Commentaire de Christian Labrune
sur Le sens de l'humain
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" J’ai ensuite développé deux conceptions du Salut, selon qu’on pense que celui-ci nous est accessible par nous-même, ou que celui-ci doit nous être apporté par une entité extérieure«
@Roungalashinga
En dehors de la perspective religieuse, point de salut ! L’épicurien vertueux qui recherche sinon le bonheur, du moins une forme d’ataraxie qui puisse le préserver de la souffrance, on ne peut pas dire qu’il cherche à se sauver, au sens chrétien du mot, et aucun penseur athée n’a jamais confondu le souverain bien avec une quelconque quête sotériologique . Je sais bien que ce mot »salut« vient d’un terme latin (salus, _utis) qui désignait la santé, et que vous pourriez me dire que le salut, en ce sens-là, ça pourrait être de n’avoir mal ni aux pieds ni à la tête ! Mais c’est que depuis depuis deux mille ans que le christianisme nous parle du salut, le mot prend automatiquement une une connotation religieuse et renvoie implicitement, comme je vous le disais plus haut, à des spéculations sur la vie éternelle et aussi à ce que les théologiens appellent la justification. La vie du chrétien condamné au péché échappe à l’absurdité parce qu’elle est »justifiée« par la mort salvatrice du Christ. A partir de là, je veux bien distinguer entre plusieurs conceptions différentes du salut : celle, propre au catholicisme tridentin et particulièrement aux jésuites, d’un salut par les oeuvres n’a en effet pas grand chose à voir avec la justification par la foi sur laquelle insistent, après Augustin, les luthériens et, avec des nuances et des subtilités infinies touchant à la question de la grâce, les jansénistes.
Au fond, tout se passe comme si vous projetiez sur la vision du monde que vous prêtez à l’athée la philosophie d’un Albert Camus. Si Dieu n’existe pas, le monde devient tragiquement absurde, il ne reste plus qu’un hédonisme à base de bains de mer, de baise et de boustifaille. Mais c’est que la philosophie de Camus est à peu près au niveau des cafés philosophiques et du prêt à penser des magazines, et s’il existe une absurdité dans le champ intellectuel, c’est bien l’idée camusienne d’un monde absurde, si facile à démolir.
Il faut donc que je le répète : l’athée ne sait pas si le monde a un sens, mais il s’efforce de lui en donner un, de faire »comme si" il en avait un. Il n’attend de son action aucune récompense dans cette vie ou dans une autre parce qu’il n’a pas besoin de semblables carottes pour avancer et il ne se fait aucune illusion sur le devenir de sa conscience de soi et du monde lorsqu’il sera tombé dans le trou.
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