaines contre-vérités que vous écrivez. Ainsi, quand vous dites :

      l’unité de l’humanité ça existait déjà plusieurs siècles avant le christianisme.

      Il faut peut-être vous rappeler que dans l’Antiquité l’étranger (extérieur à l’Empire romain ou à la Cité grecque) était qualifié de « barbare », que l’esclavage des vaincus ou de ceux qui ne pouvaient plus payer leurs dettes était tout à fait normal. Il y avait donc pour les anciens une partie de l’espèce humaine qui pouvait être considérée comme un objet, et par conséquent il est absolument faux de prétendre qu’ils avaient une quelconque notion de « l’unité de l’humanité ». C’est le christianisme, en revanche, qui dès le début a proclamé l’universalité de la Nouvelle Alliance, et qui a fait peu à peu disparaître l’esclavage antique.

      En ce qui concerne Marx, on ne trouve pas, à ma connaissance, de considération sur la personne humaine. C’est la classe sociale qui est mise en avant, ou alors l’Humanité dans son ensemble, une fois que l’appropriation du travail (conception du travail d’ailleurs héritée du christianisme, ça aussi je l’ai retiré de mon texte soit dit en passant) lui aura permis de parvenir à son émancipation ultime et définitive (une parousie temporelle). Je reconnais par ailleurs que l’économie était sans doute moins prépondérante pour Marx que ne le suggèrent ses écrits, produits dans un cadre polémique, ce qui a tendance à exagérer le caractère péremptoire des déclarations.


  • Xenozoid 19 novembre 2013 16:06

    et quid de l’onanisme therapeutic, qui fait evoluer dans la peur, quand s’occupera t’on du pouvoir,Apres moult experience tant spirituel que matériel, l’humain aime le pouvoir, c’est sa seul définition,son statut d’esclave est né de cela....


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